Et tout en sachant pertinemment que Mignard n'est ni communiste ni marxiste (j'oserai ajouter qu'il est même antimarxiste sinon carrément anticommuniste) mais plutôt anarco-décroissant......
Vous trouverez son texte sur son site. Voici ma réponse pour l'heure.
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"D’abord, un bémol sur ce premier passage du texte.
Quand Patrick Mignard (PM ci après) rapporte ce qu’il dit être , en somme, la "pensée faillie" :
Non. Marx et Engels n’ont pas dit cela. Ce sont les socio-démocrates (y compris staliniens) qui ont travesti Marx et Engels pour lui faire dire cela.Le modèle standard du changement de système était fondé depuis le 19e siècle sur la croyance que le capitalisme se développant et exploitant la classe ouvrière, celle-ci l’abattrait – et en priorité dans les pays développés. Rien de cela ne s’est produit !
Ce qu’expose Le Manifeste (puis que la référence sous jacente est là) est bien plus subtil et n’a finalement aucun rapport avec ce que dit PM. J’invite à la relire et nous en reparlerons.
D’autre part, dire que même cette interprétation aurait failli c’est circonscrire le monde (et l’avancée révolutionnaire) à l’Europe et aux USA et c’est une abominable erreur.
Voilà d’abord sur ce point.
Sur "la gauche" ?
Des années que je le dis même et je ne compte plus mes textes sur le thème "Camarades communistes, guerre à la gauche".
Même avec des "guillemets" des fleurs et tout ce qu’on voudra, "la gauche" est une escroquerie intellectuelle sans nom, dont l’usage devrait être interdit à ceux qui se réclament du communisme (les autres font ce qu’ils veulent).
"La gauche" est un fourre tout pour permettre de masquer ce qui n’est jamais qu’une collaboration de classe qui ne veut pas dire son nom et qui passe par l’union (pour diverses raisons) de certaines orgas se réclamant du communisme genre PCF avec des orgas réformistes et contre- révolutionnaires social-dém type SFIO ou PS.
Sur les "raisons" de cette collaboration de classe il y a bcp à dire et à développer et je n e partage pas les propos de Pm qui de mon point de vue prend les conséquences pour les causes.
Parmi ces raisons qui ont poussé à cette re-fondation de "la gauche" moderne, je dirais, après 1871 et sans aucun doute au niveau européen après l'assassinat de Liebknecht et de Luxemburg (et pour cause...) à une refondation de cette manière, la bureaucratisation (explicable) et l’embourgeoisement rapide, de la SFIC devenue PCF (pour ne parler que de la France mais le même arbre donnant les mêmes fruits on peut le constater partout en Europe). Evidemment oui la présence de l’URSS qui rapidement, oublie sa tâche et même avec Lénine devient un empire en puissance (ce que dénonçait Luxemburg et dans des termes encore plus clairs Rühle en 39 - toute cette réflexion qui sera travestie par l’aile gauche des communistes allemands et contre qui Lénine écrira son fameux "gauchisme..."). Le développement du Kapitalisme. L’arrêt, rapide, du développement de l’internationalisme etc.
Des tas de raisons objectives, donc. Liées au développement des forces productives, à la division du travail dans le monde, à la décérébration des classes populaires et moyennes occidentales via la société de consommation, à l’embourgeoisement et à la bureaucratisation des anciens révolutionnaires des PC etc.. tout ceci en réalité résumé par une phrase : la lutte de classe qui traverse de tout temps les organes de la classe ouvrière au sens large (ie du prolétariat).
Que certains (dont des très intelligents et par voie de conséquence, souvent "les meilleurs d’entre nous") aient pu théoriser des "contenant" à cette mascarade qu’est la "gauche" (contenant au demeurant très vastes et qui sont très loin de se résumer à ce que PM désigne comme tradition" - la preuve une fois qu’il a dit cela il est immédiatement obligé de préciser que finalement il y a autant d’acceptions que de gauchistes ;))..
Là où je rejoins PM, c’est dans sa critique de la "gauche radicale".
Radical ou pas, quiconque se définit comme "de gauche" aujourd’hui commet au mieux un contre sens s’il est de bonne foi (et essaie de ranimer un cadavre) et au pire une ignoble tromperie contre le camp qu’il prétend défendre s’il n’ignore pas l’état réel des choses.
A ce titre, il me semble également évident que la récente montée en puissance d’un Front "de gauche" est de ce point de vue une des plus belles entreprises contre -révolutionnaires et anticommuniste qui ait existé depuis 1978.
Bref. Pour les communistes où qu’ils soient (et assumons une fois pour toutes la relative polysémie, sur les marges, de ce terme de "communiste"), pas la peine de se voiler la face, le terme de "gauche" ne désigne qu’une étape où les déjà ex-révolutionnaires ou, plus exactement héritiers embourgeoisés de révolutionnaires, trament et fabriquent des alliances avec différentes forces politiques de la bourgeoisie qui ont plus ou moins une assise ouvrière.
Donc contrairement à ce que dit notre ami (je vais plaisanter un peu et prendre son propos avec un peu d’ironie même si j’ai bien compris ce qu’il a dit), une "vraie politique de gauche" est tout à fait possible, elle est d’ailleurs en train d’être une nouvelle fois commise : c’est une politique qui consiste à se réfugier derrière de prétendues valeurs ou des organisations dont on refuse de faire voler en éclat le masque, pour mieux servir le capital tout en donnant l’impression (de plus en plus vague) qu’on se préoccupe de ce que l’on appelait autrefois "la classe ouvrière".
"La gauche" c’est un consensus mou qui masque le retour des forces réactionnaires qui manipulent "la classe ouvrière" afin de préserver le Kapital.
Il n’appartient qu’aux exploités d’y mettre un terme et d’ouvrir les yeux. Pour cela le rôle des militants communistes est d’une grande importance.
Il est donc exclu de trouver de vrais révolutionnaires , des communistes, se définissant comme "de gauche". Ils savent qu’ils ne sont ni de droite ni de gauche ils sont communistes, et ils n’ont pas honte de le dire et de s’en revendiquer , "ils ne se cachent point" comme disaient Marx et Engels, point barre.
"Droite/gauche" (droiche/gaute?), tout ça au final c’est la même volaille ,qui ne finit par servir que l es forces fascistes (sur ce point aussi je rejoins PM, mais qui ne partage pas cet avis?).
Pour lutter contre la misère et en même temps lutter contre le fascisme, il faut lutter contre le capitalisme et (en plus d’accepter le côté "révolutionnariste") cela réclame d’abord et avant tout la plus grande clarté sur les concepts et les mots employés.
C’est une des grandes découvertes de Lénine et cela apparaît clairement dans son entreprise de démollition du parti social démocrate à l’époque.
C’est ce qu’a poursuivi Poulantzas dans nombre de ses ouvrages sur l’Etat
D’autre part , un communiste est forcément révolutionnaire donc, en ce sens qu’il ne peut qu’accepter une évidence : le changement se fera obligatoirement par la révolution. Celui ou celle qui veut assumer a part de construction du communisme le sait et assume aussi cette perspective. Il n’y aura pas de changement par les urnes, il n’y aura pas d’évolution en douceur.
L’évolution demandera inévitablement une révolution. Parce qu’on n’a jamais vu un possédant se déposséder de lui-même pour ceux qui ne possèdent rien et sont presque d’ailleurs eux-mêmes possédés !
Si certains veulent bien, par intérêt ou par charité, à certaine époque, balancer quelques miettes, cela s’arrête là.
Alors, faut-il comme dit PM une stratégie ? Une tactique ? Oui, mais elles n’ont pas besoin d’être très élaborées.
A force de vouloir faire "trop intelligent" , trop" visionnaire" on finit surtout par ne plus agir, on finit par devenir "chiasseux" et le temps passe et tout est toujours là.
Et la bourgeoisie gagne encore.
Il faudra détruire. Ne pas se laisser arrêter par les bonnes âmes qui disent "oui mais pour mettre quoi à la place ? On ne va pas détruire si on n’a pas un programme bien fait pour après ! on fait d’abord un bon programme et ensuite on verra..."
Évidemment ,ainsi ,c’est tentant, mais ça ne fonctionne pas.
De même d’ailleurs que "la révolution" ne sera pas une fin en soi, de même qu’elle ne peut pas être programmée, qu’on ne peut pas non plus en faire un programme. Que tout ce que nous pouvons faire, c’est de "baliser" la révolte, c’est de se tenir prêts, de faire en sorte que nous soyons de plus en plus nombreux le moment venu à dire "en avant" et pas "stop, arrêtez tout"...
Et donc il ne s’agit pas non plus d’aller plus vite que la musique et les démiurges qui prétendent pouvoir créer ex nihilo une révolution sont également dans le faux.
Non ça ne marchera pas comme ça...
Mais d’ici là notre travail, toujours, c’est de déminer le terrain des contre révolutionnaires Que ceux ci soient fascistes, ou social-démocrates y compris prétendument radicaux.
Aussi, camarades communistes ( je sais bien que PM ne l’est pas et ne s’en est d’ailleurs jamais revendiqué) quoi que vous pensiez être (trotskistes, libertaires, autonomes...) faites la clarté toujours, partout, à chaque occasion : prolétaires/bourgeoisie, capital/travail, exploités/exploiteurs etc...
Mettez définitivement au panier ces termes de "droite et gauche", exprimez vous en utilisant des termes qui sont construits par et pour la lutte de classe qui se mène et démasquez les tartuffes.
Laissez les circonvolutions cérébrales sur "la droite et la gauche " ou "la révolution par les urnes" etc à ceux qui essaient de vous faire g ober qu’on peut nourrir un pitbull de chamallows. Ceux là vous emmèneront au désastre en refusant de vous armer en refusant de tirer les conséquences de leurs paroles, ceux là seront des Allende et avec eux cela se terminera comme avec le peuple chilien.
Dans la lutte contre le capitalisme, in fine, il n’y a pas de demi-mesure, surtout dans une telle période de crise du capital : soit on est contre soit on est pour - c’est un choix ensuite il faut l’assumer.
Si on est contre, il faut savoir dans quoi on se jette. Pour déjà, se réunir, se rapprocher de toutes celles et tous ceux qui de près ou de loin, même avec telle nuance, se réclament ouvertement du communisme,avec toutes ces nuances , mais donc en assumant "la révolution"...
Et jeter définitivement aux orties le verbiage politicien bourgeois.
La Louve
1 commentaire:
Salut Osemy,
Bon, celui-là, je te le pique pour ma niche, car une fois de plus, je suis d'accord avec toi.
Et quand à la fin tu parles d'Allende, et bien figure toi que j'ai toujours dit, à mes camarades proches, qu'Allende était mort d'un "excès de démocratie" ; je t'avoue que ma version était loin de faire l'unanimité ...
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