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samedi 28 novembre 2009

LA CONSCIENCE PIÉGÉE, par Patrick MIGNARD


LA CONSCIENCE PIÉGÉE

Intelligence du présent et perspectives d’avenir sont étroitement liées. Or tout est fait pour que ces deux pôles de la conscience politique soient méthodiquement dissociés afin de ne permettre aucune perspective politique.

Plus grave encore, celles et ceux qui ont/avaient la prétention d’ouvrir les consciences s’enferrent – pour différentes raisons (bêtise, opportunisme, arrivisme,…) – dans la logique mortifère du système en place.

LA « DICTATURE DEMOCRATIQUE »

Il faut reconnaître que le système marchand a réalisé un tour de force que peu de systèmes dans l’Histoire ont réussi à imposer : il se veut, se présente et s’impose comme le « top du top » en matière de fonctionnement démocratique. Cette fois–ci plus besoin de Dieu, César ou tribun,… le Peuple fait l’affaire… Il suffit de le manipuler – ce qui n’est pas nouveau – pour lui faire avaler la farce… et c’est en son nom, et avec son consentement – ce qui est nouveau - qu’on l’exploite et le pressure.

Tout critique est considéré, évidemment, comme un anti démocrate … au même titre qu’autrefois il y avait des hérétiques. Ne pas se plier à la règle (pipée) du jeu est considéré comme un outrage à la « démocratie »… autrement dit, l’équivalent du « pêché » dans la religion.

Avec le Peuple, au 20e siècle, tout a été possible… du meilleur, comme les communes rurales en Espagne républicaine, au pire avec le National Socialisme.. Tous les totalitarismes se sont fondés sur le Peuple directement ou indirectement. Avec le peuple, on peut faire tout et n’importe quoi… Il suffit de savoir s’y prendre, de le conditionner, de le manipuler.

Les politiciens ont transformé le système politique en une vaste entreprise d’escroquerie idéologique, de décervelage de masse où la séduction côtoie la culpabilisation. Monopolisant le débat, la manière de poser les problèmes, ils dévient toute critique qui pourrait remettre en question les fondements du système qu’ils gèrent et dont ils profitent. Le moule de la pensée est fixé, immuable, la verrouillant par là même dans une problématique qui ne laisse aucun espace à l’esprit critique sinon dans la mesure où celui-ci peut-être intégré au discours dominant et lui servir de faire valoir.

Ainsi la pensée, habilement enveloppée, aseptisée, tourne sur elle-même. S’auto justifiant à partir de ce qui l’empêche d’exister de manière indépendante, elle ne peut être originale que dans le cadre qui lui est, de fait, imposé. Sortir de ce cadre c’est verser dans l’utopie raillée par les « bonnes consciences,

autrement dit être être dénoncé comme irrationnel et anecdotique.

On veut absolument nous convaincre, une bonne fois pour toutes, que le système est indépassable. En dehors de lui, point de salut !

A entrer dans ce moule, ce corset qui nous est imposé, et que l’on s’impose à force de se convaincre que le discours dominant, de droite comme de gauche est « juste », « réaliste », « responsable », … il ne peut y avoir que de la désespérance.

Tout ce qui vient d’être dit est d’une extrême gravité. Est-ce le signe indubitable d’une pensée anti démocratique ? Oui diront les « penseurs officiels ».

UN COMPLEXE MEDIATICO-POLITIQUE EFFICACE

Ce qui tenait place autrefois de hiérarchie religieuse, détenant le monopole de la pensée, a été remplacé aujourd’hui par un complexe où s’entremêlent ambitions politiques, intérêts personnels, affairisme politico-financier et affaires sordides. Un milieu où règne politiciens, « experts » à géométries variables, bouffons de cour et de salons, faiseurs d’opinions, écolos mondains, sportifs et autres parasites… Un milieu dans lequel les passerelles sont multiples entre tous ces profiteurs du système.

Tous ces individus qui se fréquentent et/ou se haïssent, s’invitent et/ou s’évitent, sont tous en fait liés par leurs intérêts de caste profitant du système.

Ce sont ces mêmes individus que l’on retrouve systématiquement sur les chaînes de radio, les plateaux de télévision, les éditoriaux des grands quotidiens et hebdomadaires… qui ont toujours quelque chose d’original à dire au « bon peuple », et expriment ce que celui-ci doit/devrait penser… « les Français pensent que… » ( ?). Ce sont toujours les mêmes

journalistes qui interrogent les mêmes politiciens, ou leurs laquais, dont on sait qu’ils n’ont rien d’essentiel à dire, sinon à faire les mêmes « analyses » et à marmonner les mêmes promesses. Le débat politique n’est qu’un long monologue d’auto-justification soi, ou de dénonciation de l’ « autre »,… qui ne laisse aucune place à une quelconque alternative, à un quelconque espoir. Même, celles et ceux – il y en a - qui y sont allés en toute bonne fois sont devenus les cautions « critiques » de cette machine à broyer l’intelligence et la volonté.

Bref, un milieu où règne la médiocrité dans tout ce qu’elle peut avoir de plus inessentiel et de plus snob.

Cette logique médiatico politique pénètre jusqu’à notre inconscient. Il n’est qu’à voir l’engouement démesuré pour les émissions – souvent débiles - où se donnent en spectacles, politiciens, acteurs, chanteurs, sportifs,…, l’engouement pour les « Mémoires » et autres « révélations » de personnalités qui n’ont rien à dire, les commentaires sur des articles traitant de sujets totalement inessentiels mais portés au pinacle par les médias – rencontres sportives, affaires privées de « stars » et autres « attrapes gogos » !

Quant à l’implantation locale, si chère à nos élus elle n’est qu’un aspect de la mystification politique… la généralisation de la pratique des « parachutages » est là pour lui donner tout son sens… sauf dans les petits villages où les intérêts politiciens sont inexistants au regard des impératifs de la quotidienneté.

Le soit disant « maillage démocratique » du pays n’est en fait qu’un quadrillage, une mise en coupe réglée de l’économique et du social par les féodalités financières et politiques.

Toutes les féodalités locales sont les vassales des grandes seigneuries des partis… en France, parisiennes.

C’est toujours au travers du prisme déformant des partis politiques officiels que sont évoqués les problèmes de notre société.

CHANGEMENT DE CHAMPS D’ACTION

A peu près toutes les organisationnels politiques ont peu à peu cédé aux sirènes du complexe médiatico politique, voyant en lui un instrument de promotion politique, abandonnant le terrain concret sur lequel se joue le changement social. Le marketing politique a peu à peu remplacé l’analyse et la critique,( sans parler de la praxis aujourd’hui inexistante), que l’on a cantonnées dans un discours bien calibré, quand on ne les a pas carrément totalement dénaturées, voire supprimées.

Il est aujourd’hui évident que ce champ est un véritable piège,…à fuir comme la peste. Il donne l’illusion de l’accessibilité à une audience générale alors qu’il n’est qu’un filtre rendant insipide tout ce qui le traverse.

La vraie vie est ailleurs, loin des paillettes et des discours convenus.

La vraie vie, elle est dans les structures que l’on se crée, que l’on organise collectivement pour contourner l’absurdité et la gabegie des circuits commerciaux, pour recréer du lien social, de la solidarité, de l’humanité… permettre aux structures locales d’exister… bref en démontrant concrètement qu’un autre mode de fonctionnement économique est possible et souhaitable.

Le complexe médiatico politique nous ignore,… peu importe. Il n’est que l’écume de la société. Il n’est que la dimension spectaculaire de la non vie, la version inversée de la réalité sociale. Rien ne peut se faire avec lui et il ne fera rien pour nous… il s’effondrera lamentablement quand la pratique sociale alternative offrira des perspectives d’avenir et constituera une véritable stratégie de changement.

Alors, et seulement alors, la conscience sociale évitera et/ou sortira du piège qui lui a été tendu.

Novembre 2009

Patrick MIGNARD

Voir aussi :

« MANIFESTE POUR UNE ALTRENATIVE »

« LA CONSCIENCE EN MIETTES »

« LE VRAI / FAUX POUVOIR DES MEDIAS »

mardi 22 septembre 2009

"Sommes nous représentés"? Note incidente à la lecture de "1871"


Juste un petit billet pour une fois !

Je suis en train de lire (avec avidité) une histoire de la Commune par Prosper-Olivier LISSAGARAY (qui faillit devenir le gendre de K. Marx mais dont Jenny Marx refusa toujours catégoriquement qu’il obtint la main de sa fille) et qu’on appelait "le Comte rouge". L’ouvrage de LISSAGARAY fut d’ailleurs traduit en anglais par Eleanor Marx...

Cette découverte tombe à pic, car j’avais relu cet été le livre de Marx sur la séquence 1848-1851.

Pour vous donner le ton, voici un extrait de la préface du livre de Lissagaray en date de 1876 :

"Celui qui fait au peuple de fausses légendes révolutionnaires, celui qui l’amuse d’histoires chantantes, est aussi criminel que le géographe qui dresserait des cartes menteuses pour les navigateurs."

Ce livre que j’ai trouvé en fouinant dans des caisses de vieux bouquins pas chers s’appelle tout simplement

"Histoire de la Commune - 1871".

Et il est incroyable.

D’abord, l’auteur a participé à la Commune lui-même, et puis, il a recueilli le témoignage presque " sur le vif" de plusieurs acteurs dont certains "importants" (au sens de "déterminants", car le vrai héros de la Commune, c’est le peuple des prolétaires et des va nus pieds de Paris), de la Commune.

C’est franchement très intéressant, et j’en recommande la lecture à tout ceux qui pourront le trouver sans se ruiner (pas évident car même l’exemplaire "de poche" est cher) ou l’emprunter, et qui auront le goût (et le temps surtout) de le lire.

Aux détours de l’Histoire (dont on voit qu’elle n’a pas changé tant que ça au fond, et que ce qu’on appelait alors "la Gauche" ressemblait déjà furieusement à ce qu’on appelle encore "la Gauche" aujourd’hui, à de rares exceptions près...c’est à dire s’appuyant toujours sur "le peuple" pour survivre en période pré-révolutionnaire, mais en réalité pour CONSERVER LE POUVOIR ET L’ÉTAT EXISTANTS et finir toujours par le rendre aux grands bourgeois, aux capitalistes, aux tyrans), entre récit de trahisons de cette "Gauche", de batailles héroïques, de prise de conscience, de reculades incroyables, de sang, de larmes, d’honneur... Lissagaray pose à un moment une question qui me semble cruciale, une question que, dit-il, s’est posé à un moment le peuple de Paris, une question qui lui fut posée aussi par ceux qui deviendront non pas "la Gauche" mais "les Communards" :

"SOMMES NOUS REPRÉSENTÉS"?

J’ai envie de reposer la question aujourd’hui. Elle est toujours terriblement d’actualité.

Sommes nous représentés?

Répondre à cette question implique de répondre d’abord à une autre question : qu’est ce qu’être "Représenté"?

Tant qu’on ne répondra pas à des questions en apparence aussi simples, on ne démasquera pas à fond l’énorme hypocrisie politique que constitue, particulièrement aujourd’hui, la démocratie dite "représentative" dans laquelle nous vivons.

Tant qu’on ne répondra pas à ce genre de questions, on ne démontrera pas à quel point aujourd’hui même, nous sommes éloignés du meilleur de ce qu’aurait pu donner, de ce qu’on aurait pu tirer de cette démocratie bourgeoise pour le mouvement ouvrier (s’il n’avait pas été autant et si souvent trahi, il faut le dire aussi, par soi disant "les siens").

Tous les écueils pointés dans la séquence 1848/1871 rappelée et dépeinte au début de l’ouvrage pour décrire, avec une grande intelligence, les conditions de 1871, existent encore (sous d’autres formes éventuellement) dans "la Gauche".

On devient encore moins complaisant avec cette réalité (et ce concept) qu’est "la gauche" en lisant cet ouvrage.

On n ’y voit définitivement, majoritairement, qu’une bande de salopards qui a toujours manœuvré, finalement, pour l’ennemi de classe, se payant des diverses miettes que le vrai pouvoir laissait tomber, avec des airs de "ne pas y toucher", pour, toujours, finir par abandonner le pouvoir aux tyrans les plus vils au moment où la révolution prolétarienne pouvait se réveiller.

Comme dit Lissagaray :

"Trois fois, le prolétariat français a fait la Révolution pour les autres ; il est mûr pour la sienne. Les lumières qui lui manquaient autrefois ne jaillissent maintenant que de lui."

Aussi je le pense, plus que jamais, à la lecture de cet ouvrage, plus que jamais, le mot d’ordre de ceux qui sont le peuple, et qui se disent socialistes, communistes, ça ne peut être que "à bas la gauche, à bas la droite, et vive le parti du prolétariat" !

La Louve

jeudi 30 avril 2009

Signez l’appel de soutien aux 49 inculpés de la place de la Nation le 19 mars


Soutien aux 49 inculpés de la manifestation du 19 mars

Appel unitaire - signez l'appel ici

Suite à la manifestation interprofessionnelle parisienne du 19 mars ayant réunie 350 000 personnes et dont la dispersion était prévue place de la Nation et alors que plusieurs milliers de manifestants étaient encore sur la place, la police a procédé a des charges de dispersion alors que l’énorme manifestation se terminait tranquillement.

Un dispositif policier impressionnant était en place et les accès au métro comme à la place étaient condamnés : en fait tout cela ressemblait à la mise en place préméditée d’une véritable souricière. Les jeunes restés sur la place à écouter de la musique se sont fait gazer et charger. En moins d’une heure, 300 personnes étaient arrêtées et 49 sont passées de la simple interpellation à la mise en examen : tout semblait organisé pour accélérer les procédures "judiciaires".

Aux arrestations musclées s’ajoutent les violences contre des dizaines de jeunes manifestants sur la place et aux abords du lieu de dispersion.

Du jamais vu !

Nous ne pouvons accepter que des manifestants exerçant un droit légitime soient ainsi réprimés, menacés et risquent d’être condamnés pour avoir publiquement exprimé leur opinion comme près de 3,5 millions de personnes partout en France le même jour. De plus, le contrôle judiciaire particulièrement rigoureux comporte, en plus d’une obligation de pointer au TGI, une interdiction de participer à une quelconque manifestation.

Compte tenu de l’ampleur sans précédent de ces événements, nous, citoyennes et citoyens, organisations politiques, syndicales et associatives souhaitons rappeler notre engagement en faveur de la défense des libertés individuelles fondamentales, dont celle de manifester.

Les personnes poursuivies seront jugées les 06 avril et 04, 05, 09 et 22 mai pour violence avec arme par destination à l’encontre de personne dépositaire de l’ordre public, outrage, rébellion…

Nous appelons à venir soutenir les 49 inculpés du 19 mars en nous rassemblant dès le premier procès, le lundi 6 avril, à 9h00 et les suivants, place St Michel , à deux pas du TGI.

Premiers signataires :

AC ! - Agir ensemble contre le chômage, Attac Campus, CGT Métro-Rer, CNT-FTE, Collectif Bellaciao, Conscience Sud, Fédération Anarchiste (FA), Fédération Sud Education, Fédération Sud Etudiant, Fédération syndicale étudiante (FSE), Fédération syndicale unitaire (FSU), Fondation Copernic, Marches européennes contre le chômage, Marxistes Unitaires, Mouvement des quartiers pour la justice sociale (MQJS), Mouvement des jeunes communistes français (MJCF), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Parti communiste français-fédération de Paris (PCF 75), Pôle de Renaissance Communiste en France ( PRCF), Union syndicale Solidaires, Respaix Génération Conscience, Réveil des Consciences, Sud Lycéen, Union départementale CGT Paris (CGT 75), Fédération CGT des sociétés d’études

mardi 3 mars 2009

"PRISE DE POSSESSION", de Louise Michel


Extraits de "Prise de possession", de Louise Michel, Saint Denis, 1890

« Ce n’est pas que les misérables n’aient bien des fois déjà tenté leur délivrance, mais c’était toujours dans une telle nuit d’ignorance qu’ils s’écrasaient dans les issues sans pouvoir sortir ».

(...)

« Heureusement, on ne peut pas vivre les jours d’autrefois et le vieux monde, pareil aux arbres cent fois séculaires, va d’un instant à l’autre tomber en poussière. Le pouvoir est mort, s’étant, comme les scorpions, tué lui-même ; le capital est une fiction, puisque sans le travail il ne peut exister ,et ce n’est pas souffrir pour la République qu’il faut, mais faire la République sociale. »

(...)

« C’était très beau pour les Canaques de se dresser contre l’artillerie moderne avec la sagaie, la fronde et quelques vieux fusils à pierre obtenus par de longues années de louange à Nouméa. Mais l’issue de la lutte ne pouvait être douteuse.

Eh bien, les bulletins de vote destinés à être emportés par le vent avec les promesses des candidats ne valent pas mieux que les sagaies contre les canons.

Pensez-vous, citoyens, que les gouvernants vous les laisseraient, si vous pouviez vous en servir pour faire la révolution ? Votre vote c’est la prière aux dieux sourds de toutes les mythologies, quelque chose comme le rugissement du bœuf flairant l’abattoir, il faudrait être bien niais pour y compter encore, de même qu’il ne faudrait pas être dégoûté pour garder ses illusions sur le pouvoir, le voyant à l’œuvre, il se dévoile, tant mieux. »

(...)

« Il y avait longtemps que les urnes s’engorgeaient et se dégorgeaient périodiquement sans qu’il fut possible de prouver d’une façon aussi incontestable que ces bouts de papier chargés, disait-on, de la volonté populaire, et qu’on prétendait porter la foudre,ne portent rien du tout.

La volonté du peuple ! Avec cela qu’on s’en soucie de la volonté du peuple ! Si elle gêne on ne la suite pas ; voilà tout, on prétend qu’elle est contre la loi et s’il n’en existe aucune, on en fabrique ou en démarque à volonté comme les écrivains sans imagination d »marquent un chapitre de roman. »

(...)

« Il est probable que dans l‘enfance de l’humanité, les premiers qui entourèrent un coin de terre cultivé par eux-mêmes ne le firent que pour mettre à l’abri leur travail comme on range ses outils ; il y avait alors place pour tous, dans l‘ignorance de tout et la simplicité des besoins.

Aujourd’hui ce n’est pas son travail qu’on entoure de barrières mais le travail des autres ; ce n’est pas ce qu’on sème, mais ce que les autres ont semé depuis des milliers d’années qui sert vivre somptueusement en ne faisant rien. »

(...)

« Comme l’anthropophagie a passé, passera le capital. Là est le cœur du vampire, c’est là qu’il faut frapper. »

(...)

« Prise de possession est plus exact qu’expropriation, puisque expropriation impliquerait une exclusion des uns ou des autres, ce qui en peut exister, le monde entier est à tous, chacun alors prendra ce qui lui faut. »

(...)

« Ceux qui vivent de la bêtise humaine la cultivent si largement qu’on se refuse de reconnaître des choses absolument élémentaires. La propriété individuelle s’obstine à vivre malgré ses résultats anti-sociaux, les crimes qu’elle cause de toutes parts, crimes dont la centième partie seulement est connue, l’impossibilité de vivre plus longtemps rivés aux misères éternelles ; l’effondrement des sociétés financières par les vols qu’elles commettent- la danse macabre des banques, les gaspillages des gouvernements affolés qui se feraient volontiers entourer chacun par une armée pour protéger les représentations propices et les festins des hommes de proie, toutes ces turpitudes sont les derniers grincements de dents qui rient au nez des misérables.

Une seule grève générale pourrait terminer, elle se prépare sans autre meneurs que l’instinct de la vie – se révolter ou mourir, pas d’autre alternative.

Cette première révolte de ceux qui ont toujours souffert est semblable au suicide ; toute grève partielle peut être considérée ainsi : patience ! elle se fera générale et elle n’aura pas de ressources, pas de caisses de secours, rien, puisque le bénéfice n’a jamais été pour les travailleurs – on sera donc porté à considérer comme butin de guerre la nourriture, le vêtement, l’abri indispensable à la vie. »

(....)

« Comme toujours, il y a des inconscients qui, crevant de faim comme les autres, viennent se mettre en place de ceux qui font grève, ils ont fait cela à Berne. Anglais, Allemands surtout Français , n’importe, c’Ets le temps ou d’un d’instant à l’autre les grèves de noires se font rouges. »

(...)

« Mais la délivrance ne vient pas, c’est que tu l’implores au lieu de la prendre.

Nul n’a le droit d’asservir les autres, celui qui prend sa liberté ne fait que reprendre ce qui lui appartient, le seul bien véritable. »

(...)

« Pourtant ,si cela vous plaît, prolétaires du monde entier, restez comme vous êtes- peut être aussi que dans une dizaine de mille ans vous aurez réussi à hisser au pouvoir trois ou quatre des vôtres ; ce qui vous fait espérer une majorité socialiste dans vingt-cinq à trente mille ans.

Mais à mesure qu’ils entrent dans cette caverne incrustative, tous sont revêtus de la même pétrification, peut être aussi, camarades ,la comédie parlementaire vous amuse, et pour peu qu’il vous plaise d’imiter le jeune Détulli, vous auriez une partie de ce qu’il fallait à la ruine de la décadence, les spectacles, quant au pain, n’y comptez pas. Ne comptez pas non plus sur l’abri ».

(...)

« Les mioches ne sont pas plus heureux que les autres dans cette société de privilèges et d’iniquité.

Tout le monde les aime, les petits, c’est peut être simplement une mode.

La société aussi, la vieille gueuse, aime les enfants à sa manière, à la façon dont des ogres flairant la chair fraîche ; tout petits, petits, elle les élève dans des couveuses chauffées avec autant de soin que pour des petits poulets à qui on doit couper la gorge ; c’est que ces mioches-là, ce sont les poulets des privilégiés.

Si les parents meurent ou sont trop pauvres pour leur donner la becquée, ce son eux qui la procureront, la becquée, aux juges, qui les condamneront, dès l’âge de huit ans, plus petits peut être, et plus tard encore, ils seront condamnés parce qu’ils l’ont été une première fois. »

(....)

« Les urnes ont vomi assez de misères et de hontes.

Au vent les urnes, place à la sociale !

Le monde à l’humanité.

Le progrès sans fin et sans bornes.

L’égalité, l’harmonie universelle pour les hommes comme pour tout ce qui existe. »


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