mardi 13 avril 2010

Emploi, industrie, salaires, retraites: Se battre chaque jour contre les incitations à la soumission et au renoncement !



L’actuelle offensive de la bourgeoisie contre notre système de retraites offre une nouvelle occasion aux journalistes aux ordres dans certains médias de mener derechef une campagne idéologique d’incitation à la soumission et au renoncement.

La fatalité est instaurée comme contexte préalable de toute réflexion : "On n’a pas le choix, c’est comme ça...".

Les concepts sont tordus, dévoyés, au besoin, le mensonge est utilisé sans scrupule ( Laurence Parisot est une experte en la matière, entre l’espérance de vie de 100 ans et les prétendus "dividendes" à distribuer si la retraite n’avait pas été reportée à 60 ans), les idées sont passées à la moulinette de l’idéologie dominante qui travaille pour le seul profit des intérêts des capitalistes.

Les opinions divergentes peinent à être présentées et entendues.

Jusque dans les organisations politiques et syndicales des travailleurs, des voix se font entendre qui, mettant en avant "la raison", "la nécessité", posent comme un fait acquis insusceptible de remise en question que la réforme (qui n’a bien évidemment pas ici le sens qu’on pourrait prêter à ce mot) du régime des retraites est inévitable, absolument nécessaire, incontournable et qu’il va bien falloir trouver un "compromis".

- Sur le sujet des retraites, la plupart des rares "personnalités" autorisées à jouer le rôle du contradicteur sont, malgré des apparences parfois radicales et dures, des personnes dont le système sait parfaitement qu’au final, leurs intérêts de caste l’emporteront sur les intérêts de la classe ouvrière, et servent de deuxième fer au feu pour préparer un "compromis" qui se fera inévitablement sur le dos des travailleurs.

On commence déjà à instiller l’idée que si nous obtenons de ne pas voir la durée de cotisation allongée ni l’âge de la retraite repoussée, et bien, braves gens, ce sera bon, et on pourra signer une augmentation du taux de cotisation qui, évidemment ne concernera pas uniquement la part patronale des cotisations. Mais enfin bon, "c’est comme ça, il faut savoir ce que l’on veut, qu’auriez vous préféré?..."

Le tout pour reporter à dans quelques années la question du règlement pérenne de notre régime de retraite et en refaire un enjeu électoraliste, sans doute, ‘faut bien alimenter le système.

Il faut donc le rappeler et le dire avec force : non, dans "la vie", dans une vie, dans nos vies, il n’y a rien d’écrit, il n’y a pas d’autres "fatalités", je pense, que la maladie et la mort. Et même de la maladie, la volonté et la raison humaines parviennent à en triompher parfois.

Tout le reste, de notre premier cri, de nos premiers pas, notre premier travail, notre première augmentation de salaire, en passant par notre premier amour, notre première voiture, notre première cuite....TOUT le reste de nos vies devrait nous rappeler quotidiennement que ce que nous obtenons est toujours le fruit d’un combat, parfois âpre et douloureux, et d’une volonté qui est souvent dictée par la nécessité devant laquelle nous placent nos conditions de vie.

«LA OU IL Y A UNE VOLONTÉ, IL Y A UN CHEMIN»

Voilà ce que nous devrions toutes et tous garder gravé en lettres de feu dans un coin de nos cœurs et de nos têtes, pour nous éclairer quand nous traversons des heures sombres.

Bien-sûr, parfois dans la vie, pour transformer une défense en victoire, il faut aussi un peu de chance. Mais la chance sans volonté n’a jamais fait gagner personne, et puis la chance, ça se tente.

La première volonté que nous devrions avoir est de ne pas céder à la propagande catastrophiste, démobilisatrice, la première de nos volontés devrait être de refuser fermement les incitations constantes, quotidiennes à la soumission et au renoncement, sur toutes choses qui concernent très directement nos vies.

L’exemple des retraites est un excellent exemple.

En réalité, non, il n’y a pas de "problème de financement" contrairement à ce qu’on nous claironne chaque jour.

Il y a avant tout un problème de volonté politique des gens qui nous gouvernent depuis quelques décennies pour PRENDRE L’ARGENT là où il se trouve, et là où, légitimement, il doit être pris.

Et si nombre de personnes "à gôche" sont mal latéralisées, ce n’est pas à nous de le payer.

- La question de la bataille pour l’emploi et les salaires est exactement du même ordre et souffre des mêmes faiblesses dans son incarnation institutionnalisée. Elle peut être abordée de la même façon.

Il est très troublant de constater l’engouement que la plupart des médias (et des politiques) ont eu pour des luttes "de dernière extrémité" qui avaient principalement pour objet d’obtenir de meilleures indemnités de licenciement (ce qui ne disqualifie évidemment pas les luttes des travailleurs mais les place dans une autre perspective), et que, parallèlement, toutes ces personnes ont négligé et négligent encore (le mot est faible) les luttes qui se sont axées dès leur origine sur la préservation de l’emploi, et notamment de l’emploi INDUSTRIEL en France (on le constate avec la SBFM ou GOODYEAR ou FORD par exemple).

Pourtant, la question non seulement du maintien, mais également du développement de l’emploi et particulièrement de l’emploi industriel, est une question absolument fondamentale pour ce pays, a fortiori dans le cadre de l’Union européenne.

C’est d’ailleurs très « incroyable » que la question n’ait pas été posée plus nettement par nombre de soi-disant "amis de la classe ouvrière" qui se sont emparés comme des charognards du dossier des « CONTI », puisque CONTINENTAL -AG est bien une entreprise allemande basée à Hanovre, et que c’était l’occasion de poser à plein les bonnes questions !

Pas une seule fois la question de l’Union européenne et de l’hégémonie allemande n’a affleuré publiquement dans le traitement de ce dossier, pas un seul cadre ou homme politique ne l’a posée directement.

Ceux qui croient que, « simplement », l’Union Européenne aurait anéanti la question de ce qu’on peut appeler les "marchés nationaux" font erreur.

L’UE n’a pas anéanti cette question, elle a simplement déplacé, une fois encore, comme la CEE l’avait déjà fait, et comme la CECA avant elle, l’utilisation faite de ces marchés nationaux par les capitalistes dans le cadre plus général du capitalisme mondialisé.

Ceux qui croient que l’évolution intra-européenne du capitalisme est arrivée à son terme avec l’Euro et la signature du traité de Lisbonne, et que l’UE formerait désormais une unité économique cohérente mettant les capitalistes européens tous peu ou prou « du même côté » contre des "envahisseurs étrangers" type USA , Chine etc, font évidemment erreur.

Pire, pour certains d’entre eux, ils MENTENT effrontément !

L’Union Européenne ne sera JAMAIS un "Etat national unitaire" au sens strict du terme –sauf au terme d’une guerre néo-colonialiste qui sera forcément sanglante.

En conséquence, elle sera toujours un assemblage d’États aux intérêts jamais complètement solubles, très souvent divergents, souvent d’ailleurs, sous la pression des peuples qui les composent, Etats qu’il est impossible de mettre absolument d’accord (en tout cas pour l’instant) sur tout, parce que, entre autre, justement, la composition du bloc au pouvoir au niveau européen est comme partout, elle est hétérogène, elle comporte des blocs de la petite bourgeoisie, de la bourgeoisie strictement nationale, de propriétaires fonciers, de capitalistes financiers, de banquiers.... ayant ou non partie liée, plus ou moins, avec tels types de capitaux et pas d’autres.

La guerre de classe au sein du bloc au pouvoir, entre différentes fractions de la bourgeoisie, n’est absolument pas effacée par l’avènement (croit-on) du "capitalisme financier" ni par l’Union européenne, ni par la mondialisation - elle est au contraire avivée par tout cela et prépare actuellement un tournant.

La guerre de classe (qu’on l’appelle « compétition », ou plus justement, « concurrence ») qui se livrait autrefois au sein de ce bloc au pouvoir sur le seul territoire national ou disons, principalement sur ce territoire, jusque dans la première moitié du 20ème siècle, a été déplacée, ou plutôt, étendue, sur un autre échiquier qui est celui de l’Union Européenne, et la guerre entre certains aspects nationaux du capitalisme a pris d’autres visages et d’autres biais il y a quelques décennies.

De nouvelles hiérarchies ont ainsi été reformées. Des positions dominantes sont devenues hégémoniques. Certaines positions se sont écroulées. De nouveaux pôles ont été créés, sont en train d’être créés, qui sont en équilibre entre ce que leur permettent leurs positions dans les divers cercles concentriques : économie mondiale- économie européenne -économie nationale.

Le nouveau tournant dans la politique de désindustrialisation de la France entamé il y a 30 ans ne peut pas être compris si on ne replace pas la France dans son contexte exact, de « l’amitié franco-allemande » (anticommuniste) mitterrandiste, de l’Union Européenne, et du capitalisme mondialisé, en tant que France et en tant qu’un des principaux pays européens.

Il est vrai qu’un des effets (très rares) positifs de ce nouvel assemblage est à ce jour, d’avoir éloigné les spectres martiaux du sol de quelques « vieux états européens » (ce qui n’a pas empêché certaines guerres dans de plus jeunes pays "accédants"). Mais n’était il pas envisageable de parvenir au même résultat (la paix dans cet endroit du globe) sans jeter sur la paille des millions et des millions d’individus ? Et pour combien de temps ?

La politique de désindustrialisation de la France ne peut pas être comprise (et donc, combattue) si on baigne dans l’angélisme des théories économiques social-démocrates sur l’Union européenne, ces théories qui refusent obstinément de parler de la domination industrielle et financière des pays de l’ancienne ZONE MARK dans l’Union européenne et notamment, de l’hégémonie allemande en Europe.

Cette ultra-domination allemande, ce n’est pas un mythe : je précise, en 2008, l’Allemagne est la 4ème puissance économique mondiale, première de l’UE, premier exportateur mondial de biens devant les USA et la Chine ; 33 % de la population active travaillent encore dans le secteur industriel (auto, électronique, chimie notamment), même si c’est aussi le secteur tertiaire qui est le premier employeur de ce pays. Elle est également un des premiers producteurs d’acier au monde (source EUROSTAT).

L’ultra-domination allemande, on la vérifie également au niveau politique au sein de « la zone Euro » (voir le poids considérable – assassin- de l’arbitrage allemand au sujet de la dette grecque).

La « zone Euro » finalement, c’est une extension de la « Zone Mark » qui ne dirait pas son nom. C’est un règlement politique et économique d’une question qui aurait tourné à la troisième guerre mondiale si elle n’avait pas été réglée. Et à ce stade, chacun avait alors intérêt à ce qu’elle soit réglée ainsi.

C’est dans ce contexte, compte tenu de ces éléments économiques très concrets, que s’est stabilisée la place particulière de la France dans l’Union européenne et dans le monde.

La France, qui, comme de nombreux pays de l’UE, a perdu (a voulu perdre) la bataille industrielle contre le leadership allemand, en partie du fait de la structure originaire de « son » capitalisme « national » et des modifications de celui-ci ces 50 dernières années, est devenue dangereusement dépendante des divers subsides et aides européens.

C’est pour cela que la classe politique institutionnelle française, à « droite » comme à « gauche », a majoritairement tendance à préserver le mythe de l’Union européenne comme « facteur de développement des peuples », « facteur de paix et de stabilité géopolitiques ».

Et c’est parce que les luttes pour maintenir et développer l’emploi industriel en France révèlent immédiatement ces aspects-là, (parce que au-delà du seul maintien, il s’agit de le maintenir POUR L’AVENIR, de sorte qu’il soit tout à fait compétitif, pas pour les patrons -dont on se rendra compte un jour que nous n’avons pas "besoin" -, mais pour les travailleurs, non sur les questions de "coûts du travail" que nous bassinent les capitalistes, mais sur les questions de recherche et développement, d’avancées technologiques et écologiques), parce qu’elles projettent directement les gouvernants au cœur de la question germano-européenne, de la question impérialiste, au cœur de la domination nord-américaine (loin d’être finie contrairement à ce qu’on nous répète), parce que ces luttes impliquent des questions inévitables et assez simples, qui impliqueraient elles-mêmes des prises de position extrêmement claires et fortes de la part de toute une caste qui vit aux crochets de la politique européiste (même parmi certains de ses plus ardents ennemis déclarés),donc, sur le dos du peuple du travail, c’est pour cela que ces luttes là, elles ne sont ni popularisées, ni soutenues ni médiatisées.

La France (la classe capitaliste, la majorité du "bloc au pouvoir") a vendu son « âme industrielle au Diable » il y a quelques décennies de cela, en contrepartie du soutien et de la protection politique de ce qui allait devenir l’Union Européenne contre le « péril communiste » (socialisme fort qui était une possibilité réelle dans notre pays, rappelons-le au cas où nous l’aurions déjà oublié - et puis aussi, sans lier nécessairement socialisme et URSS, mais quand même, la France était véritablement un élément essentiel dans la stratégie anti-soviétique).

Le rôle particulier des syndicats de métallurgie et de mineurs allemands à tendance chrétienne (et anti-communistes) dans la création puis la pérennisation de la CES, cet instrument de répression de la lutte de classe et d’étouffement des révoltes populaires dans les entreprises, est évidemment à rappeler.

Dans les interstices, de plus en plus grands, laissés par la « désindustrialisation pro-germanique », les USA avaient avancé leurs pions, sous forme financière, momentanément, et ils les retirent désormais, confrontés qu’ils sont, comme tous, à l’implacable baisse tendancielle du taux de profit.

C’est pour cela même que tout est fait pour les étouffer, les nier, ces luttes pour l’emploi dans l’industrie en France actuellement - ah comme c’est pratique d’avoir de bons amis patrons de presse (sans parler du nombre de titres détenus par des conglomérats allemands ou pro-germaniques comme Gruner und Jahr , RTL etc...justement).

Parce qu’il ne faudrait surtout pas que les travailleurs de ce pays prennent conscience de l’énorme couillonade qu’est l’Union Européenne, de la mascarade des "politiques de l’emploi" bidons qui coûtent des dizaines de millions chaque année aux contribuables (majoritairement nous-mêmes donc !) et qui ont pour seul objectif de permettre aux pays de l’ancienne "zone Mark" de se gaver sur le dos des peuples de l’Union européenne et aux actionnaires nord-américains de se gaver en Inde ou en Chine.

Parce que ce choix politique là, cette volonté politique là, partagée, et comment, par de nombreux idéologues « de droite » comme « de gôche » (au besoin en leur faisant avaler la pilule par des mystifications idéologiques grossières) elle PAIE.

Plus exactement, elle apporte du blé à certains groupes d’intérêts facilement identifiables, même si elle condamne à moyen terme, sans aucun doute, la majorité d’entre nous.

Nous ne nous en sortirons pas sans politique industrielle, sans politique de ré-industrialisation de la France.

Un pays sans industrie forte est un pays mort, ou en voie de mort quasi-assurée.

Sur ce point aussi, il est urgent de refuser la fatalité, de lutter contre l’incitation au renoncement, contre l’invocation de la soumission nécessaire.

Et il est urgent que nous jugions ceux qui se proposent à nous pour briguer des suffrages à la mesure de ces questions fondamentales. Le « mieux » est souvent l’ennemi du « bien ». A ces questions cruciales pour notre avenir et celui de nos enfants, il va falloir exiger de certains des réponses claires et précises, très rapidement.

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