samedi 15 mars 2008

DES COMMUNISTES ONT-ILS VOTE POUR LE FN?

DES COMMUNISTES ONT-ILS VOTE POUR LE FN? (Ce billet fait suite à des débats initiés ailleurs à l'occasion des élections).

Chacun son Arlésienne. Cette question est une des nôtres.

Si on veut progresser, relever la tête ,dans le mouvement communiste, (et je ne parle même pas du PCF), il y a des choses auxquelles nous allons devoir nous confronter sérieusement, même si ça ne nous plait pas. Surtout si ça ne nous plaît pas.

Mais laissons "l’épine dans le pied" et on va bientôt devoir "couper la jambe".

Il y a un sujet tabou au PCF aujourd’hui, c’est celui des « anciens communistes » ( à mon avis ils sont toujours communistes, mais tellement trahis, tellement déçus et mal représentés ou se sentant comme tels, qu’ils ne peuvent même plus l’envisager !) qui sont « passés » à l’électorat FN (et peut être en 2006, pour partie, chez Sarkozy – mais c’est un autre débat).

Parce que nous sommes rentrés dans le piège petit-bourgeois du PS qui consiste à préférer flétrir et ostraciser, plutôt qu’à se confronter et à analyser (normal quand on n‘a pas de moyens idéologiques sûrs, de matériel intellectuel sur lequel s’appuyer, on se réfugie dans l’anathème et on refuse toujours le débat de fond), nous avons raté une marche (une de plus ?) sur ce sujet.

Nous avons implicitement mis au ban ces « anciens camarades » en les couvrant du manteau de l’infamie. Tout plutôt que se remettre en question. Là, le pire du stalinisme nous a encore une fois largement desservis.

Dès que l’on aborde ce sujet, il y a toujours une cohorte de bien-pensants ou d’aveuglés volontaires pour nous expliquer que soit, ce n’est pas vrai et c’est un « mensonge bourgeois », soit, c’est vrai, mais ces gens-là seraient « perdus » et « irrécupérables » et doivent être radicalement combattus.

Je ne peux être d’accord, parce que d’abord, on ne peut pas mettre toutes nos erreurs sur le dos de la presse bourgeoise, et qu’évidemment, comme dans un couple, les torts sont souvent partagés ; on ne peut pas aimer et avoir aimé, sincèrement, et ne plus rien avoir en commun, jamais. Enfin, parce que l’erreur est humaine et qu’on peut souvent, revenir sur ses erreurs si on est bien entouré.

Donc, je veux partir du postulat que, oui c’est une réalité, qu’elle existe en tant que fait « brut » et qu’un de nos devoirs. Les chiffres parlent. Les analyses socio-politiques aussi. Ce qui change, c’est ce qu’on en fait.

Et j’irais même plus loin, non seulement cela s’applique à « d’anciens communistes » mais aussi, et personne n’en parle, à d’anciens électeurs et militants du PS!

Cela s’applique d’ailleurs à une catégorie très particulière de la classe prolétaire : les ouvriers. Et le Lumpenprolétariat, évidemment.

Et pourquoi ? Parce que de tout temps, se sont les plus fragiles et les plus malmenés par le Capital ! Et aussi, parce que la « classe ouvrière » a été la première abandonnée par la vague rose qui a rapidement contaminé le PCF à partir de 1980. Car, en prise directe avec le rapport de force capital/travail, dans sa chair même, elle était insusceptible de cautionner, de valider, le tournant social-libéral de « la gauche ». Au tant dire donc qu'elle était un boulet, à moyen terme, pour les forces réformistes.

Pourquoi cacher que ce phénomène a donc aussi, fort logiquement, touché l’électorat du PS? (comme celui du RPR d’ailleurs, qui fut un autre parti où l’on retrouvait des ouvriers) Sociologiquement, il n’y avait pas de "vote ouvrier " en 1981 peut être? Il n’y en a pas eu au PS peut être? On le cache, ou on n’y pense même pas, tellement notre analyse politique frôle le ras des pâquerettes aujourd’hui ?

Dans le canton où j’ai vécu pendant quinze ans, dans le Pas de Calais, je peux dire que j’en ai vu, connu, côtoyé, des "anciens camarades" du PC ou du PS qui se sont mis à voter pour le FN.

Par contre ,je ne crois pas du tout que les « anciens socialo-communistes » qui sont "passés au FN" y soient passés à l’origine par « racisme », « sentiment de rejet des immigrés », « xénophobie » etc.

Non.

Ils y sont allés, comme beaucoup d’autres citoyens, parce que la force de Le Pen pendant trente ans a été d’incarner le « candidat ANTI-SYSTEME ». Le candidat « mains propres tête haute ». Le candidat « Tous pourris ». Le candidat "Anti Europe de Maastricht", etc, etc.

Qui a oublié les diatribes enflammées de JMLP contre Mitterrand? et puis contre Chirac? Contre « l’establishment » ? Contre les « liquidateurs de la France » ?

Qui a oublié que le FN s’est toujours présenté comme une force « populaire », et a longtemps réussi à maintenir cette illusion, même lorsque Le Pen était photographié, pour Paris Match par exemple, dans son château avec une épouse au brushing impeccable, talons aiguilles et embagouzée?

Même s’il apparaissait toujours avec des signes extérieurs de bourgeoisie ( costume croisé, cravate, pochette - la pochette! -, cheveux gominés et bien peignés) qui auraient rendu spontanément méfiant n’importe quel ouvrier dans les années trente ? Mais que ces « symboles » n’aient pas permis de faire obstacle à cette mythlogie du FN « populaire » a une explication, sur laquelle nous allons revenir et qui est idéologique, encore.

Il n’est que de lire ce que peut écrire sur ce sujet quelqu’un comme A. Soral (que j’hésite totuefois à mettre dans la même catégorie que ces « anciens communistes ») - et oui, il faut savoir "lire l’ennemi"- pour le comprendre, mais bien sur, c’est FAUX!

C’est une mythologie – le FN n’est pas un parti « populaire » (parce qu’il est un parti de capitalistes, de bourgeois, comme l’étaient le NSDAP de Hitler ou le PNF de Mussolini – qui étaient d’ailleurs tous les deux des « socialistes » à l’origine), mais un parti « populiste ». C’est bien différent.

Comment ne pas voir que Le Pen en 2002 au second tour, donc, je le rappelle, c’est aussi la coïncidence de la seconde candidature de Robert Hue?! Monsieur "Mutation-Liquidation" s’il en est.

Est-ce un hasard? Regardons les chiffres, c’est toujours instructif.

Robert Hue en 1995 = presque 9% (8,7%); il vient d’être élu secrétaire national du PC en 1994, a été intronisé par Marchais ( « caution morale » absolue à l’époque), et les camarades n’ont pas encore "compris" qui il était ni quel était le projet qu’il portait, comment il allait dévoyer la nécessaire mutation, qui en effet, devait s’imposer au PCF au tournant des années 90.

On ne peut pas leur reprocher, la vie d'un grand parti national comme le PCF implique un temps de prise de connaissance , de prise de conscience et d'analyse des infirmations qui n'est pas le même pour les militants de base et les dirigeants. C'est "l'effet-vague": lorsqu'elle atteint la plage, l'endroit d'où elle est née a déjà disparu dans les limbes de l'océan.

2002 – Robert Hue, toujours : là "tout le monde", beaucoup de monde, a compris entre sa première et sa seconde candidature, ce dont il s'agissait vraiment et 1997 est passé par là.

3,3 % !! QUELLE DEGRINGOLADE en 7 ans!

Plus de 5 % (d'un point de vue des chiffres, la chute est moindre entre 2002 et 2007) - par contre, en 2002, Le Pen, lui, arrive au second tour 16, 8 % ! Et Jospin, autre figure représentative de la droitisation de la gauche, est éliminé. (Je signale que la génération spontanée d’électeurs n’existe pas et qu’il faut être âgé de 18 ans pour pouvoir voter – même en prenant en compte les décès, le « renouvellement des générations » entre 1995 et 2002 n’explique pas tout).

Je pense en outre qu’aucun de ces « anciens communistes » n’est passé directement du PC au FN. Parce qu’idéologiquement, malgré tout, ce n’était pas un « chemin naturel ». Je suis sûre aussi qu’une grosse partie du bataillon des abstentionnistes vient de « chez nous », bien que je n’aie pas à ce jour le moyen de le prouver, mais disons que c’est une intuition.

Ensuite, malheureusement, le travail idéologique peut faire son œuvre, certains sont passés du stade d’électeurs à celui de militants. Cela s’explique. Un militant est un militant souvent jusqu’à la mort, surtout chez les communistes, car le communisme est action et mouvement par essence.

Alors, certains de ces camarades ont pu finir par adhérer à des thèses « de fond » d’extrême droite. Un parti est une machine idéologique puissante, ne l’oublions pas. Surtout quand il fait de « l’éducation militante » (autre chose que le PS et le PC ont en commun d’avoir abandonnée).

Il y a à cela des tas d’explications, une de ces raisons étant notre désertion idéologique, l’abandon de concepts fondamentaux comme celui de « nation » et de « souveraineté » et de « république » aux mains de l’extrême droite, qui en ont fait des concepts racistes, xénophobes, exclusivement.

Rares sont les gens à gauche qui posent la question de savoir si par hasard, la montée du racisme et de la xénophobie n’aurait pas à voir avec l’abandon de ces concepts par la gauche, justement, (ils existent et sont bien courageux, car à peine prononcés ces mots, ils sont en général immédiatement frappés d’oukases intellectuelles, avec une violence que nos bons « droits-de-l-hommistes » ne réservent même plus à l’ennemi de classe).

Ces chiens de garde de la social-démocratie et du capitalisme dit «à visage humain » sont bien aidés en cela alors par la droite dite « modérée » (mais toujours capitalistes), qui en profite immédiatement pour dire que « extrême droite et extrême gauche, c’est pareil ». Ben voyons. N’empêche qu’aux élections, des gens comme Bayrou font alliance avec l’UMP, l’UMP avec le FN, mais, le cas échéant, avec les communistes… ah non…

Nation, souveraineté, république, non, ce ne sont pas des concepts de droite ni d’extrême droite « par essence ». Nous sommes devenus tellement inaudibles sur de tels sujets qu’on a fini par l’oublier. On a fini par oublier également que quand un communiste parle de nation, il n’entend pas, il ne peut pas entendre par là, la même chose que quand c’est un homme d’extrême droite, un fasciste qui en parle. Pareil pour la souveraineté. Analyser, voire défendre ces concepts, les repenser, rien de cela n’implique nécessairement une politique ségrégationniste, raciste. Rien n’empêche de lutter pour cela et contre le racisme, au contraire !

Evidemment, il y a eu des débordements et des recoupements, facilités par une chose dans le stalinisme ( qui a largement diffusé dans la pensée communiste) qui était la prégnance de la notion d’Etat, la force, de la surpuissance de l’Etat comme force de « contrôle » des masses. Le centralisme. En cela, il y a eu des passerelles intellectuelles. Sous la moustache de Joseph, on a oublié le magnifique cri de Lénine, rappelant Marx et Engels, dans « l’Etat et la Révolution ». On a oublié Luxemburg.

On a également oublié que dans internationalisme, il y a nation (je ne dis pas nationalisme, car ça c’est encore autre chose, en effet, que l’idée de nation). Même si il y a dépassement.

Plus nous progressons ici ou ailleurs, en section, sur Internet, sur les marchés, en préparation de Congrès, dans ces réflexions que nous osons nous rouvrir à nous mêmes, peu à peu timidement, (exactement comme des personnes battues reprennent doucement goût à la vie, confiance en elles, et aux autres), plus nous progressons, plus il semble inévitable, sinon impérieux en effet, de mettre au point des Assises du communisme, comme de nombreux camarades en ont déjà lancé l’idée.

Sans exclusive, sans exclusion, avec toutes celles et tous ceux qui se sentent communistes, ou s’en sentent proches. Et surtout, si je puis me permettre, avant toute chose, sans idée ou arrière-pensée de « construire » ou « reconstruire » un « grand parti ». Communiste ou « anti capitaliste », de « Linke à la française ».

Bien sûr, c’est extrêmement difficile d’être ainsi dans le mouvement, surtout quand il faut régénérer, revivifier ce mouvement, le faire renaître ; c’est inconfortable, beaucoup d’entre nous, militant-e-s dans l’âme, souffrent véritablement de ne pas, de ne plus avoir de « structure militante », de cadre qui leur convienne pour militer et passer de théorie à la pratique, et enrichir la théorie de la pratique.

Mais tant que nous ne délivrerons pas, au moins temporairement, du piège du pouvoir et de l’électoralisme, notre réflexion, qui doit être sincère, radicale, profonde, et urgente, sera avortée et manipulée à des fins qui ne sont pas et ne peuvent pas être communistes.

Fraternellement,

La Louve

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Même si j'admire toujours autant ton humanisme, Louve, je dirai que pour une fois je ne partage pas du tout ton analyse concernant les électeurs ou militants communistes qui auraient soudain "viré" F.N.

En effet, les thèses d'extrême-droite sont l'antithèse absolue d'un quelconque "idéal communiste" quel que soit l'angle sous lequel on l'envisage. De mon sens, un électeur ou militant communiste qui "vire" soudain F.N. donne une démonstration éclatante : celle qu'il n'a jamais été communiste, qu'il n'a jamais ressenti en profondeur un idéal ou une philosophie de nature communiste à quelque degré que ce soit.

Oh certes, il a pu être électeur, ou même "militant" communiste, mais s'il l'a été, ce n'était qu'au minimum égoïste de ce qu'il a pu percevoir un temps comme étant de son intérêt, de celui de ses amis, de sa famille, de sa région, de sa "classe" en tant qu'opposée à une autre, ou entraîné dans l'air du temps, par un mouvement de masse, par des camarades... Mais par intérêt ou suivisme quoi qu'il en soit, ce qui explique que s'il a eu l'impression à un moment donné que si cet intérêt était "trahi" par ceux qu'il soutenait, et mieux défendus par un autre parti, fût-il idéologiquement diamétralement opposé, ou si le vent souffle dans l'autre sens, hop ! Tournage de casaque express.

Un tournage de casaque ou de veste express est toujours le témoin que le moteur de l'individu est le seul intérêt, et que les circonstances et la perception de l'intérêt dans ces circonstances ont changé - tandis que quelqu'un qui demeure fidèle à un idéal indépendamment ou même à l'encontre de ses propres intérêts témoigne d'une conviction profonde - éventuellement érronée, mais en tout cas authentique.

Quid donc, des tourneurs de casaque qui passent du PC au FN ? Oh, on peut peut-être espérer les "récupérer" d'un point de vue électoral, il faut et il suffit de leur faire percevoir à nouveau leur intérêt dans l'autre sens. Mais ce ne sont certes pas - et ne seront probablement jamais à moins d'un effort "éducatif" énorme sur lequel je ne me fais guère d'illusion - que des opportunistes dans lesquels on ne peut placer aucune espèce de confiance. Des planches pourries, quoi.

Le mépris qu'on peut leur témoigner me semble donc aussi mérité que le mépris peut l'être - modulo bien sûr le fait que, quand on perçoit les choses en profondeur et qu'on mesure l'attitude d'un être à l'aune de son histoire, de son éducation (ou absence d'), si on essaie de comprendre intimement le comportement d'une personne, alors on ne trouve plus personne qui mérite le mépris.

Il n'empêche que, sous un angle politique ou interpersonnel, on peut caractériser des gens comme ne méritant aucune confiance et ayant un horizon mental qui s'arrête à la profondeur de leur nombril. Pas grand-chose à en tirer dans l'espoir d'un monde meilleur, donc...

Anonyme a dit…

J'ai vécu quelques années dans ce qu'il est convenu d'appeler une cité populaire: il y avait 600 logements je crois et deux cellules du PCF. J'étais militant très actif à l'époque, c'était dans les débuts des années 70.Aux élections "le parti" faisait entre 70 et 80 %...en 1974,un nombre significatif d'électeurs PCF s'est "habitué" à voter PS (et pour cause,il n'y avait pas de candidat communiste)puis en 1981( mais je n'habitais plus le quartier)un nombre significatif d'électeurs communistes a voté Mitterrand au 1er et 2 ème tour. (en gros au plan national, l'influence du PCF passait de 20 à 15 %).Ensuite, la déception, la crise, le chômage, la montée du phénomène Le Pen sur fond de racisme plus au moins avoué...Vue l'influence "d'origine" du PCF dans certains quartiers, il est probable que des électeurs aient voté FN. Mais je crois sincèrement que pour l'essentiel les déçus du PCF sont allés vers l'abstention. Certes, il faudrait faire une analyse plus pointue mais je pense que ce phénomène a été très marginal. Par contre cet argument a été véhiculé par des journaux sociaux-démocrates notamment (libé, le nouvel obs..)avec le message subliminal suivant: staline= hitler, communistes= goulags=nazis= camps de concentration...Mais on peut discuter de ce sujet...après tout je peux me planter...Salut et fraternité EL DIABLO

Anonyme a dit…

J'écris comme une patate, moi, ce soir, fatigue et précipitation, je ne sais laquelle est la cause primordiale ;-)

M'enfin en me relisant, j'me comprends à peu près, espérons que j'aurai réussi à être à peu près compréhensible pour autrui également ;-)

Osemy a dit…

Attention attention! Je précise une chose (pour moi c'était évident mais je m'aperçois qu'il n'e n est rien :))
Je ne prétends absolument que "le gros des bataillons" FN viendrait du PC!!!! Non, mais selon une enquête de l'Ipsos (oui oui je sais ... mais elle est corroborée par d'autres et c'est la seule dont je m souvienne précisément) en date de 2003 ou 2004, le "vote FN" serait ouvrier et ex-coco à 30 % environ . C'est pas énorme donc.Et on peut considérer que c'est sans doute exagéré. Mais c'est quand même une réalité. Je suis donc assez sur ta ligne, El diablo: ce n'est pas "massif", les "ex pcf" ont constitué (et je le dis) un bon nombre d'abstentionnistes mais ça existe ou en tout cas a existé. En revanche, je précise ma pensée: je crois que cela a été un phénomène ponctuel.
@Swami: bon,ö grand Guru on n'est pas d'accord, une fois n'est pas coutume, mais il ne faut pas sous estimer les erreurs de jugement que peuvent faire faire la misère, la galère, le désespoir et le sentiment de trahison...

Anonyme a dit…

@Osemy : « Je ne prétends absolument que "le gros des bataillons" FN viendrait du PC!!! »

Rassure-toi, je ne l'avais absolument pas compris comme ça non plus.

> « grand Guru on n'est pas d'accord, une fois n'est pas coutume »

Ce n'est pas grave, nous ne manquons et ne manquerons pas d'occasions d'être d'accord par ailleurs ;-)

> « mais il ne faut pas sous estimer les erreurs de jugement que peuvent faire faire la misère, la galère, le désespoir et le sentiment de trahison... »

Certes, certes. Et l'errance comme l'erreur sont fort compréhensibles, y compris au plan politique, mais il y a toutefois des limites dont le franchissement ne se satisfait pas de cette seule explication. Il faut également y ajouter beaucoup d'ignorance et de haine de soi que l'on transforme finalement en haine des autres.

Mais pour changer de sujet, le vote FN d'une proportion indéterminée d'aciens électeurs communistes n'est sans doute pas le problème majeur des temps actuels et à venir, où la lutte est plus que jamais nécessaire et où les raisons de se battre abondent comme jamais à ma courte mémoire. le plus difficile reste encore de déterminer comment, et surtout avec qui...
Trouver le moyen d'enfin rassembler une véritable force de gauche capable de faire bloc sur l'essentiel et d'arrêter de dépenser notre énergie à nous tirer dans les pattes les uns et les autres, exercice auquel la gauche-de-gauche a toujours excellé, la période électorale actuelle a encore été riche d'enseignements en la matière, sur la difficulté et la fragilité des unions, les différences d'appréciation qui peuvent se transformer en casus belli entre les uns et les autres... Les vieilles rancunes et rivalités d'appareils, les a priori des uns contre les autres... Y'a qu'à lire ce qui s'écrit et parler un peu à droite et à gauche pour s'en rendre compte et se rendre compte que le travail le plus urgent est un travail d'union durable - après avoir soigneusement délimité le périmètre et les objectifs fondamentaux de cette union.
C'est à ça que j'aimerais bien m'attaquer...

Tiens, j'ai vu que le candidat coco-PCF de mon coin pour qui j'ai voté au premier tour des cantonales s'est désisté corps et âme au second tour pour la candidate du parti S. et appelle (sur le tract de celle-ci) « à se mobiliser pour sa victoire ».
Pas exactement à ce genre d'union-là que je pensais... Heureusement, pour demain, j'ai le bulletin d'Agnès.

François a dit…

Dans les années 70 les militants du PCI (actuel PT)ceux de la LCR et de LO disaient :"le nombre d'adhérents au PCF ne veut rien dire,les Stals vendent la carte du PC comme un Paquet de bonbons"..Et c'ètait vrai,il suffisait de demander la carte pour l'avoir et se dire,voire se croire communiste !Attention danger!!

En effet beaucoup de "militants" en sont restés là.Ils avaient leur carte,achetaient l'huma,participaient aux manifs(pas toujours mais souvent)et participaient aux réunions de temps à autre.

Mais camarades,dans tout cela où était la FORMATION ? Que faisait le parti pour la connaissance politique,la conscience de classe de ses "troupes" ? SI il y avait quelque chose ce n'était vraiment que peu de chose.Mais,de mon point de vue,il n'y avait rien.

La bureaucratie (je ne veux heurter personne mais c'était la vérité)de la direction disait ce qu'il fallait faire et les camarades suivaient.Et,quand certains osaient être en désacord,cela se passait très mal.

En 1965 j'étais aux JC et,un jour, lors d'une réunion,un gars nous distribue un papier qu'il nous fallait signer.Là je prends le papier et je me mets à le lire, ce qui a eu pour effet de mettre le type en colère:"qu'est-ce que tu fous?Tu signes oui ou merde ? "Attends que je lui réponds,je le lis d'abord,et après peut-être je signe" Là il est entré dans une colère bleue:"ça a été écrit par la direction,si t'as pas confiance t'es un traître...etc"Je me suis levé et lui est mis très violemment le papier dans la gueule et je suis parti.Cela a été ma dernière réunion aux JC.J'avais déjà envie de me casser,là c'était la dernière goutte.

Et combien de fois j'ai assisté lors de diffusions à des polémiques avec nous,Trotskistes, et les gens du PC.C'est pas croyable le nombre de fois que j'ai vu,surtout au niveau des jeunes,des gars qui étaient incapables de défendre les positions du journal ou du tract qu'ils diffusaient.Ces camarades honnêtes et courageux ne recevaient pas de formation.

Cela n'empêche qu'ils en voulaient et qu'ils y croyaient au PCF.Alors le sentiment de trahison dont ils ont souffert quand ils on su que la Russie ce n'était pas ce qu'on leur avait toujours dit,quand ils apprirent les procès de Moscou,l'intervention des troupes de Pacte de Varsovie à Prague ...etc..Combien ont déserté et seraient toujours là si on ne les avait pas trahis et si on les avait formés ??

Ensuite viendra la fameuse et fumeuse UNION DE LA GAUCHE.Là aussi que de désenchantements.Et pourtant les responsables très politisés du Parti savaient que le PS leur tendait un piège dont ils risquaient de ne pas se relever...et pourtant...???

Et il y en eu bien d'autres choses.Les gars de la base du parti se prenaient claque sur claque déception sur déception.Certains sont restés attentifs à la politique mais un nombre important a tout laissé tomber,se contentant de voter...même pas toujours.

Pour terminer le tout ce fut l'arrivée de R.HUE...alors là...pas besoin de dessin...

Bien sûr parmi tous ces camarades perdus pour la cause communistes certains se sont en partie retrouvés ,non seulement à voter FN,mais aussi adhérents du FN.

Et ce n'est pas avec les dernières positions du PC qu'ils risquent de revenir.

Cela à été pour moi une bataille de tous les jours :La FORMATION EST INDISPENSABLE.

Prenons exemple sur LO.TOUS LES MILITANTS sont formés,d'abord politiquement mais aussi,pour ceux qui n'ont pas eu la chance de pouvoir étudier,donc d'utiliser leur intelligence,il y a une formation générale très complète;histoire de l'art,musique..etc et PERMANENTE.

Pour autant ils ne sont pas très nombreux à LO mais c'est du solide.

Bien sûr la formation inexistante du PC n'explique pas tout mais une grande partie selon moi.

Quelqu'un qui est communiste l'est viscéralement,rien ne peut l'empêcher de penser " Marxiste "et de militer.Sa vie et le communisme se cofondent,sa vie c'est le communisme donc la lutte permanente.

Il nous arrive même parfois de vivre de manière " anormale "pour d'autres personnes tant notre activité est grande sans pour autant être fatigués.Tous les jours ou presque un(e) communiste "remet ça" et jusqu'à sa mort.Mais parce qu'un(e) communiste a de quelque manière que ce soit, été formé(e)


Il faut maintenant construire ou reconstruire un vrai parti communiste,qui fera revenir des camarades perdus et fera en sorte de ne plus en perdre.

Il y a du boulot,mais c'est possible.

Amitiés communistes à toutes et tous.

François

Anonyme a dit…

Je n'ai jamais fait de "confiserie politique" et l'adhésion au parti était une vraie bataille. Certes qu'ici ou là il y ait eu des adhésions opportunistes qui peut le nier, notamment dans les communes dirigées par les communistes, mais l'adhésion c'était d'abord convaincre politiquement.Je regrette mais la théorie de Francois est une théorie "petite bourgeoise", portées par les troskystes (çà vous étonne!): le prolo pue la sueur trop con pour adhérer sur des idées...C'est quoi ce truc

Anonyme a dit…

> « théorie "petite bourgeoise", portées par les troskystes (çà vous étonne!) »

Mouhahahahhaaaaha ! (Pardon, c'est nerveux...)

Ben tant qu'on lirentendra des c...ries pareilles, on est pas arrivés.

- Sale trot' !
- Vile stal !
- Affreux petit-bourgeois !
- Immonde contre-révolutionnaire !
- Traître au peuple !
- Ta mère à poil dans Point de vulve images du monstre !

Ouais, constructif. Très.

En nous voyant faire, les autres d'en face se disent qu'ils n'ont pas trop à se faire de souci. Comme ils ont raison...

François a dit…

Non,non et non El diablo je n'ai jamais dit que le prolo était con et incapable d'adhérer sur des idées.Je dis le contraire : le gars qui prenait sa carte au PCF ne se voyait rien "offrir" en échange,aucune FORMATION,formation dont il avait besoin très souvent car il n'avait pas eu la chance de pouvoir se servir de son intelligence.

Et je dis :le PCF ne lui donnait pas cette formation.C'est facile de donner une carte à quelqu'un et de le laisser ensuite se demmerder.Mais arrive un moment où les gens ne comprenant pas ce qui se passe,ne pouvant pas analyser de manière approfondie se cassent et cherchent ailleurs ce qu'ils attendaient du Parti.

Perso j'avais mon beau frère qui après avoir été "communiste" durant une vingtaine d'années a déchiré sa carte du PC et de la CGT et qui votait FN .Il avait même des contacts avec les militants qui venaient le voir chez lui.J'ai bien essayé de discuter avec lui mais rien à faire ,il avait l'argumentation tellement facile "de la faute aux bougnoules".

Il n'avait jamais été franchement communiste,il avait sa carte,point.
Mais ce retournement spectaculaire m'a laissé sur le cul.Je ne m'attendais pas à cela du tout.

J'ai,bien sûr arrêté toute fréquentation avec lui.

Et quand j'en parlais avec sa soeur (ma femme)elle me disait:"forcément il n'a pas ton niveau,il s'est fait avoir"
Mais je répondais "non de dieu,qui l'empêche de se former,qui?"
Ma femme:"personne,mais il a quitté l'école à 14 ans,il a eu les mains dans la merde tout de suite,ça ne donne pas envie de s'investir intellectuellement"
Moi :"Ah bon !et moi alors ce n'est pas pareil?"
Ma femme:"non,toi tu as eu la chance de tomber sur des gens qui t'ont aidé à l'OCI,lui n'a eu personne chez les stals"...

Ma femme avait raison.En tout cas en partie car par ailleurs son frangin était un ramier de première qui refusait de faire l'effort que l'on doit tous faire soi-même,d'investissement personnel.

Mais malgré cela il est resté vingt ans au PCF...? Ce qui prouve que la formation des militants n'a jamais été beaucoup à l'ordre du jour au PC.

Quand je suis entré au PCI,j'ai reçu une formation d'environ un an.Et à la suite d'un GER(groupement d'étudiants révolutionnaires)je suis devenu militant à part entière.Mais,comme les autres,tous les six mois,je subissais des contrôles :sur la ligne politique,sur mes analyses de l'actualité nationale et internetionale.Et cela n'était en rien choquant pour personne.

Si le PC avait fait cela,peut-être qu'aujourd'hui il n'en serait pas où il en est,vu le nombre d'adhésions dont il bénéficiait.

Voilà El Diablo ce que j'ai voulu dire au sujet des gens qui passaient du PC au FN.Il y a sûrement d'autres explications,mais celle-là en est une aussi.

Fraternellement à toi, à toutes et tous.

François.

Anonyme a dit…

Je remercie François de faire part de son expérience. Il reste qu'en parlant de formation nous sommes au coeur du problème qui est posé au parti révolutionnaire : Elever la conscience politique de ses membres . Le tout est de savoir de quoi on parle. Souvenir pour souvenir, je pourrais évoquer les écoles de sections, les écoles fédérales de deux semaines et les écoles centrales d’un mois et de quatre mois qu’organisait par le PCF (il avait même « ses » toubibs pour les arrêts maladies de complaisance…). Maintenant, tous les adhérents ne passaient pas par ces écoles. Pour autant était-ils « exclus » de la formation politique ?...Peut-être s’ils ne participaient à aucune activité de la cellule (car à l’époque on militait d’abord dans sa cellule).Sinon, le militantisme, en lui-même était formateur : entraînés dans la dynamique, combien j’ai connu de « non - lecteur » d’origine acheter (et lire même partiellement) « l’Humanité », acheter des livres au CDLP, aux éditions sociales. Et puis, si tu avais un article à écrire dans le journal de cellule, il fallait bien que tu lises, et pas seulement l’Huma d’ailleurs, si tu ne voulais pas être « sec » ou écrire des conneries…La même chose pour argumenter en réunion ou au porte à porte. Extraordinaire pédagogie en vérité et combien de camarades sortis de l’école dès la fin du primaire sont devenus maires, députés ou encore journalistes dans la presse du parti. Voilà c’était çà le parti, un parti de militants. Malheureusement, et dans un long processus stratégique qui serait trop long de décrire ici, ce parti a abandonné cette organisation au plus près du quotidien. L’élu a pris le pas sur le militant, les assemblées de beaux parleurs ont remplacées les réunions de cellules, les avocats du peuple qu’étaient les députés communistes sont devenus des notables, les maires itou…des militants sont devenus des supporters et effectivement il y en a peut-être quelques-uns qui, sur fond de désespérance et avec un profond sentiment d’abandon, se sont fait piégé par le FN ( il est utile à ce sujet de rélire le livre d’Anne Tristan : « au Front » qui évoque notamment les méthodes de recrutement du FN dans les cités populaires dans les années 80 –je parle de mémoire-)Aujourd’hui, Sarko a absorbé une partie importante de l’électorat FN (sauf qu’aux municipales l’abstention de cet électorat fait perdre des mairies à l’UMP –autre débat-)…Le PCF, lui , perd Calais, Aubervilliers, Pierrefitte sur Seine…(Montreuil c’est encore autre chose), le conseil général du 93 et il en perdra d’autres…s’il ne change pas RADICALEMENT de cap. Dernière chose à ce sujet : Avez-vous entendu les discours transparents de MG Buffet et de Bessac à la TV hier soir ? Faut-il en pleurer ou en rire !
N.B Au sujet des troskistes, évidemment c’était le clin d’œil du vieux stal repenti que je suis. J’ai même utilisé le bulletin LO dans ma commune car je ne voulais pas voter pour les sociaux -traîtres ;-) T’as qu’à voir on est loin du piolet de Mexico! Salut et fraternité EL DIABLO