lundi 28 janvier 2008

Peut on se contenter d'être désobéissant?....



Cela fait plusieurs jours que les médias (cette flore bactériologique à reproduction ultra accélérée) se lancent dans la promotion de mouvements dits de "désobéissance civile".

Franchement, quand je vois ou que j'entends les membres de ces mouvements prétendre lutter contre le manque de logements sociaux pour les étudiants, mais se demander s'ils vont voter Bayrou ou Royal avant le premier tour de la présidentielle, je remercie la nature de m'avoir dotée de sphincters en bon état de marche, m'évitant ainsi la situation embarrassante de me compisser...

Et vas -y que j't'en fais des kilotonnes sur "la désobéissance civile" (d'ailleurs, t'as qu'à taper cette expression lénifiante - rien à voir avec Vladimir Illitch...- dans Gogol et tu vas pas être déçu du voyage...)...

Outre le fait que l'adjectif "obéissant/désobéissant" me fait immanquablement penser à ma grand mère ( non, pas celle dont vous êtes coutumiers désormais, mais l'autre, celle qui paie l'ISF ;-) ) pour laquelle l'obéissance est l'ultima ratio de l'éducation de l'Enfant, le signe de parents qui ont réussi leur sale coup, cela ma replonge des années en arrière.

Quand on a eu la chance (ou le désavantage?) d'être élevée par un homme qui avait la désobéissance dans le sang, la révolte contre l'institution chevillée au corps ( forcément, 8 ans au Lycée militaire d'Autun, ça laisse des traces....),il y a des choix qu'on fait très vite, et presque malgré soi. Mon père n'était plus communiste depuis longtemps quand il a commencé à se charger de mon éducation, mais je pense qu'il avait la révolution sous la peau - malheureusement, il n'a pas trouvé à temps la traduction...

Dès l'école primaire, j'ai eu immédiatement envie de casser la figure aux petits camarades "non-désobéissants" type fayots, gominés, chouchous, propres sur soi qui vivent collés à "la Maîtresse" comme des morbaques...pour leur préférer tout ce que mon petit bled pouvait compter de "cas sociaux", "asociaux", et autres "rebelles".

J'ai toujours fait partie des filles qui déchirent leurs vêtements, qui abîment leurs chaussures, et qui font "des bêtises" :-) que voulez-vous (beh oui quoi ! j'ai même été au PS pendant 6 ans - hummmoouur).

Bon, voilà, ça m'a toujours tenue,"le diable au corps", c'est comme ça....Alors, a priori, je ne pourrais que comprendre et sympathiser avec tous les "désobéisseurs du monde entier"!

Sauf que je me pose, ces derniers jours,et suite à ce déferlement médiatique sur les "désobéissants" ( il semble même qu'existent aujourd'hui des coachs, des stages, et même un site qui s'appelle "désobéir.net", plutôt intéressant d'ailleurs) une question :

- est-ce qu'on peut se contenter d'être juste "désobéissant" avec quelqu'un qui vous rackette avec la complicité bienveillante des institutions bourgeoises ( y compris "de gôche"?).
- est-ce que quand quelqu'un me frappe la joue droite, je lui tends la gauche?
- est-ce que si je crie parce que je vais me faire violer, je fais bien attention à ne pas crier trop fort pour ne pas réveiller le voisinage?

Ben non. J'ai fait rapidement le tour des situations qui pouvaient ressembler de près ou de loin à ces exemples. Ma réponse est non. Si on essaie de me faire du mal, je me défends. De telle sorte que, la prochaine fois qu'on vienne me chercher des poux dans la tête, on réfléchisse bien avant.

Bon, je sais, et on me le reproche souvent d'ailleurs, je ne suis pas assez "politique" (traduisez: je n'enfume pas suffisamment mes lecteurs ou mon auditoire, je devrais mettre plus de vaseline et avoir moins de principes...), ok.

Mais quand j'entends "désobéissance" (surtout érigée ainsi en presque-philosophie) comment vous dire... Je saisis toute la différence qu'il y a entre désobéissance et révolution, entre l'enfant qui a l'impression de faire une chose folle quand il oubliait de dire "Madame" ou "Monsieur" après "Merci", et celui qui grimpait sur le toit de l'école pour se faire la belle et courir dans les champs....

Entre celui qui veut aménager sa servitude et celui qui veut se battre pour sa liberté.

Désobéissance, ça fait très "naughty booooyyyyyy", (mais avec la mèche bien peignée quand même). Privé de dessert tiens! (mais tu auras quand même un bonbon...)

Car, quand je lis ou entends, ensuite, que parmi tous ces jeunes (ou ces vieux d'ailleurs) plus de 80 % d'entre eux prétend lutter contre les injustices, se battre pour l'égalité "avec des fleurs", dans "la joie et la bonne humeur",qu'il faut être "toujours festif, toujours actif" , mais que, quand même, leur bonne conscience petit-bourgeoise ne va pas jusqu'à les décrisper sur le socialisme et que parler du communisme les dégoute prodigieusement, comme si c'était quelque chose de sale ,de mal en soi, de vilain,je me dis qu'on est pas rendu...

C'est ça qui freine ma sympathie - pas par esprit "de caste", mais parce que j'aimerais bien savoir comment on fait, au fond, est-ce qu'on se contente d'être désobéissants et de poser des cataplasmes antilibéraux sur la jambe de bois capitaliste?

Est-ce qu'on ne pourrait pas au moins envisager que cet "autre chose", malgré quelques expérimentations parfois malheureuses, ça pourrait être le communisme?!

(Ils ont un peu le syndrome de la femme battue, les "désobéissants" en tout cas, celles et ceux que j'ai rencontré jusqu'à présent.... Malheureusement... C'est à dire qu'au fond, leur narcissisme est tellement faible, leur estime de soi est si fragile, qu'il "suffit" qu'on s'excuse et qu'on promette n'importe quoi après leur avoir envoyé deux mandales en plein pif, pour que bon , finalement, ils pardonnent... puisque c'est promis "on le fera plus"....Alors bon hein....)

Sont-ils dominés par la peur? sont-ils gangrénés par le capitalisme? sont-ils simplement stupides de croire qu'on règlera les problèmes contre lesquels ils se battent sans mettre à bas le capitalisme? et croient-ils que cette guerre on va la livrer avec des pâquerettes?....Je ne sais pas.

Ils peuvent toujours se donner un peu d'action et d'oxygène en faisant acte de désobéissance, ça ne mange pas de pain et parfois, c'est même très utile...Ca en amène parfois certain-e-s à aller plus loin d'ailleurs. Et tout mieux que rien.

N'empêche que, c'est pas sérieux, de faire ce blocage sur la révolution et le communisme , quand on dit vouloir "changer le monde"...On n'est pas supposé être "ouverts" quand on est "alter'"?

Et puis, c'est fou que la plupart d'entre eux ne se rendent pas compte que ce qu'ils cherchent, ce qu'ils écrivent, ce qu'ils pensent ,c'est le communisme, c'est tout! Je me faisais cette réflexion en lisant un papier d'altermondialistes dans l'Huma' il y a 10 jours...

Pas la peine de perdre des année à réinventer le marxisme, Marx a existé les gars, ce n'était pas un personnage de mythologie , gagnez du temps - figurez vous qu'il a déjà écrit ce que vous cherchez! On perd un temps pas possible à réinventer l'eau chaude...

On prétend être des esprits libres, des gens sans tabous, on est supposé être enfants de la déconstruction, de l'analyse freudienne, de la libération sexuelle, de mai 68 et on se laisserait emmerder par un vieux tabou bourgeois comme l'anticommunisme?

Alteros, écolos, pacificos, unitaros etc...hors le communisme (dont je pense que beaucoup ignorent en réalité ce qu'il est et s'accrochent aux images d'Epinal vendues par la bourgeoisie), pour le moment et à ce jour, je ne vois pas ce qui pourrait rendre pérennes leurs désirs "enfantins" (au sens de "désirs directs et violents") et salutaires.

Je ne suis pas sûre qu'on puisse se contenter d'être "désobéissants". Il y a une marge entre se faire respecter et être respectable. C'est un bon début mais, de grâce, envisageons la suite...

On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs - et songez qu'un oeuf c'est presque un poussin...(et ça me fait mal au cœur, mais j'aime trop l'omelette...)

http://osemy.blogspot.com

7 commentaires:

SAd___ a dit…

La prochaine fois, au lieu de prendre un café (à 1 balle 50 !), sans cigarette, ... .
j'ouvrirai l'ordi, et lancerai un coup d'oeil ici !

Sur que cela me fera plus d'effet et me gonflera les méninges pour la semaine ;-)

Bises de là

Anonyme a dit…

Faut pas croire tout ce qu'on nous raconte ! La « vaseline Sarko », c'était dans la pub' pour acheter le produit, mais dans la vraie vie qui fait mal au c..., en guise de vaseline, c'est plutôt une poignée de sable (avec quelques tessons broyés gros pour la sensation...)

Bon, sinon j'adore toujours autant ta manière d'écrire ;-)

Anonyme a dit…

Bon
moi d'abord
j'ai pas la télé
je ne lis pas les journaux
je ne vais même plus lire les articles de l'huma
j'ai tout compris à l'humain et l'ai mis en équation marxo-girardo-bourdieusienne
et donc je reconstruits le monde tout seul dans mon bac à sable

je suis capablme de manger en faisant les poubelles et préférer dormir dans ma voiture ou sous la tente plutôt qu'à l'hotel, j'ai toujours fait très attention à mes long cheveux natés avant d'être chauve et à mes chaussures ainsi qu'à mes manches de chandails...

Et donc je ne savais pas qu'on promotionnais la désobéïssance comme il faut dans les moyens de transmission et d'uniformisation de la conneri populaire toute classes sociomédiocrisées confondues.

Mais ce qui me semble très louche, c'est que sous le régime de l'apothéose de la médiocrité démagogique précisément les moyens de diffusion et d'uniformisation universalisante de la bêtise crasse fasse la promotion de ce qui semble logiquement représenter son antithèse principielle !!!

Donc moi ce que je me demande automatiquement dans ma folie paranoïaque mysanthrophage, c'est quel coup tordu l'innommable et ses stratège en propagande sont-iols en train de nous pondre afin de même nous couper l'herbe sous les pieds de la réorganisation de résistance culturelle...

Parce que si les cons prétendent désobéïr par humanisme :

petit a : je ne suis pas humaniste

petit b : je ne suis plus démocrate

petit c : la république est plus morte que dieu

et comme des dieux , qui sont chacun l'émergence d*ynamisque résonnante de la cohésion psychosociale d'un groupe d'identité psychobestiale, il y a autant de dieux que de groupe et d'ethnis

au secours

où fuir !

Paul

Thierry a dit…

"80 % d'entre eux prétend lutter contre les injustices, se battre pour l'égalité "avec des fleurs", dans "la joie et la bonne humeur",qu'il faut être "toujours festif, toujours actif" , mais que, quand même, leur bonne conscience petit-bourgeoise ne va pas jusqu'à les décrisper sur le socialisme et que parler du communisme les dégoute prodigieusement"

Oui. Voilà très précisément ce que sont ces "nouveaux contestataires" en peau de lapin."Contester", mais pas trop après, faut que je passe à l'Apple Store.
Très bon billet auquel j'adhère pleinement. Et bon blog plein de choses intéressantes. Dans le bookmark ? Ouais, avec plaisir.

Anonyme a dit…

continue a mordre ,La Louve ,surtout continue !tes morsures sont salutaires et devraient etre reconnues d'utilite publique ...sauf que s ils le peuvent ils te mettront des pieges (a loups bien sur ).alors continue pour que l on puisse dire de toi la meme chose que du renard des bérus "ta rage n est point perdue"
ta rage se repand crois moi .et c est bien .
quand a notre epoque ,il est clair ,je le dis sans cesse aux camarades ,que nous sommes en guerre et hors des actions fortes ,hors de la lutte commune pas de salut .il ne faut plus se mortifier il ne faut plus checher dans quelque demarche "soft" une issue quelconque.il faut prendre l initiative et se battre .

il parait que la lutte des classes est demodee...que le proletariat est un vilain mot ,disons ...presque ringard .
que les choses aujourd hui sont differentes ,enfin " tout cela n est que malentendu ,nous allons vous reexpliquer et tout ira bien ..."
sifflez beaux merles .....
le quotidien est ce qu il est .
je vous livre juste quelques mots pour un eclaicissement :


"....il est assis sur le trottoir
il est tres fatigue
depuis le temps qu il attend que ca change
il commence a en avoir assez
soudain il se leve
soudain il s en va
a la recherche des autres
des autres
des autres qui ne mangent pas parce qu ils n ont rien a manger
des autres tellement fatigues
des autres assis sur les trottoirs
et qui attendent
qui attendent que ca change et qui en ont assez
et qui s en vont a la recherche des autres
tous les autres
tous les autres tellement fatigues
fatigues d attendre
fatigues ...
Regardez , dit l hirondelle a ses petits ,
ils sont des milliers
et les petits passent la tete hors du nid
et regardent les hommes marcher
S ils restent bien unis ensemble
ils mangeront
dit l hirondelle
mais s ils se separent ils creveront
restez ensemble hommes pauvres
restez unis
crient les petits
quelques hommes les entendent
saluent du poing
et sourient ."

ceci tres chers amis et camarades a ete ecrit en 1937 par jacques Prevert
1937 ...2007 ...2008
rien n a vraiment change
Makhno

Anonyme a dit…

Beau nom pour un beau blog. Et hop, encore un favori qui va désespérer mon employeur...

mogolecho a dit…

Et les "obéisseurs" aveugles, alors ? On en pense quoi ?

Voici une chanson que je dédie à tous les "désobéisseurs" qui font preuve de conscience professionnelle, de sens profond de la responsabilité, et ne peuvent se résoudre à planquer leurs vieux restes d'humain derrière la carapace d'une fonction.

Elle s'appelle : "UN PETIT FONCTIONNAIRE" ...
"C'était un petit fonctionnaire
Qui fonctionnait
Qui sillonnait
Qui plastronnait
Qui perquisi-récépissi-vibrionnait
Qui connaît pas de sot métier"

Vous pouvez l'écouter sur :
http://pagesperso-orange.fr/luckys-trique/ptitfonc.htm
ou
http://www.myspace.com/jlucquilling