vendredi 22 février 2008

Discours de Rentrée de Jean CALVARY, Président de l'association communiste Rouges Vifs

Discours de rentrée de Jean CALVARY, Président de l'Association
"Rouges Vifs"

http://rougesvifs.free.fr

contact@rougesvifs.org

"Bonjour chers amis, chers camarades,

Bienvenue à notre assemblée d’aujourd’hui, qui se conclura par un pot de l’amitié et un buffet fraternel.

Il est à noter que nombre de camarades ont souhaité s’excuser de leur absence aujourd’hui pour des raisons diverses. Ce qui démontre que cette initiative était attendue et que les absents de ce jour manifestent par là leur attachement au sens que nous donnons à notre activité au travers de nos différents rendez vous.

Nous avons décidé cette initiative pour « faire de la politique », pour échanger sur la situation et, au final, donner un caractère convivial à notre rencontre en contradiction avec le contexte de morosité dans lequel peuvent se trouver celles et ceux qui cherchent toujours à changer réellement la société.

Il faut dire que, si l’on en reste à l’énumération des mauvais coups qui se succèdent depuis le 6 mai 2007, on a de quoi avoir le vertige.

Voire de paniquer en se disant que tout valait mieux que l’avènement de
Sarkozy.

Mais c’est faire l’impasse et des raccourcis par rapport à notreréflexion et nos expressions depuis que nous avons créé l’association ROUGES VIFS dans la suite de l’activité de la plupart d’entre nous au sein d’appels publics à se réapproprier les enjeux de classe (l’affrontement Capital/Travail) pour mieux appréhender les différentes situations et agir en conséquence.

C’est faire l’impasse sur notre analyse caractérisant la politique actuelle comme l’aboutissement de la politique menée depuis plusieurs décennies, consistant à légitimer, parfois sans l’avouer (lors des expériences dites de gauche), la domination du capital sur toutes les sphères de la société.

C’est faire l’impasse sur notre réflexion mettant en évidence le caractère mortifère de nos institutions représentatives, qui font qu’au final, seules les organisations acceptant cette soumission – au capital-, ne peuvent concourir et avoir des élus (synonymes de moyens financiers et de places pour les copains).

Permettez moi de vous renvoyer à nos débats et réflexions préalables à l’élection présidentielle publiés sur notre site. A l’heure où l’on peut avoir une impression de vertige devant l’avalanche de remises en cause des acquis sociaux et démocratiques, il nous apparaît crucial de garder notre sang froid et de persister à évaluer la situation sous l’angle de ce qui régit depuis toujours les rapports sociaux :

l’affrontement de classe, entre une minorité de possédants- la classe dominante - et l’immense majorité de notre peuple, qui est seule productrice des richesses, au travers des salariés qui représentent désormais 9/10ème de ceux qui travaillent.

Parlons donc, dans ces conditions, du président « avocat d’affaires », comme beaucoup d’autres au gouvernement, une profession pour qui la parole est un « outil de travail ».

Nous comprenons mieux ainsi la stratégie du pouvoir qui consiste à occuper quotidiennement les Journaux TV avec une succession d’annonces, faites de confusions entre vie personnelle (dont on se contrefout ici), d’opérations de communication agressives et de mises en œuvre de projets régressifs.

Ainsi, est-il question de dépénaliser les affaires financières portant sur des sommes considérables ; dans le même temps, l’arrêt maladie est criminalisé. Au passage, on veut faire oublier le vol des trente milliards à la Sécu, somme que les gouvernements précédents ont puisé dans les cotisations sociales pour financer les « allègements de charges » des entreprises.

Le « paquet fiscal » (15 milliards) a conduit à de nouveaux allègements pour les plus gros revenus ; ainsi, ceux des 2400 plus gros contribuables (sur dix neuf millions !) ont reçu « un milliard 200 millions » de cadeau du fisc grâce à la baisse de 60 à 50% du plafond d’imposition !

Autre sujet : le retour à la frontière de 25 000 immigrés, fixé comme objectif (comme si la France n’était, aux yeux du pouvoir, qu’une entreprise capitaliste) masque l’émigration des capitaux « français » (87 milliard en 2005) vers d’autres cieux où nos capitalistes recherchent de nouveaux profits et veut cacher le projet du grand patronat d’instaurer un système de mise en concurrence des travailleurs de la planète en fonction de ses besoins.

C’est une vielle tradition des richissimes « nobles » Français, qui dans la période de la Révolution s’exilaient à Coblence avec leurs trésors !

Le fin du fin réside dans ce que nous avons défini comme « forfaiture » à l’occasion de l’adoption du nouveau traité européen, qui confirme que la souveraineté du peuple français, non seulement a été bafouée, mais ne sera plus jamais soumise à consultation sur les fondamentaux, si l on en reste à la lettre du traité.

Notre position de départ consistait à exiger le respect de cette souveraineté exprimée en 2005 en soulignant que demander à priori comme riposte un nouveau référendum sur un texte reconnu quasi identique revenait à nier l’expression populaire.

L’épisode institutionnel autour de la possibilité d’adopter ce futur dessaisissement des prérogatives nationales nous a fait adopter la position qu’il valait mieux un nouveau référendum à condition que les forces dites de gauche l’imposent en bloquant cette trahison (elles en avaient la possibilité – il y a donc eu des complicités qu’il faut mettre en évidence).

Nous avons produit à l’issue une déclaration qui est à votre disposition.

Devant une telle situation, il convient de multiplier le genre de rencontre que nous initions aujourd’hui pour réfléchir ensemble sur les conditions à réunir pour que, non seulement cette situation ne se reproduise pas, mais que soit construit un contexte qui fasse que le monde du travail, dont nous voulons, sans exclusivité, porter le point de vue, devienne incontournable et au final déterminant.

Nous ne sommes pas naïfs. Cela va demander énormément d’efforts, de mise en condition d’échanges, de débats, de décisions d’action politique en appui aux initiatives revendicatives dans les luttes sociales.

Il n’y pas, il n’y a plus, de force politique, portant le point de vue de la seule classe sociale créatrice de richesses. Mais au-delà, posons nous la question de la capacité de peser dans le cadre des institutions actuelles. Est-ce la compétence des élus qui est à juger ou la capacité des travailleurs (seuls créateurs de richesses) dont il faut exiger la reconnaissance et la présence effective dans des institutions rénovées ?

Avons nous, nous, associations Rouges Vifs, la prétention de remplacer un parti politique susceptible de répondre à toutes les interrogations, de présenter « clés en mains » un modèle de changement de société, de permettre de reconstituer la famille communiste ? Evidemment NON.

Rouges Vifs, plus qu’une association, c’est un état d’esprit, un engagement, une démarche militante qui consiste à tenter de poser les termes des enjeux, celui du salaire socialisé, de la souveraineté populaire, du rôle et de l’histoire des services publics, des fondements du modèle social français issu du CNR et bien d’autres réflexions qui participent à élaborer ensemble des réponses et des repères idéologiques susceptibles de contribuer à nourrir les luttes sociales et politiques.

Rouges Vifs, c’est quand même une association, avec des statuts, regroupant des camarades, ayant pour la plupart déjà milité sur le plan politique dans d’autres organisations, le PCF pour l’essentiel, et qui gardent intacte leur soif de réfléchir ensemble et de mieux comprendre les enjeux et les affrontements de classe auxquels nous sommes confrontés.

L’existence de Rouges Vifs est déjà une résistance dans un contexte actuel de déconfiture idéologique où la droite la plus réactionnaire tente de s’accaparer la défense de la valeur Travail, brouillant tous les repères marxistes.

Dans notre postulat de départ, nous considérons que si Sarkozy peut si ouvertement tenter de paraître le défenseur des travailleurs, c’est que les représentants historiques du monde du travail ne sont pas à la hauteur pour ne pas dire qu’ils ont failli ou trahi.

Mais cela ne peut nous exonérer d’exercer toute notre responsabilité et de tenter de poser les termes du débat, d’y apporter une approche collective et participer ainsi à la reconstruction d’un point de vue authentiquement révolutionnaire.

Ce que nous avons baptisé élaboration d’un tronc idéologique commun lors de notre rassemblement festif du mois de juin dernier à deux pas d’ici.

Ce travail, nous l’avons décidé avec d’autres associations qui partagent notre constat et nos objectifs dans la période. Nous ne considérons pas non plus comme porteurs de quelconques vérités que nous garderions jalousement.

Notre contribution collective à la reconstruction d’un point de vue révolutionnaire est publique et n’est pas soumise à droit d’auteur avant utilisation.

C’en est ainsi des éléments sur lequel nous avons réfléchi lors de notre rencontre débat sur la question du salaire socialisé avec Bernard Friot au mois de décembre. Cette initiative aura des suites sur le sujet comme sur d’autres, en particulier sur la question des institutions.

Notre assemblée d’aujourd’hui participe de cette démarche et le débat qui va maintenant s’instaurer, sera, n’en doutons pas, une contribution supplémentaire à ce que nous avons entrepris.

Ivry s/ Seine, 16 février 2008
Jean CALVARY".

--------------
Issu du site web:

"Rouges Vifs, qui sommes nous?"

"
Nous sommes des communistes.

Nous inscrivons notre action dans l'histoire du mouvement ouvrier français depuis juin 1848 et la Commune, du communiste français et international depuis la Révolution russe de 1917 et le congrès de Tours.
Cela ne signifie pas que nous jugions tout ce qui a été fait par ce mouvement comme positif. Mais cela fait partie de notre Histoire, et nous le prenons comme tel.

Communistes, nous jugeons nécessaire de lier indissolublement la lutte pour l'amélioration du sort des travailleurs, la revendication d'une véritable souveraineté populaire, qui suppose la souveraineté nationale, la solidarité internationale des travailleurs avec la perspective révolutionnaire de l'abolition de l'exploitation capitaliste.

Nous avons constaté la disparition progressive, avec une accélération brutale dans les années 1990, de toute expression de ce point de vue communiste dans notre pays. C'est pourquoi nous avons créé Rouges-Vifs.

Nous ne sommes pas une tendance du PCF. Beaucoup d'entre nous en ont été membres, certains le sont restés. Mais notre but n'est pas de mener des jeux d'appareils stériles pour entretenir l'espoir totalement vain d'un redressement révolutionnaire de ce parti.

Nous ne prétendons pas non plus être le véritable Parti communiste français miraculeusement ressuscité.

La question de la renaissance d'une force politique révolutionnaire est une question sérieuse, qui doit être posée à long terme et ne sera pas résolue par ce genre d'autoproclamation.

Nous sommes des communistes qui, faute d'autre possibilité, se sont organisés en association, d'abord au niveau départemental, à Paris et dans le Val de Marne, désormais au niveau régional, en Ile de France, pour élaborer et exprimer dans la mesure de leurs moyens un point de vue communiste, révolutionnaire donc, sur la situation nationale et internationale, sur les luttes des travailleurs et leurs perspectives politiques, qu'ils ne trouvaient exprimé nulle part ailleurs.

Les deux associations départementales dont la fusion et l'élargissement ont donné Rouges-Vifs Ile de France au printemps 2006 ont été fondées durant l'hiver 2001/2002, au crépuscule de la révélatrice expérience dite de " gauche plurielle ".

Elles s'inscrivaient dans la continuité d'une démarche commencée avec "l'Appel des 500", lancé début 1999 par des communistes de Paris, puis l'appel "Nous assumons nos responsabilités", signé entre septembre 2000 et le printemps 2001 par près de 2000 communistes de toute la France.

À partir de ces deux textes, nous avons mené un certain nombre de luttes que le PCF ne menait pas, en particulier contre la guerre en Yougoslavie en 1999, puis en Afghanistan en 2001, pour le "non au référendum sur le quinquennat" en septembre 2000, pour "la défense des services publics et contre les privatisations", contre le passage à la monnaie unique.

Nous en avons tiré toutes les conséquences en participant à un appel en septembre 2001 pour une candidature communiste à l'élection présidentielle, ce que celle de Robert Hue ne pouvait certes pas être, puis en choisissant de nous organiser en associations pour continuer à mener notre combat.

Rouges-Vifs s'est depuis exprimé à Paris et en Ile de France sur les lieux de travail et dans les quartiers où ses militants étaient présents, dans les mouvements sociaux et dans les manifestations.(...)

Dans les mouvements contre la liquidation des retraites en 2003 et la casse de la Sécurité sociale en 2004, nous avons défendu l'idée de salaire socialisé, acquis de la Libération, contre les ratiocinations sur les réformes nécessaires mais-pas-celle-là qui ont conduit ces luttes dans l'impasse.(...)

À partir de ces débats, nous avons entrepris une réflexion associant l’ensemble de nos adhérents sur le contexte électoral de l’année 2007. Nous avons ainsi approfondi notre analyse du caractère antidémocratique de nos institutions, qui rendaient inéluctable la victoire de Sarkozy, le candidat du capital, celui de la politique que les Français avaient rejetée dans la rue et dans les urnes, sans qu’aucune véritable alternative soit proposée. C’est pourquoi Rouges-Vifs Ile de France a refusé de donner des consignes de vote, au premier comme au deuxième tour de l’élection présidentielle. Dans la déclaration que nous avons publiée le 8 mai, nous appelons à tirer les conséquences de cette situation pour chercher les voies d’une riposte efficace.(...)"




1 commentaire:

Anonyme a dit…

clair , precis , honnete...avec un site tres interessant que je connaissais deja ,mais je remarque que ,si ce discour reste offensif il y a cette pointe d 'amertume du début sur l absence de certains.
ce sentiment ma suivi tout au long de la lecture .sans doute parce qu il est celui que nous ressentons tous quand nous mettons toute notre energie a mobiliser ,a organiser ( redaction de tract de discours, lutte dans la rue et dans l entreprise )et que quand sonne l heure de rassemblements programmés ...certains ne sont pas la ....
Makhno