mardi 4 septembre 2007

SARKOZY OU LE HOQUET DE L’HISTOIRE


A quoi reconnaît-on un penseur génial d’un imposteur ?

A ce que ses analyses, et les trames qu’il leur a données, les outils qu’il a façonnés pour y parvenir, sont toujours d’actualité un siècle après sa mort.

« Hegel remarque quelque part que tous les grands faits et les grands personnages de l’histoire universelle adviennent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce (…) »

Puis, plus loin :

« Il reste à expliquer comment une nation de 36 millions d’habitants peut être surprise par trois chevaliers d’industrie et être capturée sans résistance ».

C’est Karl Marx qui écrit cela dans « Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte ». Il n’est évidemment pas un imposteur.

1851-2007. Les hommes ont changé. Les circonstances aussi, parfois. Mais les mécanismes, l’analyse, la façon d’analyser, restent intactes. Parfaites.

Là où de Gaulle fut la tragédie, Sarkozy est la farce, au sens strict du terme.

C’est le hoquet de l’Histoire.

Revendiqué par le hoquet lui-même, de Gaulle (avec Jean-Paul II) est en tête des personnages qui l’inspirent le plus.

Peu importe que les vrais gaullistes le haïssent profondément parce qu’ils perçoivent confusément qu’il incarne à la fois l’antithèse et la continuation exacte de leur héros.

Peu importe qu’il n’ait retenu de de Gaulle que ce qui l’arrangeait ou le séduisait, et l’ait détourné en croyant le reproduire (autorité, qu’il voudrait morale mais qui n’est qu’autoritarisme ; symbolique du Père, qui n’est chez lui que paternalisme petit-bourgeois ; stature, qui n’est que gesticulations ; vision de la France et de l’Europe qui n’est, chez lui, qu’une vue myope, inféodante…).

Peu importe, même, que cette admiration ne soit qu’une posture, qu’une façade. Elle n’est pas anodine et elle est assumée.

Une chose sauvait de Gaulle de l’emprise absolue du capitalisme, et donc, lui garantissait malgré tout une indépendance par rapport aux puissances capitalistes incarnées : il craignait, il méprisait l’argent et son pouvoir à titre personnel. Madame de Gaulle faisait les comptes et économisait jusqu’aux ampoules électriques de l’Elysée. Militaire, de Gaulle était un ascète et cet ascétisme lui plaisait.

Mais ce n’était pas un saint pour autant.

En allant faire son discours sur les institutions à Epinal, dans les Vosges, en juillet dernier, Nicolas Sarkozy a placé, délibérément, ses pas dans ceux du vieux général, pour mieux les pervertir diront les uns, pour mieux les accomplir, diront les autres.

Et il a voulu que le message soit clairement compris et retransmis .

Il y a martelé sa volonté d’un pouvoir présidentiel renforcé. Et il a sans doute compris la leçon des « grands hommes » : l’Histoire que l’on peut écrire n’est qu’une question d’opportunités.

Il est donc, logiquement, celui qui va parachever le « coup d’Etat permanent » gaulliste et faire cracher à la Constitution du 4 octobre 1958 ce qu’elle a toujours eu dans le ventre, sans que personne jusqu’à présent, ait osé ou ait eu envie soit le supprimer, soit le porter à son apogée : un régime ultra présidentiel et autoritaire, où les contre-pouvoirs réels auront été méticuleusement balayés par le népotisme et le viol perpétuel du droit public positif.

Les premiers à l’avoir compris sont à droite et ce sont bien les gaullistes authentiques.

Comme le disait Marx, ce seront aussi les premiers punis politiquement.

Mitterrand avait une vision monarchiste et presque romantique du régime de la Vème république, héritée de l’avortement de la restauration sous la IIIéme république. Il se plaisait sur les hauteurs pyramidales, aimait à marcher (et non à courir), à lire... C’était un Florentin, plutôt Valois que Bourbon. Il aimait passionnément l’argent et le pouvoir, qui lui permettaient toutes les jouissances. Les "combinazzione" et les intrigues de palais le mettaient en joie.

Chirac était un capitaine d’industrie, fils légitime de ces grandes familles héritières des empires industriels construits à la fin du 19ème siècle, comme Michelin, Dassault, Boussac, gendre idéal, marié à la vieille noblesse française. Il avait la fibre démocrate et chrétienne de « l’homme du 18 juin » ; il s’en est rapproché en vieillissant, chaque année davantage. Le chien fou s’est installé dans la peau du parrain, plein de courtoisie mais gardant des piques redoutables, veillant sur les dernières cendres d’un monde qu’il vit disparaître, à l’aube d’une époque où il savait que lui et les siens n’auraient plus leur place et que l’ordre ancien allait céder.

Nicolas Sarkozy revendique Kennedy et de Gaulle. Il aime le glamour du premier et la plume du second. Mais c’est un de Gaulle atlantiste, poujadiste, qui n’a jamais fait la guerre, et qui confond libération et libéralisme.

Evidemment, Cécilia n’est pas Yvonne, et Neuilly n’est pas Colombey…

Reste donc, pourrait-on paraphraser, à expliquer comment une nation de 62 millions d’habitants peut être surprise par trois chevaliers d’industrie et être capturée sans résistance…

Encore une fois, les outils mentaux légués par Marx à ce qui devrait être sa descendance sont redoutablement efficaces. Ne pas s’en servir est une erreur. En faire un dogme est une manière de ne pas s’en servir.

C’est bien la structure de classes de la société et les rapports entre celles-ci ainsi que nos errement par rapport à cela, qui expliquent le tout.

La démocratie telle qu’elle existe en France aujourd’hui, ainsi que ses avatars (Nation, République), sont des créations bourgeoises pour la bourgeoisie.

Destinée à priver le prolétariat d’une chance véritable d’être représenté politiquement et de prendre le pouvoir pour faire advenir une société sans classe, elle ne lui laisse finalement le choix qu’entre la soumission ou la révolution.

Autrement dit, le crétinisme parlementaire auquel nous sommes aujourd’hui réduits, dévoiement inévitable de la démocratie parlementaire bourgeoise et lâche mise en place par ce bon Debré, encadrés par le financement des partis politiques et par la solde grassement versée aux députés et aux sénateurs, l’actuel système de représentation des Français, fortement appuyé par les structures spécifiques de la 5ème République qui assurent une prééminence indiscutable du Président, parachevé par son élection au suffrage universel, tout cela était, et est toujours, fortement et puissamment anticommuniste.

On devrait donc légitimement se demander aujourd’hui comment nous en sommes arrivés à cautionner notre ennemi le plus fidèle par-delà les décennies et y compris contre nous-mêmes.

Héritière politique tardive de l’anticommunisme du Général, prolongement institutionnel du combat pour le pouvoir que se livrèrent les forces de la Libération (appel du 17 juin contre appel du 18 juin, communistes contre gaullistes…), la Constitution de la 5ème République fut le premier signe de notre défaite.

Tout cela n’était bien destiné qu’à un seul et unique objectif, à savoir museler le prolétariat en lui faisant le moins de mal possible, le priver de ses défenseurs sans en avoir l’air, au nom de la Liberté, des droits de l’Homme, pour que les forces du capital puissent l’estourbir peu à peu et l’emmener ainsi à l’abattoir.

Abattoir où le prolétariat, désorganisé par plus de 15 ans de gouvernance socialiste et de syndicalisme indigeste, a fini par se conduire presque tout seul le 6 mai 2007.

Il est « amusant » de constater que selon l’INSEE, en 2005, les ouvriers composent encore presque 24 % de la population active française, voire 30% chez les jeunes de 15 à 29 ans alors que les « professions libérales » (artisans, commerçants chefs d’entreprise) représentent 6 % de cette population active et que les cadres frôlent les 15 %.

Les employés quant à eux, représentent 29,1% de la population active.

Cela, c’est intéressant aussi.

On ne peut pas faire porter tout le poids de la victoire de Sarkozy aux ouvriers, qui, contrairement au mythe qui en fait le gros des bataillons FN ( alors que, toujours selon l’INSEE, les ouvriers composaient en 2002 moins de 30 % de l’électorat frontiste), ont majoritairement voté à gauche (quoi qu’on entende par là), comme les fonctionnaires, ou se sont abstenus (et je crois que de très nombreux communistes se sont abstenus).

Alors que les salariés, les « employés » comme dit l’INSEE, eux, ont plus que contribué à ce « coup d’Etat » pour une raison simple : ils ne se sentent pas appartenir à une classe, ils ne sont pas organisés en tant que tels, et pour dire les choses simplement, ils n’ont aucune conscience de classe. (Pan sur les doigts, ça nous apprendra aussi à déserter le syndicalisme dans le secteur privé).

C’est cette saine lecture qu’a du potasser Nicolas Sarkozy avant de mettre en marche sa machine de guerre. Ce que les représentants des « partis de gauche » auraient été bien inspirés de lire également, sans doute.

Mais bon, on ne va pas refaire l’histoire...

Rien ne sert de se battre la coulpe et de regretter amèrement que Royal n’ait pas été élue, ni même qu’un autre candidat socialiste ne soit pas finalement présenté.

Il y a bien longtemps que nous aurions du quitter définitivement la route qui croise la rue de Solférino, bien longtemps que nous aurions du traiter le PS comme ce que nous savions qu’il était réellement : un repaire d’arrivistes, de romantiques, un peu mous, parfois très talentueux, mais aussi éloignés de nous que le rat des villes peut l’être du rat des champs.

Mais enfin, empêtrés dans notre mauvaise conscience post-stalinienne nous n’étions pas "au clair" nous-mêmes...

Toute cette histoire « de gauche », c’est un épiphénomène et le mal venait d’ailleurs, l’existence même du PS en tant que tel n’étant au fond qu’un symptôme de cette république fantoche.

Il ne suffisait plus à Nicolas Sarkozy, (à qui on doit reconnaître d’être un fin stratège et un bon observateur de la vie politique, ou de savoir bien s’entourer), de constater le vide abyssal laissé « à gauche », par la grande faute des socialistes, (et avec la complicité passive et malheureuse du PCF, il faut bien le dire, s’en excuser platement, pour ensuite, ne plus y revenir).

Sarkozy puisa dans quelques bons ouvrages un prolétarisme de pure façade qui fit néanmoins mouche, les prolétaires, en effet, ayant grand besoin d’être représentés et étant avides d’être défendus.

Fallait-il être aveuglé par les gloires passées pour ne pas prendre la mesure du gouffre qui s’ouvrait sous nos pieds depuis 20 ans !

Que Sarkozy se mit directement dans la poche les cadres et professions dites supérieures, les professions libérales, les chefs d’entreprise, quoi de plus normal ? Il ramena aussi vers lui, et on sait comment , des gens, y compris des gens historiquement de gauche, voire d’extrême gauche, qui votaient auparavant pour Le Pen ou de Villiers. Rien de choquant non plus.

Le tour de force réside en ce qu’il parvint à « vendre » au gros des troupes prolétaires que la défense de leurs intérêts passait nécessairement et préalablement par la défense des patrons, que défense des prolétaires et défense des intérêts capitalistes allaient de paire, (formule sur laquelle nous devons absolument réfléchir car elle est redoutable et questionne fortement ce que nous croyons être le communisme en France).

Largement aidés par notre incapacité à leur insuffler une nouvelle conscience de classe, ainsi que par une décérébration de masse, « les employés » gobèrent comme un seul homme des mirages de pouvoir d’achat et de sécurité.

C’était logique et c’était si beau !

Si les patrons sont contents, les salariés seront contents, et les bourgeois seront, évidemment, reconnaissants aux prolétaires d’avoir acclamé leur champion !

Ben tiens...

Génération Casimir... « Voici venu le temps des rires et des chants, dans l’île aux enfants, c’est tous les jours le printemps ; c’est le pays joyeux des enfants heureux… »

Les patrons et autres capitalistes laissèrent Sarkozy faire son show, utilisant à cette fin tous les moyens que ces nantis mirent à sa disposition pour qu’il donne le meilleur de lui-même, sans aucune crainte que celui qu’ils pensent être leur créature leur échappe.

Ils savaient bien, eux aussi, pour avoir à maintes reprises constaté sa faiblesse dans leurs usines et leurs entreprises, que l’organisation des prolétaires avait pris plus que du plomb dans l’aile…

Et les institutions de la 5ème république, ainsi que l’inspiration gaulliste, firent le reste.

Toute sa vie, en effet, Nicolas Sarkozy s’était fait une certaine idée de la France…Enfin surtout, une certaine idée de Sarkozy en France.

Aujourd’hui qu’en est-il ?

Et bien, le coup d’Etat avance, et il frappera tout le monde ou presque. Les compagnons d’hier deviendront les ennemis demain, il ne faut pas en douter.

Non, le projet de Sarkozy pour la France n’est pas vide ni creux, au contraire de ce qu’ont bégayé les membres du PS (qui croient encore judicieux de donner leur opinion alors qu’ils feraient simplement mieux d’achever de se dissoudre en silence).

Le projet de Sarkozy et il était plus que clair dans son discours du MEDEF, c’est de briser, de disloquer, de désunir, par tous moyens, le peuple de la France, pour régner, sans partage, jusqu’à la nausée. Créer, recréer, un sous prolétariat, qui sera sa meilleure main d’oeuvre.

Il est principalement capitaliste, antisocial et autoritariste. Il est surtout la manifestation d’une volonté de pouvoir personnel quasi-pathologique. Lui seul peut tout.

Quelle stratégie adopter face à cela ? Quel horizon se donner pour avancer dans cette mêlée?

Evidemment, le communisme.

Le communisme et rien d’autre.

Il n’est plus qu’à souhaiter aujourd’hui que nos dirigeants dans leur ensemble prennent la juste mesure de notre échec, mais aussi, de l’échec de leur pensée et de leur vision du communisme, rapidement.

Je dis cela sans méchanceté, car je crois que se tromper, en effet, est humain. L’appel des militantes et des militants qui, au fond, leur demandent ce retrait, comme une dernière marque de confiance, un baroud d’honneur, se fait de plus en plus pressant...

Qu’ils comprennent qu’on ne leur en voudra pas, au contraire, de reconnaître leurs torts, ou plutôt leurs erreurs, erreurs qui sont consubstantielles à une époque et qu’au fond, ils ne pouvaient pas ne pas commettre, que nous aurions commises aussi, sans doute si nous avions été à leur place.

Qu’ils cèdent la place, pour que le PCF ne sombre pas corps et biens.

Voilà l’urgence, d’abord.

Car le capitalisme est à bout de souffle, je le maintiens et tout le prouve.

Et nous, nous le peuple, nous les prolétaires, nous les faibles et les exclus, avons dramatiquement besoin d’un parti du communisme si nous voulons, le jour venu, être en état de saisir l’opportunité historique qui se présentera à nous.

Il faut critiquer la démocratie que l’on nous offre aujourd’hui comme un modèle indépassable mais qui n’est qu’un simulacre bourgeois destiné à enterrer nos frères, pour avoir une chance de faire advenir une démocratie réelle.

Il faut critiquer le pseudo-socialisme qu’on nous offre aujourd’hui, comme si tout avait été dit et pensé et que le salut réside uniquement dans la propagande et la médiatisation, pour avoir une chance de faire advenir un Socialisme véritable et au-delà, le communisme.

Et s’il est bien une conquête que nous devons opérer d’urgence, avant toute chose, c’est celle de notre électorat « naturel ».

Cela, ça ne se fera pas en cinq ans.

Mais justement, Sarkozy peut nous y aider, à condition que nous nous y aidions nous-mêmes.

C’est la logique de balancier de l’Histoire.

Tant que nous n’aurons pas fait ce travail, nous ne gagnerons plus d’élections.

Et bien sûr, quand je dis cela, je postule avant tout que gagner des élections ce n’est pas se répartir quelques sièges, une poignée de régions, des cantons, des communes, et ce ne doit pas être la recherche du pouvoir pour le pouvoir, mais le pouvoir pour le communisme.

Cette conquête nécessaire, (non pas pour la survie du PCF en soi, mais pour la renaissance du PCF en tant que parti de masse, outil du communisme), elle ne se fera pas avec des armes d’un autre temps.

Et quand je parle d’armes, je parle de structures mentales, je parle d’habitudes et de pratiques politiques...

Cette conquête implique une révolution des âmes qui seule évitera la révolution des corps.

Un bain de jouvence, ou un bain de sang.

A nous de choisir…

Fraternellement,

La Louve

6 commentaires:

Anonyme a dit…

chanson de Pierre Perret :

La louve


Cette histoire n'est pas pour vous
N'écoutez pas
D'ailleurs ce que je dis ne vous
Regarde pas
Elle avait du sang de louve
Moi des yeux de pauvre chien
Et un chien contre une louve
Ça n'est qu'un chien

Quand je la tiens à mon bras
Je le tiens bon
Pas besoin de camélias
Ni de vison
En petites pattes de mouche
On s'écrivait des je t'aime
Moi j'étais jaloux farouche
Comme quand on s'aime

Les amis de ses amants
Sont pas les miens
Elle va pas les voir souvent
Mais quand elle en vient
Dans ses yeux y a la facture
Un soleil éblouissant
Qui remplit la chambre obscure
Ou je l'attends

L'amour qui ne brûle pas
N'est pas l'amour
L'amour qui ravage un coeur
Est le meilleur
Parfois de ses lèvres pures
S'échappaient des mots pervers
Laissant comme une morsure
Un goût amer

Cette histoire n'est pas pour vous
N'écoutez pas
D'ailleurs ce que je dis ne vous
Regarde pas
Elle avait du sang de louve
Moi des yeux de pauvre chien
Et un chien contre une louve
Ça n'est qu'un chien


Voilà, c'est pour touâ :-]
Oeillets Rouges

Anonyme a dit…

bonjour Orélie.

Moi je ne suis pas romantique du tout, désolé.

Bon pour aller dans le sens de ton analyse et la renforcer je pense que depuis Marx il y a quelque chose de nouveau qui s'est bien installé : c'est une nouvelle classe sociale issue de l'arrivisme et de l'oisiveté décadente, se caractérisant par une angoisse de la "subconscience" de sa vanité, de son vide d'essence culturelle véritable, n'être rien et se prétendre tout.

La petite bourgeoisie à vue le jour avec les transformations professionnelles et sociales de la fin du 19ème siècle et la première guerre mondiale.

La petite bourgeoisie est composée de ses pîres connards consumméristes des envies des autres classes sociales.

La petite bourgeoisie est parfaitement incarnée par son représentant que je n'accepte pas de nommer par son réel patronime : l'innommable. Car il n'est rien que vanité prétentieuse.

Il se croit tout, degaulle mytherrant, napoléon et j'en passe de pires encore.

Il n'est qu'un bon élève des émules d'hitler en manipulant ses propres émotions identificatrices auxquelles résonnent celles de la petite bourgeoise devenue la classe sociale acculturelle dominante des populations françaises et mondiale, puisque ailleurs aussi ses sont des chefs petits bourgeois qui sont mis au pouvoir... de détruire le monde.

Car la petite bourgeoisie est fondée sur la haine de l'autre qui peut gagner là où l'on ne fera rien : elle cherche avant tout à ce que rien ne se réalise qui fasse concurrence à son incapacité à être.

La petite bourgeoisie c'est le règne de la médiocrité craintive de toute altérité. Et le rêve de la suprème autorité de l'égo capable de prédire le devenir d'un univers antièrement soumis à son dictate de ne jamais être surpris par l'imprédictible : la suprême sécurité d'un univers reproducteur du même éternel.

L'univers de la petiute bourgoisie c'est le paradis éternelle de l'égoïsme empereur.

Et l'innommable est son veau d'or.

La lutte des classes que nous avons oublié de dénoncer c'est celle de celle innommable classe sociale qui n'agit que pour la destruction des autres formes de regourpement sociaux culturels.

Bon c'est un peu apocalyptique et il serait nécessaire que je structure mon exposé de façon un peu plus carrée pour être convainquant avec sources et citations peut-être à l'appui.

mais bon là dans la petite fenêtre de commentaire, c'est déjà pas si mal...

Osemy a dit…

Un autre extrait du "18 Brumaire..." de Marx.

A + La Louve

"En face de la bourgeoisie coalisée, s’était constituée une coalition entre petits bourgeois et ouvriers, le prétendu Parti social-démocrate.

Les petits bourgeois s’étaient vus mal récompensés au lendemain des journées de Juin 1848. Ils voyaient leurs intérêts matériels menacés et les garanties démocratiques, qui devaient leur assurer la satisfaction de ces intérêts, mises en question par la contre-révolution. Aussi se rapprochèrent-ils des ouvriers.

D’autre part, leur représentation parlementaire, la Montagne, tenue à l’écart pendant la dictature des républicains bourgeois, avait, pendant la seconde moitié de l’existence de la Constituante, grâce à sa lutte contre Bonaparte et les ministres royalistes, reconquis sa popularité perdue.

Elle avait conclu une alliance avec les chefs socialistes.

En février 1849, on organisa des banquets de réconciliation. On esquissa un programme commun, on créa des comités électoraux communs, et l’on présenta des candidats communs.

On enleva aux revendications sociales du prolétariat leur pointe révolutionnaire, et on leur donna une tournure démocratique. On enleva aux revendications démocratiques de la petite bourgeoisie leur forme purement politique, et on fit ressortir leur pointe socialiste.

C’est ainsi que fut créée la social-démocratie.

La nouvelle Montagne, qui fut le résultat de cette combinaison, comprenait, à part quelques figurants tirés de la classe ouvrière et quelques sectaires socialistes, les mêmes éléments que l’ancienne Montagne, mais numériquement plus forts.

A vrai dire, elle s’était modifiée, au cours du développement, de même que la classe qu’elle représentait. Le caractère propre de la social-démocratie se résumait en ce qu’elle réclamait des institutions républicaines démocratiques comme moyen, non pas de supprimer les deux extrêmes, le capital et le salariat, mais d’atténuer leur antagonisme et de le transformer en harmonie.

Quelle que soit la diversité des mesures qu’on puisse proposer pour atteindre ce but, quel que soit le caractère plus ou moins révolutionnaire des conceptions dont il puisse être revêtu, le contenu reste le même. C’est la transformation de la société par voie démocratique, mais c’est une transformation dans le cadre petit-bourgeois.

Il ne faudrait pas partager cette conception bornée que la petite bourgeoisie a pour principe de vouloir faire triompher un intérêt égoïste de classe. Elle croit au contraire que les conditions particulières de sa libération sont les conditions générales en dehors desquelles la société moderne ne peut être sauvée et la lutte des classes évitée.

Il ne faut pas s’imaginer non plus que les représentants démocrates sont tous des shopkeepers (boutiquiers) ou qu’ils s’enthousiasment pour ces derniers.

Ils peuvent, par leur culture et leur situation personnelle, être séparés d’eux par un abîme. Ce qui en fait les représentants de la petite bourgeoisie, c’est que leur cerveau ne peut dépasser les limites que le petit bourgeois ne dépasse pas lui-même dans sa vie, et que, par conséquent, ils sont théoriquement poussés aux mêmes problèmes et aux mêmes solutions auxquelles leur intérêt matériel et leur situation sociale poussent pratiquement les petits bourgeois.

Tel est, d’une façon générale, le rapport qui existe entre les représentants politiques et littéraires d’une classe et la classe qu’ils représentent.

Etant donné ce qui précède, il est tout naturel que si la Montagne luttait continuellement contre le parti de l’ordre pour la défense de la République et des prétendus droits de l’homme, ni la République ni les droits de l’homme n’étaient ses buts suprêmes, pas plus qu’une armée qu’on veut dépouiller de ses armes et qui résiste n’a engagé la bataille pour rester en possession de ses armes.

Le parti de l’ordre provoqua la Montagne dès l’ouverture de l’Assemblée nationale.

La bourgeoisie sentait la nécessité d’en finir avec des petits bourgeois démocrates, de même qu’une année auparavant elle avait compris la nécessité d’en finir avec le prolétariat révolutionnaire. Seulement, la situation de l’adversaire était différente.

La force du parti prolétarien était dans la rue, celle de la petite bourgeoisie au sein de l’Assemblée nationale elle-même.

Il s’agissait, par conséquent, de l’attirer hors de l’Assemblée nationale, dans la rue, et de lui faire ainsi briser elle-même sa puissance parlementaire, avant qu’elle eût eu le temps et l’occasion de la consolider. La Montagne donna tête baissée dans le panneau.

Le bombardement de Rome par les troupes françaises fut l’amorce qu’on lui jeta.

Il constituait une violation de l’article V de la Constitution, qui interdit à la République française d’employer ses forces militaires contre les libertés d’un autre peuple. En outre, l’article IV interdisait également toute déclaration de guerre de la part du pouvoir exécutif, sans l’assentiment de l’Assemblée nationale, et la Constituante avait, par sa décision du 8 mai, désapprouvé l’expédition romaine.

C’est pour ces raisons que Ledru-Rollin déposa, le 11 juin 1849, une demande de mise en accusation de Bonaparte et de ses ministres. Irrité par les piqûres de Thiers, il alla jusqu’à menacer de vouloir défendre la Constitution par tous les moyens, y compris la force des armes.

La Montagne se dressa comme un seul homme et répéta cet appel aux armes.

Le 12 juin, l’Assemblée nationale repoussa la demande de mise en accusation, et la Montagne quitta le Parlement.

On connaît les événements du 13 juin : la proclamation d’une partie de la Montagne, déclarant Bonaparte et ses ministres « hors la Constitution », la procession dans les rues de gardes nationaux démocrates qui, sans armes comme ils l’étaient, se dispersèrent à leur première rencontre avec les troupes de Changarnier, etc., etc.

Une partie de la Montagne se réfugia à l’étranger, une autre fut déférée à la Haute Cour à Bourges (en réalité Versailles NDR), et un règlement parlementaire soumit le reste à la surveillance magistrale du président de l’Assemblée nationale.

Paris fut mis à nouveau en état de siège et la fraction démocrate de sa garde nationale dissoute. Ainsi furent brisées l’influence de la Montagne au Parlement et la force de la petite bourgeoisie à Paris.

Lyon, où le 13 juin avait été donné le signal d’une sanglante insurrection ouvrière, fut, de même, avec les cinq départements environnants, déclaré en état de siège, situation qui se prolonge encore jusqu’à présent.

Le gros de la Montagne avait abandonné son avant-garde en se refusant à signer sa proclamation. La presse avait déserté, en ce sens que deux journaux seulement avaient osé publier le pronunciamiento.

Les petits bourgeois trahirent leurs représentants, car les gardes nationaux furent absents, ou, là où ils se montrèrent s’opposèrent à la construction de barricades.

Les représentants avaient trompé les petits bourgeois, car il fut impossible de trouver nulle part les prétendus affiliés qu’on avait dans l’armée.

Enfin, au lieu de tirer un supplément de force du prolétariat, le Parti démocrate avait infecté ce dernier de sa propre faiblesse et, comme cela se produit d’ordinaire lors des prouesses démocratiques, les chefs eurent la satisfaction de pouvoir accuser leur « peuple » de désertion, et le peuple celle de pouvoir accuser ses chefs de duperie.

Rarement action fut annoncée avec plus de fracas que le fut l’entrée en campagne imminente de la Montagne, et rarement événement fut annoncé à son de trompe avec plus d’assurance et plus longtemps d’avance que le fut la victoire inévitable de la démocratie.

Assurément, les démocrates croient aux trompettes dont les sonorités renversèrent les murailles de Jéricho. Chaque fois qu’ils rencontrent devant eux les remparts du despotisme, ils s’efforcent de refaire le miracle.

Si la Montagne voulait vaincre au Parlement, elle ne devait pas appeler aux armes. Si elle appelait aux armes au Parlement, elle ne devait pas se conduire parlementairement dans la rue.

Si l’on se proposait sérieusement une démonstration pacifique, il était stupide de ne pas prévoir qu’elle serait accueillie belliqueusement. S’il fallait s’attendre à une lutte véritable, il était vraiment original de déposer les armes avec lesquelles il fallait mener cette lutte.

Mais les menaces révolutionnaires des petits bourgeois et de leurs représentants démocrates ne sont que de simples tentatives d’intimidation de l’adversaire. Et quand ils sont acculés, quand ils se sont suffisamment compromis pour se voir contraints de mettre leurs menaces à exécution, ils le font d’une manière équivoque qui n’évite rien tant que les moyens propres au but et cherche avidement des prétextes de défaite.

L’ouverture éclatante annonçant le combat se perd en un faible murmure dès que le combat doit commencer. Les acteurs cessent de se prendre au sérieux, et l’action s’écroule lamentablement comme une baudruche que l’on perce avec une aiguille.

Aucun parti ne s’exagère davantage les moyens dont il dispose que le Parti démocrate. Aucun ne s’illusionne plus légèrement sur la situation.

Parce qu’une partie de l’armée avait voté pour elle, la Montagne était persuadée que l’armée se soulèverait en sa faveur. Et à quelle occasion ? A une occasion qui, du point de vue des troupes, ne signifiait autre chose que ceci : les révolutionnaires prenaient parti pour les soldats romains contre les soldats français.

D’autre part, les souvenirs de Juin 1848 étaient encore trop vivaces pour que le prolétariat ne ressentît pas une aversion profonde à l’égard de la garde nationale, et pour que les chefs des sociétés secrètes n’eussent pas une profonde méfiance à l’égard des chefs du Parti démocrate.

Pour aplanir ces différends, il fallait les grands intérêts communs qui étaient en jeu. La violation d’un paragraphe abstrait de la Constitution ne pouvait pas offrir cet intérêt.

La Constitution n’avait-elle pas été déjà violée à différentes reprises, de l’aveu des démocrates eux-mêmes ? Les journaux les plus populaires ne l’avaient-ils pas stigmatisée comme une machination contre-révolutionnaire ?

Mais le démocrate, parce qu’il représente la petite bourgeoisie, par conséquent une classe intermédiaire, au sein de laquelle s’émoussent les intérêts de deux classes opposées, s’imagine être au-dessus des antagonismes de classe.

Les démocrates reconnaissent qu’ils ont devant eux une classe privilégiée, mais eux, avec tout le reste de la nation, ils constituent le peuple. Ce qu’ils représentent, c’est le droit du peuple ; ce qui les intéresse, c’est l’intérêt du peuple. Ils n’ont donc pas besoin, avant d’engager une lutte, d’examiner les intérêts et les positions des différentes classes. Ils n’ont pas besoin de peser trop minutieusement leurs propres moyens. Ils n’ont qu’à donner le signal pour que le peuple fonce avec toutes ses ressources inépuisables sur ses oppresseurs.

Mais si, dans la pratique, leurs intérêts apparaissent sans intérêt, et si leur puissance se révèle comme une impuissance, la faute en est ou aux sophistes criminels qui divisent le peuple indivisible en plusieurs camps ennemis, ou à l’armée qui est trop abrutie et trop aveuglée pour considérer les buts de la démocratie comme son propre bien, ou encore, c’est qu’un détail d’exécution a tout fait échouer, ou, enfin, c’est qu’un hasard imprévu a fait perdre cette fois la partie. En tout cas, le démocrate sort de la défaite la plus honteuse tout aussi pur qu’il était innocent lorsqu’il est entré dans la lutte, avec la conviction nouvelle qu’il doit vaincre, non pas parce que lui et son parti devront abandonner leur ancien point de vue, mais parce que, au contraire, les conditions devront mûrir.(...)"

C’est pas carrément exceptionnel et toujours d’actualité ça ?!!

Texte intégral ici ( ce n’est pas la traduction dont je dispose )

http://www.marxists.org/francais/ma...

Anonyme a dit…

Bon d'accord
j'ai pas lu le 18 brumaire
donc j'vais le lire
à suivre

Anonyme a dit…

Bon, je viens de prendre le temps de lire et relire (et encore ne suis-je pas sûr que cela soit suffisant) cet extrait de Marx : ça m'insiste d'abord à lire l'ouvrage dont il est tiré et ce que je ferai plus tard.

En attendant, cela me fait aussi réfléchir aux définitions que l'on donne aux différents ensembles sociaux culturels auxquels ont fait référence.

Tel que je le comprends à la lecture de cet extrait, ce que marx indique comme petite bourgeoisie ne correspond pas tout à fait à ce que je désigne comme petite bourgeoisie contemporaine, parce que je n'utilise par les mêmes procédures d'attributions de sens et de nomenclatures dans la définition de membres de classes que lui. c'est normal pour des raisons historiques et de références.

Je fais références aux transformations dues à l'accession gràce à l'école publique et à l'évolution économique de meilleurs moyens de subsistances dans la société par une grande partie des classes populaires, d'une part et d'autre part à l'évolution culturelle de dégradation des activités d'entretien de leur pouvoir social de la grande bourgeoisie à partir des facilités de gestion que les entreprises administratives financières leur permirent. J'y ajoute les bouleversements induits par la redéfinition de nombreux rôles socioprofessionnels depuis la première guerre et de l'arrivée massive de femmes de toutes conditions culturelles et sociales sur tous les marchés du travail.

L'accession à des moyens culturels meilleurs pour l'immense majorité des classes populaires ne leur fit pas acquérir une conscience de classe comme c'est le cas du prolétariat qui se sert des outils acquis à la construction de sa culture et à la lutte contre l'oppresseur et l'exploiteur.

Les autres ensembles culturels, pour des raisons de définitions autant économico-professionnelles, ne prennent pas conscience de leur statut d'exploités ou de soumis. Ils utilisent les nouveaux outils culturels acquis grâce à l'évolution de l'éducation autant qu'aux progrès sanitaires et sociaux en général, à une ammélioration égotique mimétique de masse de leurs conditions, non pas culturelles, mais matérielles : c'est de la connaissance acquise sans conscience qui ne fait que renforcer leur vanité.

ça ne contredit en rien l'observation de marx de ce qui se passe 50 ans avant la guerre de 14.

ça ne dit pas non plus que les observations de marx ne soient pas réinvestissables à ce que l'on peut observer de la petite bourgeoisie actuelle : bien au contraire, il me semble que les deux types d'approches se renforcent pour dire que la petite bourgeoisie c'est vraiment l'ennemi qui ne s'avoue pas et c'est pour cela que c'est le pire ennemi avec lequel il est impossible et suicidaire de négocier...

bon je sais que je peux paraître un peu brouillon et emporté. mais bon, si j'ai bien compris l'extrait, la sociale démocratie c'est du vent dangereux comme un mirage... et c'est pas nouveau !
non ?
alors c'est pour cela que je pense qu'il faut bien se démarquer de ces gens là en définissant de façon actualisée nos racines et nos objectifs : donc ne plus "négocier" avec des ignorants d'eux-mêmes, des indécis, des profiteurs du doute qui ne mène à rien... car pendant ce temps là les accapareurs brûlent la planète et nos vies avec la biosphère, inconscients qu'ils sont d'en faire partie !
à suivre

Anonyme a dit…

Bonsoir la Louve,

Sarkozy a beau se revendiquer fils spirituel du général De Gaulle et de Kennedy, il me semble être avant tout un fils de Barrés.

À savoir un (énième) parfait avatar de cette frange de la bourgeoisie qui rêve d'en finir une fois pour toute avec cet héritage, décidément bien encombrant, des Lumières et de la Révolution Française.

L'éventail des idéologues s'inscrivant dans cette tradition est très large : il va de Barrès, Taine en passant par Marcuse ou même Nietzsche.
Pour ce dernier, symptomatique est d'ailleurs l'émergence de cette soi-disante « gauche nietzschéenne » dont Onfray se plaît à se réclamer...

Michel
(PCF)