lundi 17 septembre 2007

MITTAL LIQUIDE L’USINE TRÉFILEUROPE DE LOISON-SOUS-LENS


Liberté 62 n°774 - Le 14 Septembre 2007-4- Social

ACIER, NICKEL, CUIVRE, ALUMINIUM, LES COURS S’ENVOLENT...

MITTAL LIQUIDE L’USINE TRÉFILEUROPE

DE LOISON-SOUS-LENS

Par Pierre Pierieros

À Tréfileurope, Loison-sous-lens, devant le peu d’espace laissé à une pérennité du site du Pas-de- Calais, l’horizon de la fermeture est très proche puisque la direction évoque le début de l’année 2008. Entité de “Mittal steel company”, depuis1999, cette entreprise fait partie du paysage industriel du département depuis le début des années 1930. Auparavant, LTCL (Laminoirs tréfileries câbleries de Lens), Fical, puis Tréfileurope, cette usine employait, il y a quarante ans, près de 700 personnes.

C’est à cette époque que Gary Borelle y démarrait une activité professionnelle et ensuite une activité syndicale à la CGT. Secrétaire du comité d’entreprise, il participait, récemment, à Paris, à une réunion du comité central d’entreprise où le livre IV du plan social (situation économique et financière) a été présenté aux syndicalistes. Pour l’heure, la colère des salariés est perceptible à Lens et dans les environs. Il faut dire que les arguments de fermeture sont des coups de massue, assénés brutalement sur l’ensemble de l’effectif du site lensois. Les arguments, prétextes et airs connus, sont la concurrence de la production asiatique. Tréfileurope spécialisée dans la production de l’acier dur pour les câbles de pêche, les torons pour l’énergie et autres matériels pour les lignes électriques. La direction dit connaître des difficultés depuis 2003 en avançant la perte importante de marchés, l’enfouissement des lignes électriques remplaçant les lignes aériennes, une mauvaise conjoncture. Pour les syndicalistes de la CGT, c’est un tout autre discours qui est tenu, celui qui consiste pour Mittal steel, toujours en pareil cas, de faire des profits, toujours plus de profits en concentrant ses productions sur les autres unités du groupe, cinq au total en France, employant plus de 900 personnes.

Faire des profits, toujours plus de profits

Commercy (Meuse), Bourg-en- Bresse (Ain), Sainte-Colombe (Aube) et Marnaval, près de Saint- Dizier, (Haute-Marne) constituent les autres unités de Tréfileurope ainsi que deux filiales à l’étranger, en Italie et en Belgique. Toutes ces unités fabriquent de l’acier doux avec un marché bénéficiaire pour son propriétaire, le groupe Mittal. Mittal est riche !

Mittal est riche

Gérard Lando, secrétaire CGT du CCE, délégué central à Commercy, tient à souligner sa solidarité avec les futurs licenciés du site du Pas-de-Calais : “En 2003, quatre ans après le rachat par Mittal steel, il y eut déjà un dégraissage conséquent. Aujourd’hui, c’est la liquidation totale des 90 emplois et avec une pyramide des âges élevée (47 ans) le reclassement sera difficile voire impossible dans un secteur où l’industrie perd d’année en année des unités importantes. Au CCE, nous mettons en avant les revendications déterminantes pour l’avenir, comme les reclassements en interne,les mesures d’âge (pour les 57 ans) et une cellule de l’emploi digne de ce nom. Nous savons que notre avenir n’est pas garanti et la fin de l’unité de Lens n’est pas de bon augure. Mittal est sur le marché mondial, une unité de 90 personnes comme celle-ci est un tout petit repère. Alors ? Nous luttons et nous allons lutter pour un départ dans les meilleures conditions possibles.” À ses côtés, Gary Borelle, délégué central CGT et secrétaire du CE, ne dit pas autre chose : “les investissements ont été limités au minimum, c’est-à-dire, des miettes, pour les machines. Il n’y a rien de sérieux depuis vingt ans et lorsque Mittal a repris le site en 1999 il fallait à tout prix développer les matériels pour acquérir de nouveaux marchés. Aujourd’hui, on nous dit que les commandes chutent, que les clients se font rare et que la Chine produit beaucoup moins cher. Mais cela, Mittal steel company le savait fort bien en 1999. Ce n’est pas une caractéristique nouvelle, le câble est un produit à forte valeur ajoutée, mais il faut s’y intéresser de près. Regardez nos voisins de Nexans, en changeant de nom et d’orientation ils ont eu d’autres débouchés, pourtant à l’époque Alcatel voulait faire autre chose et le cuivre est aussi en difficulté. L’acier dur sur notre site n’a plus de raison d’être mais mettre en avant les transmissions d’informations uniquement par satellites à la place des transferts terrestres est un argument de gestionnaire pour liquider une usine complète. Il fallait se diversifier mais pour cela, il fallait investir. Or, l’investissement, s’il n’est pas rentable immédiatement, il ne se fait pas. C’est notre cas. C’est pour cela que nous nous sommes mis en grève pour montrer à la direction que nous n’allons pas nous laisser gruger et nous exigeons des solutions pour les 90 salariés, toutes catégories sociales confondues.”

La direction connaissait la situation économique de l’entreprise depuis longtemps

La direction connaissait, pourtant, la situation économique de l’entreprise depuis longtemps et qui la ferme totalement aujourd’hui. Mittal avec les entités Arcelor Mittal est très présent dans la sidérurgie, notamment, à Dunkerque mais les séparations des branches font que les reclassements d’un secteur à un autre ne sont pas automatiques et les craintes exprimées par les salariés sont tout à fait légitimes. L’intérêt économique de Mittal nepas se pas par la case “reclassement des effectifs du site de Loison-sous-Lens.” Les syndicalistes vont, de nouveau, demander des éléments concrets sur les mesures envisagées pour le personnel concerné par cette fermeture. La direction locale, elle, dit connaître des difficultés de commandes depuis sept ans, il n’y a pour elle ni délocalisation, ni restructuration, c’est la fermeture pure et simpl e, Chine, Inde, Indonésie,États-Unis, Mexique, Canada, Allemagne, Pologne, Russie, Algérie). Entre 1980 et 1990, le groupe a participé directement à des acquisitions importantes dans l’acier... Mais paradoxe total, il n’a pas trouvé un centime pour investir dans l’unité Tréfileurope du Pasde- Calais, ni pour le matériel, ni dans des embauches pour “rajeunir” l’effectif. Pour la CGT, la liquidation se fait uniquement sur l’autel du profit, prétextant une concurrence extérieure et des commandes en baisse constante.

FRÉNÉSIE DE FUSIONS

Acier, nickel, cuivre, or, aluminium : les cours s’envolent, poussant les géants miniers mondiaux dans une frénésie de fusions, où s’imposent désormais les groupes des pays émergents : la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil.

LES méga-transactions se comptent par dizaines depuis la fin 2006. Encore mercredi, le sidérurgiste brésilien Gerdau a racheté l’américain Chaparral pour 4 milliards de dollars, et le géant canadien de l’aluminium Alcan, cible d’une OPA hostile de l’américain Alcoa, a dit discuter d’un rachat par l’anglo-australien Rio Tinto, le troisième groupe minier mondial.Le rachat de Chaparral poursuit le tourbillon de rapprochements dans l’acier et le fer ces derniersmois par les géants indiens et brésiliens.L’indien Tata Steel a racheté début 2007 l’anglo-néerlandais Corus et l’indien Mittal a racheté en 2006 le français Arcelor pourplus de 25 milliards d’euros. L’aluminium est l’objet de toutes les convoitises, pendant qu’Alcoaessaie d’acquérir Alcan, le leader minier mondial, l’anglo-australien

BHP Billiton, voudrait racheter Alcoa avec l’aide du fonds Blackstone.

Les analystes craignent d’ailleurs que l’arrivée des fonds d’investissement dans ce secteur accélère encore les transactions et les enchères. Le Canada, l’un des plus riches pays miniers, vient de voir racheter coup sur coup trois de ses fleurons de l’acier, dont deux par des groupes indiens : Dofasco par Mittal Arcelor, Ipsco par le suédois SSAB et Algoma par l’indien EssarGlobal.

Le dernier sidérurgiste canadien indépendant, Stelco, intéresse déjà l’ukrainien Metinvest, le russe Severstal et l’indien Essar Global. Chinois et Brésiliens se sont aussi disputé l’an dernier un gros gisement au Gabon. Dans les métaux précieux, le canadien Teck Cominco, un des leaders mondiaux du zinc, essaie actuellement de racheter son concurrent Aur Ressources (cuivres, or) et dans le platine,

dont le cours atteint des sommets, le numéro 3 mondial, le Sud- Africain Lonmin, serait convoité par le géant minier suisse Xstrata. Le nickel, dont le cours flambe, fait lui aussi l’objet de surenchères. Ainsi le même Xstrata, qui avait avalé le producteur de cuivre et nickel Falconbridge en 2006, vient de perdre la bataille pour le géant canadien du nickel LionOre, remportée fin juin par le russe Norilsk. Dans le cuivre, l’Allemand Norddeutsche Affinerie essaie de racheter le Belge Cumerio, créant un géant européen. Et fin 2006, le rachat par l’Américain Freeport- McMoRan de Phelps Dodge a créé un leader mondial. Les fusions-acquisitions dans la métallurgie ont atteint 77 milliardsde dollars, trois fois plus qu’en 2005.

Les métaux font désormais faire fortune. Le deuxième homme le plus riche de Russie est le magnat de l’aluminium Oleg Deripaska, 39 ans, patron de Rusal, né de la fusion en mars des russes Rusal et Sual et du suisse Glencore. Le troisième Russe le plus riche est encore un "roi du métal", Vladimir Lissine, 51 ans, premier actionnaire du Combinat métallurgique de Novolipetsk. Ce meccano métallique s’explique largement par la flambée des cours des métaux, indispensables au développement de la Chine et de l’Inde.

http://www.liberte62.com




De : Liberté 62
lundi 17 septembre 2007

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Des profits, encore plus de profits pour les actionnaires !
Avec la logique des tailles critiques, après l'euphorie des rachats/fusions, les groupes ferment les sites les plus petits. Les parts de marché sont ainsi rachetées.. et des dégats humains, sociaux, ainsi qu'un gâchis énorme de savoir faire apparaîssent. Face à cela, continuez à vous battre.
Nous sommes dans la même situation. Notre site "thermochateaugontier.over-blog.com" vous en donnera un aperçu.
Allez, courage et surtout, restez soudés!