LE PS OU L'ART DE TRAHIR

Publié lundi 12 février 2007 (11h58) BEllaciao.org:

Extraits de "Le PS ou l’art de trahir "
by Osémy

"D’aucun vont se gausser, comme ils l’ont déjà fait, que j’emploie des figures de rhétorique qui feraient partie des "lieux communs de l’arsenal crypto-marxiste" (je reprends un propos qui m’a été adressé il y a quelques semaines).

Mais je vais reprendre ici quelques instants un thème dans lequel beaucoup se reconnaîtront sans doute, et qui pour moi garde plus que jamais son intérêt malgré les quolibets qu’il peut amener : la trahison permanente à laquelle conduit nécessairement la politique du PS.

Cette trahison portée à son comble ou plutôt, élevée au rang d’art par le fondateur du Ps dont l’admiration pour les pratiques florentines était bien connue, est toujours un sport extrêmement pratiqué au Ps, comme le jeu de paume le fût à la cour.

Nous en avons encore une fois la preuve avant même la fin de la campagne (devrais-je dire avant même le début?).

Avant d’allumer mon téléviseur pour regarder "l'évènement" du jour, je relisais le Jaurès de Rappoport, et quelques instants avant que ne commence le discours de Royal, je pensais à cette vérité qu’il rapportait : la grande propriété se cache toujours derrière la petite propriété pour arriver à ses fins.

Et puis, c’était l’heure. J’ai donc écouté hier la prestation de Ségolène Royal (...)
Je l’ai écoutée, la Dame qu’on peut déjà appeler de Fer même si elle s’entoure de velours, toute de rouge vêtue (ah ! la sémantique des couleurs que maîtrisent parfaitement les communiquants qui agitent ces marionnettes-là), je l’ai écoutée dérouler son "pacte présidentiel" et ses 100 promesses.

(...)
Elle "fait plus vraie"- je ne dis pas qu’elle l’est. Mais elle "le fait" plus. (Même si parfois, ça dérape sec, comme lorsqu’elle cite un rappeur en prenant soin de dire en prolégomène, "comme disent les rappeurs" , pour qu’on ne croie quand même pas que c’est elle qui dit ça, et qu’on sache bien d’où ça vient, au cas où on n’aurait pas les références dans l’auditoire...)

Il fallait voir d’ailleurs le visage l’air transfiguré des gens qui écoutaient Royal , religieusement , (si si) et de l’autre côté, la tête des chefs des "comités de soutiens locaux" chez le Petit , bon, ben...

On voit de suite la différence : là où chez elle, ça sent le Shalimar (enfin on imagine, moi je la vois bien en Shah-limar, ça fait Royal je trouve ;-)) la poudre de riz, la délicatesse, la petite fleur, chez lui, ça sent la testostérone à ne plus savoir qu’en faire, la sueur, la sueur, et encore la sueur, les grosses mains courtes sur les poings fermés , violent, si violent ( c’est le cadre qui devait le stresser...), le sourire qui se tord en grimace à lui en abîmer la mâchoire ( et oui c’est dur, Nicolas, de dire "travailleurs, travailleuses" sans rire quand on est qqu’un comme toi non ?).

La Ma(l)donne elle, elle parlait d’Odile, cette "femme admirable de courage", de Monique et des autres...des trémolos dans la voix, vibrante d’empathie et d’indignation.
(...)

Elle est plus convaincante d’un point de vue strictement marketing. Ce qui rend sa responsabilité dans la "chronique d’une mort annoncée du pacte civil" encore plus lourde.(...)

Son combat affiché pour "l’égalité hommes/femmes" (en réalité pour la domination des femmes sur les hommes) c’est son combat pour réhabiliter sa mère. La Mère (valeur importantisime à ses yeux, preuve en actes - 4 enfants sans coup férir). Du positif donc, au moins pour l’imaginaire collectif en souffrance. La Mère, la Mamma, la Madonne, et j’en passe.

(...) C’est pour cela que quand elle parle de la France, elle est plus crédible d’un point de vue médiatique que Sarko, qui lui est dans le reproche au père qui est parti (le travail, l’ordre etc...). Du négatif.

Elle est lumière il est ombre. Elle est mère il est père. Elle est justice il est force.

On peut égréner ainsi les couples d’opposés que forment Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal (jusque dans les allitérations de leurs noms et prénoms) - la conclusion sera toujours la même :

----si leurs oppositions apparaissent ainsi comme complémentaires c’est parce qu’elles le sont !

Nicoals Sarkozy/ Ségolène Royal les deux faces d’une même médaille, d’un même Janus ( le libéralisme) .

Et une même perspective pour la France : que ce soit l’un ou l’autre, ils vont trahir leurs électeurs et les devoirs de leur charge.

C’est annoncé. C’est écrit - vous ne direz pas que vous n’avez pas été prévenu-e-s.

Le programme de S Royal (sur lequel on doit d’ailleurs revenir) doit coûter environ 100 milliards d’euros - et elle n’a rien dit sur la manière de financer ces belles promesses.

Avec Strauss dans les parages, aux manettes du budget , on peut bien gager que ce ne sont ni les grosses entreprises du CAC 40, ni les profits boursiers, ni rien de tout cela qui va financer ce train de dépenses : ce sera la "réduction de la dette " (traduire en réalité : diminution de certaines dépenses publiques) et l’augmentation des impôts sur les particuliers, comme tjs avec le socialisme, en comptant par ailleurs sans doute sur la vieille théorie keynesienne qui veut que l’augmentation de la dépense publique crée un effet bénéfique sur la croissance.

A la différence de Marie George Buffet, du programme communiste et des propositions issues du collectif anti libéral - qui eux portent des promesses ET les moyens de ces promesses, car promettre sans pouvoir tenir c’est trahir dès le début. Et cela même un enfant de 3 ans peut le comprendre.

(...)
Le socialisme aujourd’hui c’est encore et toujours l’art de trahir - et plus les promesses seront belles, plus la trahison sera hideuse car les Français aujourd’hui souffrent tant qu’ils peuvent abdiquer leur libre arbitre et leur volonté de penser pour les déposer aux pieds de l’un ou de l’autre des deux chouchous des médias.

Notre pays souffre, nos concitoyens souffrent, nous souffrons.

Trahir encore une fois un peuple qui souffre mais qui se donne encore la peine d’aller voter pour préserver la dignité de son pays en maintenant la démocratie, qui préfère encore les urnes aux barricades et la parole aux coups, c’est faire le lit de la dictature.

Que le PS ou l’UMP passent aujourd’hui, de toute manière, ce sera mauvais. Et les bottes ne tarderont pas à résonner, hélas.

Le temps de la politique étant très très long, contrairement à ce que nous font accroire les médias, ce bruit de bottes, vous ne l’entendrez peut être pas dans les années à venir , mais dans 10 ans? Rien n’est jamais définitivement mort ni perdu en politique - regardez ce que Mitterrand a fait du Ps - et finalement, cela lui en a pris, du temps, pour faire de ce parti exsangue, moribond, la 2ème force politique du pays. Et qui sait à quel degré de révolte nous en sommes exactement aujourd’hui? Peut être moins que 10 ans?

"Ce qui m’amène à me demander Combien de temps tout ceci va encore durer Ça fait déjà des années que tout aurait dû péter Dommage que l’unité n’ait pas été de notre côté Mais vous savez que ça va finir mal, tout ça La guerre des mondes vous l’avez voulue, la voilà Mais qu’est-ce, mais qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ? Mais qu’est-ce qu’on attend pour ne plus suivre les règles du jeu ?" (Qu’est-ce qu’on attend - NTM - 1995 - Paris sous les bombes)
(...)

---- puis, en commentaire, sur le programme du PS vs celui porté par MGB:

"(...) le programme du PS (d’ailleurs difficilement accessible sur le site du PS...) je le connais aussi bien que vous, et je sais que vous ne trouverez pas ( de mesures financières aussi concrètes que dans le prgramme de MGB, NDA) ! Vous allez devoir me sortir les "mesurettes" habituelles du Ps - qui par exemple prétend lutter "contre les OPA hostiles" (sic) , MAIS qui soutient l’Europe libérale (je n’invente rien, c’était le résultat du vote militant...), et qui donc ,empêchera tout à fait la réalisation de ces voeux pieux (puisque le droit communautaire, s’il n’est pas réformé , vous en empêchera) !

Et, soyez honnêtes, le peu de réformes financières qu’il y avait dans le programme du Ps, laborieusement élaboré et débattu dans les transes, a purement et simplement disparu du programme de S Royal !!!

Je ne mets pas en cause votre bonne foi dans votre désir d’être de gauche - je dis simplement que pour être vaiment à gauche, i l faut un autre type de discours que celui du PS qui est pour moi aujourd’hui, simplement une gestion à court terme (5 ans si on compte sur l’alternance) des effets dévastateurs du capitalisme.

Il faut savoir ce qu’on veut en somme - moi, j’ai fait le choix, je sais ce que je veux, je suis prête à sacrifier un peu de mon "confort" de cadre sup’ pour que d’autres qui n’ont rien ou pas grand chose aillent mieux. Et je suis prête à être radicale pour enfin, prendre l’argent où il se trouve : les marchés financiers, les entreprises qui font le bonheur du CAC 40, les grosses fortunes...

Quand on me dit que "mais si on fait ça, les capitaux vont se sauver, les riches vont se barrer..." je réponds : croyez-vous vraiment que les plus riches soient encore en France en train de payer leurs impôts comme on nous le demande à nous ? J’aimerais voir la feuille d’impôt de MM Pinault, Messier, Lagardère, Arnault et j’en passe ! Et quand bien même les "patrons" partiraient ( à supposer qu’ils le fassent), ne croyez vous pas que nous puissions nous relever de cela?

Regardez l’histoire ; je la connais mal et un ami ici m’en fait souvent le reproche, mais je sais qu’elle est pleine de rebondissements, de choses surprenantes, de réactions incroyables, ici et ailleurs.

Parce que l’être humain est surprenant et aussi plein de courage, capable du pire ET AUSSI du meilleur.

Il ne faut pas avoir PEUR.
La peur est mauvaise conseillère. La pire de toute.

Je sais que, tant que dans le pays où je suis née, ou j’ai grandi, où vivent des gens que j’aime, je verrai des proches, amis ou inconnus, souffrir de la misère, misère matérielle, misère morale, misère culturelle, misère affective, parce qu’on leur ment, parce qu’ils sont faibles, parce qu’ils ne sont pas mobilisés, tant que nous n’aurons pas retrouvé la concorde sociale et la paix civile, moi, je souffrirai aussi, et que ce n’est pas un bon coup de bordeaux dans un resto un peu chic qui me fera passer la pilule !

Tout cela, si vous l’ignorez, camarades, amis, i l faut vous réveiller,c’est maintenant , et si vous le savez, vous mentez donc en conscience...

Il faut se ressaisir camarades. Se ressaisir, et agir.

Osémy
La Louve Rouge (en habits de Cassandre)"
Pour finir: http://collectifNAPS.blogspot.com