Interrogé par Radio Orient, la candidate Europe écologie les
Verts (EELV) à la présidentielle a gravement mis en cause Claude Guéant
dans la gestion du siège de l'appartement de Mohamed Merah et dans la
mort du tueur préumé de Toulouse et Montauban. L'ancienne juge se
demande si la présence constante du ministre de l'Intérieur sur place,
en contravention avec la procédure du code pénale, ne relève pas d'une
"forme de mise en scène."
Pour fonder son propos, Eva Joly met en avant son expérience
d'ancienne magistrate: "Je veux ici revendiquer un peu mon ancien
métier. J’ai été magistrate pendant plus de vingt ans et j’ai passé la
moitié de mon temps au Parquet. J’étais responsable de l’action publique
pendant des années à Evry, responsable en direct de l’action de la
police. J’ai eu à faire face à des prises d’otage. Et j’ai appelé le
Raid ou le GIGN. Je connais leur pertinence, je sais qu’on peut leur
faire confiance mais c’était moi qui dirigeais les opérations et non pas le ministre.
Nous sommes aujourd’hui dans une situation absurde en France car nous
avons des magistrats indépendants, compétents. Nous avons un instrument
d’excellence qui est le Raid, qui était en opération en Toulouse pour
interpeller un tueur dangereux. Cherchez l’erreur!"
Un juge ou le Parquet aurait dû géré
Partant de ce constat, la candidate écologiste se demande: "Qu’a fait
le ministre sur place en commentant en permanence, heure par heure, ce
qui se passait ? Il a créé de la confusion. Quel est son rôle ? Ce n’est
pas lui qui dirige les opérations ! C’est une violation du code de
procédure pénale ! Ces opérations auraient dû être dirigées par un juge,
à l’extrême limite par le Parquet."
"Ca crée la suspicion sur le mode d'interpellation choisi"
"Or, que voyons-nous?, interroge Eva Joly. Nous voyons Claude Guéant,
les traits tirés. On a l’impression que c’est lui qui donne les ordres
au Raid. Et ça, vraiment, c’est anormal. Et je voudrais dire à nos
concitoyens que c’est dangereux parce que ça créée la suspicion sur le
mode d’interpellation choisie. Les citoyens peuvent se demander pourquoi
est-ce qu’ils n’ont pas choisi d’interpeller Mohamed Merah lorsqu’il
sortait de son immeuble et qu’il prenait son scooter? On aurait
peut-être pu le faire avec beaucoup moins de déploiement de moyens.
Est-ce qu’il n’y avait pas là une arrière-pensée politique?"
"Parce
que le ministre était là, on peut se dire peut-être qu’il y a eu une
forme de mise en scène. Cette situation est anormale et a fait prendre
des risques aux forces d’excellence que nous avons et qui n’ont pas
besoin de Claude Guéant qui, à mon avis, ne connaît pas les opérations
comme les dirigeants du Raid", conclut Eva Joly.
http://www.humanite.fr/politique/eva-joly-qua-fait-claude-gueant-sur-place-il-y-une-forme-de-mise-en-scene-492886
vendredi 23 mars 2012
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