"Si nous voulons que tout reste comme c’est, il faut que tout change"*
(*Tancrède dans "Le Guépard")
Bon, tout le monde ou presque l’aura compris, et assez rapidement, le "changement", finalement, ça ne sera pas "maintenant"...
Ou plus exactement , ceux qui ont cru que le changement en question
aurait quelque substance en seront pour leurs frais d’illusions.
Ce changement ce ne sera que l’alternance de serfs du pouvoir , des
chevaux frais pour que la bourgeoisie puisse parcourir encore quelques
verstes de plus, en somme...
Si peu de substance, donc,oh, à peine de quoi émouvoir deux ou trois bigots indécrottables.
Même le mince espoir apporté sur des dossiers sensibles, en matière de justice, par exemple, sera rapidement estompé.
Quant au mirage incarné par le froufroutant cavalier Montebourg, il
s’est définitivement évanoui comme neige fond au soleil avec la parution
du rapport Sartorius sur la situation de PSA.
Oh, "miracle" (pour le gouvernement qui a trouvé là de quoi se
couvrir ses petites fesses roses et peut ainsi "condamner la méthode" de
PSA mais pour mieux entériner la fermeture de l’usine - et la mort des
sous -traitants), ce rapport-là sonne le glas de l’usine d’Aulnay,
c’est un énorme doigt d’honneur fait aux 3600 ouvriers du site et
au-delà, à l’ensemble de la classe ouvrière, et dresse un portait d’un
PSA moribond, au bord du collapsus.
A tous les écouter, ces "socialistes"-là, on imagine déjà ces pauvres
héritiers Peugeot sur la paille, en train de faire la manche au coin de
leur galetas, sous un pont de Paris - alors que ces salauds d’ouvriers,
eux ils se goinfreront comme des cochons avec leurs milliers d’euros
d’indemnités...
(Snif, c’est trop triste...mais non, je plaisante...Tiens, à
l’heure qu’il est ils sont peut-être en train de prendre le thé à Uccle,
chez M. Arnault ?...).
Alors bon, soit, n’ayons pas la mémoire courte, ne soyons pas mauvais
joueurs, sur le coup, ne plus voir et ne plus entendre (ou presque) les
Sarkozy, Morano, Lefebvre, Hortefeux etc... ça n’a franchement pas fait
de mal.
Je m’en suis rendu compte cet été en m’apercevant que je respirais un
peu mieux et que je me sentais beaucoup moins harcelée (c’est aussi
parce que je n’écoute presque plus les médias officiels, il faut
dire !).
Hélas pour nous, les "impétrants" (comme dirait Arnaud, non pas Arnault, l'autre) "de gauche"
(enfin bon, même ça, ça se discute) sont en passe de les remplacer
(déjà...).
Le jeune Manuel Valls tient bon la corde dans ce tiercé et s’est déjà
distingué à plusieurs reprises depuis sa nomination, notamment au sujet
de la "sécurité", ou des Rroms.
Pendant ce temps, la figure désormais traditionnelle de l’opposant en réformisme - vous savez, celui qui vend du concept de "révolution par les urnes" à tour de bras, (et, attention, dans toute l’Europe, si, si !)
comme si le 11 septembre 1973 n’avais jamais existé, comme si les
bombardements de la Moneda, comme si les doigts de Jara au sol,
ensanglantés, dans le stade national ... comme si toutes horreurs de
Pinochet soutenues par la CIA et Kissinger n’avaient jamais existé,
n’avaient jamais sonné la fin définitive de l’illusion réformiste
moderne, - et bien celui-là continue de progresser, grâce aux moyens
-matériels, financiers - résiduels d’un parti autrefois communiste, et
avec la bienveillante complicité de médias bourgeois qui se paluchent
furieusement à chacune de ses sorties tribunitiennes...
De cette progression du Tartuffe (à peine) social-démocrate,
l’objectif premier est réussi - et continue de réussir - c’est d’occuper
l’espace "à gauche du PS" comme disent les journalistes en
politiciennerie, occuper l’espace, occuper le décor, être sur la photo
jusqu’à la nausée.
Le message du Capital est archi-clair : "Or les urnes, il n’y a rien à
faire, et il n’existe rien d’autre, bonnes gens , que le réformisme
hystéro-histrionique d’une excroissance de la Gauche socialiste mâtinée
de néo-stalinistes dégénérés, ou le Front National."
Rompez les rangs.
A ce sujet plus particulier de ce que j’appellerais "la confusion
démobilisatrice" (volontairement propagée pour certains,
involontairement contributive pour d’autres) et sans faire d’amalgame
entre ces uns et ces autres, certains de mes bons amis et camarades ici
et là me pardonneront, je l’espère, de ne pas partager leur engouement
ni leur enthousiasme - ni leur combat- relativement à la "lutte"
envisagée contre le "TSCG" ( traité sur la stabilité, la coordination et
la gouvernance) européen.
Je crois d’abord , avec le recul de l’expérience de 2004/2005, qu’à
supposer que cette "lutte"-là soit utile à la lutte de classe que doit
mener le prolétariat sur les lieux d’exploitation, on ne lutte pas
contre un traité européen avec un référendum.
C’est un acte vain. Une perte de temps. A fortiori quand on peut déjà dire de façon sûre que ce référendum n’existera pas.
La façon dont notre "NON" de 2005 a été piétiné en 2008 "en deux coups
de cuiller à pot", (à confiture) si je puis dire, devrait quand même nous inciter à réfléchir...
La bourgeoisie se fout complètement des soubresauts nationalistes,
souverainistes (qui ne l’intéressent que pour diviser telle ou telle
fraction locale du prolétariat), elle se torche d’un NON de papier et ne
peut respecter que le NON qui monte des usines occupées, des
travailleurs en grève, des dépôts de carburant bloqués, des universités
arrêtées et des banques réquisitionnées....
C’est peu dire que, contrairement à ce qu’avait été mon engagement en
2004-2005 pour le "Non", je ne partagerai donc pas cette fois tout ce
qu’implique une campagne sérieuse pour un référendum que nous aurions
une chance raisonnable d’obtenir de haute lutte.
Cela ne signifie nullement que j’aie renié ce qui est ma conviction profonde depuis l’origine, et a fortiori
depuis Maastricht , que cette construction européenne-là est mauvaise,
diabolique, qu’elle est à combattre, qu’elle est, (nous en avons la
preuve chaque jour), inacceptable pour les travailleurs, et plus
généralement, tous les exploités.
Cela ne signifie pas non plus que je pense bien sûr qu’un tel traité
doive être adopté, ni qu’il ne faut rien en dire, ou taire ses
critiques ! Certes non.
Je crois que c’est la méthode à l’opposition qui est mauvaise. (Elle
est tellement foireuse que c’est celle que le Tartuffe en chef a
choisie...c’est dire si, de mon point de vue, il faut la questionner,
cette méthode - même si je sais bien qu’il peut avoir raison quand il
dit que l’eau mouille et que le feu brûle !). Mais nous en reparlerons
ailleurs, une autre fois,plus en détail, je développerai ma position, le
cas échéant, sur le sujet TSCG.
Ici, en résumé je dirais : ne perdons pas notre temps dans ce genre
de bataille contre des moulins à vent. Nous avons vu ce qu’il en
coûtait pour mobiliser et le résultat à moyen terme...
Nous le savons, obtenir gain de cause (soyons fous !) sur le TSCG n’empêchera nullement la bourgeoisie de fermer Aulnay.
C’est évidemment une figure que de présenter les choses ainsi ("le
TSCG vs Aulnay"), mais enfin, c’est une façon de dire que nous ne nous
dédouanerons pas de mener la lutte de classe au sein de appareil de
production,au cœur même des rapports entre les forces productives et
que, "bordel", il va quand même falloir choisir un camp, ou plutôt (le
camp étant déjà choisi pour la majorité d’entre nous, militants
communistes, où que nous nous situions précisément) un cap, et s’y
tenir, fermement, pour construire un mouvement.
Bien sûr, j’ai conscience que le choix de la direction à prendre
implique également une certaine analyse et une certaine vision de la
société actuelle, des rapports de(s) force(s) du moment, et qu’on ne
peut pas régler cette question-là en deux lignes dans un tel articulet.
Sans doute en tout cas que les clivages et les contradictions vont
aller s’aiguisant, nous ne sommes pas dupes. Je sais qu’il y a des amis
(qui sont aussi des militants communistes) avec lesquels peut être
bientôt, nous ne partagerons plus l’essentiel sur le choix stratégique,
ou tactique...J’espère que cela n’altérera pas les amitiés. Amitiés
précieuses en temps de crise(s). Et que nous (tous et toutes) saurons
gérer les inévitables difficultés que créeront telle ou telle prise de
position chez tel ou tel.
Traité ou pas, légalité ou pas, la bourgeoisie s’en fout. Voilà
comment je conclurai ici. Si elle peut le signer, rapidement, ce traité,
elle aimera autant, mais finalement,ça ne passe pas, ce n’est pas si
grave. Pour elle.
Pour nous en revanche, que de temps perdu. Alors qu’il y a le feu dans notre maison.
Si c’est son intérêt qui est en cause (et comme cela l’est) la bourgeoisie, nous le savons, se fout totalement de "tout ça".
Les commémorations du 11 septembre (de 1973 à 2001) doivent nous
tenir éveillés, et nous faire réfléchir. Encore, toujours. Ce qui se
passe réellement (pas les délires propagandistes de partis
groupusculisés) en Grèce ou au Portugal, ou en Espagne, cela aussi doit
nous faire réfléchir.
Or, c’est là, au plus difficile, que nous devons nous préparer, car,
comme le dit le célèbre roman de RR Martin, "Winter is coming - l’hiver
vient".
Pour cela, il me semble assez clair désormais que nous ne pouvons
compter quasiment que sur nous-mêmes, tels que nous existons
aujourd’hui. Il faut faire avec cet état de fait. Mais il faut faire.
Bien fraternellement à tous et toutes, que nos luttes s’embrasent, flamboient et se propagent dans toute l’Europe
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mercredi 12 septembre 2012
vendredi 10 octobre 2008
"Réforme des professions du droit" - Deuxième vague de concentrations tueuses d'emplois dans le juridique - 50.000 morts dans les offices notariaux?

"La réforme des professions du droit" : deuxième vague de concentrations
tueuses d'emplois dans le tertiaire juridique - 50.000 morts dans les
offices notariaux?
La Commission voulue par Sarkozy, théorisée par Attali, et chargée de
travailler sur "la grande profession du droit" (fusion avocats, notaires,
avoués, juristes... au sein d'une seule et même profession d'avocat),
présidée par M° J.-M. Darrois, risque fort de laisser sur le carreau
quelques 50.000 salariés du notariat et pas loin d'autant de retraités...
Autant dire 100.000 personnes, sans compter leurs familles, qui subiront
évidement de plein fouet l'impact de cette restructuration.
Le devant de la scène sur le sujet est actuellement occupé par les
revendications corporatistes des quelques 7.000 patrons du notariat (les
notaires, au sens strict), qui négocient activement pour garder leurs
avantages et leurs privilèges à eux, y compris en cas de fusion, mais
négligent voire, sacrifient d'emblée, leurs salariés.
Or, le vrai désastre ne risque pas de concerner les quelques 8.000
notaires de France, qui se partagent les quelques 4.500 offices en France,
(dans des conditions très variables et très différentes en fonction du
lieu et de le taille de l'office certes, les petits et les ruraux pouvant
être particulièrement affectés eux mêmes par cette réforme, aggravée
encore par la crise).
Le vrai drame risque fort de toucher de plein fouet les salariés des
offices, cadres, techniciens, employés, qui bénéficient encore
actuellement d'un régime spécial, notamment pour la retraite, d'une
convention collective nationale particulière, de salaires , de conditions
de travail et d'avantages en général supérieurs à la moyenne nationale.
L'atterrissage, si la fusion a lieu, et ce, quelles que soient les
conditions négociées par les patrons, promet d'être douloureux.
En effet, intégrer les 50.000 salariés actifs du notariat et leurs régimes
spéciaux sur le marché du travail de l'emploi des cabinets d'avocats
(dominé en France par les cabinets anglo saxons) risque d'être impossible
ou au forceps.
Licenciements, baisse des salaires, travail précarisé, mise en retraites
anticipées avec des indemnités de misère, tout doit être envisagé et
risque fort d'atteindre les salariés du notariat comme un tsunami dès fin
2009. Il n'y aura pas de place pour tout le monde.
Noël Lechat, Secrétaire général de la Fédération CGT des Sociétés
d'études, insiste pour dire qu'ils ont déjà du mal à reclasser les 2500
salariés des études d'avoués: "Que fera -t-on de 50.000 salariés, dont les
mesures de reclassement nécessiteront des sommes qui ne sont pas prévues
au programme à ce jour?"
Sans oublier qu'il n'est pas prévu de faire bénéficier le personnel des
cabinets d'avocat du régime spécial des salariés du notariat, mais plutôt,
à l'inverse, d'amener les rescapés du notariat qui conserveront leur
emploi, dans le régime général.
Pour Pierre Lestard, responsable de la branche "Notariat" à la CGT :
"Malheureusement, notre cas n'est pas évoqué dans les médias, ou seulement
sous un certain angle; les salariés des études sont pris de court car ils
n'ont pas l'habitude des actions revendicatives".
Une pétition a été ainsi été lancée à l’attention des salariés du notariat
par l’intersyndicale CGT-CFDT-CGC CFE pour les sensibiliser à leur propre
situation (« Grande profession du droit = il faut sauver le notariat »
disponible en ligne sur les sites CGT féd. Soc. D’études, CFDT, CGC).
Il faut dire que l’information ne passe pas ou qu’elle est à coloration
exclusive du patronat.
"Pour que nos actions de terrain soient plus efficaces, il faudrait
évidemment plus de salariés syndiqués dans les offices", confirme Noël
Lechat, qui cependant, ne désespère pas de faire bouger les lignes
notamment grâce à la mise en place il y a un an dans cette branche d'une
intersyndicale CGT-CFDT-CGC CFE.
"On va changer de méthode; on va se faire entendre plus vigoureusement et
se rendre plus visibles, également des autres salariés, qui sont à la
fois des citoyens et aussi des usagers des offices de notaires"
conclut-il, en regrettant le refus de FO de s’unir avec les autres
syndicats. "
travailler sur "la grande profession du droit" (fusion avocats, notaires,
avoués, juristes... au sein d'une seule et même profession d'avocat),
présidée par M° J.-M. Darrois, risque fort de laisser sur le carreau
quelques 50.000 salariés du notariat et pas loin d'autant de retraités...
Autant dire 100.000 personnes, sans compter leurs familles, qui subiront
évidement de plein fouet l'impact de cette restructuration.
Le devant de la scène sur le sujet est actuellement occupé par les
revendications corporatistes des quelques 7.000 patrons du notariat (les
notaires, au sens strict), qui négocient activement pour garder leurs
avantages et leurs privilèges à eux, y compris en cas de fusion, mais
négligent voire, sacrifient d'emblée, leurs salariés.
Or, le vrai désastre ne risque pas de concerner les quelques 8.000
notaires de France, qui se partagent les quelques 4.500 offices en France,
(dans des conditions très variables et très différentes en fonction du
lieu et de le taille de l'office certes, les petits et les ruraux pouvant
être particulièrement affectés eux mêmes par cette réforme, aggravée
encore par la crise).
Le vrai drame risque fort de toucher de plein fouet les salariés des
offices, cadres, techniciens, employés, qui bénéficient encore
actuellement d'un régime spécial, notamment pour la retraite, d'une
convention collective nationale particulière, de salaires , de conditions
de travail et d'avantages en général supérieurs à la moyenne nationale.
L'atterrissage, si la fusion a lieu, et ce, quelles que soient les
conditions négociées par les patrons, promet d'être douloureux.
En effet, intégrer les 50.000 salariés actifs du notariat et leurs régimes
spéciaux sur le marché du travail de l'emploi des cabinets d'avocats
(dominé en France par les cabinets anglo saxons) risque d'être impossible
ou au forceps.
Licenciements, baisse des salaires, travail précarisé, mise en retraites
anticipées avec des indemnités de misère, tout doit être envisagé et
risque fort d'atteindre les salariés du notariat comme un tsunami dès fin
2009. Il n'y aura pas de place pour tout le monde.
Noël Lechat, Secrétaire général de la Fédération CGT des Sociétés
d'études, insiste pour dire qu'ils ont déjà du mal à reclasser les 2500
salariés des études d'avoués: "Que fera -t-on de 50.000 salariés, dont les
mesures de reclassement nécessiteront des sommes qui ne sont pas prévues
au programme à ce jour?"
Sans oublier qu'il n'est pas prévu de faire bénéficier le personnel des
cabinets d'avocat du régime spécial des salariés du notariat, mais plutôt,
à l'inverse, d'amener les rescapés du notariat qui conserveront leur
emploi, dans le régime général.
Pour Pierre Lestard, responsable de la branche "Notariat" à la CGT :
"Malheureusement, notre cas n'est pas évoqué dans les médias, ou seulement
sous un certain angle; les salariés des études sont pris de court car ils
n'ont pas l'habitude des actions revendicatives".
Une pétition a été ainsi été lancée à l’attention des salariés du notariat
par l’intersyndicale CGT-CFDT-CGC CFE pour les sensibiliser à leur propre
situation (« Grande profession du droit = il faut sauver le notariat »
disponible en ligne sur les sites CGT féd. Soc. D’études, CFDT, CGC).
Il faut dire que l’information ne passe pas ou qu’elle est à coloration
exclusive du patronat.
"Pour que nos actions de terrain soient plus efficaces, il faudrait
évidemment plus de salariés syndiqués dans les offices", confirme Noël
Lechat, qui cependant, ne désespère pas de faire bouger les lignes
notamment grâce à la mise en place il y a un an dans cette branche d'une
intersyndicale CGT-CFDT-CGC CFE.
"On va changer de méthode; on va se faire entendre plus vigoureusement et
se rendre plus visibles, également des autres salariés, qui sont à la
fois des citoyens et aussi des usagers des offices de notaires"
conclut-il, en regrettant le refus de FO de s’unir avec les autres
syndicats. "
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Réforme des professions du droit - Avocats vs notariat: un combat très inégal pour les salariés du notariat, par J.L.Fourcroy

Réforme des professions du droit - Avocats vs notariat: un combat très
inégal pour les salariés du notariat
"Si on met de côté la question du service public local du droit, plusieurs
données factuelles devraient être prises en compte dans l'appréciation des
perspectives réelles qu'ouvre aux quelques 50.000 salariés du notariat la
future réforme "Darrois" des professions du droit.
A ce jour, on se rend compte lorsqu'on interroge ces salariés, qu’ils ont
une mauvaise appréciation des conditions de leur éventuel reclassement,
parce qu'ils ont une connaissance tout à fait insuffisante du monde des
cabinets d'avocats.
Ils ont également une mauvaise appréciation du déroulement des
conséquences en chaîne de cette réforme, parce que leurs patrons se
gardent bien de les leur dire.
Ne pas dire les choses revient donc, de la part de la Commission Darrois,
de la part du gouvernement, et de la part du patronat, à lâcher des
agneaux au milieu des loups.
Il appartient donc aux syndicats, aux experts indépendants et surtout aux
journalistes de dresser un tableau réaliste de la situation telle qu’elle
existe dans les deux professions que le gouvernement envisage de jumeler.
En 2005, on dénombrait plus de 45.000 avocats inscrits en France (soit
presque autant que de salariés du notariat). A l'échelon des différents
Barreaux, les situations sont extrêmement hétérogènes. Mais c'est une
profession globalement rajeunie et très féminisée.
Moins de 40 % des avocats inscrits exercent leur profession de manière
indépendante.
La plupart l'exercent en tant que membre d'un groupement d'exercice.
34 % des avocats expérimentés sont associés dans ces structures tandis que
les débutants sont souvent collaborateurs libéraux (i.e. en réalité
fréquemment du salariat qui ne dit pas son nom, comme en témoignent les
nombreuses actions en requalification de contrat), plus rarement salariés
(moins de 8 % des débutants - i.e. pendant les 3 premières années).
Plus de quatre avocats sur dix sont inscrits au Barreau de Paris, qui
comprend à lui seul plus de 17.000 avocats (soit deux fois le nombre de
notaires en France).
Là où les avocats exercent principalement de manière indépendante
(province notamment) leurs revenus sont moins élevés, et dans trois
barreaux sur quatre il est inférieur au revenu moyen national. La classe
des hauts revenus ne concerne que 6 barreaux français. Il existe désormais
de nombreux avocats qui gagnent le SMIC et se retrouvent dans des
situations de précarité voire, de grande pauvreté.
A Nanterre, où l’on trouve le siège de nombreux cabinets internationaux de
très grosse taille, de nombreux avocats sont salariés ( + de 50%); c'est
la plus grosse concentration de salariés en France dans cette profession.
Paris est un barreau atypique où l'on trouve "de tout " et où les
disparités en termes de revenus, de modes d'exercice (1/3 associés en
structures, 1/3 indépendants, 1/3 collaborateurs en gros), de
qualifications...peuvent être importantes.
En octobre 2003, une enquête publiée par le magazine « Que choisir » avait
passé au crible différents modes d’exercices de différents avocats avec
des conclusions peu avantageuses pour cette profession et qui montrait
bien la disparité existante. L’enquête en question n’avait cependant fait
l’objet d’aucune plainte ni rectificatif.
En terme de rentabilité et de profit, il existe différents marchés.
Celui de la famille ou du droit pénal commun par exemple est un marché où
l’on rencontre fréquemment de petites structures, très locales, voire
beaucoup d’exercice indépendant. Ce n’est pas un gros vivier d’emplois à
court terme.
Sur le marché très rémunérateur et recherché du "droit des affaires" au
sens large, comprenant celui des fusions acquisitions, des opérations de
marché , du droit boursier, bancaire, immobilier et du droit public des
affaires etc, les gros cabinets anglo- saxons qui fonctionnent comme des
multinationales ( US, GB ex- "big five" devenus "big four") ou Européens,
et leurs rares équivalents français ( Bredin Prat, Darrois etc) sont
prédominants et se partagent l'essentiel du marché.
Ils amènent avec eux leur culture d'entreprise, leurs manières de
travailler et leurs façons de manager. (La Ministre de l'Economie
actuelle, Mme Lagarde, est un pur produit de cette culture, elle qui a été
classée 5ème femme d'affaires européenne par le Wall Street journal, et
qui a été la première femme présidente du comité stratégique de la firme
"Baker & MacKenzie" dont le siège est à Chicago.)
Les avocats collaborateurs libéraux, titulaires du diplôme d'avocat, de
diplômes d'études supérieures (DEA, DESS) voire de diplômes d'écoles de
commerce ou de Sciences politiques, et inscrits au Barreau, sont souvent
une "alternative intéressante" entre l'assistante et le confrère au sens
strict.
Payés par une "rétrocession d'honoraires" fixée par le cabinet
"employeur", ils ne coûtent pas de charges (qu'ils paient directement
eux-mêmes) et font souvent office de secrétaire dans le même temps.
Certains d’entre eux peuvent gagner jusqu’à 10.000 ou 15.000 euros par
mois (avant charges, avant impôts), mais ce sont des esclaves « de luxe »
enchaînés à leur « Blackberry » et mariés à leur travail.
La concurrence sur le marché du travail est assez féroce, pour ne pas dire
très féroce.
De même qu'entre avocats indépendants ou exerçant en structures pour
obtenir des dossiers.
Soumis à la doctrine libérale et aux principes concurrentiels depuis
longtemps, n'ayant jamais bénéficié de tarifs réglementés mais fixant
librement leurs honoraires, selon des règles de facturation de plus en
plus strictes (utilisation logiciels de facturation, de gestion des temps
etc), il est fréquent de voir des avocats (collaborateurs, associés,
indépendants) effectuer jusqu'à 80, 90 heures de travail par semaine, leur
rendement constituant une partie de l'assise de leurs revenus, ou de ceux
des cabinets qui les emploient, (d'autant que la facturation est également
un moyen pour les avocats de contrôler ou de justifier la rétrocession
versée aux collaborateurs libéraux en tout cas dans les structures
moyennes ou importantes).
Conséquemment, il est également fréquent que les employés des cabinets
d'avocats (techniciens, cadres, employés) soient soumis à un rythme et à
une pression plus élevés que dans d'autres entreprises, sans pour autant
toujours recevoir de compensation sonnante et trébuchante.
Les salariés des cabinets d'avocats connaissent des fortunes diverses. Une
bonne part d'entre eux à une formation de type supérieure ou qualifiée.
Le CDI a de moins en moins "la côte" dans les cabinets d'avocats surtout
dans les grosses structures, qui trouvent dans les nouveaux instruments
juridiques développés ces dernières années de quoi satisfaire leurs
appétits financiers; la convention collective nationale des avocats et de
leurs personnels n'offre que très peu d'avantages.
Le régime des salariés est le régime général en vigueur dans la plupart
des entreprises du secteur privé en France.
En conclusion et globalement sur ce point, il n'est pas certain qu'à ce
jour, le personnel des études notariales soit formé ni entraîné à
travailler dans ce milieu professionnel. Il n'est pas non plus évident que
ce personnel intéresserait les cabinets d'avocats.
Ce personnel des études notariales comprend principalement des clercs, des
techniciens (caissiers, comptables) et des employés comme les secrétaires
ou les assistants.
On peut estimer sans fantasmer que les clercs de notaire, dont la plupart
ne disposent que du diplôme de notariat et ne pratiquent aucune langue
étrangère, auraient probablement moins de chance de se recaser que des
secrétaires, (a fortiori bilingues mais qu'il faudrait néanmoins former
aux logiciels utilisés par la profession, à ses us et coutumes, et à ses
techniques contentieuses, qui requièrent un véritable savoir-faire).
En effet, quel poids va peser un clerc de notaire ayant bac +4 ou + 5 ,
avec un diplôme extrêmement spécifique, une mono-qualification, sans
pratique d'une langue étrangère, mais affichant souvent un salaire deux à
trois fois supérieur au SMIC, face à des avocats collaborateurs "dressés"
dès leur 3ème ou 4è année de faculté pour devenir des libéraux et se jeter
à corps perdus dans la concurrence sauvage des "firms" et des lawyers",
qui afficheront un voire deux DEA, un diplôme spécialisé ( IEP, HEC,
ESSEC, DJCE etc..) deux langues, une université étrangère, des stages en
cabinet d'avocat, un Barreau étranger, etc?
Que vont peser ces mêmes clercs face à des assistantes juridiques formées à la procédure, aux logiciels m ais qui réclament des salaires moins importants ?
A ce jour, la question de la formation et du reclassement éventuel de ces
salariés, le financement de ces mesures, n'est absolument pas abordée par
les négociations patronales (prédominantes à ce jour, à cause du
paternalisme archaïque qui régit les relations notaires/employés, et faute
d'une mobilisation suffisante et d'une syndicalisation importante des
salariés du notariat), et c'est une bien lourde responsabilité que les
8.000 notaires de France prennent là face à leurs 50.000 salariés (sans
parler des retraités de la CRPCEN).
Or, à supposer même que les notaires puissent, dans cette nouvelle
profession, garder certaines de leurs prérogatives (notamment en matière
d'actes authentiques), à supposer que leurs structures perdurent en tant
que telles quelque temps, la concurrence à laquelle ils vont être de facto
confrontée rapidement va les contraindre à se restructurer - on peut
estimer que compte tenu du contexte mondial, c'est une affaire de quelques
années à peine.
C'est en effet une loi d'airain de l'économie de marché. On le voit
actuellement avec les banques et les assurances: on se concentre, on
grossit en termes de parts de marché, on taille dans les effectifs pour
maintenir, comme partout, le taux de profit...
C'est la loi du capitalisme mondialisé.
Compte tenu de cette même loi, il est fort peu probable que la CRPCEN (la
caisse qui gère le régime spécial de retraite des employés du notariat)
survive longtemps et durablement.
Ce n'est donc que reculer pour mieux sauter que de ne pas prévoir
aujourd'hui l'avenir des 50.000 salariés du notariat dans 2 ou 3 ans
maximum.
J.-Louis FOURCROY (consultant indépendant)"
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