mercredi 12 septembre 2012

"Si nous voulons que tout reste comme c’est, il faut que tout change"*

"Si nous voulons que tout reste comme c’est, il faut que tout change"*
(*Tancrède dans "Le Guépard")

Bon, tout le monde ou presque l’aura compris, et assez rapidement, le "changement", finalement, ça ne sera pas "maintenant"...

Ou plus exactement , ceux qui ont cru que le changement en question aurait quelque substance en seront pour leurs frais d’illusions.

Ce changement ce ne sera que l’alternance de serfs du pouvoir , des chevaux frais pour que la bourgeoisie puisse parcourir encore quelques verstes de plus, en somme...

Si peu de substance, donc,oh, à peine de quoi émouvoir deux ou trois bigots indécrottables.

Même le mince espoir apporté sur des dossiers sensibles, en matière de justice, par exemple, sera rapidement estompé.

Quant au mirage incarné par le froufroutant cavalier Montebourg, il s’est définitivement évanoui comme neige fond au soleil avec la parution du rapport Sartorius sur la situation de PSA.

Oh, "miracle" (pour le gouvernement qui a trouvé là de quoi se couvrir ses petites fesses roses et peut ainsi "condamner la méthode" de PSA mais pour mieux entériner la fermeture de l’usine - et la mort des sous -traitants), ce rapport-là sonne le glas de l’usine d’Aulnay, c’est  un énorme doigt d’honneur fait aux 3600 ouvriers du site et au-delà, à l’ensemble de la classe ouvrière, et dresse un portait d’un PSA moribond, au bord du collapsus.

A tous les écouter, ces "socialistes"-là, on imagine déjà ces pauvres héritiers Peugeot sur la paille, en train de faire la manche au coin de leur galetas, sous un pont de Paris - alors que ces salauds d’ouvriers, eux ils se goinfreront comme des cochons avec leurs milliers d’euros d’indemnités...

(Snif, c’est trop triste...mais non, je plaisante...Tiens, à l’heure qu’il est ils sont peut-être en train de prendre le thé à Uccle, chez M. Arnault ?...). 

Alors bon, soit, n’ayons pas la mémoire courte, ne soyons pas mauvais joueurs, sur le coup, ne plus voir et ne plus entendre (ou presque) les Sarkozy, Morano, Lefebvre, Hortefeux etc... ça n’a franchement pas fait de mal.

Je m’en suis rendu compte cet été en m’apercevant que je respirais un peu mieux et que je me sentais beaucoup moins harcelée (c’est aussi parce que je n’écoute presque plus les médias officiels, il faut dire !).

Hélas pour nous, les "impétrants" (comme dirait Arnaud, non pas Arnault, l'autre) "de gauche" (enfin bon, même ça, ça se discute) sont en passe de les remplacer (déjà...).

Le jeune Manuel Valls tient bon la corde dans ce tiercé et s’est déjà distingué à plusieurs reprises depuis sa nomination, notamment au sujet de la "sécurité", ou des Rroms.

Pendant ce temps, la figure désormais traditionnelle de l’opposant en réformisme - vous savez, celui qui vend du concept de "révolution par les urnes" à tour de bras, (et, attention, dans toute l’Europe, si, si !) comme si le 11 septembre 1973 n’avais jamais existé, comme si les bombardements de la Moneda, comme si les doigts de Jara au sol, ensanglantés, dans le stade national ... comme si toutes horreurs de Pinochet soutenues par la CIA et Kissinger n’avaient jamais existé, n’avaient jamais sonné la fin définitive de l’illusion réformiste moderne, - et bien celui-là continue de progresser, grâce aux moyens -matériels, financiers - résiduels d’un parti autrefois communiste, et avec la bienveillante complicité de médias bourgeois qui se paluchent furieusement à chacune de ses sorties tribunitiennes...

De cette progression du Tartuffe (à peine) social-démocrate, l’objectif premier est réussi - et continue de réussir - c’est d’occuper l’espace "à gauche du PS" comme disent les journalistes en politiciennerie, occuper l’espace, occuper le décor, être sur la photo jusqu’à la nausée.

Le message du Capital est archi-clair : "Or les urnes, il n’y a rien à faire, et il n’existe rien d’autre, bonnes gens , que le réformisme hystéro-histrionique d’une excroissance de la Gauche socialiste mâtinée de néo-stalinistes dégénérés, ou le Front National."

Rompez les rangs.

A ce sujet plus particulier de ce que j’appellerais "la confusion démobilisatrice" (volontairement propagée pour certains, involontairement contributive pour d’autres) et sans faire d’amalgame entre ces uns et ces autres, certains de mes bons amis et camarades ici et là me pardonneront, je l’espère, de ne pas partager leur engouement ni leur enthousiasme - ni leur combat- relativement à la "lutte" envisagée contre le "TSCG" ( traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) européen.

Je crois d’abord , avec le recul de l’expérience de 2004/2005, qu’à supposer que cette "lutte"-là soit utile à la lutte de classe que doit mener le prolétariat sur les lieux d’exploitation, on ne lutte pas contre un traité européen avec un référendum.

C’est un acte vain. Une perte de temps. A fortiori quand on peut déjà dire de façon sûre que ce référendum n’existera pas.

La façon dont notre "NON" de 2005 a été piétiné en 2008 "en deux coups de cuiller à pot", (à confiture) si je puis dire, devrait quand même nous inciter à réfléchir...

La bourgeoisie se fout complètement des soubresauts nationalistes, souverainistes (qui ne l’intéressent que pour diviser telle ou telle fraction locale du prolétariat), elle se torche d’un NON de papier et ne peut respecter que le NON qui monte des usines occupées, des travailleurs en grève, des dépôts de carburant bloqués, des universités arrêtées et des banques réquisitionnées....

C’est peu dire que, contrairement à ce qu’avait été mon engagement en 2004-2005 pour le "Non", je ne partagerai donc pas cette fois tout ce qu’implique une campagne sérieuse pour un référendum que nous aurions une chance raisonnable d’obtenir de haute lutte.

Cela ne signifie nullement que j’aie renié ce qui est ma conviction profonde depuis l’origine, et a fortiori depuis Maastricht , que cette construction européenne-là est mauvaise, diabolique, qu’elle est à combattre, qu’elle est, (nous en avons la preuve chaque jour), inacceptable pour les travailleurs, et plus généralement, tous les exploités.

Cela ne signifie pas non plus que je pense bien sûr qu’un tel traité doive être adopté, ni qu’il ne faut rien en dire, ou taire ses critiques ! Certes non.

Je crois que c’est la méthode à l’opposition qui est mauvaise. (Elle est tellement foireuse que c’est celle que le Tartuffe en chef a choisie...c’est dire si, de mon point de vue, il faut la questionner, cette méthode - même si je sais bien qu’il peut avoir raison quand il dit que l’eau mouille et que le feu brûle !). Mais nous en reparlerons ailleurs, une autre fois,plus en détail, je développerai ma position, le cas échéant, sur le sujet TSCG.

Ici, en résumé je dirais : ne perdons pas notre temps dans ce genre de bataille contre des moulins à vent. Nous avons vu ce qu’il en coûtait pour mobiliser et le résultat à moyen terme...

Nous le savons, obtenir gain de cause (soyons fous !) sur le TSCG n’empêchera nullement la bourgeoisie de fermer Aulnay.

C’est évidemment une figure que de présenter les choses ainsi ("le TSCG vs Aulnay"), mais enfin, c’est une façon de dire que nous ne nous dédouanerons pas de mener la lutte de classe au sein de appareil de production,au cœur même des rapports entre les forces productives et que, "bordel", il va quand même falloir choisir un camp, ou plutôt (le camp étant déjà choisi pour la majorité d’entre nous, militants communistes, où que nous nous situions précisément) un cap, et s’y tenir, fermement, pour construire un mouvement.

Bien sûr, j’ai conscience que le choix de la direction à prendre implique également une certaine analyse et une certaine vision de la société actuelle, des rapports de(s) force(s) du moment, et qu’on ne peut pas régler cette question-là en deux lignes dans un tel articulet.

Sans doute en tout cas que les clivages et les contradictions vont aller s’aiguisant, nous ne sommes pas dupes. Je sais qu’il y a des amis (qui sont aussi des militants communistes) avec lesquels peut être bientôt, nous ne partagerons plus l’essentiel sur le choix stratégique, ou tactique...J’espère que cela n’altérera pas les amitiés. Amitiés précieuses en temps de crise(s). Et que nous (tous et toutes) saurons gérer les inévitables difficultés que créeront telle ou telle prise de position chez tel ou tel.

Traité ou pas, légalité ou pas, la bourgeoisie s’en fout. Voilà comment je conclurai ici. Si elle peut le signer, rapidement, ce traité, elle aimera autant, mais finalement,ça ne passe pas, ce n’est pas si grave. Pour elle.
Pour nous en revanche, que de temps perdu. Alors qu’il y a le feu dans notre maison.

Si c’est son intérêt qui est en cause (et comme cela l’est) la bourgeoisie, nous le savons, se fout totalement de "tout ça".

Les commémorations du 11 septembre (de 1973 à 2001) doivent nous tenir éveillés, et nous faire réfléchir. Encore, toujours. Ce qui se passe réellement (pas les délires propagandistes de partis groupusculisés) en Grèce ou au Portugal, ou en Espagne, cela aussi doit nous faire réfléchir.

Or, c’est là, au plus difficile, que nous devons nous préparer, car, comme le dit le célèbre roman de RR Martin, "Winter is coming - l’hiver vient".

Pour cela, il me semble assez clair désormais que nous ne pouvons compter quasiment que sur nous-mêmes, tels que nous existons aujourd’hui. Il faut faire avec cet état de fait. Mais il faut faire.

Bien fraternellement à tous et toutes, que nos luttes s’embrasent, flamboient et se propagent dans toute l’Europe

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