dimanche 6 novembre 2011

HALTE A LA REPRESSION - CREER UN MOUVEMENT DE LUTTE POUR LES DROITS ET LIBERTES

Je suis absolument scandalisée par le traitement qui a été réservé hier soir aux campeurs de #LaDéfense qui se sont fait violemment charger par les CRS alors qu’ils étaient absolument pacifiques.

RIEN ne justifie l’usage d’une telle violence à l’égard de ces manifestants, que l’on partage ou pas leur action ou leurs motivations.

Les campeurs, ne serait-ce que comme symboles de nous tous, doivent avoir toute notre solidarité.

J’en connais certain-e-s, je lis leurs témoignages, leurs messages, ce qu’ils ont vécu hier soir me révolte au plus haut point.

Nous savons bien quel est l’objectif de cette violence policière si rapide, si brutale, dès maintenant : c’est d’impressionner, de décourager, de faire peur , de dire aux gens, de leur coller dans la tête une petite musique d’angoisse qui leur susurre : "Restez chez vous braves gens, sinon...GARE A VOUS !"

Cette violence là, aveugle, gratuite, de classe, c’est une de plus, une de trop aujourd’hui.

Cela arrive après le terrible accident des 3 camarades à Lyon suite à une charge et à un gazage.

Cela arrive après les violences policières dont on été victimes cet été les participants de la mission "Bienvenue en Palestine" à l’aéroport de Roissy.

Cela arrive après le décès de l’interpelé dans le RER E.

Nous sommes à présent de plain-pied dans l’Etat policier et la répression, aveugle, brutale.

Il faut se réveiller d’urgence, l’heure n’est plus à "l’indignation", mais bien à l’organisation et à l’action pour résister.

Soyons humbles mais efficaces ; chacun à sa mesure,avec ses moyens et ses compétences. Mais chacun FAISANT le peu qu’il ou elle peut faire.

Les avocats aux gardes à vue et aux procès, les travailleurs dans les grèves (je sais, ce type de grève sera qualifié "de grève de solidarité" et ne répondra pas aux critères), les policiers dans la grève du zèle, le personnel administratif dans la désobéissance, les élus dans leur présence et leur soutien etc... et nous toutes et tous dans les manifestations qu’il faut absolument pousser toutes nos organisations à mettre en place, et vite.

Il y a déjà bien 3 ans que le niveau de violence et de répression a été sérieusement relevé dans ce pays.

Combien de jeunes manifestants ont failli perdre un œil par des tirs de flash-balls ces dernières années ?

Le 4 février 2008 à Versailles, tandis que nous défendions pacifiquement notre "NON" au TCE de 2005 ("NON" sur le point d’être piétiné par un Congrès véritablement versaillais), nous avions déjà pu constater que certains des "forces de l’ordre" avaient la gâchette de la lacrymo’ un peu facile, et nous en avions été plusieurs à en prendre généreusement et très gratuitement (enfin, gratuitement, si on veut, car il faut quand même rappeler que ce sont nos impôts qui arment et équipent la répression !) plein la poire.

Est-ce bien le rôle de forces d’intervention payées par nos soins (nos impôts, toujours nos impôts) que de nous gazer ou de nous casser la gueule quand nous manifestons pacifiquement pour des droits, des libertés ? Qui parmi nous, le pense aujourd’hui ?

Avons-nous déjà oublié le sort qui a été réservé à "Tarnac", à Yldune Lévy et Julien Coupat ?

En 2009, 49 jeunes avaient été inculpés après avoir été saisis lors d’une rafle à la fin d’une manifestation à Nation, le 19 mars. A l’époque, avec d’autres partis et syndicats, nous avions créé une solidarité et une coordination d’avocats pour essayer de ne laisser aucun jeune inculpé "sur le carreau".

Des camarades de la CGT à Saint-Nazaire avaient été tabassés et emmenés au poste.

Lors d’une manifestation à Opéra contre l’opération "Plomb durci" menée par Israël, nous avons été gazés jusque dans les couloirs du métro, alors que RIEN ne s’était passé qui pouvait le justifier.

Des militants et certains de nos camarades de la CGT sont poursuivis comme des criminels pour avoir refusé de donner leur ADN...et combien d’entre nous fichés, hélas ? Combien de fichiers créés aujourd’hui, d’ailleurs, de toutes sortes ?

Les sans-papiers poursuivis, arrêtés, enfermés dans des CRA, des enfants des grands-parents.. expulsés comme du bétail, des Rroms harcelés et désignés à la vindicte populaire...

Et j’en passe, hélas !

Donc, je me demande : jusqu’à quand allons-nous considérer le niveau d’inaction (insupportable) de nos organisations politiques et syndicales, au niveau national, comme légitime ou juste ou normal face à un tel désastre ?

Jusqu’à quand allons-nous penser "élections", ou "en 2012" , au lieu de penser" MAINTENANT" ?

Conditionner l’implication des organisations actuelles, le travail qui doit être établi collectivement entre les "organisés" et les "non-organisés" au sempiternel "t’as qu’à adhérer si tu veux faire bouger les choses" n’est plus acceptable. On n’est plus à ce stade, dans un contexte où les préoccupations plus ou moins boutiquières sont recevables.

Nous, militants, ne sommes-nous pas responsables de cette apathie infernale ? Je sais, ça ne plaît pas de lire cela (ça ne me plaît pas de me le dire non plus mais je le dis sans juger).

Car il y a une différence de fond entre le militant et le non-militant qui s’appelle la conscience. C’est un cadeau empoisonné, c’est vrai, la conscience, mais il faut faire avec, car on ne peut pas faire sans, à moins de se rendre fou.

Si nous attendons d’être "majoritaires dans le peuple" pour agir, nous attendrons fatalement un jour ou l’autre en prison ou à la rue.

Jamais autrefois nous n’aurions attendu d’être "majoritaires" pour entamer un mouvement ou une action ( car nous savions que ce sont les actions qui nous rendent majoritaires et que c’est dans la lutte que l’on syndique ou organise le mieux et le plus) et même quand la syndicalisation de la seule classe ouvrière était d’une importance autre que ce qu’elle est aujourd’hui, nous étions de toute façon minoritaires.

Minoritaires mais pas inefficaces car déterminés et habiles.

Pendant la seconde guerre mondiale, les résistants de la première heure n’étaient guère plus que quels poignées de centaines d’hommes et de femmes.

Ceux qui disent le contraire inventent.

Alors je vais me répéter (je dis la même chose depuis plusieurs années, je sais, je RADOTE ;)), tant pis :

- nous devons pousser partout A LA BASE, dans le cadre de la démocratie de nos organisations respectives, des associations (parents d’élève etc) auxquelles nous appartenons, mais avec ténacité et fermeté, pour que soit ENFIN organisé (et VITE), le plus largement possible, un GRAND MOUVEMENT national pour la défense des droits et des libertés et contre l’Etat policier.

Un dernier exemple ?

Après la scandaleuse contribution à l’aide juridique de 35 euros mise en place depuis le 1er octobre 2011, on annonce une disposition qui doit faire l’objet d’un prochain décret d’application, prévoyant, tenez-vous bien, que le Conseil National des Barreaux établisse une liste d’avocats habilités à assister les gardés à vue dans les affaires de terrorisme et de grande criminalité !

Pas la peine de dire sur quels critères seraient faits les choix.

S’il y a une urgence aujourd’hui, elle est donc bien là.

On ne défendra pas notre pain si on ne défend pas notre peau.

Pour revendiquer, il faut être libre et ne pas avoir peur de la répression patronale policière et administrative.

Je crois que vu ce qui se passe en Grèce, en Italie, après l’annonce de Fillon sur le budget d’austérité, en pleine crise systémique du Capitalisme, nous voyons bien comment cela va tourner pour nous tous .

Répétons-le sans fin : le fascisme n’est pas l’antichambre de la révolution prolétarienne !

Entendons-nous bien, qu’on ne me fasse pas (encore) ce reproche de soi-disant "faire la morale" ou d’être "donneuse de leçon". Non. Je ne fais la morale à PERSONNE, et je ne juge PERSONNE.

Je la fais d’autant moins, la morale, que je me compte dans "le tas" et que j’essaie d’abord de m’appliquer à moi-même les quelques idées que j’exprime. Je connais assez bien la vie de militant-e pour savoir qu’elle n’est pas un chemin semé de pétales de roses et qu’elle est pleine d’embûches et de difficultés de toutes sortes. Je me fiche bien de juger, de donner des bons ou des mauvais points à X ou Y, ce n’est pas mon but du tout, même si j’ai quelques idées sur tel ou tel sujet (qui aujourd’hui n’en a pas ?) ; mon but c’est, avec bien d’autres, d’essayer de rassembler dans l’action et l’organisation, comme bon nombre d’entre nous.Voilà.

Comme nombre d’entre vous, bien lucides, et bien au courant, je suis véritablement catastrophée par ce à quoi nous assistons depuis des années, je me sens souvent impuissante, bien que militante, comme nombre d’entre nous, et j’en ai franchement assez.

Je crois que la" prise de conscience individuelle" n’a jamais été aussi aiguë ni aussi forte que ces dernières années, et qu’elle touche des gens dont on n’aurait même pas pu imaginer il y a 40 ans qu’ils aient cette prise de conscience individuelle (c’est ça que signifie le succès du bouquin de Hessel, c’est ça que signifiait les millions de personnes dans les rues contre la casse des retraites).

Ce qui fait défaut aujourd’hui, qui ne faisait pas défaut, bon gré mal gré, il y a 40 ans, c’est la suite à donner à ces millions de prises de conscience individuelles, justement.

Ce qui fait défaut cruellement, ce n’est pas l’individualisme ni l"individualité mais bien le collectif. Je dirais même que c’est l’excès de conscience individuelle qui ne trouve aucun débouché collectif qui est en train de nous assassiner à petit feu.

Il faut donc nous organiser largement, les actions individuelles un peu "désespérées" étant à mon avis radicalement à proscrire dans un tel contexte. Je pense qu’il faut aussi tout faire pour entraîner les orgas "classiques" dans ce mouvement, sans pour autant les "attendre".

Pour nous organiser, nous sommes nombreux à le dire ici et là (et dans le mouvement anarchiste et anarco-syndicaliste, nombreux sont ceux qui l’ont compris et mis en œuvre depuis longtemps, nous avons toutes et tous , enfin, des leçons à en tirer de l’anarchisme en général), il faut commencer par créer des collectifs locaux là où l’on est (" fleurir là où l’on pousse "), type "comités populaires pour la défense des droits et des libertés" ou quel que chose de ce type, prendre nos "bâtons de pèlerins", essayer de mobiliser avec des tracts, des mots, nos voisins, nos proches, etc.

Il faut commencer par le commencement et , sans faire d’angélisme, savoir ne pas être "sectaires" sur cette organisation. Nous n’avons plus le choix.

La résistance, la rébellion, la révolte, la révolution (au choix de chacun ;)) doit commencer en nous et par nous.

La critique et les contre-propositions sont ouvertes !

Fraternellement

La Louve (en "habits de Cassandre" -(K-CENDRES ?), et qui espère bien ne pas finir pareil ;))

1 commentaire:

paul a dit…

je suis assez d'accord avec le constat que tu fais ici notamment quand tu dis que c'est la conscience individuelle qui ne trouve aucun débouché collectif

c'est ce que je constate actuellement dans plusieurs initiatives : je rencontre des gens dans des cadres associatifs.quelques uns et quelques unes ont fait des prises de consciences remarquables. mais en revanche continue de "moutonner" dans leur cadre collectif qui lui ne bouge pas d'un poil. par exemple, le nouvel arrivant du collectif ne le fait que par lui-même et rien n'est fait au départ pour qu'il soit informé des réunions collectives, comme s'il n'était pas encore dans les petits papiers de tous le monde. beaucoup de nouveaux venus, viennent une fois et on ne les revoit jamais de ce fait... y'a un truc que je comprends pas bien humainement là (le groupe auquel je pense est affilié front de gauche)

par ailleurs parmi les gens rencontrés, je croise énormément de gens qui ne sont pas du tout aguéris à la déconstruction des discours médiatisés de certaines associations ayant comme par hasard des moyens que même les groupe les plus connus n'ont pas. je pense notamment à plusieurs association de prétendue défense de l'école ou d'institut pour la justice qui me semble de façon évidente être des "bidule" umpiste manipulant les indignations populaires classiques, les ressentiments à l'égard du corps enseignant, des syndicats, des avocats de "voyoux" etc... les grosses ficelles comme toujours. ces groupes là savent très bien se faire connaître des gens de la base et les toucher par des discours puant de mauvaise foi mais qui font mouche. alors que les groupes d'indignés locaux ou autres du même genre ne sont absolument pas entendu parce qu'en fait ce que j'observe techniquement c'est qu'ils ne communique qu'en circuit fermé. pour être intégré dans un groupe comme ça, il faut y aller de soi-même et devnir suffisamment présent pour être inoubliable ! y'a un truc qui cloche là parce que c'est totalement décourageant.