lundi 1 février 2010

LA DÉPRESSION CITOYENNE COLLECTIVE ET LA VOIE SUICIDAIRE D’UNE PARTIE DU CORPS SOCIAL



(Je précise d’emblée que cet article n’a aucune prétention scientifique, voire, emploie peut être à tort des concepts scientifiques ou prétendus tels, mais dans le sens que le plus grand nombre d’entre nous entend généralement...

Les habitants de ce pays, la douce France, seraient ceux qui consomment le plus d’anxiolytiques et antidépresseurs en ce bas monde. Faisons abstraction d’un phénomène comparable à mon sens, qui est celui des Etats-Unis où la sur-consommation de malbouffe et de crédits en tous genres joue peu ou prou le même rôle.

Comme toujours, on jette la pierre aux médecins - tous des incapables et des bons à rien. On peut aussi accuser les laboratoires pharmaceutiques. Ok. Mais ceux-ci expliquent non pas tant le besoin que le type de réponse actuellement offerte au besoin exprimé.

Oui, la France est devenue un pays de grands dépressifs. Nous sommes un pays de grands malades.

Parce qu’elle a été, à maintes reprises, le pays des plus grands espoirs politiques (au sens noble du terme) et que depuis des décennies, elle ne cesse de se perdre en turpitudes politicardes et électoralistes.

Plus hauts ont été les sommets à atteindre plus dure a été la chute.

La politique telle qu’elle est pratiquée quotidiennement dans ce pays depuis des années, sinon des siècles, qu’elle se dise "de droite" ou "de gauche", a fini par rendre le "corps social" totalement schizophrène. Et naturellement, dépressif face à la conscience aiguë de cette schizophrénie. Car constater un mal auquel on n’a aucune cure ne peut que rendre anxieux et dépressif.

Des maux (bien réels) qui n’affectent plus seulement les adultes, mais qui touchent également, par voie indirecte ( les parents, la famille) et directe (la confrontation dès leur plus jeune âge à un système qui marche sur la tête), les enfants, nos enfants et ceux des Autres ; c’est à dire l’Avenir de tous.

Les symptômes de cet état dépressif généralisé, nous les voyons tous les jours dans notre vie quotidienne. Les causes de cet état, nous les voyons également.

On nous a élevés dans l’idée (juste) qu’il ne fallait pas tricher. Or, la triche est institutionnalisée, sinon encouragée par tous moyens.Des hommes politiques condamnés pour fraude, détournement de fonds, injures racistes etc, peuvent continuer d’être candidats et sont même remerciés par l’attribution de présidence de commission sur la vie carcérale !

On nous a élevés dans l’idée (juste) qu’il ne faut pas s’en prendre aux plus faibles que soi, et que au contraire, les plus forts devraient protéger les plus faibles. Or, les plus faibles servent de bouc-émissaire et sont piétinés quotidiennement. Tout est fait pour expliquer que les chômeurs méritent leur sort et doivent être punis parce qu’ils sont chômeurs. Pas un doigt ne se lève au moment de l’opération "plomb durci" à Gaza...(soi dit en passant, ne cherchez pas pourquoi la cause palestinienne est emblématique pour de nombreux jeunes de banlieues ou pour de nombreux militants communistes - elle est le super-symbole de l’Injustice institutionnalisée avec un grand "I").

On nous éduque (ou plutôt on nous culpabilise) à protéger l’environnement (et protéger l’environnement est en soi un objectif juste et essentiel) mais observez le sol de la salle de cinéma où des milliers de spectateurs (sans doute de bonne foi mais particulièrement décérébrés) viennent de vautrer complaisamment leur mauvaise conscience dans la médiocrité dialectique d’un "Océans" ou d’un "la Terre vue du ciel" : les dalles sont couvertes de papiers, de pop-corn, de bouteilles. Une porcherie.

On nous élève dans l’idée qu’il faut respecter la Loi et l’Ordre mais la vie quotidienne est constellée de la victoire (petite ou grande) de ceux dont le premier principe est de ne jamais respecter la Loi et l’Ordre, de la cour de l’école maternelle au bureau en passant par les transports en commun, à commencer par le comportement de nombre des représentants des dites "forces de l’Ordre".

Des partis politiques nous expliquent que ce système nous fait crever (et c’est juste, ce système qui n’est pas seulement "économique", nous fait crever, quotidiennement, chacun de nous de mille manière différentes et pire, il fait crever l’Avenir et l’Espoir) mais leur premier acte est toujours de cautionner et de renforcer ce système.

J’en passe, la liste serait trop longue. Chacun de nous a mille exemples bien précis de ces contextes officiels et institutionnels propres à créer schizophrénie, angoisse, dépression.

Le drame, en plus, c’est que plus ce climat "pathogène" s’étend, plus le bonheur (ou ce que nous dit devoir être le bonheur) est présenté comme un impératif catégorique, et que celui ou celle qui ne peut pas l’atteindre, qui constate qu’il ne peut pas atteindre le bonheur tel que "notre société" le définit de façon maladive, est rejeté, perçu et se perçoit comme nul, minable, bon à rien, à jeter.

Et alors...

Alors on choisit :

LA CORDE. LA FENÊTRE. LA BALLE. LA PILULE...

Contre soi ou contre l’Autre (tuer un Autre, c’est toujours tuer une partie de soi et vice-versa).

Avez-vous vu que la RATP dans son souci faussement bienveillant de limiter les suicides sur ses voies, pose de plus en plus de "gardes-corps"?

Qui n’a pas l’impression, aujourd’hui, d’être atteint de ce mal qui ronge, insidieusement, sans toutefois bien savoir pour quoi on en est atteint puisque finalement dans notre vie prise isolément, cela peut ne pas aller si mal que cela? Et pourtant, qui, y compris parmi ceux qui estiment légitimement n’avoir pas trop de motifs d’angoisse, échappe actuellement réellement à la grande pieuvre de la dépression et de l’angoisse?

La réponse du "corps social" (comme du corps individuel) à ce type de pathologies, quand on ne rentre pas dans un processus de cure, ne peut être, à terme, que d’une rare violence. Une violence explosive.Une violence déchirante. Une violence qui se manifeste de plusieurs manières, et ne fait pas nécessairement une "révolution".

Je ne crois pas trop me tromper en disant que l’apathie du corps dit, cette fois, "électoral" (qui n’est pas exactement le même que le corps dit "social") ne fait que traduire, une fois de plus, cette prise de conscience aiguë, enfoncée dans nos chairs, ce ras-le bol et cette dépression profonde, que nous vivons à la fois individuellement et collectivement.

Nous n’avons pas ou plus envie d’aller voter parce que, si on se pose les questions du remède au mal, nous avons bien plus spontanément envie d’une solution radicale de l’ordre de "flinguer" toutes celles et tous ceux que nous rendons ( à tort ou à raison) responsables de cette angoisse, de cette schizophrénie généralisée, et ce depuis des décennies.

Nous souffrons, quotidiennement, et même chez nos soi-disant "défenseurs naturels" (à qui on peut encore moins le pardonner qu’à nos exploiteurs naturels) d’une absence de cohérence qui finit par faire norme ; nous souffrons de l’ambigüité comme état permanent de la conscience, et nous souffrons de ces maux sur lesquels de moins en moins, nous pouvons mettre des mots.

Notre énergie vitale est usée par la tension qu’induisent la schizophrénie et l’angoisse collectives, de plus en plus fortes.

En 2010, je mettrais ma tête à couper, qu’une journée de vie "normale" d’un salarié ou d’un chômeur "lambda" (enfants+boulot+maison+transports etc..) consomme, en situations anxiogènes, tracasseries administratives, rapports de domination sans frein, absence de solidarités, urgences physiquement éprouvantes, etc... ce qu’il nous fallait d’énergie pour toute une semaine il y a plusieurs décennies.

Le lundi soir ou disons allez, le mardi, une personne de 35 à 50 ans "normale" est déjà épuisée. Le 5 du mois elle est déjà au comble de l’angoisse de "la fin du mois".De tout ceci découlent des réactions en chaîne dans toute la famille, y compris étendue. Et donc, dans la société.

Déléguée syndicale, je ne vois pas, dans mon entreprise (où pourtant rien n’est "rose"), beaucoup de salariés qui veulent encore se battre pour "changer leur travail", leurs conditions de travail , leurs salaires. J’en vois de moins en moins, et de plus en plus qui ne rêvent qu’à une chose : larguer les amarres, quitter le bateau, fuir le monde, à commencer par celui du travail (qui nous suit jusqu’à chez nous, pendant la pause de déjeuner et y compris dans les transports en communs). Épuisés de vivre à 40 ans : "Comment je peux négocier un bon chèque pour me barrer?".

Allez faire défendre leurs retraites à des salariés ou des étudiants ou des chômeurs qui pour mille bonnes raisons et parfois sans le concevoir encore sont déjà dans une logique morbide et suicidaire? !

P. Mignard dans son dernier article intitulé "la Fronde" ici, parle de réaliser des expériences alternatives concrètes de résistance et de subversion du système, à l’échelon local.

Je ne peux pas repousser d’un revers de main cet objectif. Au contraire. "L’agir" m’apparaît de plus en plus comme une nécessité.

Mais je m’interroge sur ce qu’on doit entendre par là, sur les chances de succès à moyen terme, et surtout, sur les moyens intellectuels à notre disposition (la dialectique, je pense) pour appréhender le déroulement de ces expériences alternatives concrètes, afin qu’elles ne soient pas vues comme des échecs et donc que, in fine, le remède ne soit pas pire que le mal, compte tenu de notre état actuel.

Plus que jamais, je me dis que notre Avenir tient en grande partie dans l’éducation et l’enseignement (qui sont deux choses différentes), mais d’abord et surtout à la façon dont nous concevons éducation et enseignement -et donc, le maître et l’élève mais surtout la FINALITÉ réelle de l’enseignement - (car il va de soi que de mon point de vue la façon dont on les envisage doit profondément changer si on veut en faire des instruments de résistance valables).

On nous agite ces derniers temps les épouvantails des expériences ratées, monstrueuses, inhumaines, qui ont eu comme objectifs de créer un "nouvel être humain" - sur ce point là précis, les médias mettent sur le même plan nazisme et stalinisme, qu’ils appellent honteusement "communisme".

Par tous moyens, on nous explique que c’est la liberté dite "individuelle" (comme si cela existait vraiment pour l’Homme - la question n’est pas tranchée il me semble...) qui doit nous prémunir de ce type d’expériences , expériences forcément dangereuses et mauvaises, à ne pas tenter, - comme si ce grand Paquebot rapiécé qu’on appelle "Éducation Nationale" ne servait pas précisément à fabriquer, aussi, cet "homme nouveau" dont le système capitaliste va avoir de plus en plus besoin pour se maintenir de façon à peu près pérenne.

Je finis par me demander si nous pouvons oser rêver refaire un jour de la Politique (avec un grand P), comme je l’ai déjà défini ailleurs, sans se réapproprier d’abord urgemment la question de l’Éducation et de l’enseignement comme moyens d’autodéfense intellectuelle et donc de résistance concrète au quotidien, et au delà la question de la formation des êtres et des esprits?

Plus j’y pense, moins je le crois. Apprendre et enseigner, là est la clef.



De : LA LOUVE

6 commentaires:

Anonyme a dit…

bon...
ben c'est pas mal du tout ça comme piste de réflexion...
faut continuer dans cette voie à mon avis...
mais bon...
moi ça fait longtemps...
alors bref... au rythme où ça va... ma vie sera terminée quand les circonstances seront propices à ce que je puisse participer parce qu'on me reconnaîtra une aptitude à quelque chose...
ben ça aussi, on est nombreux à le vivre...
et y'a pas de cure effectivement...

cdrhum a dit…

Ton article me touche tout particulièrement pour deux raisons :

- la première, c'est que je suis un dépressif (un vrai) dont la dépression prend essentiellement sa source dans ce manque de perspectives.

- la seconde, c'est que ce n'est pas d'aujourd'hui que je trouve inquiétant le manque de "formation" ou d' "éducation" (je ne sais pas si ce sont les bons mots...)des militants communistes en particulier et des travailleurs en général.

La dépression pour manque de perspectives, amenée lentement par la dégradation des outils et des méthodes de combat de classe est particulièrement destructrice : elle te laisse souvent désarmé, paralysé, incapable d'agir devant un danger que, pourtant, tu identifies bien. Tu as mal à ton être social comme on ne peut imaginer : tu ne sers plus à rien !

Pour ce qui est de la formation, je pense qu'il y a deux nécessités :

- éduquer chacun pour qu'il ait le minimum de repères fondamentaux et de capacité d'auto-défense intellectuelle ; il faut comprendre le monde qui nous entoure, ne pas perdre de temps face aux développements et attaques de l'idéologie bourgeoise ; il faut aussi être en mesure de contrôler chaque pas militant que l'on fait et vérifier qu'il va dans le bon sens. Pour cela, formation et éducation sont la récolte des fruits des "anciens" et des autres : récoltons-les.

- l'éducation et la formation constituent aussi un ciment social qui permet de se comprendre, d' analyser collectivement plus vite et d'agir de manière plus efficace. C'est aussi un "langage" commun qui ouvre des perspectives, tant à l'individu qui y retrouve un sens à sa vie qu'à la collectivité qui dispose là d'un outil d'action et d'émancipation.

Les "choses" ne peuvent changer que si le peuple(*) bouge. Pour qu'il bouge, il ne suffit pas qu'il soit informé (nécessaire quand même !!!)mais il lui faut un outil lui permettant de façonner ces informations et de les transformer en analyse, désirs, besoins, perspectives, décisions, actions.

Un peuple(*) formé est donc un peuple qui a de l'espoir et qui est beaucoup moins en danger de... dépression.

(*) J'utilise le mot "peuple" pour faire plus court et...parce je ne trouve pas mieux pour l'instant ! ;)

Claude

François a dit…

Salut Elodie,

Très bon texte,rien à redire.Quant à la conclusion ,même si elle semble aller de soi,il fallait la trouver et c'est la bonne.

Oui nous sommes dans une société pathogène (je ne parle pas des maladies dues à ce qu'on bouffe,respire ..etc)qui fait que toutes les personnes réagissent comme elles le peuvent.Certaines vont se 'jeter" dans la drogue,l'alcool (qui est aussi une drogue dure)jusqu'à en crever.(*)D'autres vont se lamenter,espérer un boulot,trouver un boulot et puis le perdre :on délocalise ou on fait :un plan social(faut déjà oser appeler ça un plan SOCIAL).

Et pour le travailleur(travailleuse)l'angoisse revient au grand galop :les traites à payées,les gosses à donner à manger..etc..La peur,on en est là,de se retrouver sans rien à la rue.Peut-on,dans ces conditions se bien porter ? Bien sûr que non.Quels sont les projets que peut faire un travailleur sans emploi qui arrive en fin de droits? Il espère,espère,espère encore jusqu'au jour où il n'espère plus rein et qu'il n'espère même plus espérer...et là...il tente de s'en sortir en faisant un "casse"et se retrouve le plus souvent en cabane méprisé pire qu'un chien durant des années ou alors il se flingue purement et simplement.

Tu parles,Elodie,des garde-fous posés et toujours plus nombreux par la RATP.Tu as raison de le dire car dans le métro comme ailleurs tout ce que sait faire la société c'est d'éviter ,de soigner, les conséquences plutôt que de s'attaquer aux raisons qu'ils connaissent pourtant bien.Leur fric est roi donc,passe avant tout et,même,de notre bien être à tous-tes.

Je voulais dire aussi que si je suis d'accord avec ta conclusion :"Apprendre et Enseigner,là est la clef",on est bien d'accord,je pense, que pour pouvoir faire cela il faut d'abord virer le capitalisme.Les gens instruits n'intéressent pas la bourgeoisie ils la gêne,elle préfère les ignorants qui font des moutons.

Fraternellement à toustes.

François.
(*)L'ALCOOL : j'ai appris récemment que de plus en plus de jeunes se " piquent" à l'alcool.Cela va plus vite;ils prennent une seringue et s'envoient des shoots de calva,vodka,whisky etc...dans les veines.Cela entraîne des états pathologiques graves,bien sûr.Et on voit de plus en plus de "premières"cures de désintoxication dès l'âge de 15 ,16 ans.

Elle est belle la société.

Anonyme a dit…

Through early morning fog I see

The visions of the things to be

The pains that are withheld for me

I realize and I can see

That suicide is painless

It brings on many changes

And I can take or leave it if I please

The game of life is hard to play

I’m gonna lose it anyway

The losing card I’ll someday lay

So this is all I have to say

Suicide is painless

It brings on many changes

And I can take or leave it if I please

The sword of time will pierce our skins

It doesn’t hurt when it begins

But as it works its way on in

The pain grows stronger watch it grin

That suicide is painless

It brings on many changes

And I can take or leave it if I please

A brave man once requested me

To answer questions that are key

"Is it to be or not to be?"

And I replied, "Oh why ask me?"

Suicide is painless

It brings on many changes

And I can take or leave it if I please

And you can do the same thing if you please

Mike Altman Suicide is painless Paroles : Mike Altman. Musique : Johnny Mandel 1970 autres interprètes : Marilyn Manson (2000), Jay Jay Johanson (2003) note : Thème du film et de la série M.A.S.H

Gidéhèm

François a dit…

@ Claude,

Ce que tu dis ressentir,je l'ai ressenti moi-même et,pas qu'un peu.
Seulement j'avais sur toi un avantage(façon de parler)j'avais MON anti-dépresseur : l'alcool.

En effet l'alcool,entre autres "bienfaits" est,au début, un puissant anti-dépresseur qui par la suite devient dépressogène.Il est également anxiolitique pour devenir anxiogène ...etc... Bref,c'est un poison séduisant dont il faut vraiment se méfier.

Donc quand je broyais du noir,le moral n'allait pas,rien ne marchait comme je le voulais alors je prenais un(un est vraiment un euphémisme)verre ,je m'estourbissais avec cette saloperie et la vie devenait, pour un court instant, belle.

Ce comportement a duré plus de vingt ans et j'en ai chier des ronds de chapeau pour m'en sortir mais je ne voulais pas crever alors j'ai réussi.Mais quelle merde,quel gâchis,cette saloperie te bousille un homme (ou femme),il faut des années pour se reconstruire,ce n'est pas évident.

Mais ,si je te parle de ça c'est que mes motivations de déprime étaient les mêmes que les tiennes : la casse des outils de travail,le manque d'informations,le manque d'instruction,la trahison des syndicats,des partis et surtout ,m'apercevoir que je m'étais gouré sur le parti dans lequel je militais depuis 25 ans.Là j'ai pris une énorme claque dans la gueule et j'ai eu bien du mal à m'en remettre.

Puis je me suis soigné et j'ai repris de manière très forte mes activités syndicales mais je ne me suis pas ré-encarté politiquement.

Dans ton com tu parles de la nécessité de l'éducation,de la formation,de la nécessaire défense intellectuelle.Bien sûr que OUI,tu as mille fois raison tout ça est indispensable.Et,c'est bien pour cela que les bourges n'aiment pas qu'on se forme,que l'on comprenne ce qu'ils font.Ils préfèrent que nous restions comme des cons à trouver de l'intérêt devant des absurdités comme la télé réalité et que nous gobions tous leurs mensonges.Un peuple d'ignorants est plus facile à manier qu'un peuple nanti de savoir.

Mais toi,tu as la chance d'être conscient de tout cela ,il ne pourront pas te berner et te faire prendre des vessies pour des lanternes ,hein ?Alors camarade réagis,ne te laisse pas aller pour ces fumiers et bats toi.Je suis certain que tu es un bon combattant ouvrier et que tu les emmerdes sérieusement.

Perso je me suis donné comme objectif de me battre pour la triomphe de la révolution prolétarienne et je m'y tiens.Je sais bien que je n'ai quasi aucune chance de la voir cette révolution mais elle se fera un jour et j'aurai contribué,même de manière infime, à cette victoire.

Alors vieux,ne te laisse pas abattre,bats toi,montre leur que tu n'es pas dupe de leurs saloperies et qu'il doivent te voir en guerrier ennemi,pas en conard.


Ne te laisse surtout pas aller,tu ferais leur jeu.

Fraternellement

François

Anonyme a dit…

@claude cdrom
ben je suis en gros dans le même cas que vous.
pendant longtemps, je n'ai pas fait attention à diverses circonstances qui revenaient régulièrement dans ma vie sociales, jusqu'au jour où, passé 40 ans, là, et ben j'ai collectionné les réponses systématiquement négatives à toutes mes démarches de recherche d'emplois et quasiment toutes les autres, de recherche de relations sociales, du fait, qu'au chômage, j'avais quitté la région parisienne et que je devais me reconstruire un "réseau" dans une région de forte identité régionale.
là tout d'un coup j'ai compris plusieurs choses.
ce n'est pas seulement le patronnat qui regarde les gens instruits d'un yeux méfiants, voir méprisant.
en réfléchissant à mon passé, je me suis aperçu que dès l'obtention de ma première maîtrise, j'ai perdu la plus grande partie de mes relation amicales.
à l'époque j'étais étudiant salarié.
rien que ça, ça me classait en dehors des normes. je bossais pour mes études et pour mon pain quotidien. le reste de mon temps, je faisais un peu de sport, beaucoup de lecture, je n'avais pas d'argent pour faire la fête, boire, draguer des nanas etc... et pas de motivation pur ça, étant passionné à la fois par ce qui gravite autour des études, disciplines connexes aux miennes, et par le travail que je découvrais et qui me permettait de vivre.
les autres, d'une part me prenaient pour un rabas joie du fait de mes passions culturelles, mais surtout un minable n'ayant aucune ambition à l'égard des éléments incontournables de toute respectabilité sociale, identité de classe, conjointe, sexe, parentalité, costard cravate et position de cadre.
et dans le milieu professionnel, la hiérarchie me voyait au départ comme un type très motivé et très investi, puis progressivement, rejoignait la position dominante des collègues, qui me voyaient comme un raté n'ayant pas sa place de travailleur parmi eux, considérant que mes bagages d'études étaient inutiles, puisque j'exerçais en dehors de leur champ et que par conséquent, ils étaient beaucoup plus pertinents que moi du fait d'avoir juste ce qu'il fallait d'instruction pour être payés selon des barême beaucoup plus avantageux que celui que je connaissais.
ce que j'ai donc très tôt observé, c'est comment à tous les niveaux sociaux, on méprise les personns plus instruites que les autres.
d'abord on ne les engage jamais ou rarement sur leurs domaines de compétences, parce qu'il n'y a pas tant de postes que de prétendant;
ensuite ils se démerdent à trouver quelque chose.
puis sont dévalorisés par leurs collègues puis en second temps par la hiérarchie.
et enfin
lors des recherches ultérieures d'emploi, on leur reproche de n'avoir pas l'expérience correspondant à leur rang d'instruction, à n'avoir jamais eu d'ambition sociale et professionnelle, d'avoir fait n'importe quoi, d'être responsable et volontaire de leur parcours.
le truc de fond, c'est la jalousie. ça commence à l'école.
Camus disait l'avoir lui aussi vécu et de n'avoir pas eu la chance d'avoir pu être cancre.
donc ça remonte à loin.
et au regard de l'histoire, ce n'est pas nouveau.
ça ne tient pas qu'au processus de prolétarisation induite par le capitalisme.
ce dernier marche parce qu'il correspond à une tendance populaire fondamentale : la jalousie à l'égard de l'élève sérieux, sensible, attentif, ouvert à la curiosité et n'ayant pas d'ambition "virile", de fascination pour la force brutale conquérante du résultat immédiat.
tant qu'on ne regardera pas ce processus là, on ne convertira pas les gens à un autre regard sur l'instruction.