Chers camarades et amis
Pour celle et ceux qui ne sauraient pas quoi lire ce week end, je vous recommande vivement l’édition du Monde Diplomatique de ce mois de mai 2009 qui comporte un dossier de plusieurs pages dont ,entre autre, un MAGNIFIQUE édito de serge Halimi, "Éloge des révolutions" , sur la ou les révolution(s).
Révolution - qui nait du "rêve indestructible d’un monde meilleur"...
Merci à l’équipe du Monde Diplo de nous offrir ce numéro.
Cela m’a émue, en fait - il y a encore des intellectuels et des scientifiques qui croient en la révolution et ne nous prennent pas pour des fous furieux assoiffés de sang mais pour des rêveurs actifs , des intellectuels qui manifestent encore, une part d’humanité dont on peut se sentir proche et mettent leurs savoirs sur les bonnes voies...
Je relève deux citations faites dans ce numéro, citations que j’ai trouvées très belles
"Il s’agit après avoir toujours plié, tout subi, tout encaissé en silence pendant des mois et des années, d’oser enfin se redresser et se tenir debout.(...) Indépendamment des revendications, cette grève [1936] est en elle-même une joie. Une joie pure. Une joie sans mélange. Oui, une joie. (...)Pour la première fois et pour toujours, il flottera autour de ces lourdes machines d’autres souvenirs que le silence la contrainte, la soumission."
Simone Weil - La condition ouvrière 1951
" La révolution n’est ni tristesse ni amertume. Elle est au contraire enthousiasme et fierté de tout un peuple qui se prend en charge et découvre ainsi sa dignité. Et c’est pourquoi je vous invite à la fête ; la fête qui est la conclusion logique du travail bien fait et le départ pour de nouveaux combats exigeants et pleines de promesses."
Thomas Sankara - Discours du 2 octobre 1987
BON PREMIER MAI A TOUTES ET TOUS QUOI QUE VOUS AYEZ DÉCIDÉ DE FAIRE
AU CAS Où, A NOUVEAU, SERAIT TENDU UN "PIÈGE D’ÉTAT" A LA FIN DE LA MANIFESTATION, GARDEZ LA TÊTE FROIDE ET SOYEZ SOLIDAIRES LE CAS ÉCHÉANT, FILMEZ LES VIOLENCES POLICIÈRES.
IL NE SERVIRAIT A RIEN D’ALLER A QUELQUES-UNS, INORGANISÉS, LES MAINS NUES, AFFRONTER LES "FORCES DU DÉSORDRE", SINON A NOUS DIVISER ENCORE, PERDRE DES FORCES MILITANTES, ET A AUGMENTER LA RÉPRESSION QUI FRAPPE DÉJÀ DUREMENT LE MOUVEMENT SOCIAL.
CAR VOUS SAVEZ CE QUE LES MÉDIAS DIRONT. VOUS SAVEZ CE QUE LA POLICE DIRA.
N’OFFRONS PAS AUX NÉO-FACHOS QUI NOUS GOUVERNENT LA JOIE ET LE PLAISIR DE NOUS FOUTRE AU TROU POUR DE FAUX PRÉTEXTES !
CES ÉTINCELLES DE RÉVOLTES NE DONNERONT PAS D’INCENDIE SI ELLES NE RENCONTRENT PAS LA PUISSANCE D’UN DÉSIR POPULAIRE, ENRACINE DANS LA LUTTE DE CLASSE, DE CHANGER L’ORDRE DES CHOSES.
BIENTÔT, VU COMMENT CELA CONTINUE, NOUS SERONS DES MILLIERS, DES DIZAINES DE MILLIERS, DE PLUS EN PLUS NOMBREUX , A FAIRE SOUFFLER LE VENT DE LA RÉVOLTE EN DEHORS DES CADRES RIQUIQUI QU’ON VEUT NOUS IMPOSER A GAUCHE COMME A DROITE.
ET NOUS IRONS ALORS, TOUS ENSEMBLE, NON A L’ÉLYSÉE, Où CRÈCHE UN PANTIN SOLITAIRE, MAIS A L’ASSEMBLÉE, DANS LA MAISON DU PEUPLE, DEMANDER A NOS MANDATAIRES DE NOUS RENDRE CE QU’ILS NOUS VOLENT CHAQUE JOUR : LA LIBERTÉ, NOS VIES, LA JOIE DE VIVRE.
MAIS CELA , CELA S’ORGANISE, SE CONSTRUIT, ET DEMANDE UN PEU DE PATIENCE QUI EST, COMME CHACUN SAIT, UNE VERTU RÉVOLUTIONNAIRE ;)
AU-DELÀ DE LA RÉVOLTE, IL FAUDRA LA RÉVOLUTION - NOUS JETTERONS LE VIEUX MONDE CUL PAR-DESSUS TÊTE ET NOUS CONSTRUIRONS LE MONDE NOUVEAU
BIEN FRATERNELLEMENT
LL
Ps : Si jamais par hasard vous étiez pris (pour Paris en tout cas) dans les mêmes circonstances que le 19 mars dernier contactez le comité de soutien du 19 mars, qui vous mettra en contact avec les professionnels du réseau d’entraide judiciaire.
3 commentaires:
Salut Elodie,
Tu veux nous abonner au Monde Diplo.,hein? T'as des actions ?Cela fait le deuxième en peu de temps mais ils sont vraiment très bien.Merci à toi.
Cela fait très plaisir de voir qu'on parle de la camarade Simone Weil.Ce fut quelqu'un de bien,courageuse,opiniâtre et surtout profondément honnête.
Si on parle un peu d'elle en ce moment c'est que c'est le centième anniversaire de sa naissance :1909.
Certains diront qu'elle a,sur la fin,sombré dans le mysticisme et c'est peut-être vrai mais je m'en fous.Ce qu'a fait cette femme de sa vie est digne des combattants révolutionnaires les plus déterminés.
Rien qu'un exemple:Simone est prof.de philo.,c'est son boulot. Elle va quitter le professorat pour aller travailler à l'usine.Elle y restera deux années en qualité d'ouvrière,de travailleuse;elle partage la vie des "esclaves" de l'époque.
Sa très mauvaise santé l'obligera à cesser ce travail. Mais de ces deux années d'expérience sortira un "bébé"nommé :"La Condition Ouvrière" ;petit chef d'oeuvre en son genre.Il s'agit d'une étude marxiste du machinisme absolument extra.
Après avoir mis ses parents (de confession Juive)à l'abri aux Etats Unis, elle veut aller rejoindre les rangs de la résistance mais elle en est empêchée par De Gaulle et d'autres qui refusent de l'envoyer à l'abattoir.De ce jour elle refusera de manger plus que ne le lui permettent les tickets d'alimentation.Cela n'arrange pas sa maladie et c'est en 1943,âgée de seulement 34 ans qu'elle décède d'une tuberculose.
C'était une camarade exemplaire qui s'est battue pour l'amélioration des conditions humaines,pour un monde meilleur et toujours en harmonie avec elle même et ses convictions.
Elle méritait bien ces qques lignes.Gloire à elle.
Fraternellement à toustes.
PS: son livre "La condition ouvrière"est en vente ,entre 7 et 8 euros (poche)
merci François pour ce juste rappel sur simone Weil.
Entièrement d'accord avec toi, Elodie, et avec François : le monde diplomatique est une de mes bibles.
Discours de Thomas Sankara
à l’ONU le 4 octobre 1984
« Permettez, vous qui m’écoutez, que je le dise : je ne parle pas seulement au nom de mon Burkina Faso tant aimé mais également au nom de tous ceux qui ont mal quelque part.
Je parle au nom de ces millions d’êtres qui sont dans les ghettos parce qu’ils ont la peau noire, ou qu’ils sont de cultures différentes et qui bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animal.
Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés et confinés depuis des siècles dans des réserves, afin qu’ils n’aspirent à aucun droit et que leur culture ne puisse s’enrichir en convolant en noces heureuses au contact d’autres cultures, y compris celle de l’envahisseur.
Je m’exclame au nom des chômeurs d’un système structurellement injuste et conjoncturellement désaxé, réduits à ne percevoir de la vie que le reflet de celle des plus nantis.
Je parle au nom des femmes du monde entier, qui souffrent d’un système d’exploitation imposé par les mâles. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à accueillir toutes suggestions du monde entier, nous permettant de parvenir à l’épanouissement total de la femme burkinabè. En retour, nous donnons en partage, à tous les pays, l’expérience positive que nous entreprenons avec des femmes désormais présentes à tous les échelons de l’appareil d’Etat et de la vie sociale au Burkina Faso. Des femmes qui luttent et proclament avec nous, que l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort.
Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère et nous en appelons à toutes nos sœurs de toutes les races pour qu’elles montent à l’assaut pour la conquête de leurs droits.
Je parle au nom des mères de nos pays démunis qui voient mourir leurs enfants de paludisme ou de diarrhée, ignorant qu’il existe, pour les sauver, des moyens simples que la science des multinationales ne leur offre pas, préférant investir dans les laboratoires de cosmétiques et dans la chirurgie esthétique pour les caprices de quelques femmes ou d’hommes dont la coquetterie est menacée par les excès de calories de leurs repas trop riches et d’une régularité à vous donner, non, plutôt à nous donner, à nous autres du Sahel, le vertige. Ces moyens simples recommandés par l’OMS et l’UNICEF, nous avons décidé de les adopter et de les populariser.
Je parle aussi au nom de l’enfant. L’enfant du pauvre qui a faim et louche furtivement vers l’abondance amoncelée dans une boutique pour riches. La boutique protégée par une épaisse vitre. La vitre défendue par une grille infranchissable. Et la grille gardée par un policier casqué, ganté et armé de matraque. Ce policier placé là par le père d’un autre enfant qui viendra se servir ou plutôt se faire servir parce que présentant toutes les garanties de représentativité et de normes capitalistiques du système.
Je parle au nom des artistes - poètes, peintres, sculpteurs, musiciens, acteurs - hommes de bien qui voient leur art se prostituer pour l’alchimie des prestidigitations du show-business.
Je crie au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge, pour ne pas subir les dures lois du chômage.
Je proteste au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l’esclavage moderne.
Mon pays est un concentré de tous les malheurs des peuples, une synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l’humanité, mais aussi et surtout des espérances de nos luttes.
C’est pourquoi je vibre naturellement au nom des malades qui scrutent avec anxiété les horizons d’une science accaparée par les marchands de canons. Mes pensées vont à tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature et à ces trente millions d’hommes qui vont mourir comme chaque année, abattus par la redoutable arme de la faim...
Je m’élève ici au nom de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils pourront faire entendre leur voix et la faire prendre en considération, réellement. Sur cette tribune beaucoup m’ont précédé, d’autres viendront après moi. Mais seuls quelques-uns feront la décision. Pourtant nous sommes officiellement présentés comme égaux. Eh bien, je me fais le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils peuvent se faire entendre. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ».
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