mardi 29 juillet 2008

Sur Freud; quelques questions.




Je suis toujours surprise lorsque je lis des communistes qui prennent, ou semblent prendre, la défense de Freud. Je dis bien surprise, et donc aussi, intéressée.

Reconnaître que la psychanalyse peut être une science au même titre ( et pour les mêmes raisons) que le marxisme, ça ne me choque pas. Il y a de nombreux éléments en faveur de cette hypothèse.

Il faut cependant reconnaître aussi que la psychanalyse est en partie indépendante aujourd'hui de la théorie de Freud. Mais en partie seulement. Ce qui revient à dire qu'il y a la psychanalyse, mais qu'il y a aussi Freud.

Or, on peut le tourner dans tous les sens, Freud n'est pas Marx, quoi qu'ils aient certains points communs.

Si il y a pour moi un vrai point noir dans la psychanalyse et dans ce que Freud a monté, qui invalide en grande partie sa théorie, c'est l'absence (très naturelle et compréhensible de son point de vue) de la question de la détermination de la classe sociale dans la formation psychique de l'individu. Cette absence est une volonté.

Et cette volonté c'est celle d'une classe à laquelle Freud appartenait sans aucun doute. Sa théorie est donc le produit d'une époque, le produit d'une culture, et également le produit d'une classe. Cette classe est celle de la petite-bourgeoisie, dont le "tropisme" est naturellement la bourgeoisie.

J'ai du mal à ne pas voir une logique de classe à l'oeuvre quand Freud, dont les premiers patients sont en effet des gens modestes, des prolétaires, c'est - à-dire ceux qu'on envoie dans des asiles d'aliénés, ne prend pas la peine de faire ce retour sur son expérience: pourquoi trouve-t-on plus de gens issus de la classe des prolétaires dans les hôpitaux psychiatriques que de grands bourgeois?

Comment faire abstraction de l'idéologie, qui sera si magnifiquement démontrée par M. Foucault, qui irrigue abslument toute la psychiatrie dite "moderne" de l'époque de Freud jeune, et qui est l'idéologie dominate, c'est à dire l'idéologi bourgeoise? Sa conception de la sexualité en tant que rapport social? Comment ignorer que toute la psychiatrie repose sur une théorie institutionnelle du contrôle des corps (mais pas de "tous les corps")...

Où Freud rencontrera-t-il ses futurs patient-e-s et quelle est leur condition sociale, leur appartenance de classe?

Et notamment ,ses patientes qui lui permirent de développer et d'asseoir sa théorie? Par exemple, Fanny Moser ( "Emmy von N." )?

Comment ne pas tiquer, quand on est communiste, sur le cas de "Anna O." (Bertha Pappenheim) qui servit à Fedu, indirectement (car elle ne fut pas sa ptiente) pour modéliser l'hystérie, qui rapporte à Breuer, sous hypnose, qu'un jour, elle avait vu son « valet » donner de l'eau au chien dans les verres qui étaient en fait destinés au repas du soir, et qu'ayant été dans l'incapacité de dire à ce domestique le sentiment que lui avait inspiré son acte, elle l'intériorisa et qu'en gros , cette intériorisation donna naissance à son hydrophobie?

On se demande comment on peut envisager ce type d'analyse chez un hydrophobe qui n'a pas de valet... (c'es de l'ironie mais elle est signifiante).

On n'oubliera pas non plus Mme Bonaparte ..Encore une "va-nus-pieds"?!

J'aimerais savoir comment la théorie freudienne réagirait ou résisterait à une bonne analyse marxiste, comment on pourrait ré-écrire la théorie de l'Oedipe dans un système de lutte des classes, quels rapports peuvent entretenir psychisme et capitalisme dans cette optique ("aucun rapport" dirait Lacan - mais je demande à ce que ce soit démontré).

J'ai du mal à imaginer que la formation psychique d'une personne fasse abstraction de la classe sociale à laquelle appartient cet individu. Non seulement sa classe, mais les conditions matérielles dans la quelle la classe impose à l'individu son cadre de vie et pose le décor qui construira sa personnalité.

J'ai du mal à penser que le rapport à l'argent d'un ouvrier ou d'un fils d'ouvrier, soit le même que celui d'un bourgeois. J'ai du mal à penser que le rapport à la filiation soit le même.

Du mal à imaginer que l'enfant d'une famille bourgeoise grandisse dans les mêmes conditions sociales, psychologiques et matérielles que celui d'une famille de salariés au SMIC. Du mal à concevoir que tout cela n'ait radicalement aucune influence sur la formation de l'inconscient. Du mal à concevoir même que tout cela n'ait pas franchement u ncaractère "transgénérationnel".

Quelle peut être l'équivalence psychique entre un enfant dont la mère n'a pas besoin de travailler et peut se faire seconder par une nurse pour l'élever, par exemple, et un enfant qui ne retrouve sa mère, dès son plus jeune âge, que tard le soir après un travail harassant et dès ses premiers mois? (Je ne porte aucun jugement de valeur ou moral sur l'un ou l'autre, entendons-nous bien, je décris des conditions).

Quelle peut être l'équivalence psychique entre des enfants de paysans pauvres, par exemple, perdus au fond de l'Aveyron, que l'on a éloignés durablement de leur famille dès leur plus jeune âge pour leur permettre de faire des études et d'améliorer ainsi leur condition de classe, et ceux qui ont pu rester un temps plus long dans le giron familial, avec cours privés, précepteurs, dîners en famille ou même retour le week end lorsque les autres ne revenaient chez eux qu'aux vacances d'été par exemple?

Quelle peut être l'influence sur le psychisme de l'individu d'avoir du, par exemple, faire des études en se privant de tout, y compris du nécessaire, sans aucun "droit à l'erreur" (une année de plus étant une année de trop), à l'âge où l'on aime s'amuser, se divertir, se cultiver, à l'âge où on quitte l'enfance pour devenir adulte, au regard de ce "droit à l'erreur" dont bénéficie tout enfant de bourgeois dans les mêmes circonstances, avec beaucoup moins de contraintes et de sacrifices ?

Quelle peut être l'équivalence psychique entre ceux qui n'ont pas le nécessaire et ceux qui ont le superflu, si cette différence n'es tpas celle de la jouissance, du plaisir, du désir?

J'irais même plus loin.

Quelle valeur reconnaître à une cure portée par des praticiens reconnus, parfois mondialement, (par qui et comment?) qui pratiquent trop souvent des tarifs prohibitifs qui réservent de facto leur art et leur science à une partie bien précise de la société (et ne les mettent certainement pas à la portée des ouvriers ou des chômeurs). Pourquoi le pauvre doit-il encore de nos jours se contenter de la cure psychanalytique en hôpital public si cetet science n'est pas une "science de classe"?

Je terminerai avec cette anecdote: quand je visitais la maison de Freud à Vienne ("musée Freud"), 19 Berggasse, je vis sur sa porte cette plaque:

"C'est dans cette maison/ici que le 24 juillet 1895 le mystère/secret du rêve fut révélé au Dr Sigmund Freud." (traduction de l'auteur).

Je me permets de sourire à cette évocation aujourd'hui. Car je vois mal ce qui pourrait faire écrire cela à un matérialiste - imagine-t-on semblable épitaphe sur la porte de Marx ou Engels? C'est un autre point qui me heurte, c'est que justement, en plein 19ème siècle, il ya des choses que Freud a ignorées - volontairement ou pas? il faut être plus cultivée que je ne le suis pour trancher.

En conclusion sur ce petit billet qui n'est qu'un billet d'humeur comme j'en écris tant, et n'a aucune prétention scientifique, en tout cas qui ne peut pas prétendre se vêtir du manteau du "scientifisme" (je n'ai pas le temps, entre midi et deux, d'asseoir ses questions ou ses doutes par la citation d'auteurs, de livres ,de revues etc), en conclusion, je dirais que certes, de la psychanalyse il y a beaucoup à apprendre. I l y a surtout beaucoup à prendre, pour qui voudrait se donner la peine d'en faire une science qui soit réellement au service de tous, et qui soit en phase avec siècle.

Mon intuition est que vivre prolétaire, c'est à dire presque automatiquement peu fortuné, pauvre ou enfant de pauvre, dans une société où l'argent est roi, où la consommation est une fin en soi, où il y a pléthore de miroirs, et de médias, est aussi, une des principales sources de névroses, de tourments, et de drames pour l'être humain qui ne naît pas "du bon côté". Que cela implique un système psychioque de l'individu qui doit être pris en compte. Une construction de l'Etre particulière.

Que si l'on veut être un psychanalyste communiste digne de ce nom aujourd'hui, on doit faire de son mieux pour sortir la psychanalyse de son carcan bourgeois. A mon avis ce n'est pas en collant artificiellement de la lutte des classes sur le système freudien que l'on va y parvenir, mais en ré-édifiant ce système avec des outils marxistes, en ouvrant les portes et les fenêtres que Freud, au fond, s'est ingénié à fermer.

Mais je développerai cela un autre jour.

14 commentaires:

François a dit…

Salut Elodie,
Sujet intéressant que la psychanalyse et le Marxisme.

Perso je pense qu'ils sont complémentaires dans la société actuelle;la psychanalyse "réparant" tant que faire se peut les dégats provoqués par cette société et le Marxisme étant le moyen pour "changer","abolir"cette même société.

Bien évidemment Freud savait qu'il appartenait à la classe privilégiée et cela l'arrangeait d'ignorer la classe laborieuse.

D'ailleurs Marx a dit parlant de la psychanalyse:"tout ça pour sortir un avorton c'est à dire rien"(je cite de mémoire)

Evidemment la meilleure façon de soigner les gens c'est de créer une société où justement dans l'idéal la psychanalyse n'aurait plus lieu d'être.

Si on reprend ce qu'a dit Marx à propos de la Grèce et des merveilles crées il y a des millénaires :"ils ont pu créer cela car ils n'avait aucune contraintes,pas d'asservissement,ces gens étaient tout à fait épanouis au niveau de la sexualité.."

Et oui,bien sûr,cet exemple reflète la solution du problème;les névroses , psychoses et autres psychopathologies sont dues à la société capitaliste.Et même dans la bougeoisie;education stricte,mariages forcés etc...sont à l'origine de conflit entraînant des pathologies.

Mais ,dans notre société ,la bourgeoisie peut se soigner car elle a les moyens de payer sans problème une analyse.

D'ailleurs à ce sujet, il faut savoir que ce que disent beaucoup de psychanalystes au niveau de l'obligation de payer pour qu'une analyse porte ses fruits est TOTALEMENT FAUX.Bien des analyses ont été faites de manière totalement gratuites et ont donné des résultats tout à fait satisfaisants.

La bougeoisie s'est accaparé cette médecine en la rendant inaccessible par son cout.Alors pourquoi?Je n'en sais rien ..snobisme,égoïsme,peur ou connerie pure et simple...?

Je ne suis pas contre Freud et la psychanalyse,au contraire cela me passionne et j'y ai eu recours moi-même quand j'ai arrêté de picoler.J'avais une psy.Freudienne et un tantinet Lacanienne sur certains points.Et bien je dois dire que cela m'a donné un sacré coup de main pour retrouver un équilibre brisé par des années d'éthilisme et gratuitement.

Cela étant je reste persuadé que dans une société sans classes,communiste les Psy n'auraient plus qu'à changer de boulot;la société n'aurait pas besoin d'eux(elles).

Cependant Freud a fait un travail remarquable et reste le père de la psychanalyse.Ce qu'a fait ce mec est absolument prodigiieux ,la découverte de l'inconscient qui n'est qu'une hypothèse,le complexe d'Oedipe,la signification des rêves,le refoulé et la névrose ...la liste exhaustive serait très longue,relève,qu'on le veuille ou non,du génie.

En conclusion je dirai que la meilleure des thérapies reste la REVOLUTION.

Pour l'anecdote:S.Freud,A.Einstein et B.Brecth ont été déclarés les trois hommes les plus intelligents du monde!

Je me réjouis à imaginer la gueule d'Hitler;les 3 hommes les plus intelligents...TROIS JUIFS!!!

Fraternellement à toutes et tous

François

Anonyme a dit…

un regal .
un truc qui fait penser beaucoup ,avec plein de ramifications possibles.
il faut que je prennes mon temps je vais revenir pour rebondir ,le temps pour mon petit cerveau de mettre les choses en ordre et j arrive .
a bientot
Makhno ( en vacances )

Anonyme a dit…

Bonjour chère Louve,
Pour faire bref, je suis psychanalyste et communiste (mais pas au pcf que j'ai quitté il y a bien longtemps). Sans doute suis-je l'une car étant l'autre. Je ne suis pas riche du tout et beaucoup de mes patients sont des prolos voire aux rmi...Il n'en reste pas moins important de payer (même une somme plus que modique) pour l'avancée du "travail".
Qu'en à Freud, sa grande trouvaille est quand même l'inconscient et que la rencontre avec ce dernier est capital pour chacun d'entre nous. Je suis d'accord sur l'importance du culturel sur le psychisme (c'est une de mes grande bataille)et serai la première ravie si toutes les professions psy disparaissaient demain ce qui serait signe d'une bonne santé de notre société(mais ne rêvons pas trop il faut plusieurs générations pour l'effet désiré et l'on pourraient dire cela d'autres professions comme les assistants sociaux ou les éducateurs spécialisés par exemple). Cela étant, si la psychanalyse est tant décriée actuellement c'est qu'elle est subversive et elle est subversive car elle donne la liberté (ne serait-ce que de s'appartenir). Tout patient en fin d'analyse tient à peu près les même propos: Prise en main de sa vie, ne voyant plus les choses de la même façon, plus tolérant, meilleure écoute et compréhension de l'autre . C'est un peu court mais rien que cela donne de l'espoir pour eux et pour tous pour demain.Freud était ce qu'il était mais n'oublions pas certains texte toujours d'actualité où il est bien conscient de la diversité sociétale et de ce que la société engendre (Malaise dans la culture par exemple). Mais je m'arrête là car un blog n'a pas vocation au long discours même si j'aimerai bien discuter de cela de façon plus approfondie. Merci à toi pour tes interventions sur Belle ciao même si je regrette parfois ta caricature de classe (on peut être cadre ou profession libérale et être communiste et solidaire et élaborer des réflexions dans ce sens)

Osemy a dit…

Bonjour camarade
"(on peut être cadre ou profession libérale et être communiste et solidaire et élaborer des réflexions dans ce sens)"
Jen suis bien d'accord et ne pense pas avoir réellement écrit le contraire (moi qui suis ex profession libérale et cadre sup auj....)! Simplement, plutôt, qu'il est très difficile d'échapper à sa classe et que quand celle-ci est la petite-bourgeoisie elle va plus naturellement vers la bourgeoisie car la bêtise de l'orgueil humain est insondable ;)
Fraternellement et au plaisir

François a dit…

Salut camarade psychanalyste,

Je ne me permettrais pas d'entrer dans la polémique médicale,je n'en ai nullement les moyens intellectuels.Cependant,venant d'une psy. communiste je suis étonné de voir que tu soutiens la thèse de l'obligation de payer"même une somme modique"par le patient.Le fait que le patient se prenne en charge et vienne régulièrement ne suffit pas pour faire avancer l'analyse?

Selon toi il semble que non.Aussi ce serait sympa que tu nous expliques le rôle de la participation financière.

Merci d'avance.

François.

François a dit…

Petite histoire:

Deux copains se rencontrent et l'un d'eux fait une tronche pas possible,une vraie tête d'enterrement.L'autre lui dit :mais qu'est-ce qui t'arrive ?Tu fais une de ces tronches pas possible et tu as mauvaise mine,que se passe-t-il?

Là le gars lui dit tu vois ,comme tu me vois avec mes 28 berges toutes les nuits je pisse au lit.Je n'ose plus m'endormir,quand je me réveille c'est trempé,c'est la galère totale,j'en ai assez...

Ce n'est rien lui dit l'autre c'est de l'énurésie,c'est tout et ça se soigne.

Hein,tu crois?
Bien sûr il te faut consulter un psy.,c'est tout.D'ailleurs j'en connais un bon,veux-tu son adresse?

Oui ,au point où j'en suis je veux tout essayer.
L'autre lui donne l'adresse du psy.et les deux gars se séparent.

Quelque temps plus tard les deux gars se rencontrent de nouveau et là surprise !!L'énurétique à la banane jusqu'aux oreilles et pète la forme.

Son pote lui dit ça va mieux dis donc,hein?

L'autre :oui ça va mieux,ça va terriblement bien et ça grâce à ton Psy!!Il est génial,formidable,incroyable,il m'a soigné en trois scéances,tu te rends comptes?

Oui je me rends compte mais cela ne m'étonne pas de lui.Alors tu vois que j'avais raison,hein?Maintenant tu es tranquille tu ne pisses plus.

Ah mais si répond l'autre,je pisse toujours mais maintenant je m'en fous!

A plus
François

Basile Morton a dit…

Comme beaucoup de sciences humaines, la psychanalyse est, elle aussi, traversée par des courants idéologiques. Il n'y a évidemment pas de psychanalyse bourgeoise ou prolétarienne. Il y a des approches souvent enracinés dans les choix idéologiques des pratiquants. Je te rejoins dans ta reflexion sur la nature mercantile. Oublions la symbolique du paiement, elle ne sert qu'à justifier une pratique de profession libérale. Mais aujourd'hui, beaucoup des praticiens qui interviennent dans des structures de soins se réfèrent, entre autres aux travaux de Freud et de ses héritiers. Pour Lacan et l'Ecole freudienne, les Lacaniens, c'est plus une posture qu'une véritable option thérapeuhique. Il existe désormais foultitude de travaux sur ces drôles de zigs qui quelquefois réussissent à sortir quelques concepts assez drolatiques. Mais c'est comme les écrits de Lénine ou Trotsky, ce qui fonctionnait en Russie tsaristes fonctionne peut-être différemment maintenant. L'inconscient, la libido sont désormais des acquis. Reste encore du chemin avant de découvrir ce qui fait problème dans des tronches.

Trotsky disait: ''Freud était au bord du puit et regardait au fond. Pavlov lui, est allé au fond.''Il y a sans doute beaucoup d'apport théorique à retravailler. Certain travaux des systémiciens sont à prendre en compte. Le travail de la psychiatrie italienne des années 70 (Basaglia, Jervis) est aussi une évolution importante des partis pris thérapeutique.je reste étonné de la faiblesse théorique des communistes et marxistes révolutionnaires dans ces domaines pourtant important dans le cadre d'une réflexion sur la société que nous voulons.

L.A.S a dit…

Je suis tout retourné du commentaire de François : Ainsi le spectre de Marx mort en 1883 , a pu lire les Etudes sur l'hystérie parues en 1895 !!!
A moins que son trouble de mémoire ne soit encore qu'un vilain piège de son inconscient... bourgeois ?

A bon entendeur !

L.A.S

Anonyme a dit…

La question n'est pas nouvelle et a été maintes fois débattues.
Personnellement je pense que vous faites une erreur episthémologique simple sonsidérant que le champ d'études de la théorie freudienne et celui de la théorie marxiste se recoupent.
Je pense qu'ils sont deux domaines d'investigation différents sur le même monde. Freud cherche avant tout les mécanisme propre à l'individu et à ses affectes. Il ne nie absolument pas le poids de la culture et donc de la classe sociale.
Simplement il ne fait pas référence à la classe sociale car ce n'est pas en sociologue qu'il analyse la situation de la psychologie.
Il fait référence à l'environnement au sens large. donc ont peut appliquer sa méthodologie en l'adaptant à chaque classe sociale.
je dis ça en résumé évidemment très gros.
Par ailleurs
il me semble que vous semblez avoir des comptes un peu personnels à régler avec les freudiens et l'univers français d'application de la psychanalyse, univers et tendance qui ne font pas l'unanimité.
car pour un observateur étranger ou décalé, les "'français" sont non seulement très en retard de bien des recherches proklixe mais manifestent de plus une étroitesse d'esprit et une rigidité dogmatique qu'en d'autres milieux plus ordinnaire on qualifie d'un mot de trois lettres.

François a dit…

Salut L.A.S,
Il est facile d'interpréter;qui a parlé d'hystérie,qui?Moi?Certainement pas.J'ai dit ce qu'à dit Marx quand il a dénoncé la psychanalyse dans l'état de connaissances de celle-ci à ce moment précis et basta!!

Par contre si le mot "avorton" t'amène systématiquement à l'"hystérie", tu devrais consulter camarade...

Fraternellement

François

Anonyme a dit…

"Je pense qu'ils sont deux domaines d'investigation différents sur le même monde. Freud cherche avant tout les mécanisme propre à l'individu et à ses affectes. Il ne nie absolument pas le poids de la culture et donc de la classe sociale." selon PAUL

Il me semble justement que les questions soulevées par Elodie sont plutôt pertinentes et à prendre en compte, car effectivement si Freud ne nie pas le poids de la culture et de la classe sociale, on n'a pas l'impression qu'il en tienne compte puisque son travail ne parle jamais il me semble de l'importance d'un changement de société de partage, de justice sociale et d'émancipation humaine, comme cadre environnemental décisif pour la santé psychique et relationnelle des individus.

De ce fait, vu l'importance des dégâts sociétaux et des lois rétrogrades et aliénantes, les soins psychiatriques, s'ils peuvent certes quelque peu soulager apparaissent un peu comme un emplâtre sur une jambe de bois pour beaucoup de "patients".

Et je pense effectivement que face aux points précis et finement argumentés d'Elodie ta réponse est trop globalisante et "trop gros" comme tu dis.

Tu dis d'autre part :

"Simplement il ne fait pas référence à la classe sociale car ce n'est pas en sociologue qu'il analyse la situation de la psychologie.
Il fait référence à l'environnement au sens large. donc ont peut appliquer sa méthodologie en l'adaptant à chaque classe sociale."

Qui sait si je suis adepte du travail personnel et de la révolution intérieure EN MEME TEMPS que sociale, l'une et l'autre aussi indispensables à cette époque cruciale de remises en cause tous azimuts pour déboucher sur un autre paradigme dans lequel tout être humain célèbrera tous les jours la joie d'être né dans un monde où chacun comptera pour un, et où personne n'aura besoin de traiter les autres d'un "mot de trois lettre" pour se sentir intelligent.

"L'adaptabilité de la méthodologie pour chaque classe" est un raccourci bien léger quand on connaît le précipice qui sépare les classes sociales en ce qui concerne les facteurs culturels, économiques et sociaux influant en toute logique sur la formation psychique l'inconscient de l'individu et les moyens de se soigner pour ceux nombreux qui sont nés du mauvais côté et les autres.

Je reconnais l'importance des découvertes de Freud et de la psychanalyse, qui est une méthode de lucidité sur nous même et nos fonctionnements, nos beautés et nos laideurs. Je regrette juste qu'il ait trop exclusivement parlé de l'inconscient comme d'une poubelle, en occultant beaucoup trop tout le potentiel de créativité et de richesses intérieures qu'il peut aussi parallèlement recéler, et sur lequel repose tout le travail de Yung pour une transformation fine et radicale, toute en créativité de l'individu, d'où la fin de leur collaboration.

Mais bon, je m'écarte un peu du sujet du message original, qui interroge sur l'influence des caractéristiques de la classe sociale Bourgeoise (dont Freud était issu) sur les découvertes de la psychanalyse et ses conclusions.

Pour ma part, c'est cette LUCIDITE qu'apporte la psychanalyse et ce coup direct porté à la vanité, comme au jugement et au mépris de l'autre et surtout des plus humbles que j'aimerai bien voir intégré par certains communistes que l'on peut lire avec étonnement et désolation quelquefois ici ou là.

Quant à l'histoire de l'argent, l'idée c'est que si on investi si peu que ce soit son argent dans sa thérapie, on se sent beaucoup plus responsable de son travail d'investigation intime et personnelle, et donc on se construit comme être responsable prenant les rennes de sa propre vie, et trouvant ses propres ressources devant l'adversité extérieure.

Le tout étant de ne pas tomber chez un psychanaliste avide et aveugle ou indifférent aux difficultés de son patient.

Maguy

Anonyme a dit…

un psychanalyste digne de ce nom permet de négocier avec son patient sur ce qu'il veut bien engager pour payer...aujourd'hui..il y a surtout urgence semble-t-il plutôt à surveiller de près les risques de contrôle par l'état , de remise en cause des statuts de psychothérapeute etc etc , en continuité aux amendements accoyer..je ne suis pas psy, mais ça m'interesse....

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec toi Dominique. Et s'intéresser aussi (en gardant toute sa capacité de discernement bien sûr) à d'autres formes de psychothérapies, parallèlement à la très officielle psychanalyse, et qui peuvent, (en complément alternatif de la psychanalyse beaucoup plus finement exploratoire - mais ça peut être long ...) nous sortir plus rapidement de certains blocages qui limitent nos capacités à rebondir et à prendre notre vie en main.

Je pense à l'EMDR (traitement des traumatismes psychiques, phobies, angoisses, états dépressifs, etc - ) par exemple.

OUVRAGES : "EMDR une révolution thérapeutique" éd. la méridienne - de Jacques Roques.
Celui-ci a pu en mesurer les résultats étonnants obtenus au CHU de Nîmes et en cabinet auprès d'adultes et d'enfants.

Cette thérapie est présentée aussi dans l'ouvrage collectif très intéressant, très clair et accessible de la Fédération Française de Psychothérapie =>

"Pourquoi la psychothérapie ?"
"Fondements-méthodes-applications"

En 23 chapitres rédigés par d'éminents spécialistes universitaires et praticiens, cet ouvrage propose un état complet de la psychothérapie actuelle.

J'ai particulièrement apprécié, mais pas uniquement et pour faire court, l'article d'Alain Delourme : "La psychothérapie : une activité sociale et créatrice"

ET SURTOUT (entre autres aussi)
"LA THERAPIE SOCIALE, POURQUOI?" de Charles Rojzman

Extraits : En lisant plus attentivement Freud, je me suis rendu compte qu'il se considérait comme Moïse au seuil de la terre promise. Il tenait son travail de psychanalyste pour une introduction à une recherche plus approfondie, plus englobante. A mon sens il considérait le divan comme un laboratoire de recherche et il me semble l'avoir exprimé ainsi :le progrès de la civilisation saura-t-il, et dans quelle mesure, dominer les perturbations apportées à la vie en commun par les pulsions humaines d'agression et d'autodestruction ? J'ai aussi été très frappé par le titre provocateur d'un livre du psychanalyste américain James Hillmann : "Il y a cent ans que la psychothérapie existe et le monde va toujours de plus en plus mal" ...

Faut-il changer les individus ou changer la société et les institutions ? Ce dilemne a été le notre pendant tout le XX° siècle. Lappel au développement personnel étant de peu d'effet, on a surtout essayé à travers des révolutions, des changements politiques, de mettre en place une société plus juste, plus égalitaire. A mon avis l'absence d'articulation entre le changement individuel et le changement social a fait que les 2 directions ont été incapables de répondre aux défis du monde d'aujourd'hui. Et je pense qu'il faut arriver à articuler les deux car, je le répète, nous créons nos institutions (ne serait-ce qu'en délégant nos pouvoirs sans discernement à des prédateurs et en laissant faire ensuite => ça c'est "Moa" qui l'ajoute) comme nos institutions nous créent....
Bien sûr Je savais aussi que derrière les familles pathogènes pour l'enfant il y avait la société et que celle-ci pouvait renforcer les aptitudes à la sociabilité ou au contraire les détruire, aujourd'hui plus que par le passé où les jeunes exclus du système scolaire trouvaient malgré tout une place dans la société et pouvaient être valorisés par leur appartenance à un milieu traditionnel, ou par un savoir faire d'ouvriers ou de paysans....

Nous ne sommes pas dans une démocratie réelle où chacun a un pouvoir sur sa vie....

Nous avons plus que jamais besoin de développer notre intelligence collective. La psychothérapie peut beaucoup nous y aider mais à condition que nous ne demeurions pas dans le cloisonnement et que nous ne la considérions pas comme une discipline à part de la politique, à part de la vie de la société .....que nous voyions mieux les interactions entre le développement personnel et le développement collectif, entre psychologie et politique, car pour moi elles ne sont pas séparées : ce sont les individus qui font l'histoire et c'est l'histoire qui fait les individus." fin de citation

Maguy

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec toi Dominique. Et s'intéresser aussi (en gardant toute sa capacité de discernement bien sûr) à d'autres formes de psychothérapies, parallèlement à la très officielle psychanalyse, et qui peuvent, (en complément alternatif de la psychanalyse beaucoup plus finement exploratoire - mais ça peut être long ...) nous sortir plus rapidement de certains blocages qui limitent nos capacités à rebondir et à prendre notre vie en main.

Je pense à l'EMDR (traitement des traumatismes psychiques, phobies, angoisses, états dépressifs, etc - ) par exemple.

OUVRAGES : "EMDR une révolution thérapeutique" éd. la méridienne - de Jacques Roques.
Celui-ci a pu en mesurer les résultats étonnants obtenus au CHU de Nîmes et en cabinet auprès d'adultes et d'enfants.

Cette thérapie est présentée aussi dans l'ouvrage collectif très intéressant, très clair et accessible de la Fédération Française de Psychothérapie =>

"Pourquoi la psychothérapie ?"
"Fondements-méthodes-applications"

En 23 chapitres rédigés par d'éminents spécialistes universitaires et praticiens, cet ouvrage propose un état complet de la psychothérapie actuelle.

J'ai particulièrement apprécié, mais pas uniquement et pour faire court, l'article d'Alain Delourme : "La psychothérapie : une activité sociale et créatrice"

ET SURTOUT (entre autres aussi)
"LA THERAPIE SOCIALE, POURQUOI?" de Charles Rojzman

Extraits : En lisant plus attentivement Freud, je me suis rendu compte qu'il se considérait comme Moïse au seuil de la terre promise. Il tenait son travail de psychanalyste pour une introduction à une recherche plus approfondie, plus englobante. A mon sens il considérait le divan comme un laboratoire de recherche et il me semble l'avoir exprimé ainsi :le progrès de la civilisation saura-t-il, et dans quelle mesure, dominer les perturbations apportées à la vie en commun par les pulsions humaines d'agression et d'autodestruction ? J'ai aussi été très frappé par le titre provocateur d'un livre du psychanalyste américain James Hillmann : "Il y a cent ans que la psychothérapie existe et le monde va toujours de plus en plus mal" ...

Faut-il changer les individus ou changer la société et les institutions ? Ce dilemne a été le notre pendant tout le XX° siècle. Lappel au développement personnel étant de peu d'effet, on a surtout essayé à travers des révolutions, des changements politiques, de mettre en place une société plus juste, plus égalitaire. A mon avis l'absence d'articulation entre le changement individuel et le changement social a fait que les 2 directions ont été incapables de répondre aux défis du monde d'aujourd'hui. Et je pense qu'il faut arriver à articuler les deux car, je le répète, nous créons nos institutions (ne serait-ce qu'en délégant nos pouvoirs sans discernement à des prédateurs et en laissant faire ensuite => ça c'est "Moa" qui l'ajoute) comme nos institutions nous créent....
Bien sûr Je savais aussi que derrière les familles pathogènes pour l'enfant il y avait la société et que celle-ci pouvait renforcer les aptitudes à la sociabilité ou au contraire les détruire, aujourd'hui plus que par le passé où les jeunes exclus du système scolaire trouvaient malgré tout une place dans la société et pouvaient être valorisés par leur appartenance à un milieu traditionnel, ou par un savoir faire d'ouvriers ou de paysans....

Nous ne sommes pas dans une démocratie réelle où chacun a un pouvoir sur sa vie....

Nous avons plus que jamais besoin de développer notre intelligence collective. La psychothérapie peut beaucoup nous y aider mais à condition que nous ne demeurions pas dans le cloisonnement et que nous ne la considérions pas comme une discipline à part de la politique, à part de la vie de la société .....que nous voyions mieux les interactions entre le développement personnel et le développement collectif, entre psychologie et politique, car pour moi elles ne sont pas séparées : ce sont les individus qui font l'histoire et c'est l'histoire qui fait les individus." fin de citation

Maguy