mercredi 4 juin 2008

INVITER MARX ET ENGELS AU 34è CONGRES

Je pense qu'il y a un premier sujet vraiment fondamental et sérieux dont nous devrions toutes et tous nous saisir en vue du 34è Congrès; ce sujet c'est celui de "Marx et Engels avec nous aujourd'hui".

Comment peut-on prétendre aborder ce Congrès crucial pour les communistes (et pas seulement pour le PCf je précise mais pour tous les communistes, car en dépit de toutes les fautes ,erreurs, reproches qu'on peut lui faire... le PCF reste le premier des partis qui se disent communistes en France - donc, rien de ce qui l'affecte ne devrait laisser indifférent, rien ne peut être neutre, pour le mouvement communiste d'une part, ni pour les salariés et les prolétaires d'autre part -) prétendre le contraire, c'est une erreur de gauchiste de première génération....

Comment donc, prétendre aborder aujourd'hui ce Congrès déterminant, en faisant abstraction de cette question, et sans se donner les moyens d'y répondre, de confronter les points de vue sur le sujet?

La question première donc, selon moi, c'est :

Où en est-on de Marx et Engels dans le Parti aujourd'hui? Quelle est leur place, quelle doit ou devrait être leur place? Leur travail, leur science, sont ils encore utilisés/utilisables?

Peut on se passer de l'oeuvre de Marx et Engels? Peut on faire fi de la science qu'ils ont développée? Des concepts qu'ils ont façonnés ou développés pour fonder cette science? Si oui, pourquoi? Quels sont les arguments en faveur de leur abandon?
Quelle est cette science? Et qu'est ce que "le marxisme"?

Est ce Marx qu'il nous faut, ou "le marxisme", un "marxisme", justement?

Est-ce qu'on peut être communiste ou socialiste sans Marx et Engels? Pourquoi? comment, dans l'affirmative?

Les faits démontrent -ils l'obsolescence de cette science ou, est-ce nous qui avons abandonné l'effort analytique de la société dans laquelle nous vivons ( pour des tas de raisons) " quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage".

On ne comprend plus les choses du monde donc on préfère "changer leur nom"?

Je crois que des camarades comme Lucien Sève par exemple ( ensuite on est d'accord ou pas avec ce qu'il dit, autre débat) qui vient de publier une contribution récente, d'autres camarades également, sur ce sujet, doivent nous interroger.

Pourquoi est-ce que, aujourd'hui, quand on veut avoir une discussion sur Marx & Engels, (voire même dans certains cas, une simple formation au "Capital") on est immédiatement suspecté de "gauchisme", d'être des "révolutionnaires de salon"?

Pourquoi cela suscite de suite des réactions ouvriéristes, comme si Marx n'avait pas écrit Le Capital pour les ouvriers, les prolétaires, au delà, les salariés, y compris les bourgeois et les petits bourgeois comme lui? Comme s'il était devenu un "intellectuel" ennemi du "mouvement social"? Pourquoi est-ce qu'on n'est plus formé à cette pensée, à cette analyse, à cette science du Capital aujourd'hui?

Je n'ai aucune prétention à être "une marxiste distinguée" , j'ai envie même de dire que j'espère bien ne jamais l'être- mais je sais que j'ai parfaitement pigé ce qu'Althusser justement, expliquait dans sa présentation de 1969 au Livre I - il y a des tas de choses que les prolétaires, voire, les salariés, comprennent "instinctivement", du Capital.

Il y a aussi que, même sans être un spécialiste patenté, on peut pressentir, même confusément, que c'est toujours diaboliquement moderne, toujours d'actualité et justement, être en demande d'une formation, de débats, de confrontations sur le sujet! pour transformer l'instinct et la pratique en théorie justement, et progresser. On peut se sentir un "besoin de marxisme".

De cet instinct découle notre possibilité de compréhension théorique, bien que les prolétaires ne soient pas tous des intellectuels (au sens de personnes habituées à l'abstraction, aux maniements des concepts), une possibilité de compréhension théorique bien plus vivace que chez de nombreux intellectuels justement. Parce que la lutte des classes, l'exploitation capitaliste, les travailleurs va t on dire, ils ont le nez dedans du matin au soir, sinon les mains et les bras, et tout leur corps. Même celles et ceux qui pensaient parfois être à l'abri redécouvrent, "grâce" à l'Innommable et à ses sbirres, qu'ils sont des exploités des capitalistes.

Comment peut-on priver tout nos jeunes militants de la connaissance de Marx et Engels, et comment peut-on priver les plus anciens du droit à continuer d'être formés à cette science, de pouvoir participer à son développement, à son adaptation aux nouveautés du 21-ème siècle?

Si le communisme et le socialisme sont bien des modes sociétaux alternatifs, des "Au delà ", des "changements de société' , ça ne peut être que par rapport au Capitalisme qui "dirige" nos sociétés, ce capitalisme qui est aujourd'hui toujours le mode de production des marchandises, des richesses ,de l'argent...

Bref, d'un point de vue pratique, et du peu que je sache du point de vue théorique, il ne peut pas y avoir de communisme ni de socialisme sans Marx - c'est la base.

C'est une forte intuition, encore une fois, je n'ai pas la prétention de pouvoir à ce jour le démontrer théoriquement. Mais dès que je me plonge dans "Le Capital", dont j'avoue sans honte que je ne comprends pas encore tout, ou dans des écrits complémentaires comme "Salaires, prix profits", mon intuition de prolétaire devient ébauche de certitude rationnellement envisageable.

Ca doit être revendiqué, assumé, porté haut et fort MEME SI au fond, sur certains sujets, il pourrait y avoir autant d'interprétations de Marx et Engels que d'interprètes! Mais on ne peut pas "faire sans". Toujours pas. Qu'on me démontre le contraire, avec la même force que Marx et Engels ont démontré que le capitalisme tend inévitablement à baisser les salaires et augmenter les journées de travail, par exemple, et j'avouerais que je suis battue.

J'ai beau chercher ,je vois bien en quoi leurs analyses devraient être poursuivies, affinées, complétées, par exemple; mais pas du tout en quoi elles ont été invalidées par l'Histoire, en quoi leurs concepts ont été démontrés comme faux ou non opérants...

J'ai envie de dire que nous sommes aujourd'hui dans une situation pire qu'en 1976, au XXIIè Congrès.

Camarades, ne hurlez pas, je sais que c'est là qu'on a abandonné la "dictature du prolétariat", que les débats ( si j'en crois divers auteurs de l'époque) ont été largement insuffisants sur la question, mais bon, quand même, il y avait encore le fantôme de Marx et Engels Place du colonel Fabien!

Même si ça a été pour faire une grosse boulette ( - avis personnel -) en abandonnant ce concept "comme ça", en l'abandonnant "tout court", ça a été une des dernières discussions du Parti ,dans le Parti, SUR Marx et Engels, si je ne m'abuse.

Depuis, les grands hommes ont déserté, à moins que ce soit la pensée communiste qui les ai désertés.

On tente de remplacer, parfois avec beaucoup de subtilité et de maestria, les luttes de classe par "d'autres luttes" (à base de "la classe ouvrière n'existe plus" - oh surprise, l'INSSE dit exactement le contraire ; ils seraient encore, en 2006 entre 18 et 29 % de la population des actifs - ou "elle n'est plus le moteur des luttes de classe" , sans jamais le démontrer toutefois ) - par exemple, tiens, on tente de promouvoir la lutte contre "la société de consommation" comme lutte unifiante pour "faire du commun", ce qui est en soi une aberration ou une drôle d'idée.

Bien sûr, il peut, il doit y avoir des mouvements sociaux ou plus exactement sociétaux, de type secondaire, qui rejoignent les luttes de classe, les soutiennent, les nourrissent, s'en nourrissent aussi etc.

Mais imagine t on sérieusement des gens manifester (donc prendre une journée de congé, risquer des problèmes avec leur patron, voire des altercations avec les forces de l'ordre), pour "une télé plus intelligente", faire grève pour un "droit à une alimentation équilibrée", etc?

Imagine t on la possibilité d'une action collective, "chacun dans sa chacunière", hors du lieu de création collective qu'est l'entreprise, face à son individualité, déconnectée du monde du travail?

On voit bien que l'atomisation des salariés, leur individualisation dans les nouvelles formes de travail à domicile, leur déconnexion du lieu de travail principal, ou leur claustration dans le chômage, est un outil capitaliste de choix car ils les privent de toute possibilité sérieuse de participer à un mouvement, et à une action collective de fond, qui amène de véritables progrès sociaux.

Il faut être totalement ignorant des pratiques de lutte et de la réalité des rapports humains sociaux pour croire à de telles folies. Ou avoir également abandonné l'idée de révolution.

C'est le contraire qui se passe - la qualité n'est (malheureusement) pas encore une exigence mobilisatrice en soi. Le "pouvoir d'achat", les problématiques de la société de consommation, n'ont de sens que dans la perspective de base de la question des salaires.

Des preuves par A+ B?

"Les gens" ne profitent absolument pas de la crise actuelle pour se mobiliser pour "abandonner le pétrole et développer des énergies alternatives", non au contraire, ils se mobilisent pour qu'on leur file du pétrole moins cher.

Ils ne profitent pas de la crise alimentaire pour réclamer "des produits de qualité", mais pour exiger d'abord d'avoir les moyens de bouffer. Même des trucs qui leur bouchent les artères, les rendent obèses.

Ils ne sautent pas non plus sur l'occasion d'une "télé sans pub" pour développer un projet de culture "de qualité". Non puisqu'ils réclament, pour qu'on n'augmente pas leur redevance, qu'on leur laisse de la pub, cet instrument du diable.

On peut en conclure que "les gens" sont des cons, des abrutis ignares et incultes. Mais les faits sont têtus et ils ne sont ni bêtes ni mauvais ni stupides. Pour les transformer, il faut les comprendre.

Les faits, ce sont des faits. Et c'est là que Marx et Engels, lumineux, apportent de l'aide à la compréhension de toutes ces crises. Et là, ni les thèses négristes, ni les théories postmodernes de naomi klein ni aucun succédané de "marxisme" comme la proposition de décroissance, en réalité, ne sont d'aucun secours à moyen terme.

Voilà pourquoi il faut poser cette question et exiger qu'il y soit répondu à ce 34ème congrès: avec ou sans Marx et Engels?

Et en découlera immédiatement la deuxième question, très liée: la révolution, finalement, oui ou non?

Cela, ça fera un dénominateur commun théorique de bon aloi. Cela remettra le PCF sur le chemin de la lutte des classes, presque "naturellement", de là pourra découler tout un nouveau travail d'analyse, de réflexion, de propositions, qui aura comme conséquences le jaillissement de propositions nouvelles et cohérentes pour un communisme pour le 21ème siècle.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir La Louve,

J'allais me pieuter et voilà ti pas que je tombe sur ce billet qui fait chaud au cœur.
On sent que ça vient du « gueuloir » comme l'on dit et ça change du fonflon des discours convenus qu'on entend trop souvent au PC en ce moment.

Je pense que tu as tout compris, à savoir que la question ESSENTIELLE à mettre sur la table des discussions au prochain congrès est celle de la voie révolutionnaire comme postulat d'action et de réflexion au sein du PCF.

Et surtout y revenir sans minauder, car depuis trop longtemps, nous l'avons abandonnée bien que les faits (têtus) nous aient donné largement tort.

De là, resurgira naturellement la question de notre rapport avec le marxisme.

Michel
(PCF)

Anonyme a dit…

nous y voila !
tu touches a l'essence du probleme ,si je puis dire .
-la conscience de classe :
elle est en nous ,mais en "sommeil " pour la plupart des gens ,il faut souvent des discussions , longues ,détaillées ,pour arriver a faire comprendre ,admettre a des travailleurs qu ils font partie d une classe ,la classe ouvriere ,que cette classe s' etend de l ouvrier d'usine a la plupart des cadres ( exception selon moi du cadre "superieur" qui ne mange pas pas dans la meme gamelle).
nous devons deployer des tresors d explications ,d education pour defaire ce que le patronnat a mis dans la tete des gens.
et la nous touchons par la bande au syndicalisme qui ,comme la lutte des classes comme le proletariat a ete "ringardise" par le patron avec l appui des medias et l usage de cette "nov langue"si habile a vider de sa substance tous les mots ( tres bien explique dans LQR d'Eric Hazan edt raison d'agir).Nous devons assumer ,a mons sens , la pensée Marxiste ,ne pas avoir "honte" de nos mots ,de ce qu ils veulent dire ,tout simplement ,revenir a l essentiel de la pensée Marxiste
le patronnat ringardise nos thèmes ,nos credo et pendant ce temps ,lui se syndicalise puissament et reste dans la droite ligne de ses themes de predilection .

de plus ,comme tu le dis :

"Des preuves par A+ B?
"Les gens" ne profitent absolument pas de la crise actuelle pour se mobiliser pour "abandonner le pétrole et développer des énergies alternatives", non au contraire, ils se mobilisent pour qu'on leur file du pétrole moins cher.
Ils ne profitent pas de la crise alimentaire pour réclamer "des produits de qualité", mais pour exiger d'abord d'avoir les moyens de bouffer. Même des trucs qui leur bouchent les artères, les rendent obèses.
Ils ne sautent pas non plus sur l'occasion d'une "télé sans pub" pour développer un projet de culture "de qualité". Non puisqu'ils réclament, pour qu'on n'augmente pas leur redevance, qu'on leur laisse de la pub, cet instrument du diable
On peut en conclure que "les gens" sont des cons, des abrutis ignares et incultes. Mais les faits sont têtus et ils ne sont ni bêtes ni mauvais ni stupides. Pour les transformer, il faut les comprendre."
et ça , de tout temps les dirigeants l ont bien compris ,celui qui a faim ,celui qui a peur ,par extension aujourd hui celui qui a peur de perdre un peu plus, celui qui "...a trois fois rien et le croyait precieux "..( zebda )
celui la ,ne pense par encore au combat il est trop occupé a sa survie immédiate !
la survie immédiate exclue la qualité .
mais la ligne est ténue entre avoir encore a perdre et n avoir plus rien a perdre et la , notre role est determinant .
notre role educatif ,notre role federateur.
il faut unir toutes ces forces .
ils faut surtout ramener la pensée Marxiste dans la rue ,ramener cette conscience de classe ,cette volonte de communauté de lutte.
pour accomplir cette tache , oui , il faut des formations au capital ,oui il faut des discussions sur Marx et Engels ,il faut approfondir tout cela ( je suis dans ce domaine ,moi aussi plus dans l intuition que dans la connaissance litterale )
et etre traité de gauchiste ? j assume !
de revolutionnaire de salon ( ou comme on dit chez nous de revolutionnaire a la panse pleine ) , la je me marre !
je travaille dans un bureau mais j ai conscience d appartenir a la classe ouvriere ,et si des mots plus puissants que ceux que je pourrais trouver peuvent m aider a ameliorer la condition de mes semblables ,je suis preneur je suis pret a les apprendre ,a les relayer , a les repandre tous les jours au travail ,dans toutes les luttes, dans les permanances ....
Là ,commence la revolution.

"Comment peut-on priver tout nos jeunes militants de la connaissance de Marx et Engels, et comment peut-on priver les plus anciens du droit à continuer d'être formés à cette science, de pouvoir participer à son développement, à son adaptation aux nouveautés du 21-ème siècle?"
la , tu me fais sourire ,non pas par le sens de la question .
c est une question tres juste ,fondamentale meme .je souris juste parce que je pressens une reponse...
que cette reponse m apparait etre une reponse a beaucoup d autre questions ,mais nous aurons l occasion d en reparler .

donc pour la question avec ou sans Marx et Engels ,
avec bien sur !
quand a la revolution ,plus que jamais oui .
Tu as posé ,selon moi ,les bonnes questions.
pourras tu les faire entendre ? pourras tu les faire venir sur le devant de la scène ?
je crois que oui ,
nous pourrons dire alors que la revolution a commencé.
si tu réussis ce tour de force alors ,promis ,malgré les petits ecarts entre nos conceptions du pouvoir ,je prends ma carte !
tu as deja réussi a me faire "bosser" pour te repondre ,que" meme pas mon patron arrive a me faire bosser autant dans une journée"
fraternellement
Makhno

François a dit…

Salut Elodie,
J'ai pris sur moi de téléphoner aux camarades Marx et Engels,ils sont d'accord de venir si ils sont invités.Ils étaient un peu gênés car ils voulaient venir avec leur pote,Lénine.Je leur ai dit qu'ils pouvaient sans problème,j'ai bien fait ?

Bon,sérieux, quand j'ai vu le titre de ton billet je l'ai pris pour une Lapalissade car c'est tellement évident qu'il faut que le Marxisme soit omniprésent dans un Parti qui se réclame du communisme que ton titre apparaît comme tel.Et pourtant il ne l'est pas pour tout le monde,voilà le drame.

Mais quand je dis tout le monde je pense aux gens qui connaissent parfaitement la nécessité du Marxisme mais qui n'en VEULENT PAS!

Ils n'en veulent pas car ils ont décidé de faire "patte de velours",voire allégeance à la fausse gauche et parfois même jusqu'au MODEM.Ces gens veulent aligner le PC sur le PS comme d'autres,parfois les mêmes,alignent
la CGT sur la CFDT.En ce qui me concerne il n'y a plus aucun doute à ce niveau.Et je le déplore fortement mais cela ne sert à rien de faire une analyse d'autruche,les faits sont là,bien réels et tenaces.

Et évidemment ce sont eux qui sont aux postes clés et qui,pour le moment en tout cas,font la pluie et le beau temps au PCF.

Il faut que les choses changent,c'est ce que tu as commencé ainsi que quelques autres à faire,il faut continuer.Bien sûr on est derrière toi complètement.


Pendant ce temps MGB s'apprêterait à partir en voyage au lyban en compagnie de Hollande,Bayrou et L'INNOMABLE...!!!

Et dans le même temps,au Vénézuéla, le président H.Chavez éxorte à "semer les graines de la Révolution Mondiale" ...!!!

Bon courage à nous toutes et tous et salutations révolutionnaires.

François.