jeudi 22 mai 2008

LES COMMUNISTES ET LES INSTITUTIONS POLITIQUES



Les communistes et les institutions politiques

« L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes » K. Marx


Ce papier est un résumé d'une réflexion de fond que j'ai engagée par ailleurs et qui fera l'objet d'un article plus conséquent dès que possible. Cependant, la tenue, le 17 mai dernier, d'un colloque animé par l'association « Rouges Vifs », (et aussi, les divergences de point de vue, que j'ai exprimées "sur le vif" justement, avec l'intervenant principal, à savoir A. Le Pors) me conduisent à proposer dans un premier temps ce petit essai, évidemment soumis à la libre critique de toutes et tous.

La question posée par ces camarades dans le cadre de ce colloque (et par d'autres sous une autre forme) m'a semblé intéressante, bien posée et devant être posée.

Il s'agissait de débattre de notre « enfermement institutionnel » et du « comment y échapper, comment en sortir » ? C'est donc sous cet angle que je vous livre une première partie de ma réflexion.

  1. La problématique posée par le sujet

Nous avons là , et pour commencer , un premier problème "méthodique", de perspective et de problématique sur le "comment traiter le sujet".

La question de "l'enfermement institutionnel" et du "comment en sortir" est en effet une question très importante pour une perspective communiste.

Mais je commencerais par dire, plus ou moins par provocation (mais pas « stérilement »), que, c'est assez facile, au fond : pour sortir de l'enfermement institutionnel il faudrait commencer par ne plus respecter les cadres imposés par le bras armé du capitalisme en politique, refuser les règles du jeu imposées par l'Etat bourgeois de longue date.

Cela étant dit, cette question doit pouvoir aboutir à la fois à

- une analyse de l'histoire,

- à une critique de l'existant,

- et à une proposition (non fermée) pour l'avenir.

Avant toute chose, j'aimerais suggérer une chose : je ne pense pas que cette question, pour fondamentale qu'elle soit, doive être première dans notre réflexion (ce qui ne signifie pas qu'elle soit secondaire ni qu'elle doive être négligée, au contraire).

En effet, une modification des institutions ne fera pas la révolution, et la révolution devra pouvoir s'appuyer sur une proposition d'état de transition qui puisse correspondre au plus juste à un système socialiste.

Cette question des institutions ne me semble pas pouvoir être traitée indépendamment de celle de l'identité de la personne qui se pose la question, c'est à dire nous. Et quand je dis « nos », « nous » quel est ce "nous" auquel il était fait référence? Au fond, qu'entend-t-on par "institutions" "pour nous"? De quoi parle-t-on, "nous", quand on parle "d'enfermement"?

Est-ce le "nous" des communistes en tant que "corps constitué politique" (constitué par la bourgeoisie dans sa définition des institutions) appelé un jour (très hypothétique dans ce cadre, on en conviendra) à gérer la "maison bourgeoise" dans un état et un système capitalistes (mais réduits en réalité, à dessein au rôle de figurants permanents, plus ou moins "cautions" que la "gauche " existe encore en France)? Le "nous" d'une "classe politique" parmi d'autres, qui ne se définirait que selon le contenu que la bourgeoisie a donné aux concepts de parti politique, de démocratie, de souveraineté, d'élection, d'état...?

Ou est-ce le "nous" des prolétaires composant majoritairement le peuple de France? Le "nous" des communistes comme "avant-garde" de notre classe, inscrite dans la logique de l'affrontement capital/travail?

Evidemment, il ne s'agit pas de négliger l'apport que nous pouvons faire à une amélioration des institutions bourgeoises dans l'état présent. Ce serait purement et simplement ce que d'aucuns appellent du "gauchisme", que de faire l'impasse de ne pas chercher toujours à améliorer le sort des prolétaires, ( NOTRE sort) , à chaque fois que cela nous est possible.

Mais une des premières choses à faire pour répondre à la question serait donc, selon mon "embryon de réflexion" sur la question, de pouvoir déterminer et distinguer ce que sont les "institutions politiques" au sens bourgeois,(i.e. pour servir le capitalisme), et ce que sont les institutions politiques, socialistes, du point de vue des communistes.

La théorie bourgeoise classique des institutions politique, elle est maintenant assez bien connue, le corpus idéologique est identifié (il est immense et va de Locke à Montesquieu en passant par Aron, Hobbes et Hayek ou Nozik) et toutes les opinions dites « divergentes » (par exemple l'opposition entre jusnaturalistes et positivistes, parlementarisme vs présidentialisme...), en tout cas en France, ne sont que des variations sur le même thème, le curseur se posant aussi non pas tant en fonction d'un "plus ou moins d'Etat" mais d'un "plus ou moins de droits individuels" (par opposition aux droits et libertés dits collectifs).

Il y a bien une théorie libérale de l'Etat en tant qu'institution politique. Et cette théorie libérale est bien faite pour « servir » le capitalisme, qu'il fut le capitalisme ancien des débuts ou celui que nous connaissons depuis le milieu du 20ème siècle.

La notion d'Etat et d'institutions politiques est depuis toujours extrêmement problématique pour un socialiste (et la controverse de Marx avec Bakounine sur ce sujet précis fut même ce qui signa le premier emploi, par Bakounine de l'adjectif "marxiste"...)

A ce titre ,une réflexion sur les institutions politiques, cela va donc sans doute jusqu'à commencer par se défaire du carcan même imposé par la définition "classique" de la conception des institutions politiques qui ne vise que les trois pouvoirs, grosso modo (législatif, exécutif, judiciaire), parfois la citoyenneté, mais n'accorde aucune place, par exemple, à la révolution, à la lutte des classes, encore moins à la notion de classes etc. Ou, plus exactement, le capitalisme ne donne pas de place institutionnelle à la notion de classes (ce qui ne signifie pas qu'il ne connaît pas cette notion et n'en traite pas, évidemment.)

Dans ce contexte, la question même de la révolution et de la dictature du prolétariat ( oui je sais que c'est "un gros mot" depuis les années 70...) devait être parmi les premières posées.

Comment traduire (faut-il traduire d'ailleurs?) au niveau institutionnel, et ces concepts, et cette problématique, issus de l'analyse de Marx et Engels? Et comment les traduire dans une problématique « dedans/dehors » l'Etat?

On doit donc au moins se demander si ces notions sont susceptibles d'être/doivent être des "institutions" dans une théorie socialiste de l'état de transition avant la réalisation communiste de "fin de l' Etat"?

2. La perspective historique, pratique et philosophique dans laquelle analyser les termes de la problématique


Il était évidemment très important de revenir sur l'histoire française des institutions. Il semble vain d'y échapper.

Mais comment peut on faire abstraction des expériences étrangères et notamment des expériences socialistes, ou revendiquées comme telles , dans un sujet comme celui ci ? Quoi que ces expériences soient de la part de certains de simples sujets polémiques, je vois mal que l'on pourrait faire l'économie, au titre scientifique, d'un peu d'analyse comparée des institutions et des constitutions étrangères , et notamment celle de la fédération soviétique de juillet 1918 (ainsi que de la « Déclaration des droits du peuple travailleur et exploité » reprise en préambule de la Constitution), puis celles de l'union soviétique de 1922 , ou celles de la constitution cubaine de 1976, par exemple.

Il me semble aussi qu'on doit présenter la réflexion des Marx ,Engels, Lénine, Luxemburg, Jaurès, Gramsci notamment, sur le sujet des institutions politiques, pour les "anciens". Car ces réflexions existent, même si elles se présentent rarement « en tant que telles » (il n'y a pas de « théorie des institutions » par Marx et Engels), et pour cause.

Par ailleurs, ces réflexions sont poursuivies et remodelées sans cesse de nos jours pas de nombreux auteurs dont beaucoup de contributions de grande qualité sont en accès libre sur Internet.

Au nombre de ces contributeurs modernes, et sans porter de jugement sur leur travail, je songe par exemple, à S. Kouvélakis sur la question générale de Marx et la politique ou Zizek, ou Lenoir, ou Gastaud, A. Negri ,qui a commis une oeuvre de jeunesse en 1978 sur ce sujet - La classe ouvrière contre l'Etat - sans oublier des auteurs comme Lukacs...( bref il me semble que la liste est suffisamment longue! .)

Enfin en ce qui concerne spécifiquement la France, les deux tentatives de pratique institutionnelle socialiste que nous avons connues (avec toutes les précaution d'usage) étant d'une part celle de l'immédiate après-guerre (comme en témoigne la Constitution de 1946 et notamment le Préambule qui nous en reste encore aujourd'hui), où le pouvoir communiste fut certes « partagé » avec l'autre force du CNR (les gaullistes), et celle de la période 1981-1983, il ne me semble pas du tout inintéressant de s'y pencher (je signale une thèse sur la question des libertés publiques sous Mitterrand, par le Prof. Pascal Mbongo, par exemple.)


3. Pas d'analyse communiste de la question des institutions politiques sans marxisme

Toute réflexion de ce type, qui s'éloigne de ce que Marx et Engels ont théorisé mille fois mieux que moi sur ce qu'est la société dans laquelle nous vivons, ce qu'est le capitalisme et ce que sont les luttes, est sans aucun doute, destinée à finir enserrée dans les griffes de l'idéologie dominante.

Récemment, c'est Didier Eribon qui a bien mis en évidence comment cette pensée libérale avait "contaminé" toute la gauche dite « de gouvernement » et par quels mécanismes (« D'une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche… »)

A supposer même que l'on ne juge pas pertinente « en soi » cette analyse (mais alors, pour quels motifs ?), on n'a rien trouvé de mieux comme « vaccin » à la contamination par la pensée libérale que l'analyse marxienne/marxiste, c'est ainsi. C'est au moins un outil mental formidable, qui permet de garder les yeux ouverts, et dont l'utilité pour les socialistes et les communistes n'a pas été démentie à ce jour (et rien ne la remplace, à mon sens, même si tout les gens « sérieux » s'accordent à ne pas en faire un dogme) .

4. Les institutions politiques, et non pas seulement "la constitution"


A la suite de cette proposition de méthode, toute réflexion institutionnelle qui ne prendrait en compte, en outre, que l'aspect strictement constitutionnel, me semble vouée à l'échec, ou à souffrir d'un cruel manque d'inspiration.

D'abord, dans une perspective communiste, on peut envisager qu'une telle conception relève de l'erreur de raisonnement.

En effet, la constitution, "acte politique à valeur juridique", d'un pays n'étant qu'un instrument de pouvoir parmi d'autres (et dans une constitution socialiste c'est l'instrument de la dictature du prolétariat et de la préservation des acquis révolutionnaires).

Cette nature « instrumentale » de la constitution, on l'a vu à l'épreuve du IIIé Reich, (mais les exemples sont légions), et tous les brillants théoriciens constitutionnalistes qui ont théorisé la légitimité comme une légalité se sont cassé le nez sur l'aporie résumée par Carl Schmitt - qui pour avoir été un théoricien du nazisme comme régime politique, n'en a pas moins écrit des choses extrêmement intéressantes sur la théorie de la constitution - "Est souverain qui décide en période exceptionnelle" in Théologie politique.

C'est ce qu'avait également laissé entrapercevoir Thomas Hobbes dans son Léviathan : "Covenants without a sword are but words" ("les pactes ne sont que des mots sans l'épée"). -

C'est donc bien aussi la question du pouvoir qui est toujours centrale, en cela il ne me semble pas que Marx et Engels aient abandonné cette hypothèse, au contraire, (et cette question ne se résume pas, justement , à un texte de droit, quand bien même il s'appelle "constitution"). C'est toute la discussion qui existe sur la notion de "pouvoir constituant", originaire, dérivé...qui en rend classiquement compte.

En outre, toute constitution me semble fondamentalement destinée à fonder, maintenir et à préserver l'Etat, (y compris l'Etat socialiste qui permet à la dictature du prolétariat de s'exercer jusqu'à la disparition des classes et au délitement lui-même de l'Etat). La question est donc bien de savoir si la fin de l'Etat (qui entraînerait la disparition de la constitution au sens classique, pour laisser place, le cas échéant à « autre chose » qui n'est peut être pas encore concevable…) entraînera aussi la fin de la politique (c'est à dire la nécessité pour les hommes et femmes d'une même cité de régler leurs rapports par des lois ou des traités, ou encore, par "autre chose") ?

Enfin, on voit bien que la notion même de constitution, avec l'exemple de la Grande Bretagne (qui a bien une constitution, composée de nombreux textes dont certains très anciens, comme la Magna Carta, le Bill of Rights) , est une notion protéiforme (coutumière/écrite) qui justement peut désigner autre chose que ce que la culture juridique française, issue des Lumières, désigne.

A ce sujet, j'aimerais avancer que Marx, qui a passé une grande partie de sa vie, et jusqu'à sa mort, n'a pas pu ignorer cette forme constitutionnelle coutumière, qui heurte si fort le "cartésianisme", les positivistes et nos traditions de droit écrit.

Pour finir sur ce point, un de mes professeurs de philosophie du droit (très "de droite" sans aucun doute), qui était aussi un fin constitutionnaliste, nous avait fait, si ma mémoire ne me fait pas défaut, très bien prendre conscience de ce que une forme de matérialisme s'exerce aussi dans cette sphère quand il nous avait proposé l'hypothèse de travail qu'arrivait au pouvoir en France un homme (ou une femme) qui décidait, unilatéralement, sans usage de la force, mais par des moyens tout à fait légaux, de défaire le "bloc de constitutionnalité", c'est à dire, ce dont nous avons hérité depuis 1789 (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, et préambule de la constitution de 1946 notamment) et qui sert encore en partie à nos magistrats (Cour de cassation, conseil constitutionnel, et conseil d'Etat) à dire le droit et à contrôler la validité juridique du travail du législateur.

Je vous laisse "dérouler" cette hypothèse sous toutes ses formes. C'est amusant, "l'imagination au pouvoir".

5. Comment sortir de l'enfermement institutionnel ? Premiers éléments de réflexion.

Donc, "comment sortir de l'enfermement institutionnel" pour NOUS ?

C'est une question qu'il faut poser en tenant toujours compte de l'état des choses, de l'existant.

Ce qui suppose de l'avoir analysé correctement, cet existant.

J'ai regretté qu'on ré-interprète mon intervention, dans un débat public récent sur ce sujet, sur le fait que, selon moi, nous ne devions pas nous préoccuper de "tous les citoyens" et surtout pas des citoyens qui appartiennent, au sens strict,et notamment à la bourgeoisie financière, à la bourgeoisie en tant que propriétaire des moyens de production (je n'ai pas mentionné la petite bourgeoisie) et qu'on y réponde par une formule qui me semble être du révisionnisme marxiste, bien que n'étant pas "spécialiste autorisée".

On m'opposa que les communistes devaient prendre en charge "toute la société". Je doute fort que nous ayons à prendre en charge les intérêts de M. Ernest-Antoine Seillères ( ni qu'il accepte nos bons offices!)

Et je n'ai pas lu que Marx ait proclamé une telle chose, comme cela m'a été soutenu (mais je ne suis pas une spécialiste de Marx et Engels, je le redis humblement). Ou plus exactement, il a été dit (et démontré), il me semble, ce qui pourrait passer pour une chose approchante, et dans un contexte bien particulier.

Il faudrait être aveugle ou retors pour "oublier" que la révolution russe, par exemple, a été réalisée à cette condition d'une alliance, notamment avec la paysannerie, et on a vu la suite d'ailleurs. Ce n'est même que du bon sens, et Marx et Engels l'avaient envisagé:

"Le Manifeste communiste avait pour tâche de proclamer la disparition inévitable et prochaine de la propriété bourgeoise. Mais en Russie, à côté de la spéculation capitaliste qui se développe fiévreusement et de la propriété foncière bourgeoise en voie de formation, plus de la moitié du sol est la propriété commune des paysans. Il s'agit, dès lors, de savoir si la communauté paysanne russe, cette forme déjà décomposée de l'antique propriété commune du sol, passera directement à la forme communiste supérieure de la propriété commune, ou bien si elle doit suivre d'abord le même processus de dissolution qu'elle a subi au cours du développement historique de l'Occident." - Karl Marx, Friedrich Engels, Londres, 21 janvier I882, Préface à l'édition russe de 1882 du "Manifeste du parti communiste".

J'en déduis que nous devons donc favoriser les alliances de classes, mais en fonction de nos intérêts de classe, ce qui me semble assez différent d'une charge (bien problématique sinon d'une contradiction insurmontable) pour les communistes de "prendre en charge toute la société".

Certes, c'est difficile, notre réflexion et notre travail sur les institutions sont soumis à cette double contrainte de toujours faire en sorte d'améliorer pour nous ce qui existe (sans démagogie ni électoralisme) et en même temps de forger la "théorie révolutionnaire" , et donc, de vivre une sorte de schizophrénie conceptuelle, (sauf à nous condamner à une défense de l'existant qui nous vide de notre légitimité et de notre pouvoir et nous essouffler dans des débats dont les termes sont posés de manière intangibles par la bourgeoisie).

Nous ne devons jamais être des "gestionnaires serviles" de l'Etat bourgeois, mais subvertir, pervertir, à chaque fois que cela est possible, toutes les institutions capitalistes!

J'oserais émettre, avec d'autres d'ailleurs, l'hypothèse que la question de la réforme des institutions par la commission Balladur et Sarkozy, telle qu'elle se présente actuellement (et dont les débats ont commencé hier), n'est pas notre combat à nous communistes si nous ne pouvons pas apporter de contre propositions, au sens de propositions contre- systémiques.

Sur ce point, il me semble que, même si nous n'arrivons pas nécessairement aux mêmes conclusions sur le projet, les voix de différents représentants ou intellectuels communistes (dont certains élus du PCF comme N. Borvo ou JP Brard) se sont élevées dans ce sens. La voie est toujours "étroite" pour nous ...

Au-delà , nous sommes confrontés ,en tant "qu'avant garde", à une question qui est une de nos questions de toujours et qui est celle question de la politisation (au sens marxien du terme ) de la classe ouvrière, et bien au-delà, des prolétaires, et c'est cette question qui se pose au travers de la question de notre enfermement institutionnel (car ce qui se passe depuis des décennies et dont nous avons notre part de responsabilité, contribue à une dépolitisation de notre classe qui est non seulement dangereuse mais contre-révolutionnaire par essence.) En effet, quoi d'autre, sinon cet enfermement, cet étouffement même, qui donne aux gens le sentiment que tout est inutile au fond, et qu'ils n'ont aucun moyen politique pour lutter contre les ravages du capitalisme, et les éloigne de la politique avec un "grand P"?

Il faut donc analyser aussi comment cet enfermement se caractérise, comment on peut le décrire, quels sont ses symptômes et ses mécanismes.

On ne peut envisager d'exposé communiste sur ce sujet qui ferait l'impasse sur les questions d'actualité (mais qui ne sont pas des surprises si on veut bien avoir la bonne analyse des institutions politiques françaises) comme "le vote utile", "l'alternance", "la démocratie",la "cohabitation" (qui a été l'annonce du fait d'alternance et de bipartisme), tout ce que cela représente et ce que cela signifie dans des institutions politiques bourgeoises.

Et dans cette analyse il va me sembler délicat, encore, d'ignorer la question des partis politiques (qui ne sont que rarement proposés comme des "institutions politiques" dans la théorie "dominante" et pour cause...) et notamment, la question du parti socialiste et du parti communiste, toujours en ayant cette double grille de lecture (ce que c'est "pour nous", ce que c'est "pour eux", qu'un parti politique) - je peux renvoyer ici entre autres à l'édition présentée par R. Dangeville chez Maspero, de nombreux textes de Marx "Le parti de Classe"; les annotations de présentation de Dangeville sont au moins aussi intéressantes que les textes de Marx, mais on lira aussi avec profit une partie du travail de Rosa Luxemburg sur la notion de Parti ("Marxisme contre dictature" ) .

Il semble ainsi tout à fait impossible, en relations avec ces questions évoquées, de faire l'impasse sur une réflexion sérieuse sur les notions d'Etat, de souveraineté, de nation, et de peuple.

Ainsi, je m'inscris en faux contre une proposition communiste qui dirait que la nation serait "le niveau le plus pertinent d'articulation du particulier et de l'universel".

"La nation" a, à mon humble avis, et en effet, sans doute une position à réoccuper dans une théorie communiste des institutions, mais en aucun "contre le peuple", en aucun cas pour contribuer à faire de l'Etat un horizon indépassable.

Mais le peuple ?

Ainsi l'article 3 de la constitution de 1958 a traduit le compromis nécessaire et classique que le pouvoir bourgeois (incarné à l'époque par De Gaulle / Debré) a du faire sur le plan des institutions, "au peuple", par cette formule elliptique " La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum."

Mais pourquoi la souveraineté populaire n'appartiendrait-elle pas à la nation?

Cela vient de loin, et notamment du fait que la première constitution que se donna la France après 1789 fut une constitution monarchique (3 septembre 1791).

C'est bien la constitution de 1793, dite "montagnarde", "de l'an I" , d'inspiration robespierriste, qui dira explicitement que la souveraineté appartient au peuple.Mais, comme on le sait, elle ne fut jamais appliquée.

Aussi, quand on "l'attaque", cette notion de "nation" doit être redéfinie et strictement circonscrite.

Je préfère et de loin, la notion (sans doute imparfaite) dégagée par G . Gastaud dans ses écrits sur le sujet quand il parle de "nation populaire" (essai sur la renaissance communiste);si je ne déforme pas sa pensée, il l'envisage principalement comme contrepoids, alternative, à l'internationale capitaliste (et notamment face à Maastricht,en l'espèce) et en liaison avec la notion d'internationale communiste.


Le « nationalisme » (mais lequel ?), la question de la nation, ne doit certes pas être laissée aux libéraux ni aux fascistes, ni aux xénophobes et racistes, nous devons pouvoir proposer notre propre analyse de ce concept, de son utilité (ou pas), et opposer ex-abrupto « communisme » et « nationalisme » me semble aussi faux que d'opposer « nationalisme » et « internationalisme ».

Cependant, cette question de nation ne se posant pour nous que dans le cadre de la notion de souveraineté, pourquoi ne tenterions-nous pas la théorie de "souveraineté prolétarienne" (qui serait encore différente de "l'hégémonie" gramscienne) ? Qui dépasserait, par la théorie marxiste (et notamment par la notion de "dictature du prolétariat"), l'opposition "classique" entre souveraineté nationale/souveraineté populaire, toutes deux héritées d'une période historique très particulière et probablement "datées"?

Il faut aussi se demander, (et toujours avec cette même grille de réflexion de ce qu'il faut faire et de ce qu'il faudrait faire, de ce qui est « pour nous » et de ce qui est « pour eux »), pourquoi, alors même que nous avons encore un certain nombre de représentants au Parlement, l'efficacité de ceux-ci est limitée, pour ne pas dire nulle la plupart du temps?

Est-ce une question de nombre ou une question de rapport de force? – Je distingue à dessein, car il semble que l'idée dominante chez nous aujourd'hui serait qu'il faut être majoritaire pour imposer un rapport de force. Mais les capitalistes ont parfaitement compris et intégré le rapport de force créé par les (actionnaires) minoritaires dans la gestion d'une société commerciale par exemple (notamment sous la théorie de la "minorité de blocage" mais pas seulement) !

Quelle doit être la voie pour que , s'il existe , le « crétinisme parlementaire », ne soit pas un écueil ? En d'autres termes, comment se servir des élections et du Parlement bourgeois « en communistes » ?


Sur ce sujet de notre représentation peut être évoquée aussi la question de la représentation, et plus particulièrement, de la représentation proportionnelle.

C'est à séduisant au premier abord mais je pense que, dans le système donné, compte tenu des circonstances actuelles, cela peut être un obstacle car cela peut permettre un peu trop aisément (si l'on est bien dans le « crétinisme parlementaire », et donc, faute d'une théorie révolutionnaire du parti communiste), de faire l'impasse sur le travail que nous avons à faire pour devenir majoritaires. La proportionnelle peut donc être un "hochet" pour nous tenir tranquille… C'est à discuter. Il faut noter par ailleurs, qu'elle a plus souvent servi les fascistes, l'extrême droite que les communistes (étrangement) et se demander pourquoi.


Pourquoi aussi faire l'impasse sur l'action nécessairement corruptrice de l'exercice du pouvoir (et je ne parle pas tant de corruption matérielle que de corruption idéologique par des mécanismes d'exercice du pouvoir)? Pourquoi éviter de se demander pourquoi le pouvoir nous corrompt (et nous peut être plus que d'autres?) Pourquoi ne pas se poser la question des moyens, principiels et matériels, qui pourraient permettre de contourner cet écueil?

Comment parler des institutions politiques enfin, sans nous poser préalablement la question de savoir aussi comment faire pour que le maximum d'entre nous,de prolétaires (j'ose le mot sans rougir car c'est ce que je suis et c'est bien ainsi que je "me" vis) puissions avant tout accéder à ce pouvoir?

Quelles solutions? Que proposer? Et comment parler de pouvoir sans parler de contre pouvoir? Ce contre pouvoir, est-ce que ce n'est pas celui qui peut se trouver au coeur même du parti communiste? dans le contrôle des élus, dans l'action et la réflexion collective?

Evidemment se pose aussi la question des mandats , de leur cumul, de leur limitation et de leur rémunération. Pour ma part, je ne suis pas favorable à ce que les élus s'enrichissent plus qu'ils ne le feraient par leur travail ou leurs indemnités, dans une limite donnée, par les mandats républicains. Mais cette question précise est affaire de système (c'est à dire que poser cette règle dans le cadre d'un système bourgeois, sans contre-pouvoirs, n'a probablement pas grand sens et risque, pour le coup, de favoriser une forme de corruption).


Sur le référendum, peut être fais-je erreur, mais je pars du principe que, contrairement à certaines vieilles lunes qui confondent à dessein plébiscite, et référendum, et usage plébiscitaire du référendum, le référendum est un mécanisme de participation directe que nous devrions promouvoir (mais pas "n'importe comment" et pas par démagogie).

L'argument consistant à dire que lorsque nous sommes consultés directement, nous votons de façon "plébiscitaire", et donc ,que le référendum est dangereux, me semble typiquement un argument bourgeois.

La question du référendum ne peut être traitée mécaniquement par une somme de chiffres; cette question doit être envisagée à l'aune du travail politique réalisé en amont par les partis qui nous organisent et défendent nos intérêts.


Elle doit prendre également en compte les moyens que nous voulons nous donner pour nous former et nous informer (en gros: souhaitons nous rester sous tutelle bourgeoise et tout cela n'est il vraiment qu'une question de "moyens financiers"?).

Il y a enfin une réflexion aussi sur laquelle on peut difficilement faire l'impasse, et qui doit être menée dans ce cadre sur la question de la volonté politique ou de la volonté en politique.

En conclusion à ce stade, et rapidement , je dirais que, pour nous ( ce "nous" auquel je tiens), il ne saurait y avoir de réflexion valable sur les institutions politiques sans marxisme, sans réflexion globale et systémique qui prenne en compte « nos » notions politiques, sans prendre en compte les objectifs finaux des communistes, sans s'interroger sur la notion d'Etat socialiste, sans « théorie révolutionnaire », à commencer par une théorie révolutionnaire du parti communiste.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

extrement dense et passionnant ,necessite une relecture pour intergrer toutes les projections possibles .je reviendrai donc ....
Makhno

Anonyme a dit…

Ma petite et Grande Elodie,

C'est magistral !!! J'espère que tu poursuivra ta réflexion et que nous serons nombreux à te répondre. Je ne doute pas que tu sauras tirer profit même des critiques les plus acerbes ou les moins avisées pour affiner et développer encore tes analyses.

C'est à cette créativité là (très précieuse) que mène l'interdépendance (toi tu dirais peut-être la dialectique ? en bonne marxiste) quand on a enfin maté son égo.

Je vois très bien ce genre de texte, devenir un ouvrage qui fera date dans cette période cruciale, broussailleuse et sens dessus dessous qu'il nous est donné de vivre, une fois complété par tout ce que tu n'a pas pu traiter et une fois fignolé encore grâce entre autres aux réactions des gens qui amènent toujours des matériaux utiles à toujours plus de perspicacité et de justesse de vision, d'analyse et de ressenti.

C'est un sujet qui me semble crucial et peut-être essentiel pour dégager de la gangue de l'attirail des manipulations de l'idéologie bourgeoise et de ses institutions, l'évidence de l'utilité toujours à l'ordre du jour du marxisme et donc du parti communiste pour en tirer la quintescence, source de créativité autant que de rigueur politique.

Ce texte me donne envie d'échanger sur bien des questions soulevées. Je me sens en accord sur bien des points que j'avais soulevés moi-même (d'une manière plus simpliste et moins documentée bien sûr) dans Bellaciao et dans quelques uns de nos échanges-dialogues, et ta réflexion m'aide aussi à clarifier ou prolonger la mienne. Il y a aussi des nuances que j'aimerais exprimer sur d'autres points,

comme la fameuse "dictature du prolétariat" (source de malentendus et de manipulations bourgeoises victorieuses et ricanantes, du fait qu'elle soit devenue, de par les circonstances historiques nationales et internationales particulières - et c'est un fait => "dictature du parti unique-Etat" puis pouvoir personnel en URSS, non sans conséquences fâcheuses), mais nuances qui n'empêcherons pas la convergence sur le sens marxiste fondamental initial de "pouvoir du prolétariat".

Mais ça mérite qu'on approfondisse comment ce beau concept a pu devenir un handicap sur notre chemin et rester comme un traumatisme indélébile dans la tête des gens et comment on va réussir à déjouer les manipulations et clarifier les malentendus sur ce concept clé de la construction du socialisme et de la lutte idéologique pour avancer quand même avec ça.

Car le mot "dictature" évoquera toujours davantage le mot "dictateur" (et vice et versa) et tout le cinéma de violences envers le peuple et d'abus de pouvoir qui vont avec, que le mot plus anodin de"pouvoir" => "pouvoir ou hégémonie du prolétariat" qui évoque aussi "la capacité potentielle et la légitimité du prolétariat à gouverner".

Je me suis toujours demandé => si Marx avait écrit sa théorie après les joyeusetés barbares et raffinées de Hitler et ses accolytes, s'il n'aurait pas choisi une autre expression vu l'importance du phénomène linguistique et de la charge des mots porteurs d'images et de réminiscences douloureuses dans la tête, le coeur et la conscience des gens.

J'y reviendrai (si j'ai le temps et l'inspiration - mais on pourra toujours y revenir plus tard) après relecture consciencieuse et passionnée du sujet que tu nous a dégoté, avec toute la pertinence, la rigueur, la fougue, l'originalité et la subtilité qui te caractérisent.

Saches en tout cas que mes neurones te remercient avec gratitude et émotion pour la gymnastique salutaire que tu leur propose si amicalement. Avec toi au moins on ne risque pas de s'endormir ni de se ramollir.

Merci à toi. C'est quand que tous les militants élisent un (e) nouveau (elle) secrétaire au PCF.?

Gros bisous

Maguy

François a dit…

Salut Elodie,notre camarade Maguy parle de ses neurones et bien moi je ne parlerai pas des miens vu l'état dans lequel tu les as mis...

Au départ de ton texte,qui est excellent,je me disais elle ne va pas en parler,non elle ne va...et Hop!Tu en parles!Tu as pensé à tout.Désespérant...!!

En effet le problème de l'enfermement des (ou dans les)institutions ne peut être traité sans parler des cadres qui sont actuellement dans le Parti.

Ta proposition,qui n'est à mon avis pas provocatrice,de passer par le non respect de ces derniers me semble intéressante mais très insuffisante.En effet ,combien de personnes nous suivrons sur ce terrain là ? Là est tout le problème.

Dans le PCF il y a des gens qui parlent encore d'"erreurs"et non pas de "fautes"en ce qui concerne les responsables.C'est d'ailleurs la même chose pour la CGT,après ce qu'ont fait D.Le Reste et B.Thibault pour la casse des services spéciaux au moment des grèves SNCF qu'ils ont bousillées et,du même coup, permis que la loi scélérate passe et ainsi l'allongement de l'âge de la retraite pour tous.Ils sont toujours là!Certes critiqués par une partie mais de manière très insuffisante.

Alors deux solutions s'offrent à nous :1)on vire ces gens là 2)on construit autre chose sans s'occuper d'eux.

Le 1) est très difficile à réaliser et le 2)risque de diviser encore plus les travailleuses et les travailleurs et de créer une sorte de noyau dur mais terriblement minoritaire.Cela n'est pas simple.

Pourtant nous ne pourrons pas faire l'économie de cette solution de séparation définitive avec les actuels cadres qui vont s'accrocher au maximum.

Je pense qu'entre autres solutions il y a moyen de profiter des mouvements qui sont actuellement légion,en nous démarquant par notre action qui doit être plus radicale que la leur et montrer aux camarades la nécessité d'aller plus avant et,ainsi,obtenir que les regards changent à l'égard des actuels cadres et,peut-être se tournent vers nous.

La dictature du prolétariat,je vois que ce mot pose problème alors qu'il ne devrait pas,à mon sens.On ne peut pas prétendre,en qualité d'avant garde,donner le pouvoir au peuple sans qu'il donne son point de vue de manière PERMANENTE.Et ,du même coup, écrase la dictature du capitalisme.Certes cela ne se fera pas tout seul mais il faut instaurer une discipline librement consentie.

Si par le passé cela s'est soldé par la "dictature d'un seul homme"ce n'est pas de la faute à la dictature du prolétariat mais à celle du culte de la personnalité,il ne faut pas confondre.Et pour éviter ce culte il faut absolument le centralisme démocratique et l'élection des responsables avec possibilité de de les révoquer à chaque instant.

Bien évidemment il y a moulte choses dont il faudra parler,débattre...Mais pour le moment comment on se débarrasse des actuels cadres et comment nous faire connaître ?

Heureusement tu es là avec tes papiers ici et sur Bellaciao.Pour le moment ,avec les luttes,c'est la meilleure vitrine.

Bravo à toi et fraternellement à toutes et tous.

François.

Anonyme a dit…

Salut François,

Evidemment ça fait rêver quand tu dis "Il faut instaurer une discipline librement consentie" => A leur insu de leur plein gré ?? Bon courage !!

Tu dis :
"Si par le passé cela s'est soldé par la "dictature d'un seul homme"ce n'est pas de la faute à la dictature du prolétariat mais à celle du culte de la personnalité,il ne faut pas confondre.Et pour éviter ce culte il faut absolument le centralisme démocratique et l'élection des responsables avec possibilité de de les révoquer à chaque instant."-

Je me demande si c'est vraiment à mes arguments que tu réponds, car je ne m'y reconnais pas.
Le problème que je soulève à propos de l'expression "dictature du prolétariat" c'est que si nous voulons convaincre et enthousiasmer le plus grand nombre de concitoyens sur la pertinence et la légitimité du vrai sens marxiste de cette expression qui célèbre l'hégémonie indispensable et le pouvoir libérateur et émancipateur du prolétariat sur la dictature prédatrice du capitalisme esclavagiste, je ne crois pas que nous puissions faire l'impasse sur le sens EXCLUSIVEMENT NEGATIF dont le mot dictature s'est chargé tout au long de l'histoire de l'humanité et dans une période relativement récente.(nous savons tous de quoi et de qui je parle)....
Car le mot "dictature" évoquera toujours DAVANTAGE le mot "dictateur" (et vice et versa) AVEC tout le cinéma de violences envers le peuple et d'abus de pouvoir qui l'accompagnent, que le mot plus anodin de "pouvoir" => "pouvoir ou hégémonie du prolétariat" qui évoque aussi "la capacité potentielle et la légitimité du prolétariat à gouverner", pour sa propre émancipation et son droit à une vie digne qui ont toujours été niés et bafoués, mais aussi finalement bien au delà du prolétariat pour tous ceux qui travaillent dans quelque domaine que ce soit et qui se sentent de plus en plus touchés et grignotés par le système dictatorial de la haute finance et y compris ceux qui ne veulent pas le voir.

Et au cas où tu n'aurais pas vu passer cette phrase (provocatrice j'en conviens et sûrement sacrilège aux yeux de certains) je te la répète.=>
Je me suis toujours demandé => si Marx avait écrit sa théorie après les joyeusetés barbares et raffinées de Hitler et ses accolytes, et après les déviances de pouvoir personnel et bureaucratie stalinienne, s'il n'aurait pas choisi une autre expression vu L'IMPORTANCE DU PHENOMENE LINGUISTIQUE et de la CHARGE EMOTIONNELLE des mots porteurs d'images et de réminiscences douloureuses dans la tête, le coeur et la conscience des gens.

La Grande bourgeoisie, elle, en est bien consciente, et avec son intelligence machiavélique coutumière exploite idéologiquement cet aspect émotionnel et psychologique des faits et de l'histoire en agitant des épouvantails pour éloigner le peuple de notre projet de société pendant que nous continuons à répéter ingénument des mots à double sens en restant résolument aveugle sur le fait que la signification intellectuelle même juste, ne correspond pas à la signification émotionnelle et tragique portée, imprimée, ressentie dans la tête, le coeur et la conscience des gens.

C'est tout pour aujourd'hui.
Mag

François a dit…

Salut Maguy,

D'abord merci pour ta réponse que j'apprécie particulièrement.Je te lis depuis pas mal de temps et je sais que tu es parfaitement sincère.

Mon post ne s'adressait pas à toi en particulier mais en parties seulement.

Au niveau de la "dictature du prolétariat"et de ta phrase "provocatrice"je pense que cela n'est pas pareil pour les joyeusetés d'Hitler que pour celles de Staline.Je m'explique :

Pour Hitler je pense que Marx en avait sûrement prévu la possibilité
"Socialisme ou barbarerie"cela voulait bien dire ce que cela voulait dire.Et,bien évidemment ,cela est à mon avis toujours le dilemme ; si nous n'arrivons pas à mobiliser les masses,les facistes le feront.Il n'y a pas de doute là-dessus.
J'aime assez la définition de D.Bleitrach:"le facisme est le médicament de confort d'une société qui s'achemine vers sa fin".Je trouve cette définition très vraie et surtout (malheureusement)très actuelle.On s'achemine vers le pire de manière inéluctable si nous,COMMUNISTES,perdons la partie.

Donc conclusion :Socialisme ou Barbarerie...

Par contre pour ce qui est du Stalinisme,je ne pense pas que Marx y avait pensé.D'ailleurs parmi les gens du PC Russe certains se sont fait avoir jusqu'au bout:le Parti ne pouvait pas trahir,c'était impossible.Encore que,Marx a bien dit de se méfier des partis qui non détruits par la bourgeoisie faisaient son jeu tout en continuant de prétendre être toujours révolutionnaires.Mais pour la Russie c'était différent puisque le Parti était complètement dominant...

Alors peut-être,en effet, que Marx aurait employé une autre expression,je n'en sais rien.
Cela dit on peut tout à fait changer cette expression par une autre qui voudrait dire la même chose sans pour autant faire peur aux masses et donner un "épouventail"à la bougeoisie,pourquoi pas ?

Quand je parle de "discipline librement consentie",c'est justement pour que ne puisse pas se reproduire des saloperies du style stalinisme et ne plus jamais revoir d'anciens "communistes" voter Le Pen ou Sarko.

Je ne vois pas ce qui te choque là?Quand j'avais 16 ou 17 ans j'étais aux JC ,cela ne m'allait pas du tout et je ne plaisais guère non-plus.Cependant j'y suis tout de même resté un moment car j'avais une petite amie dont le père était un de ces communistes qui se réclamaient du communisme rien qu'en ayant sa carte du Parti,allant faire quelques
diffusions et ne ratant jamais la fête de l'Huma.C'était tout!Donc appartenant aux jeunesses communistes,j'étais bien vu et sa fille pouvait sortir avec moi...Pratique la politique et les réunions "buissonnières".

Ce type,au demeurant fort sympa,,voterait s'il était toujours des notres, à l'extrème droite sans l'ombre d'un doute.et combien comme lui ?

Mais cet homme,s'il avait été formé comme cela aurait dû être fait,aurait toujours été communiste quoi qu'il arrive.

Donc je pense qu'il n'est quand même pas surnaturel de créer une discipline librement consentie pour éviter ce genre de chose.

Comment s'y prendre ?C'est très simple:1)en établissant des règles précises qui doivent être acceptées et respectées de toutes et tous sous peine d'exclusion. 2)En ne donnant pas la carte du Parti à une nouvelle recrue sans que cellle-ci ait fait ses preuves tant sur le plan pratique que théorique.
Il faut ,bien sûr,organiser une formation permanente au sein du Parti.Et que cette formation soit ,pour sa teneur,acceptée par le plus grand nombre et surveillée.

Voilà en gros ce que je pense qu'il est indispensable de faire afin de ne pas recommencer les erreurs(fautes..?)faites par le passé.

Ceci étant je ne prétends pas avoir la science infuse,je reste ouvert à toute proposition.Et je sais aussi qu'il y a beaucoup d'autres choses auquelles je ne pense pas et que d'autres telles Elodie et toi apporteront et que nous en discuterons.

Fraternellement à toi ainsi qu'à toutes et tous.

François.

François a dit…

Recticatif : en relisant mon premier post je me suis aperçu que je m'y suis mal pris au niveau de la "discipline librement consentie".On pourrait croire que je parle pour toute la France,voire la planète.NON,je voulais parler A L INTERIEUR DU PARTI.Il s'agit de discipline du Parti et rien d'autre.

Je comprends mieux la réaction de Maguy,évidemment.

Mille excuses et à plus.

François.

Anonyme a dit…

Mon bon François,

Je m'apprêtais à relire moi aussi ta phrase en question, pour vérifier et te dire la raison de ma réaction.

Et puis je vois ton petit message qui me confirme ce que j'avais déjà perçu de toi => :
un homme plus que sincère : authentique et humble qui a d'autant plus de capacité à se remettre TRANQUILLEMENT en question s'il le faut, qu'il a certainement pris quelques sages distances avec son égo (toujours plus imbécile et aveugle que méchant - même si ça peut faire des dégats considérables ....).

Moi ce sont des choses qui me font du bien tu vois, car ce n'est pas si courant. Et c'est pourtant il me semble l'attitude clé, qui permettrait de trouver la solution à tous les problèmes humains et sociétaux.

Il y a tellement de commentaires à des textes forts (qui cherchent pourtant authentiquement, inlassablement à déblayer et à réfléchir pour y voir clair et trouver une porte de sortie AVEC les autres à cet enfermement très concret dont parle si bien notre Louve au yeux de lynx), commentaires qui délaissent le sens profond pour perdre du temps et de l'énergie à des considérations d'égo qui ne sont finalement que des projections ou l'expression d'une certaine amertume quand ce n'est pas de la très courante jalousie, inconsciente bien sûr.

Bref nous nous sommes compris et je m'en réjouis.

Ceci dit, ton petit mot m'inspire et j'aimerais te dire à ce sujet que =>
Développer la confiance en soi tranquille et apaisée, énergétisante et restructurante, tout en prenant de plus en plus de distance avec l'égo aveugle et mauvais conseiller, Voilà à quoi nous devrions nous atteler dès la petite enfance à l'école par exemple et à appliquer dans toutes les situations de nos vies.

Mais là aussi on pourrait dire bon courage car il est vrai que c'est une autre civilisation que celle de Sarkozy et la classe qu'il représente.

Néanmoins, Il n'est pas interdit pour chacun d'entre nous qui en sommes conscients, de faire dans cette voie, d'ores et déjà, son petit bonhomme de chemin. Car l'essentiel est la conscience, donc n'attendons pas vitam eternam que les structures aliénantes des structures bourgeoises de cette société et de ce monde aient volé en éclat pour explorer déjà nous mêmes tranquillement notre propre capacité à changer.

Une manière comme une autre, et la plus sûre peut-être (parce que la plus fine et la plus intime), de lutter contre le conditionnement et "l'enfermement" quotidien et psychologique des institutions bourgeoises, une des clés qui pourrait nous aider à trouver le moyen de "sortir du cadre" ne plus nourrir nous-même ce système corrupteur. Car c'est bien ça la perversion et c'est bien ça qu'il vise cet enfermement => nous amener à nourrir, ce système inique et totalitaire.

Elodie, J'ai tout à fait conscience du décalage entre ton texte très sérieux et mûri, méthodique, précis, concret et documenté => et les idées que j'exprime là mais je suis persuadée que le mûrissement d'une remise en question personnelle à ce sujet est de plus en plus à l'ordre du jour, qu'il fait partie de la révolution de notre temps, de même qu'il fait partie intégrante du mûrissement des conditions globales d'un changement, et donc que par là AUSSI, mais pas seulement bien sûr, nous pouvons préparer de meilleurs outils organisationnels de lutte et bien préparer les conditions d'un monde meilleur dont l'horizon semble être pour longtemps, "l'hypothèse communiste."
Le mot "hypothèse" est pertinent je trouve, car il est respectueux des autres, en ouvrant la porte aux gens sincères et de bonne volonté qui ont envie de comprendre et de chercher une solution, et qu'il nous grandit en tant que communiste en témoignant de notre capacité à intégrer de nouveaux éléments imprévus qui viendraient nourrir notre réflexion, tout comme de notre conscience que rien n'est figé mais que c'est à l'être social de prévoir, construire et concrétiser ses rêves d'une vie digne d'être vécue.

Ce n'est pas une utopie, c'est une urgence et c'est la conscience aigüe que nous en aurons qui pourra nous y aider.

Permets que je te (vous) bisoute en parfaite camarade bonobo. (y avait longtemps !!!)

Maguy

Anonyme a dit…

Le paragraphe suivant à la fin du texte :
"ce n'est pas une utopie, c'est une urgence ....."

est à placer après "nous amener à nourrir ce système inique et totalitaire"

mag