Image empruntée ici: http://www.lauremaud-photographe.ne (merci)
Bon, ça y est , c’est certain, "ils" se sont bel et bien reformés, les NTm. En tout cas, le "noyau" Kool Shen/ Joey Starr...
Bon, c’est vrai, ça fait bizarre de les voir sur le plateau de Denisot, plateau pour "émission bobo" s’il en est (même si c’est vrai que, "historiquement", c’est en partie chez Denisot qu’ils ont été lancés).
Eux sur qui tous les bien-pensants, les "critiques" de musique bourgeois ont craché tout ce qu’ils ont su, y’avait toujours un truc à casser, à critiquer chez NTm.
Eux qui faisaient flipper les parents des enfants qui les écoutaient, comme autrefois les Rolling Stones, et puis, les Sex Pistols. "Nique ta mère"! Mais ça veut dire quoi c’t’horreur??? Et puis, ils sont "violents"... Je vais y revenir, sur leur violence.
On me reproche souvent, et beaucoup, de les aimer, - en fait, à chaque fois que je les évoque, on me le reproche - car, oui, je les aime, comme j’aime tous les artistes, poètes, musiciens,peintres... qui me font vib(r)er, sinon ,vriller - c’est un groupe qui a marqué ma vie, vraiment.
Ils sont associés à des tas de souvenirs personnels, c’est sûr. Mais surtout, quand je les écoutais hurler leur rage, ça me parlait. Et d’ailleurs, ça me parle toujours.
C’est le premier "cri de révolte", cette haine très bien verbalisée, qui m’a parlé ainsi, avec cette immédiateté , avant même quoi que ce soit d’autre. Dans leur flow courait toute la rage d’une génération qui savait d’avance qu’elle allait être sacrifiée à des choses qui la dépassaient complètement.
Qui aurait voulu aimer, kiffer, se la couler douce, pas forcément ne rien faire, non, mais pouvoir prendre du plaisir. Et à qui on offrait, déjà, "famille travail patrie" - et encore, pas pour tout le monde. Et encore pas au même prix pour tout le monde. A quel prix d’ailleurs?
Et aujourd’hui quand je les ré-écoute en "live", ça me fait toujours cet effet hallucinant : mon cœur bat plus vite, j’ai les larmes qui montent aux yeux, une sorte de grosse boule dans la gorge et une envie de sauter et de danser immédiate.
Aujourd’hui, là, ce soir, en les regardant, en les écoutant, pour la première fois, oui, je me suis senti faire partie d’une "génération".
Je me souviens que les jeunes qui ont voté Mitterrand, on les a appelés, si j’ai bonne mémoire, la "bof génération" - ils écoutaient Téléphone (groupe que j’adore également), leur idole c’était Coluche, Renaud. Ils ont aujourd’hui 40/45 ans. Un peu plus. Leurs conditions de vie étaient-elles si différentes des nôtres? Non, sans doute - ça a toujours été dur, très dur, pour ceux qui n’étaient pas "du bon côté" de la barrière. Les banlieues existaient aussi. Et elles étaient déjà sordides ou disons, tristes à se pendre. Mais de l’avis de beaucoup, "c’était pourtant moins pire".
Nous, on est la "génération NTm", 30/35 ans aujourd’hui. Pourtant eux ils sont de cette "bof génération" a priori. C’était en quelque sorte des "aînés".
Pour les petits malins, les gens plus doués, plus aidés, ou plus travailleurs, ou un peu mieux lotis que les autres, ça a été possible de "tirer honorablement" son épingle du jeu - et NTm fait partie d’ailleurs de ces gens qui s’en sont, somme toute, très bien tiré. Moi aussi. Je ne vais pas me plaindre - y’a plus mal logée.
Pourquoi et comment je peux "aimer" NTM, me demande-t-on, alors que ce sont, dit-on, (je cite en gros ce que l’on m’a envoyé) des "brutes rasées" "sanguinaires" "phallocrates" ""machistes "ultraviolents" "archétypes de l’homo erectus dominateur" etc...?
Comment vous expliquer? Quand j’entends "odeurs de souffre", "qu’est-ce-qu’on attend" ou "le monde de demain" , je comprends parfaitement ce qu’ils ont voulu dire, de quoi ils ont voulu prévenir.
Je ne cherche pas à savoir si ils ont raison sur tout, ni même si je suis d’accord avec leurs "à-côtés" (que je ne connais pas forcément d’ailleurs car il doit bien y avoir autre chose que ce qui est, parfois complaisamment, "donné à voir"), je prends ce qu’ils "m’"ont donné - en étant consciente qu’il y a des choses qui nous rapprochent et qui nous séparent, sans doute (d’ailleurs, Joey Starr est pote avec Olivier Besancenot, et pas avec Marie George Buffet, va comprendre Charles ;))...
Egalement, et jusqu’à preuve du contraire, je suis une femme, ce sont des hommes, avec tout ce que cela implique. (La première barrière à la fraternité, c’est peut être la différenciation sexuelle, ou en tout cas les conséquences qu’elle implique parfois? Rien que pour "aplanir" cela je dirais que la "camaraderie politique" est une excellente chose, et une manière de dépasser ensemble, à certaines conditions, tout cela).
Pourtant, j’ai pas grandi dans le 9-3, ni même en ville d’ailleurs. Paris, je n’y ai pas mis les pieds avant l’âge de 16 ans autrement qu’en "voyage de classe". Ca me fait sourire aujourd’hui quand j’y pense, je trouve que ça a presque "taille humaine", et pendant longtemps ça m’a semblé une mégapole, un truc insurmontable!
J’habitais comme on dit , dans "un trou". 1500 habitants. Une église. Une gendarmerie. Une "Coop". Un "foyer rural" (le "Mille clubs"). Un terrain de foot, après, plus tard, un terrain de tennis. Une école maternelle et primaire. Un lotissement ouvrier. Trois cafés (ouai, ça c’est la France, y’a rien à faire mais pour picoler, tu trouves!). Un jardin public, avec deux-trois bancs, mais rien d’autre.
On faisait des fêtes à l’école primaire en fin d’année, une kermesse, on avait des livres quand on avait bien travaillé,et un dictionnaire pour tout le monde . Les parents, les enfants, les amis étaient fiers. Y’avait un truc tip-top aussi pour s’amuser, c’était les "cibistes"... (comprenne qui pourra, roger ;))
Il y avait aussi un foyer d’accueil. Ca s’appelait "les Peupliers", je crois...Les enfants qui étaient accueillis là-bas étaient déjà fracassés par la vie. On les retrouvait à l’école, plus ou moins de passage. Leurs jeunes existences étaient déjà effroyables...Battus à coup de fer à repasser, violés parfois, les bras cassés, l’un d’eux avait vu sa mère, à bout d’être violentée, maltraitée, descendre son vieux à coup de fusil de chasse...Il était caché sous le lit quand c’est arrivé...
A l’école, il y avait un seul enfant qui n’avait pas la même "couleur" que la notre - c’était un fils d’Algériens, il s’appelait Adel, et c’était un super bon copain (en plus, très balèze, avec deux têtes de plus que tout le monde, et donc bien "pratique" dans les bagarres :) ...). Mais il y avait beaucoup d’enfants d’origine étrangère - seulement, vu la région (le Pas de Calais) c’était plutôt des enfants de Polonais, de Tchèques...Je dirais que jusqu’à l’âge de 8 ans, ça a été presque idéal. Et je ne parle pas que pour moi.
Bien sûr, quand on est enfant, il y a des tas de choses qu’on ne voit pas.
Par contre, il y en a qu’on "sent" très bien. La détresse. La tristesse. Des adultes, souvent. En grandissant, on ne sent plus seulement, et on "comprend" aussi. Les yeux s’ouvrent sur d’autres choses. On s’aperçoit que les copains qu’on moque un peu parce qu’ils ont toujours les mêmes chaussures à chaque rentrée, ont des parents ouvriers qui rament sec. On s’aperçoit que les copains qui n’ont pas fait leurs devoirs pour la troisième fois consécutive, vivent à cinq ou six gamins dans un petit logement ; qu’éventuellement, comme c’est dur, parce que, par exemple, il vient d’être licencié par l’usine ou le transporteur du coin (et plus les années ont passé, plus c’est arrivé), le papa sombre dans l’alcoolisme...alors, faire ses devoirs sur un coin de table de cuisine comme ça, c’est pas facile...
Et puis on grandit. Et même si on n’est pas trop mal lotis, à 12/13 ans, on se fait rapidement et gravement suer, à regarder les pigeons, sur ce banc du jardin public, et les tours d’auto-tamponneuses à la "ducasse" font de moins en moins rigoler. On fume ses premières clopes en douce, on échange les premiers baisers, on fait les cons dans le presbytère, on chaparde deux ou trois trucs...Bref, pour dire les choses crûment, on s’emmerde sec.
On n’a pas trop de perspectives. Faut être honnête. Et certains encore moins que d’autres. Certaines filles rêvent déjà d’un mariage avec le prince Charmant... Tout ça est assez pauvre, culturellement...On écoute "Skyrock", "NRJ".
On se refile des cassettes! Ah le magnéto, quelle trouvaille...
Et c’est comme ça que, entre deux morceaux de Ludwig (von Poppen, pas Beethoven) et de La souris déglinguée, d’acid house venue de Belgique, par un hasard inexplicable, je tombe sur NTm, leur tout premier tube, enregistré par le pote d’un pote d’un pote qui habitait en banlieue parisienne et qui avait piqué ça sur une radio qui s’appelait Nova, ça devait être fin 1988 début 1989...
J’ai pris une claque terrible.
La révolte des jeunes qui s’emmerdent et ne voient pas le bout du tunnel, la révolte des jeunes, qui, pour quelque raison que ce soit, sont mis "au banc" d’une société (et aussi étrange que ça puisse paraître, c’était bien mon cas, mais ce n’est pas le sujet). La révolte des jeunes qui souffrent. De la violence, institutionnalisée ou familiale. Du manque d’attention. Du manque d’avenir. Du manque d’espoir. De solitude. D’ennui.
Chacun sa mille-fa, chacun sa sère-mi ; je sais que, malgré tout, j’ai eu une chance inouïe par rapport à d’autres et que tout ça, ce sont des situations qui tannent le cuir sans trop hypothéquer l’avenir. J’ai quitté ce "trou", j’avais 14 ans.
Depuis, NTm ne m’a jamais lâchée. Parfois je m’en suis détournée et j’ai aimé autre chose, aussi. J’y suis toujours revenue. J’ai acheté "J’appuie sur la gachette" et puis plus tard" Paris sous les bombes".
Jeune parisienne encore, avec un pote dénommé "Keuj", j’ai atterri dans une soirée, un "sound system" je crois, dans une sorte de hangar en banlieue parisienne - là, je me suis retrouvée nez à nez avec Didier Morville :) 5 minutes, le temps de me "chier dessus" comme on dit, et de lui balbutier un truc à la con genre "c’est d’la balle c’que vous faites"..."Moouuaaaii" m’a t il répondu, dans sa voix gutturale et rauque, sans me jeter un oeil, m’écrasant de son mépris le plus total, ou faisant bien semblant, en tout cas.
La "star". LE Starr...
La honte pour oim - si j’avais pu, j’aurais creusé un trou pour m’enfoncer dedans!
Ce sont les limites de la communication dans ce type de situation. Instinctivement, je me sentais proche de "gens comme eux". J’avais envie de leur exprimer une sorte de gratitude, avec mes mots, mon "habitus", peut être , mais sincèrement.
Mais les gens "comme eux", instinctivement, ne pouvaient peut être pas envisager qu’en effet, on ait des choses en commun. Et puis aussi sans doute que moi non plus il y a des choses que je ne pouvais pas comprendre. C’est un peu l’histoire du cadre qui dit à l’ouvrier que lui, non, il n’est pas "comme lui". Ou du roquefort,qui dit au camembert qu’il pue.
Bref, c’est l’éternel dilemme des prolétaires qui peinent à s’unir - et pourquoi? Parce que, spontanément, souvent, la misère rend égoïste. Parce que la guerre que nous livre le capitalisme rend individualiste. Il n’y a pas plus raisonnable que "l’instinct grégaire".
Et pourtant, donc, pour des tas de raisons sociales, sociologiques, et intimes, oui, leurs textes je les ai compris, leur rage je l’ai comprise, leurs paroles, je les ai bues comme du petit lait, pourtant, je me sens toujours proche. Violence et rage comprises. Même si en vieillissant, on se "domestique", on transcende (et plus on a de "moyens", culturels, intellectuels, pour transcender, plus c’est facile de se débarrasser d’une forme de violence, ou de la canaliser).
Ce soir, quand je les ai vus chez Denisot, au premier abord ça m’a fait bizarre donc, et puis très vite , je les ai vus, qui kiffaient grave d’être là, un peu comme des rois, avec la reconnaissance "du plus grand nombre", y compris celles et ceux qui auraient pu les traiter comme de simples caille-ra il y a encore quoi allez, 10 ans...
Je me suis dit, c’est humain, c’est la revanche de la vie, et comme a conclu assez justement un ami iranien (avec qui on a cette "admiration" pour eux, un ami qui était là le fameux soir où on a croisé Joey Starr) : "c’est ’le rêve français’".
Et puis c’est beau, ce qu’ils ont fait : malgré tout, ils ont fait (avec d’autres) de la banlieue, des gens qui y vivent, un "quelque chose d’autre" que ce que l’Etat voulait en faire. La banlieue et certaines de ses "figures" au milieu du show biz paillettes sur le plateau d’une "chaîne pour riches".
Bravo. Même si le message est, comme la chaîne, un peu crypté parfois...Bon, je me suis peut être plantée, mais moi, c’est ça que j’ai "lu" ce soir. Sans faire d’angélisme non plus. Ca, et le plaisir qu’ils avaient de se remettre dans leur "peau" de "NTm".
Je crois bien que Joey Starr jubilait.
La banlieue, ce repoussoir éternel qu’on agite, qu’on entretient même, dans le meilleur des cas qu’on oublie périodiquement, pour dresser les français les uns contre les autres, aux moments opportuns, y compris ceux qui habitent à des centaines de kilomètres d’une banlieue, en faire sentir certains plus en danger, en faire sentir d’autres plus misérables, désespérer, toujours, et apeurer.
Cette partie de notre territoire, de notre peuple, qu’on manipule, qu’on utilise : "regardez à Villiers le Bel, comme ça brûle bien et comme "ils" sont sauvages, ces autres,qui ne savent même pas exprimer leur violence politiquement - ni se servir du système -" Ces "Autres" qui ne seraient pas "nous"....
Et bien non, c’est pas si simple. Voilà aussi ce que dit NTm avec ce retour "en majesté".
Il y a 15 ans, la break dance et le smurf se dansaient dans la rue, dans des caves, seuls les "initiés" savaient ce qu’était un "battle" et ces danses avaient une connotation sociale extrêmement forte. Il y a 15 ans, les rares animateurs de télé bourgeoise qui invitaient Joey Starr se concentraient sur ses dérapages, avec une lueur d’inquiétude dans le regard, toujours.
Aujourd’hui, MTV est en français, on trouve des "cours de hip hop" pour tout le monde et pour toutes les bourses (ou presque), et NTm est devenu une sorte d’institution.
Aujourd’hui, Ségolène Royal esquisse deux pas de danse (toujours chez Denisot...) sur un air de Diam’s avec Djamel Debouze...
C’est Roland Barthes, Pierre Bourdieu, qui manquent maintenant à cette société. Pas pour décoder NTm (les jeunes et anciens jeunes comprennent très bien, merci). Mais pour décoder les Royal , les Denisot, les Durand face à ces jeunes...
D’un point de vue humain, c’est pas NTm que je ne comprends plus, ce sont les politiques, les médias, les patrons.
Ce soir, NTm a dit , avec un peu plus de maturité, plus de vécu, plus de popularité : "ON EST ENCORE LA (prêts à foutre le souk et tout le monde est korda)"!
Big up à NTm, donc, et merci d’avoir offert ce soir, avec plus de "décontraction" qu’il y a quelques années sans doute, moins de choses "à prouver" peut être, mais toujours le même talent, 10 minutes de pur plaisir "seine saint denis style".
La Louve (Et vivement les 18, 19 et 20 septembre à Bercy!
10 commentaires:
z'ont fini la thune, quoi...!
;)
Brunz
Beh ouai, peut être, d'ailleurs Kool Shen a pas fait le faux ce soir en disant "ben ouai être payé pour faire Bercy c'est bien, nan, et c'est normal...on va pas cracher dans la soupe hein" (mais tiens... d'ailleurs j'y pense, jm's'rais pas fait carotte le 1er avril 2007 moi ? :-))
Mais je vais te dire: j'm'en FOUS grave de leurs "motivations éventuelles". Ce que je sais c'est que c'était "bandant" de les revoir ce soir.
Ta réflexion sur les "générations" m'interpelle quelque part au niveau du vécu du senti ;-) d'autant que si je t'en crois je serais un digne représentant de la "bof generation" et que si j'en crois le $£µ%à de calendrier, je ne vais pas tarder à faire +1 au compteur, si les petits cochons ne me mangent pas avant :-\
Même si je ne suis clairement pas de la "génération NTM", je ne me suis jamais senti faire partie d'une "génération" particulière, terme et concepts venus à la mode sous La Mitte de par la grâce de Séguéla...
Je me souviens qu'au temps béni et hélas lointain de mon adolescence - qui me semble toujours "être hier matin", ça fait partie des étrangetés de l'existence, les années en -teen, 1977-83 pour ma vieille pomme, nous étions plutôt feeling baba cool en fin de cycle, avec un bon paquet d'années de retard, mais bon, on était dans ce train-là quand même. Et c'était bon. Vachement même.
Mais c'était vraiment une fin de cycle, et nous nous désolions de voir nos cadets d'à peine 2-3 ans en plein dans le trip "bien sage propre sur soi" à la mode ouinneurs entrepreneurs des années 80, des mômes qu'on voyait en veste de costard et cravate à l'entrée des lycées ou des écoles de commerce, des trucs à te foutre le bourdon, pas tous heureusement, mais j'étais bien content de ne déjà plus être "de la même génération", ou dans le même train, tellement les "valeurs", les espoirs et les rêves semblaient avoir brutalement changé. D'ailleurs, dans ceux-là, des rêves, il ne semblait plus y en avoir d'autre que celui de la "réussite" bien sage et bien conforme, les révoltes n'étaient même plus un concept.
La révolte est revenue sous une autre forme, par les banlieues, quelques années plus tard.
Mais la première fois où j'ai senti passer grave le vent du boulet de l'âge, je n'avais même pas 30 balais, et je discutais avec une jeunette de 19 ans de boîtes dans un coin que je ne connaissais pas, et me regardant elle m'avait dit sans aucune provoc mais avec le simple naturel de l'évidence qu'elle ne connaissait pas bien les « boîtes de vieux » dans le coin, arf, ça m'a fait tout drôle de réaliser que pour une minette de 19 ans, j'étais à 29 incontestablement classé dans la catégorie "vieux"...
Pour NTM & Co, je n'ai jamais encaissé le rap qui, musicalement (si j'ose dire) me file des boutons, chaque époque a sa musique pour l'expression d'une révolte, la mienne était davantage AC/DC, Deep Purple, Scorpions ou Led Zep ou les Clash avec aussi de l'électronique dedans, Tangerine Dream, Kaftwerk, et franchement, je ne les échangerais pas contre tous les barils de NTM du monde ;-)
Mais y'a pas que la musique qui change, y'a aussi l'ambiance et la forme de cette "révolte".
Il me semble que "de mon temps", comme dit le vieux schnock, cette révolte était très énergétique, adolescente, dans un état d'esprit plutôt positif où, dans la trainée tardive de 68, puis dans le souffle vite retombé de 81, on croyait encore que les choses changeaient pour le mieux, vers la Libération, une époque ou "progrès" et technologies étaient encore perçus comme porteurs d'espoirs plutôt que de désastres. Une génération qui aussi, et c'est énorme, a commencé sa vie sexuelle dans la parenthèse enchantée de l'après-pilule et de l'avant-sida, où la "libération sexuelle" concoctée par nos aînés avait tout son sens et où faire l'amour n'était synonyme que de partage et de plaisir sans l'ombre d'aucun ange de la mort. Une époque où une capote était un objet étrange et désuet, plutôt ridicule et peu usité. Les choses ne se sont compliquées qu'ensuite.
La révolte exprimée par la "génération rap" m'a toujours parue beaucoup plus noire, une rage qui ne sait plus où se tourner, de la haine et du désespoir, une forme en partie nihiliste d'une génération et d'une frange de la population qui se sentent "nés baisés, abandonnés, méprisés, là pour en chier" dans un monde très noir d'où l'espoir est absent et où l'avenir n'apporte que les présages du pire.
Heureusement que le pendule oscille, mais il a plutôt oscillé vers le pire, au cours des 25 dernières années, et j'étais foutrement et égoïstement heureux d'avoir vécu mon adolescence dans la "génération" où je l'ai vécue - quoique j'aie été longtemps inconsolable de n'avoir pas testé la précédente et d'avoir été bien trop jeune pour Woodstock ou les barricades de 68 - plutôt que dans l'une des deux qui ont suivi.
Comme y'a toujours un prix à payer, maintenant, quand je lorgne dans le décolleté de quelques charmantes jeunes trentenaires, je constate in petto à ma grande navrance « mon pote, t'as presque 15 ans de plus, t'es mal barré... »
Enfin bref, les génération se suivent et l'ambiance ne se ressemble pas. Depuis quelques années j'ai l'impression - peut-être fausse - que le balancier retourne du côté plus positif de la Force et qu'on va peut-être "pouvoir tirer kek'chose de bon" de cette jeunesse qui nous arrive, ou plutôt que cette jeunesse-là va peut-être être capable de faire de ce monde en presque ruine qu'on lui laisse, quelque chose de meilleur que ses récents prédecesseurs.
C'est tout ce que je souhaite en tout cas...
Et j'en suis plutôt fier, de plein de d'jeunes que je vois autour de moi ces derniers temps.
Puis tiens, je vais peut-être me refaire une deuxième adolescence, ça mange pas de pain ;-))
(Et sinon, ton écriture et ta sensibilité sont toujours aussi ébouriffantes...)
alors ...,?
mais qu est ce ..mais qu est ce qu on attend pour foutre le feu ?
Makhno
au sortir des années 80-90....le perfecto un peu en berne,les rangers elimées,la tete quelque peu explosée ,encore emplie de la fureur de la souris deglinguée ,des bérus ,d oberkampf avec strychnine en tete dont j ecrivais les textes sur les tableaux du L E P ou j etais pion ( deja le soucis d eveiller ...) avec tous ceux que j ecoutais et noublie pas mais la liste serait trop longue...
a fond dans les fanzines ( salut éternel a toi maxwell...),les clash en finissaient ,et ne me verraient pas pleurer de rage quand les bombardiers americains dechargeraient leurs tonnes de bombes "chirurgicales " sur
l' irak au son de "rock the casbah".
au sortir de ces années , donc ,un souffle nouveau allait secouer un peu le paysage qui avait tendance a s essouffler .
d abord un peu surpris ,voir reticent ...le son ,la voix ..et surtout ,surtout ,les textes allaient m accrocher .
le temps de NTM etait venu.
et qu on le veuille ou non il y a eu avant et après NTM..
alors quelques soient leur motivations aujourd hui ...je m en moque a vrai dire
mais ce que je sais c est que joey starr habitait a st ouen en face de chez un ami a moi et que visiblement si ses premiers cachets lui avaient permis de s acheter une peite maison ,le personnage n avait pas chopé le melon...
je suis content de les avoir vu hier soir
je suis content qu ils se reforment et je ne bouderai pas mon plaisir....
Makhno
Superbe texte.
Moi qui suit de la même génération que vous, je m'y retrouve pleinement...
Salut tout le monde,moi qui ne suis pas du tout de la même génération j'aime beaucoup NTM.
Plus que la musique(je n'aime pas vraiment cette musique du rap)ce que j'aime ce sont les textes.Même si on n'est pas d'accord sur tout leurs textes en dit long sur ce qui se passe.
Dommage que les politiques refusent de les entendre !
En tous cas moi je les aime beaucoup et je suis heureux de savoir qu'ils repartent ensemble pour trois concerts.Cela ne s'arrêtera pas là, assurément.
Pour celles et ceux qui voudraient connaître mieux JoeyStarr et NTM je leur conseille vivement le livre :
J O E Y S T A R R
etPhilippe Manoeuvre
MAUVAISE REPUTATION
Editions :Flammarion.
A plus
François.
Hé !! les enfants !! La Loupette et les autres,
Rigolez pas Siou plé !!! moi mes chanteurs ils étaient beaucoup plus mélodieux, mais bien que moins "violents" que les rapeurs et sans hurler de rage et de désespoir (mais comme je les comprends !!!!!), ils n’en disaient pas moins leurs quatre vérités aux bourgeois nantis ou nouveaux riches de l’époque, mais la vie était moins violente aussi, bien que dure pour les prolétaires (je me souviens que ma mère allait acheter à manger à crédit chez la brave épicière Italienne "Clara", qui regardait les oeufs en les mettant devant une lampe pour voir s’ils étaient transparents donc bien frais.
Nous qui étions réfugiés espagnols, nous habitions "rue du refuge" (quand j’y pense, fallait le faire quand même !!) Bref !
Toutes les époques de ma vie mélées, Mes chanteurs préférés, ce n’était pas Piaf et autre Luis Mariano, c’était => Ferré, Jean-Roger Caussimon, Juliette Gréco, Henri Tachan, Léni Escudero, Jean Ferrat, Francesca Solleville, et dans un autre genre => Joan Baez, Barbara, Jacques Brel, Claude Nougaro,
et puis les rescapés descendants de l’esclavage (parce que c’est à ça que je pensais quand je les écoutais) Jazzmans musiciens et chanteurs (ses) noirs américains => Jazz, Blues et Gospel
et puis en bonne hispanique révolutionnaire => Paco Ibanez, les argentins Atahualpa Yupanqui et Mercedes Sosa, les Chiliens Angel y Violeta Parra et los Quilapayun et puis (en hommage à ma mère et à mes racines) le catalan Espagnol Lluis Llach qu’un certain nombre de parisiens de mon âge connaissent et qui commença sa courageuse carrière d’auteur compositeur interprète sous le règne de Franco. Moi je l’ai évité in-extrémis celui-là, importée d’Espagne comme les oranges que j’étais dans le ventre de ma mère avec mon père (décédé 2 ans après en déportation), mon frère et ma soeur ainés, en 1939 par un Hiver glacé de froid, de tristesse et de désespoir individuel et collectif. Bref !! souvenirs !! souvenirs !!
C’est vrai la Loupette que c’est intriqué et étroitement mélé tout ça, les choses de la vie, joyeuses et tragiques, comiques et dramatiques, l’Amour et la guerre, l’Amour plus fort que la guerre mais aussi la guerre plus forte que l’Amour (pour beaucoup d'entre nous ), et les musiques et les textes romantico-révolutionnaires qui parlent aussi de nous, à chaque époque de nos vies et des générations.
Je me souviens d’une belle phrase de Mercedes Sosa l’Argentine qui disait en présentant une simple et splendide chanson d’Amour de son beau pays, que "les chansons d’Amour étaient peut-être les plus révolutionnaires, en tout cas pas moins et que nous aurions tort de les mépriser, parce que c’est ce dont nous avons le plus besoin et ce dont nous manquons le plus".
Bien sûr, elle ne parlait pas des chansons d’amour à la "Cloclo" et ses claudettes .... vous voyez ce que je veux dire !! ... Pas la peine d’épiloguer.
En fait, je me sens de toutes les générations de ma naissance à maintenant. Ma fille et mon petit fils ont dû faire le lien ainsi que mes yeux ouverts sur le monde.
Pour ce qui est du rap, si je trouve les textes très pertinents, très percutants et émouvants parfois, et si je comprends l’adéquation de ces musiques et de ses rytmes au tempo haché menu par la grosse caisse comme les vies cassés des gamins de banlieue, j’avoue que je préfère les musiques des chansons de ma vie et elles étaient d’une diversité et d’une richesse inouïes, qui faisait du bien aux oreilles, au coeur et au corps et apaisaient bien des souffrances morales et qu’il ne faudra pas oublier.
Merci pour ton texte vivant et splendide la Louve. Si tu savais comme j’aime ces échanges tous simples et ces tranches de vie entre générations.
Bises à toi et à tous
Maguy
J'aimerai rajouter quelques réflexions sur mon ressenti à propos du rap.
3 artistes viennent nuancer mon premier commentaire, que j'avais fait en pensant à un certain nombre de rappeurs.(mais je dois avouer que je ne suis pas très cultivée de ce côté là)
Ce sont Abd el Malik (j'espère ne pas faire de faute) que je trouve très classe et très émouvant, avec de beaux accompagnements musicaux sur ses textes parlés. Il se rapproche assez du style slam plus posé et harmonieux.
Diam's aussi me touche beaucoup et il y a aussi un souci d'accompagnement musical qui me plaît beaucoup.
Et puis le slammeur Grand Corps Malade qui a été un déclic comme les 2 auteurs précédents pour que je m'ouvre vraiment à ce nouveau style d'expression et y découvre des trésors de sensibilité aussi intelligente que résistante et pertinente.
Merci les jeunes !!!
Maguy
Elodie,
tu airais été plus au sud, c'est IAM qui t'aurait mis une clacque peut-être.
moi je suis de la génération "ainé", celle de Coluche en effet, plus rock, moi rap, plus admirative des béru, mais dans le fond la rage est la même!
mais je reconnais que certains morceaux de NTM, c'est d'la bombe, même si j'aime très moyen joey star.
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