lundi 31 mars 2008

"Fachos, Idiots mais Protégés : Bienvenue chez les supporters Parigots!", par BRINTINCUL



"Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch’tis" :

Voilà le foot, hier, dans ce que ses "à côtés" ont de plus stupide, de plus laid et de plus méprisable.

Ca continue.

Après le racisme lié à la couleur de la peau, à l’origine des joueurs, voici le racisme social. Où "chômeur" devient une tare, une insulte. Une marque d’indignité.

Comment s’en étonner, alors que notre excelllllleeent président, si prompt à recevoir le moindre pékin qui s’est cassé un ongle, a envoyé à la délégation de chômeurs du Nord Pas de Calais venue à l’Elysée après leur "marche", en octobre 2007, un de ses conseillers, et qu’il n’a pas daigné les accueillir en personne?

(Une question : ont-ils bien décontaminé les lieux après la venue de ces gens qui voulaient réclamer justice?)

Notre excelllllleeent président, qui ne faisait pas mystère, Samedi soir, de soutenir le PSG, par fiston interposé (qui arborait tee-shirt et écharpe du club).

Alors, après les cris de singe et les saluts nazis chez les uns, voici la banderole qui tue chez les autres.

Une fois n’est pas coutume, c’est la grande et belle équipe du PSG qui peut se targuer d’avoir les supporters parmi les plus bêtes et les plus méchants.

( Voir ici la Marseillaise version "Kop de Boulogne" à base de saluts hitlériens...http://www.dailymotion.com/video/x1p9s_france)

Contrairement à ce que dit Guy Delcourt dans Le Parisien ce jour, oui les clubs sont responsables de leurs supporters.

Oui le PSG doit être sanctionné dans son ensemble. Et pas seulement quelques lampistes. Cela n’a que trop duré.

Nous voici revenus à la grande époque de la haine bourgeoise du chômeur,de l’ouvrier,(car le chômeur du Nord est forcément ouvrier...vous ne saviez pas?) haine presque "hygiénique" - le chômeur, l’ouvrier, sa crasse , sa misère, son alcoolisme , tout cela "génétique" n’est ce pas, oh toutes ces images d’Epinal ne sont pas nouvelles....

Et comme il n’est pas nouveau non plus que le Nord Pas de Calais en soit emblématique, symbolique, plus que toute autre région.

Nous voici revenus à la racine de l’adage "classe laborieuse, classe dangereuse" de Louis Chevalier.

A toutes les horreurs que Foucault a patiemment et brillamment étudiées dans ses histoires de la sexualité, ses cours du collège de France sur institution, pouvoir, Etat et sexualité.

Tous ces décrets, ces textes hygiénistes, eugénistes parfois, qui concernaient "les ouvriers des grandes manufactures et des mines" supposés être buveurs, dépensiers, incestueux etc et j’en passe.

Evidemment, quand on est né dans le Pas de Calais, et qu’on connaît les supporters lensois, (à mille années lumières des supporters du PSG), ça ne peut pas laisser insensible.

Pour ne rien vous cacher, quand j’ai appris ce qui c’était passé toute à l’heure, j’ai eu des larmes dans les yeux. Des larmes de Rage. Le "sentiment d’appartenance" revient alors au triple galop et il faut "attendre que ça passe" pour écrire quelque chose de valable.

Ces préjugés , ce racisme , qui ne les a pas subis et vécus en arrivant à Paris, comme beaucoup, même de façon feutrée? Ils étaient bien là , ils l’ont toujours été , je m’en souviens.

Celui qui arrive, ado, dans un lycée de Paris, avec un accent ou des tics verbaux, culturels (comme si les Parisiens n’en avaient pas) du Nord, du Sud Ouest, du Maghreb.... va se faire moquer et rapidement "remettre dans le rang" (on ne dit pas "vingTE", on dit "Vin( )" - 20 - , on ne dit pas "crayon de bois" on dit "crayon à papier"....on dit pas "wassingue" on dit " serpillère"....).

On apprend parfois alors à caricaturer ses racines pour faire rire "les autres" avant qu’ils viennent vous ennuyer avec ça. Et puis l’humour devient une arme aussi.

Une arme anti-cons. C’est d’une certaine manière ce qu’a essayé de faire Dany Boon.

Mais au début, ça m’a beaucoup surprise le succès du film de Dany Boon...

Je ne comprenais pas, nous qui étions si souvent moqués, méprisés, nous chez qui personne ne voulait venir sans rouler des yeux pleins d’effroi ("le Nooooorrdddd?!"), je ne comprenais que cette région, qui n’intéresse personne (ou presque), elle puisse attirer 10 millions de spectateurs au cinéma et aussi vite!

Même si le film est assez drôle par certains aspects, et que c’est pas mal fichu.

En réfléchissant, j’ai commencé à me poser les questions autrement, et on en parlait justement il y a quelques jours avec un camarade, - qui se reconnaîtra - , et on se disait tous les deux (lui avec encore plus de force et de conviction que moi) que ce succès, en fait, c’était peut être déjà des prémices, des racines, d’un racisme de classe "à l’envers".

Que, sans doute, si ce film faisait un tel carton, c’est que cette région est emblématique de tous les symptômes du capitalisme (et au delà, d’ailleurs).

L’affaire de la banderole viendrait presque accréditer cette thèse.

Car, depuis Zola, notre région est un symbole, en effet. (Merci Emile!)

Un triste symbole certes, mais un symbole quand même : le symbole des ravages du chômage, (chômage dont on sait aujourd’hui qu’il n’est qu’une des mille manières de gérer le capitalisme).

Sans doute, certains de ces dix millions de spectateurs sont allés au cinéma comme on visite certaines réserves indiennes, c’est à dire avec curiosité, plein de préjugés et beaucoup de compassion, une compassion amplifiée par la peur de "subir le même sort".

Ca, c’est peut être l’autre part de réalité de cette banderole, la réalité qui n’est pas dite, mais le succès du film de Dany Boon vient éclairer cette banderole ignoble, et montre la perversité du regard de l’autre parfois ( là où l’un fait de bonne foi, l’autre regarde avec un oeil torve):et si les spectateurs et ces supporters étaient les deux faces d’une même médaille?

Le racisme de classe, le racisme social des uns s’exerce de manière compatissante, "douce" et par méconnaissance et incompréhension de ce que nous vivons toutes et tous - ils croient aller voir "d’autres", mais voient en fait eux mêmes (en tant que symboles, j’insiste car tout cela ça ne peut pas représenter le Nord Pas de Calais), eux mêmes maintenant, eux mêmes plus tard...

"Pourvu que je ne devienne jamais comme ça" (traduire "chômeur" et donc, si on suit la logique du KOB, nécessairement pédophile, alcoolique etc).

Il y a peut être aussi une partie des spectateurs qui a ainsi manifesté une réelle solidarité aux gens du Nord Pas de Calais, qui c’est vrai, est une région" sinistrée" comme on dit, mais pas pour les raisons qu’on croit.

Elle est sinistrée par le capitalisme et va bientôt, oui ,se transformer en réserve pour "voyages bobo" - on fera un petit tour dans l’ancien bassin minier ("oh comme c’est pittoresque, mais qu’elles sont mignonnes, leurs petites maisons en brique...") après avoir mangé des moules frites du bout des doigts, dans un resto un peu chic en bord de mer, sur la Côte picarde ou au Touquet (mais pas Berck ni Sainte Cécile hein, c’est trop "prolo"...)

Le racisme des supporters s’exerce, lui, consciemment (si on peut dire, ou plutôt , volontairement) , et dans une véritable haine de classe, viscérale, inculquée, même si elle est avant tout haine de soi.

Car, à tort ou à raison, le Nord Pas de Calais, et Lens, symbolisent les mines, les ouvriers et donc, le chômage. C’est une image qui nous colle à la peau - tout les gens de cette région sont supposés ressembler aux personnages de Germinal.

Or,comble de l’ironie, la moitié de ces supporters stupides et haineux, ce sont "les mêmes" que ceux qu’ils insultent ("10 francs 10 matches" , c’était bien pour les jeunes issus de milieux dit "défavorisés", pas pour les petits bourges en Weston du 16è, croyez-moi).

Ce sont les mêmes, ils ont la même origine, les mêmes racines, la même classe, ou presque et ils connaissent, de près ou de loin, les mêmes problèmes que le capitalisme inflige à toutes et à tous.

Il n’est que de revoir l’excellent "American History X" pour une version "made in USA" mais tout à fait transposable ici - on aimerait que ce soit le fait de fils de bourgeois, mais non, et il suffit de mettre les pieds au Parc dans les tribunes des kops pour le savoir.

Beaucoup d’enfants de prolos qui certes, singent les bourges, oui, mais vous savez bien que ce n’est pas le haut du panier qui accomplit "les basses oeuvres"...

Comme souvent donc, hélas, ce sont des enfants du "Lumpen", manipulés par les fascistes, qui cassent du prolo, du noir, de l’Arabe....

Quiconque s’en prend ainsi à cette région, s’en prend nécessairement à ce qu’elle représente en termes de symboles.

Tout cela étant dit, la banderole des imbéciles du PSG (pauvres supporters d’un pauvre club qui ne fait pas beaucoup mieux, finalement, qu’un club de "dégénérés lensois", relégable aussi, hein les gars?...) le montre, si besoin était :

attention, le fascisme n’est pas mort, l’anticommunisme n’est pas mort, la lutte des classes est plus virulente que jamais (dont ces êtres ivres de bière ne sont que de misérables portefaix, justement).

Ce n’est pas tant eux, ce sont ceux qui sont derrière eux. Ceux qui les soutiennent, les protègent.

Une idée pour terminer : pour punir efficacement ces imbéciles enstadés ; en choper trois ou quatre et remplacer pour un match, certains joueurs du PSG par certains de ses supporters - on va voir si ils ne feront pas le ménage rapidement dans leur kops...

Moralité : on a les fans qu’on mérite, et ceux ci sont bien à l’image de leur équipe - les seuls buts qu’ils mettent sont ceux qu’ils tirent contre leur camp.

"LE RACISME ET LA HAINE DE CLASSE : EN D2!"

Je finirai par cette citation de Desproges, sur le foot (et pourtant, j’aime le foot, mais pas comme ça).

"Quand j’étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l’école ou dans la rue. On me disait : «Ah, la fille !» ou bien : «Tiens, il est malade», tellement l’idée d’anormalité est solidement solidaire de la non-footabilité. Je vous emmerde. Je n’ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celles des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades."


De : BRIN TIN CUL

2 commentaires:

Anonyme a dit…

y a encore des cocos par ici ?
y zont pas encore compris ?
qu'y font fausse route ?
les pauvres...

François a dit…

Salut "Brintincul",cette histoire lamentable m'a fait très mal car mon attachement pour les Ch'tis est grand.

Mais après réflexion je me dis que l'on n'est jamais sali que par la boue.

Bien évidemment il faut que cette saloperie soit sanctionnée et très durement.Il ne faut leur faire aucun cadeau.

Mais ce qu'il faut surtout faire c'est l'analyse du phénomène,ce que Brintincul fait très très bien.

J'avoue que tu m'as surpris avec le film de Dany Boon.Effectivement on peut le voir de cette façon et c'est affolant.

Le racisme,arme indispensable du facisme,se construit toujours de la même façon :une race d'étrangers,puis deux...puis les étrangers pauvres des quartiers et ensuite TOUS LES PAUVRES.

Car c'est à cela que sert le facisme :les politiques n'ayant(ne voulant pas en avoir)de réponses à donner à la misère et sachant que les miséreux vont forcément se rebifer un jour on provoque et entretient le racisme.

Ainsi les gens se battant entre eux laissent tranquilles les riches.Quand les flics cognent sur les pauvres qui défilent on approuve,voire on donne un coup de main aux forces de l'ordre contre ces salauds de pauvres qui ne travaillent jamais et nous ruinent en aides de toutes natures.

Blacks,beurs,pauvres même combat !

Quand on voit,par ailleurs,des tas de salauds faire allégeance à Sarko.
quand on voit Jospin,Delanoë et Sarko ensemble dans les tribunes...
quand on voit les victoire de Jupé,Balkany et autres bandits d'extrème droite triompher aux municipales...
quand on voit les CRS attaquer les piquets de grèves lycéens et étudiants à peine mis en place...

Bref,quand on voit et que l'on prend le temps de regarder autour de soit,on se dit que le facisme EST LA.

Même si cela fait peur,c'est la vérité.Raison de plus pour organiser le combat.

Fraternellement

François.