mardi 19 février 2008

Shoah politique, choix religieux, par François Ourly



"On ne traumatise pas les enfants en leur faisant cadeau de la mémoire de ce pays ».

Les propos de Mr Sarkozy ont de quoi au moins traumatiser tous ceux qui savent comment, avec l’aide du gouvernement français (de droite), et de célèbres hommes politiques socialistes SFIO de l’époque (Laval entre autres) les nazis ont pu réaliser en partie leurs fantasmes.

Ce petit homme voudrait que nos enfants se trimbalent un lourd passé dû à la lâcheté d’autres hommes politiques qui passaient à l’époque pour être également les dépositaires de la morale la plus rigoureuse. Lâcheté, consistant après avoir signé la reddition de la France sans combattre, afin que les 100 familles industrielles puissent continuer à faire du beurre (et surtout l’argent du beurre) sans regarder avec qui, à établir des listes par police interposée pour envoyer à la chambre à gaz les pauvres petits dont ce Mr Sarkozy voudrait que nos enfants portent la mémoire.

Nos enfants ne sont pas les réceptacles expiatoires, ni les dépositaires de la conscience nauséabonde de nos hommes politiques :

- 11 septembre 2001 et sa minute de silence avec les petites cloches qui carillonnent

- La Lettre de Guy Moquet avant la soupe, sans dire qu’il était communiste et que c’est pour ça qu’il est mort, pas parce qu’il était résistant, mais les français ont du mal avec l’histoire.

- Et maintenant gober la mémoire d’un individu qui leur est totalement étranger, parce que des hommes politiques français amis des nazis pendant la seconde guerre mondiale l’ont condamné (lui ou certains de ses camarades) à mourir dans d’atroces souffrances. Mais je doute que ce soit cette version que l’honorable chanoine se propose de déverser dans le cerveau tout propre de nos enfants de la patrie.

Si nos bien pensants hommes politiques de droite comme de gôche, puisqu’il semble à juste titre que cela trouve un écho dans la poubelle du parti socialiste ( voir l’empressement à acquiescer de celle qui se propose de nous faire désirer l’avenir) veulent véhiculer des idées de générosité et de partage, de compassion et de fraternité, qu’ils commencent par cesser de montrer l’image dégradante de notre pays à travers les expulsions de milliers de personnes (des enfants aussi !!!) dont notre cher premier ministre se félicite et en redemande avec gourmandise, vers des pays qui ne sont plus ou n’ont jamais été les leurs et ce à coup de matraques et d’humiliations.

Mais pour ceux-ci, point de mémoire. C’est encore trop frais. Dans quelques années d’autres prédicateurs viendront demander à d’autres enfants de graver dans leur mémoire les cochonneries que ceux d’aujourd’hui sont en train de faire au non du droit et de la loi.

Mais en fait… peut-être pas, car ceux que l’on envoie aujourd’hui, ailleurs, ou vont-ils ? En plein désert comme ceux expulsés par l’Espagne socialiste ? A la mort comme ceux que l’on renvoie dans des pays en guerre ou ceux dont les embarcations qui chavirent « malencontreusement » se noient alors que des vedettes de police sont à proximité?

Ceux-là je vous le dis, personne ne les recensera, pas plus qu’il n’est tenu compte dans les propos sélectifs de Mr Sarkozy de l’extermination des milliers de Roms, du peuple noir « animaux inférieurs et d'une bestialité sexuelle inextinguible » selon la propagande arienne, homosexuels, handicapés, résistants, communistes. Qui portera leur mémoire à ceux-la, personne parce que Mr Sarkozy n’est pas allé dîner avec leurs instances représentatives, pas plus que Ségolène Royal ou François Hollande (comme ils se retrouvent sur bien des points).

L’école est laïque et doit le rester, l’approche laïque de la religion est déjà présente dans les manuels d’histoire, il est donc inutile de faire du lobbying en supplément.

On privilégie Une mémoire sur toutes les autres.

« Le triomphalisme de la douleur, l’obsession victimaire, tout cela c’est, je dirai, non pas porteur de transmission mais cela bloque la transmission. La transmission, elle est prise de distance, maîtrise des faits, elles n’est pas du tout ce confusionnisme émotionnel que l’on essaye de nous inculquer.Encore une fois non pas à des volontaires mais à des gens tenus par une obligation, c’est contre productif… »

Propos de Régis Debré sur France Inter le 15/02/2008 dans Inter-activ (et je vous conseille de les ré-écouter car ils valent leur pesant d’intelligence).

F.Ourly

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