mercredi 30 janvier 2008

LETTRE D'UNE DEPUTEE PS SUR LE TRAITE DE LISBONNE: QUAND S'ARRETERONT-ILS?



"Madame, Monsieur,

Suite à votre courrier, voici les éléments que je suis en mesure de vous apporter concernant le traité européen. Le 4 février prochain, en cohérence avec la décision prise par le groupe socialiste à l’Assemblée, je me rendrai à Versailles pour participer au Congrès, dans le but d’enclencher le processus de révision de la Constitution, qui est le préalable juridique indispensable à toute ratification.

Les instances nationales du Parti Socialiste ont décidé de voter pour le Traité de Lisbonne car, bien que peu enthousiasmant, il a le mérite de sortir de l’enlisement institutionnel dans lequel se trouve l’Europe depuis 2005. Pour ma part, je regrette que la charte des droits fondamentaux insérée dans la précédente constitution n’ait pu être reprise que de manière indirecte, car il s’agissait selon moi d’un texte fondamental.

Une opposition à la modification constitutionnelle aurait pour effet immédiat d’interrompre la procédure de ratification du traité, et donc de renoncer à toute possibilité pour le peuple de s’exprimer. En revanche, conformément à la décision prise à une large majorité par le groupe socialiste, je m’abstiendrai sur le texte pour exprimer mon désaccord avec les méthodes de Nicolas Sarkozy.

Je souhaite insister sur deux points : d’une part il faut savoir que les parlementaires sont au nombre de 908 ( à savoir 577 députés et 331 sénateurs). La modification de la Constitution nécessite l’aval des deux cinquième des parlementaires, soit 364 parlementaires. Cependant, les groupes PS et PC ne comptent que 319 parlementaires (210 députés et 109 sénateurs). Si on ajoute les apparentés, on arrive à 347 parlementaires, soit un nombre toujours inférieur aux deux cinquièmes. Les chiffres montrent que l’ensemble des parlementaires de gauche constituent moins des deux cinquième du Parlement, ce qui signifie que même si tous votaient contre la modification de la Constitution lors du Congrès de Versailles, celle-ci serait quand même adoptée.

D’autre part, le rejet de la modification de la Constitution n’implique pas l’organisation d’un référendum ipso facto.

Une fois la Constitution révisée, le débat sur le mode de ratification lui même peut commencer. En accord avec ses engagements de campagne, le groupe socialiste exigera un référendum, et déposera une motion référendaire, lors du débat qui aura lieu le 6 février à l’Assemblée nationale. Il a d’ailleurs voté la proposition de loi en ce sens, déposée par le groupe communiste (GDR) récemment.

En tant que Vice-Présidente du groupe socialiste, j’approuve la position de compromis adoptée démocratiquement à l’intérieur de mon parti et respecterai la décision prise.

Je souhaite qu’au lieu de prolonger encore la crise des instances européennes, toute notre énergie soit consacrée à ce que les français sanctionnent massivement le gouvernement dans les urnes, les 9 et 16 mars prochains.

Bien à vous,

G. P.-L. Députée de Paris 01 40 63 68 6.

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MA REPONSE:

"Madame la Députée,

Merci d'avoir pris la peine de répondre à mon courrier.

J'avoue cependant être assez désagréablement surprise par l'énorme dose de renoncement que contient votre discours, et notamment, la partie relative au calcul de la majorité nécessaire à Sarkozy pour faire passer son projet!

Vous oubliez que certains parlementaires de droite vont également voter CONTRE cette mascarade. Si les parlementaires qui se prétendent de gauche font bloc de façon unanime et inflexible, il se peut fort que ce viol de notre souveraineté tourne court.

Et puis, comment peut-on savoir à l'avance qu'un combat va être perdu, qu'il ne sert de rien de se battre jusqu'au bout, sur des sujets aussi fondamentaux?

Par ailleurs et pour ma part, j'ai voté NON le 29 mai 2005 pour refuser d'aller plus loin dans le projet d'Europe libérale que l'on nous proposait. Le projet européen que vous appelez de vos voeux n'est rien d'autre qu'un faux nez du capitalisme, aussi vous comprendrez que votre justification à cette trahison du PS ne me convainque pas.

Je suis sidérée par votre réponse, et la facilité avec laquelle la majorité des parlementaires de votre groupe semble à la fois oublier quelle est l'essence de leur mandat, et d'autre part, quelle doit être la seule attitude convenable pour un élu républicain face à cette question.

Que le PS ait décidé de faire du renoncement face au capitalisme son idéologie officielle le regarde, certes. Que la plupart de ses membres décident qu'on est plus à l'aise pour retourner sa veste les bras ballants que le poing levé, après tout , c'est logique.

Mais ne venez pas nous raconter n'importe quoi et conclure votre message par un appel à "sanctionner Sarkozy dans les urnes", comme si sa faute à lui pouvait effacer la votre, et comme si nous étions encore assez stupides pour croire qu'en votant pour vous, nous allons faire un barrage efficace entre lui et nous!

Madame, entre cette forfaiture et le nombre de membres du PS qui travaillent aujourd'hui pour Sarkozy sans être exclus de votre parti, sans parler de la mollesse de votre opposition et de l'absence totale de présence de votre parti au côtés des salariés dans les luttes sociales ces dernières années, je crois que la messe est dite, trop c'est trop et pour ma part, vous n'aurez plus jamais ma voix.

D'un point de vue assez pratique en effet, et très matériellement, les inconvénients que je trouve à soutenir, le cas échéant, votre parti en lui accordant ma voix à l'occasion, ne sont plus contrebalancés par des avantages qui me permettraient de penser que j'ai fait le bon choix pour ma vie et pour mon pays.

Tout cela est très triste et assez écœurant, rappelant les heures sombres que la France connut en 1940 quand la plupart des parlementaires votèrent les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, nous assurant toutefois que "c'était pour notre bien". Fort heureusement pour nous, des communistes et des gaullistes ne pensèrent pas comme ces gens-là, ce qui a permis de mettre un terme à bien des horreurs.

J'ai quitté le PS fin 2006 car je ne pouvais plus supporter de le voir déraper ainsi, je vois que la chute est longue et a de beaux jours devant elle.

Nous n'attendrons pas le 9 mars pour vous dire notre colère et nous serons à vos portes à Versailles le 4 février pour vous rappeler de respecter la voix du peuple.

Salutations"

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Si la gauche avait eue plus des 2/5 de parlementaires qu'elle réponse nous aurait-ils fait?

Anonyme a dit…

"Trackback manuel" Osémy : Je parle de ton billet là : « La Louve a retrouvé sa boîte à baffes ».

(Et encore bravo, mais je me répète).

PatatoOor a dit…

Le PS n'est plus depuis longtemps un parti de gauche, tout au plus de centre gauche, débordant un peu sur la droite en certaines occasions.
Ou alors s'ils sont à gauche c'est que le paysage politique français s'est bien droitisé.
Le problèeme est qu'ils n'osent pas se l'avouer.
Honte de ces anciens gauchistes qui vivent comme des nababs de droite qui le savent, ou peut-être pas..
Le résultats de ce grand écart est là :
victoire de la drotie et de Sarkozy, développement du centre de Bayrou et motnée en puissance de l'extrême gauche (la gauche ?) de Besancenot.
Le PS flotte quelque part entre deux eaux, accompagnés de leur fidèle compagnon le PC, qui a la tête sous l'eau depuis longtemps et que le PS fournit en oxygène avant chaque éléctions en échange de quelques misérables voix.
Mais ça sent la fin.
Leur position sur le traité européen est donc tout à fait logique, ils étaient pour dès le départ de toute façon, aucune raison qu'ils changent.
Et je suis persuadé qu'une majorité d'entre eux étaient contre le référendum mais que pour exister il faut bien contester, quand on a rien d'autre à proposer.

Anonyme a dit…

et bla bla bla et bla bla bla ....
c est pas moi c est l autre ( meme si on ne fait rien pour le contrer) et puis ma bonne dame ,y a les mathematiques c est terrible ça les maths.....ils sont tellement a court d arguments qu ils en perdent toute décence.soyons veules et obsequieux ,ainsi peut etre serons nous epargnés..je comprends de plus en plus ce vieux monsieur qui me dit toujours "les socialistes sont des traitres ! et puis d abord -socialiste- c est une insulte ! "
Makhno

Anonyme a dit…

Et paf ! Bien envoyé.
Pourquoi s'entichent-ils donc de "socialisme" tous ces petits bourgeois même plus bohèmes ? C'est rentable ?

Anonyme a dit…

"La modification de la Constitution nécessite l’aval des deux cinquième des parlementaires".

la deputee se plante : c'est 3/5 des voix pour modifier la constitution. pas etonnant, qu'elle vote mal cette dame...

serait-il possible d'avoir une autre photo louvienne (avec cheveux courts ?)...

François a dit…

On le savait déjà mais ça fout les boules quand même.

Et dire qu'ils y a de vrais gens de gauche qui vont s'allier à ce parti pour,disent-ils,"battre la droite".

La naïveté à ce point ne me paraît pas très honnête...

Merci pour cet article,Elodie,et surtout pour la réponse faite à cette militante "de choc".

Fraternellement à toutes et tous.

François

internaciulo a dit…

Trahison, non mais puis quoi encore ?
Nous défendons nos idées, pas les votres.

"la seule attitude convenable pour un républicain" ==> vous confondez avec les démocraties populaires, jusqu'à preuve du contraire il n'est pas interdit d'être contre la ligne du parti.

Vous avez le droit d'être contre la ratification du traité de Lisbonne (et donc pour le maintient du traité de Maastricht et du traité de Nice puisque c'est ça et rien d'autre qu'un NON veut dire)

Vous avez le droit de raconter n'importe quoi sur le contenu supposé de ce traité (ça m'arrive aussi).

Par contre il est scandaleux que vous remettiez en cause la légitimité même qu'ont les élus du peuple de voter pour ou contre la ratification d'un traité international.

Je trouve ça encore plus choquant et dangereux que l'analogie insultante et dérisoire avec Vichy ou que l'argument délirant que puisque Pasqua est contre, nous sommes sommés de l'être aussi.

Un grand "Merde" aux détracteurs de la démocratie représentative.

Moi j'y tiens.

A fortiori si c'est pour lui substituer une forme complètement bancale de démocratie référendaire où seuls un petit nombre de pays votent et d'autres non, et où un seul NON, même celui de l'ile de Malte, suffit à contrebalancer le voeu même majoritaire d'une majorité de citoyens et d'états européens.

Salutations énervées,
Jean-Michel Fayard

Anonyme a dit…

Pauvre France, maintenant je sais pourquoi je ne vote plus pour les sociaux démocrates (au second tour). Pour moi le PS a cessé d'être un "parti de gauche" et le terme "gauche" commence a m'irriter de plus en plus car il est hypocrite.
Thorezzzzz revient !!!!

François a dit…

Salut jmfayard,tu parles des élus du peuple qui votent A LA PLACE DE CE PEUPLE.Il ne faut pas tout confondre les gens avaient voté majoritairement CONTRE ce traité et que font les élus en question?Ils ne tiennent en rien compte de l'avis prononcé très fortement par le peuple et votent à leur place comme si ils étaient mandatés par les gens!Non,non et non ils n'ont pas le droit de faire cela,c'est une TRAHISON PURE ET SIMPLE.

Lez rôle de l'élu est d'être à l'écoute du peuple pas de prendre des décisions,surtout aussi graves, à sa place.

L'élu politique ou syndical doit OBEIR à ces électeurs ou partir.Autrement c'est remettre en cause la démocratie.

Fraternellement
François.

internaciulo a dit…

François,

je persiste et signe :

1) Merci de bien me lire d'abord, ensuite tu peux m'insulter. Je ne suis pas contre un référendum. Je suis contre un référendum national. Je suis pour un référendum européen (tout le monde vote, s'il y a 24 OUI et 3 NON, on fait la constitution européenne à 24 et les 3 autres choisissent de se casser ou de rester dans l'UE). Bizarrement défendre cette procédure alternative ne semble pas avoir effleuré l'esprit de la grande majorité des Grands Partisans Autoproclamés d'une Autre Europe Plus Démocratique. Pourtant ce serait tellement plus pertinent !

2) Si je suis ton raisonnement, à partir du moment où on vote une fois, on est pieds et poings liés ad vitam eternam ? Et bien non, rien n'est éternel en démocratie, chaque nouveau vote efface le précédent.

En 1995, un vote a donné un mandat clair à Chirac pour mener sa politique ; En deux ans, les gagnants de 1995 ont déçu jusqu'à une grande part de leurs soutiens d'alors (tu vois le parallèle que je veux faire ?) et donc deux ans à peine, le président élu des français s'est vu brutalement déssaisir de la possibilité de mener une politique. Et pourtant, ce qu'une élection présidentielle a fait, seule une élection Présidentielle peut le défaire n'est-ce pas ?

Plus près du thème qui nous préoccupe : en 1992, les français ont voté OUI à Maastricht. Ils ont voté OUI à un texte bien précis et pas un autre. En 1997, les parlementaires n'ont pas hésités à modifier largement "sans leur demander leur avis" le seul texte qu'ils avaient approuvés. A t'on entendu des cris au "déni de démocratie" ? Non, l'indignation est à géométrie variable. Ou alors c'est qu'un vote NON a infiniment plus de Valeur qu'un vote OUI. C'est en effet ce que j'ai remarqué dans vos argumentaires. Les 18 OUI des pays européens ne sont que quantité négligeable, limite illégitimes, en regard du prodigieux NON Frrrançççaiis. (Qui n'a servi à rien de rien de rien).

3) La procédure de ratification parlementaire des Traités internationaux (même pour les transfers de souveraineté), elle est inscrite dans la Constitution, donc parfaitement légale. (Qu'on la juge inopportune et maladroite, c'est un autre problème…). Au fait, ôtez-moi d'un doute : qui a démocratiquement élu ces fameux parlementaires ? Et bien le Peuple, justement. Et sur un programme où la ratification de ce Traité par la voie parlementaire étant clairement formulée, au terme d'une campagne électorale pluraliste où il était possible de voter pour maints candidats défendant une autre option.

Étonnant, non ?!

François a dit…

Jean Michel,J'ai bien compris que tu es pour un référendum Européen.Mais si on te suit c'est d'avance remettre en cause le vote national qui a eu lieu.

Le réferendum Européen a déjà été fait et l'écrasante majorité est pour le oui,si l'on compte par nombre de pays pour et pays contre.

Si l'on fait un nouveau référendum il ne pourra qu'être en faveur du oui.Et ,de ce fait ,enterrinera le traité tel qu'il est et non pas revu et corrigé en faveur des classes laborieuses,c'est là le danger.

Il nous faut compter,sans aucun doute, sur la façon dont sera(serait)présenté ce traité dans les différents pays.Toi comme moi connaissons la "manipulation" dont sont capables et ne se priveront pas les différents gouvernements.Et une fois voté...bonjour les dégats!!!

Personnellement j'ai toujours pensé que le non Français et le non Danois étaient des aubaines pour arriver à modifier le traité et en faire un plus juste.

Je ne suis pas contre l'Europe , je suis pour.Je suis pour l'entrée sans condition de la Turquie,mais il y a traité et traité.Celui actuel est inacceptable et nous devons tout faire pour le changer avant de le mettre en application d'une façon ou d'une autre.

C'est aussi cela être communiste aujourd'hui à mes yeux.

Quant aux gens qui ont voté pour en votant Sarko.peut-on vraiment les blâmer?Au premier tour sûrement mais au second...Ségolène avait la même position que le nain de jardin même si elle ne le criait pas aussi fort.
La vraie trahison c'est au PS que nous la devons.Espérons que maintenant les gens,en grande majorité,auront compris que le PS n'est pas de gauche et qu'ils orienteront leurs votes en conséquence.

Fraternellement à toi
François.

Anonyme a dit…

la députée PS se plaint du nb de parlementaires mais la gauche navait quà gagner les élections.