lundi 7 janvier 2008

LA GRANDE ILLUSION



La Grande Illusion

Ce titre est un hommage à Jean Renoir bien sûr ; par ailleurs, il décrit parfaitement l’état dans lequel nous sommes actuellement contraints de vivre.

Evidemment, Sarkozy et ses parlementaires ou ministres UMPistes sont les symptômes les plus visibles de cet iceberg, sur lequel la France, devenue Titanic, s’est abîmée et commence à sombrer…

Mais réduire cette grande illusion au seul « travail » de Sarkozy et des gens de droite, c’est un peu fort de café. Et totalement à côté de la plaque.

Car quoi ! Est-ce si étonnant que cela de voir des bourgeois et des capitalistes mener une politique de droite pour les 500 familles les plus riches de France ?

Non, évidemment.

Il fallait vraiment être un perdreau de l’année pour croire que des types comme Sarkozy et sa bande allaient faire une politique humaine, sociale, juste, etc. Pourquoi pas une politique socialiste tant qu’on y était ?!

Pas de surprise donc, à moins d’être un vrai niais, et dans ce cas-là la leçon n’est pas perdue et va mettre du plomb dans la cervelle à un paquet de gens.

Je repense par exemple à cette partie de ma famille (vous savez,celle que j’avais du supporter cet été) qui n’avait aucune raison de voter à droite, mais qui l’a fait comme un seul homme, avec tous les arguments débiles que l’on a pu entendre (et que l’on entend moins aujourd’hui). Ca tire un peu plus la tronche quelques mois après l’avènement du Sauveur Suprême hein…

A quelque chose malheur est bon donc, c’est ce que je me dis…Ce « coup de pied au cul » qu’ils se prennent, et que Royal ne leur aurait pas mis de la même manière, va sans doute en réveiller quelques-uns.

Non, la vraie surprise, c’est le degré de « nullitude », pour paraphraser une dirigeante du PS, de « la gôche », Besancenot mis à part (il faut rendre à César…).

Tiens d’ailleurs, c’est tellement vrai que même les « andouilles » de prolos qui ont voté Sarkozy finissent par s’en rendre compte, de cette nullité crasse de « l’opposition »...

Ca pourrait faire un bel opéra wagnérien aussi, vous me direz : « Le vaisseau fantôme » - et d’ailleurs, le patronyme du Premier Secrétaire du PS m’a toujours fait marrer, parce que le Hollandais volant, c’est le vaisseau fantôme justement… L’histoire fait de ces blagues j’vous jure…

Même chez nous, les communistes du PCF, c’est guère mieux ! On ne parle plus de victoires qu’en termes de victoires électorales. Rien d’autre n’existe désormais. C’est le seul horizon de notre direction qui trouve tous les arguments pour tenter de nous justifier l’injustifiable : c’est l’argent, c’est battre la droite, c’est reconstruire la gôche etc…

La victoire sur le terrain ? La reconquête des pensées et des cœurs ? La victoire des idées ? Pensez-vous c’est pas avec ça qu’on croûte ma bonne dame….Plus tard, plus tard « si » et « quand »…

Objectif : listes PS. Point barre.

Comme si rien d’autre n’existait à gauche, ni la LCR, ni LO ( ah non surtout pas des « gauchistes »… Oui, évidemment, des démocrates chrétiens et des centristes, c’est mieux…), ni Attac, ni des reliquats d’unitaires antilibéraux, ni de communistes ou socialistes non encartés…

Rien, il n’y a rien à gauche hormis le PS et le PCF c’est connu…

Heureusement, il y a des raisons d’espérer et de continuer à être confiants, sinon dans le PCF au moins dans ses militants, qui ne sont pas tous tombés sur la tête : on le voit pour les municipales à Garges-les-Gonneses, à Vigneux, à Marseille, à Béziers, à Ivry sur Seine, à Bobigny, à Bagnolet, ou ailleurs encore, il y a encore des communistes du PCF qui ne vendent pas leurs âmes au PS pour un plat de lentilles et font des listes autonomes, unitaires et anticapitalistes, conduites par des représentants du PCF ou largement impulsées par lui, qui rassemblent à gauche diverses sensibilités et plongent leurs racines dans la fameuse « société civile » (ce nouvel Eldorado…).

C’est bien, vraiment bien et je ne peux qu’encourager tout ces camarades à s’accrocher, à solliciter toute l’aide dont ils pourraient avoir besoin, y compris hors de leurs circonscriptions, et surtout à communiquer massivement leurs résultats.

La grande illusion à droite, bon, on voit bien comment elle fonctionne, (même si parfois, attention, elle est à double détente , pour faire trébucher le gauchiste justement : le doigt montre la lune or, il ne faut pas regarder QUE le doigt ;)).

La grande illusion à gauche, c’est plus compliqué, elle est à la fois subie par les dirigeants et distillée par eux dans « le bon peuple » (nous quoi…).

Subie par les soi-disant leaders donc, qui sont, malgré leurs dénégations, absolument fascinés par Sarkozy et sa pseudo-vitalité (ce qui ne les empêche nullement d’espérer qu’il se casse la gueule…).

Ils sont comme des moustiques devant l’ampoule électrique – ahlala… on veut pas aller s’y coller, mais ça brille tellement, c’est dur de résister… et paf ! Ils se sont laissé imposer le tempo de Sarkozy et de sa bande, ils sont en déroute, on peut le dire.

Et puis dans toute cette agitation, pensez donc qu’il faudrait en plus qu’ils aient des idées, qu’ils réfléchissent, qu’ils prennent du recul, qu’ils disent ou écrivent un ou deux trucs sensés (juste un peu marxistes même, ce serait suffisant pour relever le niveau et faire la blague, je dis pas de faire du Besancenot, mais essayer de copier…)...

Non, pas possible…Ce qu’ils essaient de copier, et ça on le voit depuis des mois et même avant l’élection, c’est Sarkozy et l’UMP (d’où le mythe du grand parti de « gôche »…), la voilà la grande illusion.

Pourtant, c’est dingue, y’a des gens, qui ont un vrai travail (genre au moins 35 heures par semaine) qui gagnent moins bien leur vie qu’eux avec leurs soldes députés ou sénateurs, voire, qui ont une vie de famille, parfois chargée, qui ne jouissent pas des mêmes protections ni des même avantages ni des mêmes aides que nos « zôon politikon » (je ne sais plus comment on met ce grec-là à plusieurs…) et qui pourtant, fusent plus d’idées et d’actions, de réflexions, que tout un banc de requins (…oups… pardon, je voulais dire, un banc de députés) de gauche réunis à l’Assemblée ( enfin… si c’est pas vendredi et si c’est avant 15 heures..) – Etonnant, non ?

Il y a des maires de petites communes ou d’ « obscurs » conseillers généraux qui se bougent mille fois plus que nos députés et sénateurs et n’ont peur ni des risques, ni des engagements, ni des mesures radicales, tout en arrivant à être à peu près raccords avec leurs promesses électorales – Incroyable, non ?

Et dire que Jack-Hum-Lang va être le prochain ministre de la Justice de Sarkozizi et qu’il se pavanait sur RTL ce matin sur le mode : « Je suis le seul opposant véritable à Sarkozy à gauche »…Ah ouaich ! C'est ses électeurs du boulonnais et lma fédé locale qui doivent être archi contents de ses services de "résistant"....

La grande illusion, elle est distillée par eux, ces mêmes élus fascinés, qui essaient de nous faire croire que l’alpha et l’oméga de nos vies se résume à la politique telle qu’ils la pratiquent eux (et donc, surtout, telle qu’ils la dévoient et finissent par nous en détourner).

Faut vraiment nous prendre pour des cons. Mais peut être au fond, que nous sommes si cons que ça? dès fois, j'me demande..

Les élections je vais vous dire, en temps normal (ce en quoi je considère que nous ne sommes plus), je ne suis pas contre par principe. C'est comme l'action politique. C'est une phase importante du combat, il en faut AUSSI, mais y' a pas que ça.

On peut être révolutionnaire et ne pas être un abruti sanguinaire, espérer encore que la voie des urnes et de la politique peut AUSSI, par une sorte de "miracle",faire avancer réellement les forces progressistes, révolutionnaires.

Je suis contre les élections, l'électoralisme, quand ils aboutissent à vider le politique de substance. Je suis contre quand elles monopolisent l’action et la réflexion d’un parti, je suis contre quand elles deviennent la seule raison d’être d’un parti.

Je suis encore plus contre quand elles aboutissent à lier davantage, et de la pire manière, un PCF et un PS qui devraient se séparer (pour le bien de tous dans le couple ;)), pour mieux se retrouver, qui sait ?

En plus, cette union, elle déplait autant aux militants d'un côté que de l'autre.

Tiens, un de mes frères, par exemple, est resté au PS (personne n'est parfait ;)) - il est plutôt social démocrate; et bien lui il ne nous supporte plus, nous les cocos, et il ne rêve que d'une chose, c'est qu'on débarrasse le plancher et que son parti se sépare de nous. Je suis bien d'accord avec lui d'ailleurs (comme quoi!).

Et puis cette union, elle finit par faire vraiment "lutte des classes", mais pas dans le bon sens - (entendons-nous, je fais référence à la question que nous nous sommes posés un jour : la "classe" politique est-elle devenue une classe au sens marxiste?) - ça favorise la montée du populisme, les Le Pen et Sarkozy, ça favorise l'endormissement des classes populaires ( dont je fais partie), bref, je n'y vois que du mauvais...

Je suis pour l’union à gauche et je ne l’ai jamais caché, c’est un objectif ; mais pas comme ça. Pas à n’importe quel prix. Pas n'importe comment. Et la gauche pour moi ça n'est plus le PS. L’union sur un programme (qui ne peut pas se résumer à « battre la droite »), l’union sur des principes de gauche, l’union dans l’action (les manifs, les luttes, les votes) mais pas seulement sur des listes pour une échéance.

Bon, tout ça on finit par le comprendre, la mémoire nous revient progressivement, le bon sens aussi.On va finir par se rappeler que nous devons défendre nos intérêts nous mêmes in fine...C'est bien. Je n’ai pas de doute, Sarkozy c’est une bonne purge.

Bon, comme toutes les purges, elle file gravement mal au bide et on peut rester aux cabinets un paquet d’heures, mais ensuite, quel soulagement !

La seule chose que je vous demande, c’est de ne pas vous/nous infliger tout ce mal pour simplement voter Royal/PS en 2012 et d’essayer de construire tous ensemble « autre chose » (quoi ? parti, programme, mouvement, pratiques , idées, pas tant peut être sur le communisme, ni le socialisme mais sur "les bases" - qu'est ce que la politique? qu'est ce que la révolution? etc - peut être tout cela en même temps … je ne sais pas, mais il faut…) !

Ca commence par: TOUS ET TOUTES A VERSAILLES LE 4 FEVRIER 2008!

Allez bonne semaine à tout le monde - La Louve

2 commentaires:

Anonyme a dit…

> « Ce "coup de pied au cul" qu’ils se prennent, et que Royal ne leur aurait pas mis de la même manière »

C'est bon de rire, parfois... :-D

Hummm... La différence entre l'économie de marché sauce Sarko-UMP et sa version socialo-Royaliste est la différence entre se le prendre avec une poignée de sable ou un peu de vaseline, si toutefois tu me passes la crudité de l'expression. Le subtil distingo ne se situe que dans la qualité du lubrifiant employé...

> « Rien, il n’y a rien à gauche hormis le PS et le PCF c’est connu… »

Ben il y a "nous"... Tous les "nous", et je crois que ces "nous" sont nombreux, même s'ils restent infiniment minoritaires dans la société et non structurés - probablement quelques désillusions du côté des "structures" en place ?

Mais j'ai l'impression que ces "nous" qui se demandent comment foutre ils pourraient bien un jour parvenir à s'organiser sont au bout du compte bien plus nombreux que les encartés ou "sympathisants" du P.S., du PCF ou de la LCR.

Quant au parti socialiste actuel et à ses dirigeants, depuis mai 2005 (enfin, c'est juste là que je me suis réveillé...) ils me donnent davantage envie de vomir que toute autre produit de la classe politique.
Comme tu le dis, on n'a pas grande illusion - ni donc grande désillusion - devant le programme de la droite-de-droite qui ne fait "que" méthodiquement son travail.

Mais la destruction de toute opposition structurée de gauche dans ce pays est le fait principal du P.S. que l'on peut tout simplement qualifier, en tant que parti, de pur et simple social-traître.

On y trouve cependant encore des militants honnêtes, convaincus, souvent historiques, parfois depuis plusieurs générations. Mais franchement je me demande ce qu'ils y font encore.

Je suis persuadé que renaîtra une véritable opposition de gauche dans ce pays le jour où tous les "nous" parviendront à constituer un groupe cohérent, renvoyant aux oubliettes de l'histoire les structures actuelles P.S., PCF, LCR compris.

Mais j'ai la triste impression que ce n'est pas encore pour demain. J'y avais presque cru, l'automne 2006, avant que n'arrive ce qui est arrivé.

SAd___ a dit…

Je lève mon verre

à toutes les illusions perdues

et à chaque dix de retrouvées ;-)