dimanche 30 décembre 2007

La riposte ou la révolution ? par Le Mouton Noir

N'acceptant pas de me résigner face aux ravages du capitalisme, j'ai adhéré au PCF il y a environ deux ans, pour rejoindre ceux qui luttent contre ce système, ceux qui n'acceptent pas la fin de l'Histoire et proposent une alternative.

Aujourd'hui je m'interroge : le PCF est-il la bonne organisation pour lutter contre le capitalisme ? Que lui manque-t-il ? Que faudrait-il faire ?

Les paragraphes qui suivent proposent quelques réponses à ces questions, avec l'espoir de susciter un dialogue et des réactions pour élaborer les projets dans lesquels des militants comme moi auront envie d'investir leur temps et leur énergie.

Le PCF est-il encore révolutionnaire ?

Au-delà des références théoriques, l'organisation PCF n'a aujourd'hui plus aucune stratégie révolutionnaire, à savoir une idée concrète des actions à mener pour réellement bouleverser la société et ébranler le capitalisme. Même si sa base militante est d'une richesse politique extraordinaire, son encadrement et sa direction nationale ne proposent aujourd'hui comme seul horizon que "la riposte". Cette stratégie est une impasse. Elle est totalement passive. On subit le rythme des coups de l'adversaire, on le laisse choisir son terrain (qui change tous les 10 jours), on épuise petit à petit toute crédibilité politique et surtout on ne construit rien. Le tout en implorant le PS de nous aider à conserver quelques élus.

Pitoyable.

Pendant que les professionnels de la politique font mine de chercher notre projet et les formes politiques qu'il conviendrait d'adopter (surtout pour leur assurer un avenir personnel), les militants ne se posent pas ce genre de questions (les réponses sont connues), mais se demandent plutôt que faire concrètement aujourd'hui.

L'urgence et la possibilité d'une stratégie révolutionnaire !

Prenons du recul. Choisissons notre combat. Contre-attaquons. Avec trois impératifs :

* Choisissons notre rythme et notre terrain, prenons l'initiative.
* Inscrivons-nous dans la durée, indépendamment du calendrier électoral.
* Gardons toujours une perspective réellement révolutionnaire : notre objectif est de bouleverser en profondeur la société, pas de jouer les dames patronnesses.

L'une des clés absolument essentielles est de combattre concrètement, par la preuve, l'idée qu'il n'y aurait plus d'alternative : nous devons faire du communisme maintenant. Pour y parvenir, il faut attaquer le capitalisme au cœur, en déstabilisant les piliers sur lesquels il s'appuie. Cette stratégie pourrait s'articuler autour de trois axes :

* La révolution dans les têtes : la fraternité contre la peur.
* La révolution dans les villes : les coopératives contre la plus-value capitaliste.
* La révolution dans les campagnes : l'agriculture naturelle contre la malbouffe.

Même si le pouvoir institutionnel reste un objectif car lui seul permet de modifier en profondeur certaines règles, nous allons voir qu'il est possible d'agir tout de suite et très concrètement dans ces trois axes, pour créer une dynamique autrement plus efficace que l'impasse mortifère que représente la stratégie avant tout électoraliste dans laquelle s'est enfermé le PCF depuis 20 ans.

- La révolution dans les têtes : la fraternité contre la peur

La peur du chômage. La peur de la rue. La peur des jeunes. La peur de tomber malade. La peur des banlieues. La peur des étrangers. La peur de la Chine. La peur des autres.

Cultivée par les médias (comme l'a brillamment montré Michael Moore), la peur est le terreau dans lequel prospère le "libéralisme" : elle favorise le repli sur soi, sur l'individu.

Combattre la peur, c'est assécher le terreau idéologique du capitalisme. Et on peut la combattre :

* D'abord en la nommant, en la montrant du doigt. Ce qui suppose des campagnes de communication frappantes, imaginatives et décalées. Ca ne coûte pas cher mais ça suppose d'accepter de prendre des risques.

* Ensuite en affirmant que la peur n'est pas une fatalité, car les solutions existent. Ainsi, c'est pour ne plus avoir peur des conséquences sociales de la maladie que les travailleurs se sont dotés de la sécurité sociale à la Libération. Et si le patronat s'est appliqué depuis à la démolir petit à petit, en espérant en venir à bout définitivement ("refermer la parenthèse du Conseil National de la Résistance"), c'est bien sûr pour reprendre en main ce secteur économique, mais c'est aussi pour raviver cette peur et casser cette solidarité.

* Enfin, en mettant en place très concrètement des actions de rencontre et de solidarité, pas pour "faire du social" mais pour apprendre à se connaître et restaurer le sentiment de fraternité entre les travailleurs, le meilleur antidote de la peur. Quelques exemples : la marche pour l'emploi organisée par les communistes du Nord – Pas-de-Calais, l'Appel aux Sans Voix (http://www.appelauxsansvoix.org), des permanences d'écrivain public, etc. A l'opposé du caritatif, c'est la dignité de lutter ensemble qu'il faut restaurer.


Dans un deuxième temps, quand nous aurons (re)trouvé une audience importante, on peut imaginer de constituer des services publics alternatifs pour reconstruire les mécanismes populaires de solidarité que le capitalisme débridé aura démolis.

- La révolution dans les villes : les coopératives contre la plus-value capitaliste

A la base du capitalisme, de l'accumulation du capital financier, il y a l'extraction de la plus-value sur le travail salarié. C'est le moteur du système. On peut s'y attaquer dès aujourd'hui, en favorisant le développement des coopératives, les SCOP (Sociétés Coopératives Ouvrières de Production).

Les SCOP, c'est autant de salariés dont le travail ne vient pas grossir le capital. C'est une partie de la production qui échappe aux logiques purement financières. C'est une preuve concrète que l'on peut produire autrement, que la démocratie sur le lieu de travail n'est pas contradictoire avec l'efficacité économique. C'est la subversion au cœur du système.

On peut agir concrètement :

* Créer un site Web de promotion des SCOP, avec une notation et un label décerné aux plus "révolutionnaires", une rubrique emploi, une bourse aux projets, des témoignages, le calendrier des fêtes (voir ci-dessous), etc.

* Constituer un réseau de soutien juridique et de formation : aide à la reprise d'une entreprise par les salariés, aide à la création.

* Organiser des fêtes ! Chaque salarié qui abandonne le secteur capitaliste pour rejoindre le secteur coopératif est une victoire : cette victoire doit être fêtée. On peut même imaginer une cérémonie à la manière des baptêmes républicains, pour souligner la portée subversive et révolutionnaire de chacun de ces petits événements. Ces fêtes seraient une réponse (parmi d'autres) à la perte du lien social et aux ravages qu'engendre l'absence de rites de passage dans notre société (mais ça c'est un autre débat !).


Aujourd'hui, en France, il n'y a que... 36 000 salariés travaillant dans des SCOP ! Faisons tout pour que ce chiffre soit multiplié par 10, par 100, et ceux d'en face commenceront alors à vraiment s'inquiéter ! Quand ils tenteront de réagir, par exemple en légiférant contre les SCOP, nous aurons gagné : la mobilisation sera immédiate et... ils seront venus sur le terrain que nous aurons choisi.

- La révolution dans les campagnes : l'agriculture naturelle contre la malbouffe

L'agriculture industrielle constitue un axe essentiel du développement du capitalisme. Elle est aliénante tant dans ses modes de production (nouveau prolétariat agricole) que dans ses conséquences (destruction de l'agriculture vivrière et de la paysannerie) et même dans ses produits : la malbouffe est en elle-même une forme d'aliénation qui touche les plus pauvres et anéantit leur santé.

Même si la finitude et la fragilité de notre environnement n'étaient pas aussi palpables à son époque, Marx lui-même l'avait déjà affirmé : le capitalisme c'est aussi la surexploitation des ressources naturelles.

Promouvoir le développement d'une autre agriculture dans nos campagnes, c'est aussi semer les graines de la révolution ! Et les solutions existent. Je pense en particulier à l'agriculture naturelle, mise au point par le Japonais Masanobu Fukuoka. Cet ancien microbiologiste a consacré toute sa vie à mettre au point une méthode d'agriculture obtenant des rendements comparables à ceux de l'agriculture dite "moderne", mais sans mécanisation, sans chimie, sans surexploitation des ressources... ni du travail humain ! Et il ne s'agit pas de théorie, mais d'expérimentation pratique menée dans sa ferme pendant des dizaines d'années. Simple paysan, Fukuoka a d'ailleurs eu le tort d'écrire des livres et de donner des conférences pour faire connaître sa méthode. Ceux d'en face ne s'y sont pas trompés : l'armée japonaise (carrément !) a détruit ses cultures et saisi ses semences.

On pourrait ainsi :

* D'un côté, mener des campagnes pour dénoncer les méfaits de l'agriculture industrielle, mais en mettant en évidence leur dimension politique et leurs conséquences sur la société.

* De l'autre, promouvoir des démarches comme celles de Fukuoka, susciter ou appuyer des expérimentations, pour montrer là aussi qu'une alternative est possible.

- Le rôle déterminant des élus

Avoir des élus peut parfaitement s'inscrire dans le cadre d'une telle stratégie, mais il s'agit alors d'un moyen (parmi d'autres) de démultiplier et d'accélérer les actions menées. Toutefois, ce moyen n'est en aucun cas central, et ne saurait prendre une importance démesurée au point de devenir... une fin en soi.

- La dimension internationale

Dans toutes ces actions, la dimension internationale doit systématiquement être développée.

Des coopératives se sont développées dans d'autres pays, en Amérique du Sud mais aussi en Europe même. Tisser des liens privilégiés avec elles est essentiel, pour partager des expériences mais aussi pour mettre en place des coopérations industrielles et commerciales, ou encore travailler ensemble la question du protectionnisme et de la mondialisation.

De même, des projets d'agriculture naturelle voient le jour aux Etats-Unis ou en Australie, ils constituent de précieuses références et des appuis indispensables pour développer cette alternative en France.

- Bon alors, faut-il rendre sa carte ?

Ce ne sont là que quelques pistes et suggestions d'actions concrètes que l'on peut mener dès aujourd'hui. A partir de là, plusieurs hypothèses se présentent pour lancer ces initiatives :

* Doit-on ou peut-on les lancer dans le cadre du PCF ?
* Faut-il créer une autre organisation pour mettre en œuvre cette stratégie ?
* Ou plutôt constituer un réseau ouvert, axé sur chaque action, en invitant les militants du PCF (et d'ailleurs) à s'investir dans les actions opérationnelles qui seront imaginées ensemble ?

Qu'en pensez-vous ?

Le Mouton Noir
http://alter-politique.blogs.com

9 commentaires:

Osemy a dit…

Les sociétés coopératives ouvrières de production (Scop)

Le projet des sociétés coopératives ouvrières de production (Scop) est de permettre aux salariés de maîtriser leur activité professionnelle et de partager équitablement le pouvoir, les décisions et les fruits de leur travail. 1 700 entreprises sont organisées sous cette forme dans l'industrie et les services. Les Scop sont régies par une loi de 1978 actualisée en 1988 et en 1992. Ce sont des SA (sociétés anonymes) ou des SARL (sociétés anonymes à responsabilité limitée). Elles emploient plus de 36 000 salariés pour un chiffre d'affaires global de 3,1 milliards d'euros. Mais leurs principes de fonctionnement et leur mode de gouvernance sont spécifiques. Si les statuts ne font pas tout, il faut reconnaître que les principes de la Scop peuvent faciliter la conciliation entre efficacité économique et équité sociale.



Les principes de fonctionnement



L'entreprise appartient à ses salariés, qui possèdent au moins 51 % du capital. Les 49 % restants peuvent être détenus par des associés extérieurs, des particuliers ou des personnes morales : autres coopératives, sociétés de capital-risque, etc. Tous les salariés ne sont pas nécessairement associés. Les statuts de chaque coopérative organisent les modalités d'association au capital des nouveaux salariés. Dans la plupart des cas, une période probatoire de douze mois est prévue avant de la proposer ou, plus rarement, de l'imposer. 85 % des salariés ayant deux ans d'ancienneté au moins sont associés (soit 30 000 personnes en 2006).



Etre salarié ou dirigeant d'une Scop



Le statut de salarié-associé : les contrats de travail des salariés des Scop sont régis par le droit commun du travail. Leur statut d'associés relève du droit coopératif et, plus largement, du droit des affaires. Un salarié peut donc quitter l'entreprise (démission ou licenciement) tout en restant associé. Et inversement, il peut rester salarié en demandant le remboursement de ses parts sociales, si les statuts le prévoient. Dans la pratique, les deux rôles d'associé et de salarié sont liés.



Le statut de dirigeant salarié : contrairement au gérant d'une SARL ou au directeur général d'une SA, le dirigeant d'une Scop est un salarié comme les autres, soumis au droit du travail et pouvant bénéficier de la protection sociale générale en cas de défaillance de l'entreprise (assurance chômage, etc.). Il s'agit d'un atout précieux quand on connaît l'insécurité juridique dans laquelle vivent de nombreux responsables de petites entreprises.



La gestion démocratique : les salariés-associés, dits « les coopérateurs », élisent leur gérant (dans une SARL) ou leur conseil d'administration (dans une SA). Les votes se font en assemblée générale, lors du renouvellement du mandat, selon le principe « une personne = une voix ». Un associé disposant de plus de capital que les autres n'a donc pas un pouvoir de décision supérieur, contrairement aux sociétés de capitaux où les droits de vote sont proportionnels aux capitaux apportés.

Ce principe démocratique ne signifie pas que toutes les décisions se prennent avec l'ensemble des associés. Les décisions opérationnelles sont confiées au conseil d'administration ou à un comité de direction. Comme dans les autres entreprises, les options marketing, de ressources humaines, de communication, etc. sont prises par la direction et l'encadrement.

Par ailleurs, les salariés doivent disposer d'au moins 65 % des droits de vote. Si la Scop a besoin de capitaux extérieurs qui excédent ce seuil, elle doit les rassembler dans une structure unique, par exemple une société par actions simplifiée (SAS), qui ne comptera que pour une voix à l'assemblée générale. Il existe cependant des possibilités de déroger à la règle « une personne = une voix » si les statuts le prévoient et de permettre ainsi à un investisseur extérieur de voter proportionnellement au capital qu'il détient, toujours dans la limite de 35 % des voix.



L'absence de plus-value sur les parts sociales : la valeur des parts sociales d'une coopérative est figée à sa valeur d'acquisition. Aucune plus-value n'est possible lors du remboursement des parts. Ce principe correspond à l'esprit des Scop, constituées non pour rentabiliser le capital investi, mais pour exercer en commun un métier.



La répartition des bénéfices : contrairement aux sociétés traditionnelles qui répartissent comme elles l'entendent les bénéfices, les Scop sont soumises à un régime spécifique. Au minimum 16 % (et en pratique 45 %) des bénéfices sont transformés en « réserves impartageables », propriété de l'entreprise et non des associés. Ces réserves sont affectées aux investissements et au développement, mais sont aussi là pour les conjonctures difficiles. Au maximum 33 % (et en pratique 10 %) des bénéfices sont versés sous forme de dividendes aux associés. Ces dividendes sont facultatifs et relèvent du droit commun. Le reste, au minimum 25 % (et en pratique 45 %), est transformé en « part travail » ou en participation versée à tous les salariés (associés ou non). Facultative dans les entreprises de moins de 50 salariés, Scop y compris, la participation est présente dans la très large majorité des Scop.

Pourquoi une telle pratique ? Pour deux raisons. La première est sociale : pour reverser aux salariés les fruits de leur travail. Il est donc logique que la participation soit plus importante que dans une société de capitaux dont la raison d'être est la rémunération du capital. La seconde est fiscale : la participation versée est exonérée de charges sociales si elle est bloquée pendant cinq ans ; elle vient aussi en déduction de l'assiette de l'impôt sur les sociétés. On a alors un effet de levier : si la participation représente 100 euros, la déduction de l'assiette de l'impôt sur les sociétés est de 200 euros, 100 au titre de la participation et 100 au titre des réserves impartageables (sous la forme de provision pour investissement).



La fiscalité : les Scop sont redevables de l'impôt sur les sociétés et de la TVA. En revanche, elles sont exonérées de la taxe professionnelle si elles sont reconnues en tant que Scop par le ministère du Travail. Cette exonération est un avantage accordé par les pouvoirs publics pour encourager l'entrepreneuriat des salariés et favoriser le fonctionnement démocratique et participatif des Scop. Cependant, quand une Scop cherche à s'implanter dans une commune, les collectivités locales peuvent parfois se montrer réticentes en raison du manque à gagner fiscal, malgré les procédures de compensation prévues à cet effet.



Le capital et le nombre minimum de salariés à la création : depuis août 2003 (loi Dutreil : http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=ECOX0200174L), il n'existe plus de minimum légal pour créer une Scop en SARL. Néanmoins, le droit coopératif prévoit que l'on ne peut créer une Scop avec moins de deux parts sociales au capital, dont la valeur est au minimum de 15 euros. Dès lors, le capital minimum pour créer une Scop SARL est de fait de 30 euros ! Ce qui ne doit évidemment pas conduire les entrepreneurs à sous-estimer leur besoin en fonds propres. Dans les SA, le montant est de la moitié du minimum légal des SA non-Scop (soit 18 500 euros, au lieu de 37 000 euros).

Quant au nombre minimum de salariés, il est de deux pour une Scop SARL et de sept pour une Scop SA. Les Scop sont donc nécessairement des projets collectifs. On ne coopère pas tout seul ! Mais salarier deux personnes au début de l'activité est parfois délicat sur le plan financier. Dans ce cas, il est possible de salarier deux personnes à temps partiel, afin de respecter la règle sans trop peser sur la trésorerie de l'entreprise.



La révision coopérative : le mouvement coopératif s'assure du respect de ces principes par une forme spécifique d'audit appelée « révision coopérative ». Obligatoire tous les ans pour les entreprises sans commissaire aux comptes et tous les cinq ans pour les autres, elle est assurée par des réviseurs (consultants ou comptables) agréés par le ministère du Travail. Leurs conclusions permettent de faire le point sur la vie coopérative, le respect des règles statutaires et du droit coopératif. Il s'agit autant d'un outil d'aide à la décision (changement des statuts, modification de la répartition des bénéfices, etc.) que d'une procédure de contrôle.





Les Scop en quatre questions



Peut-on créer une Scop dans n'importe quel secteur d'activité ?

Il n'y a pas de limitation sectorielle. 50 % des Scop sont actives dans le secteur des services, 28 % dans le bâtiment et les travaux publics (BTP) et 22 % dans l'industrie. Les deux tiers des créations de Scop sont actuellement réalisées dans les services. Une tendance qui reflète la tertiarisation de l'économie et la pertinence du statut coopératif pour des activités économiques requérant peu de capital et beaucoup de matière grise (conseil, formation, communication, etc.). Autre secteur en croissance : l'agroalimentaire et les biotechnologies.



Les Scop sont-elles en développement ?

On dénombrait en 2006 près de 1 700 coopératives de salariés employant plus de 36 000 personnes. Il s'en crée environ 150 nouvelles chaque année. Une fois prises en compte les cessations d'activité, on dénombre une quarantaine de Scop supplémentaires par an. Concernant les créations d'emplois, les Scop affichent un bilan plus positif que la moyenne des entreprises : + 10 % d'augmentation des effectifs sur les cinq dernières années.

Sur le plan financier, 75 % des coopératives sont bénéficiaire.



Les Scop sont-elles des très petites entreprises ?

Les coopératives de salariés ont un effectif moyen supérieur à celui des entreprises traditionnelles : 22 salariés contre 9 (1) ; 43 % des Scop comptent plus de 10 salariés, contre 7 % pour l'ensemble des entreprises. Ceci est lié, d'une part, au poids plus important dans les Scop que dans l'économie française dans son ensemble des activités réclamant beaucoup de main-d'œuvre (comme le bâtiment par exemple) ; d'autre part, à l'impossibilité pour les entrepreneurs individuels de créer une Scop, puisqu'il faut être au moins deux.

Si les Scop sont pour la plupart des PME, comprises entre 20 et 200 personnes, on ne compte pas, en France, de grands groupes coopératifs de plusieurs dizaines de milliers de salariés comme en Espagne ou en Italie. Les Scop dont l'effectif est le plus élevé sont Acome (1 300 salariés, dans les câbles et les fibres optiques), Alpha Taxi (plus de 1 200 chauffeurs de taxi sur l'Ile-de-France) et le groupe Chèque Déjeuner (plus de 1 200 salariés).



Les Scop sont-elles des entreprises plus sociales que les autres ?

Les coopératives subissent les mêmes contraintes de compétitivité que les autres entreprises. Néanmoins, elles font plus que les autres, de par leurs statuts, profiter leurs salariés de leurs bénéfices. Cela se traduit concrètement par un salaire annuel moyen supérieur à celui des salariés des entreprises traditionnelles (35 000 euros contre moins de 30 000 euros), ainsi que par davantage d'accords de participation aux résultats : 98 % des Scop en ont signé un, contre moins de 3 % des PME de moins de 50 salariés. Par ailleurs, les Scop ont été parmi les premières entreprises à réduire le temps de travail. Ce qui leur a permis de créer plus de 800 emplois. Même si les situations, sur l'ensemble des 1 600 Scop, sont très diversifiées.

(1) Il s'agit du rapport entre la population active occupée (environ 23 millions de personnes) et le nombre d'entreprises existantes (environ 2,5 millions).



Un réseau : Scop Entreprises

Scop Entreprises rassemble les 1 700 Scop existant en France. C'est à la fois un réseau, qui fournit des services pratiques à ses membres, et un mouvement, qui porte une vision alternative de l'entrepreneuriat. Scop Entreprises est structuré sous la forme d'une Confédération générale, avec douze unions régionales et trois fédérations professionnelles : BTP, communication et Témis (électronique, métallurgie, informatique, télécom).



Les missions du réseau vis-à-vis des Scop

Scop Entreprises représente les Scop auprès des pouvoirs publics, et notamment du ministère du Travail, pour les faire reconnaître et leur permettre de bénéficier des avantages liés à leur statut.

Le réseau apporte aussi des prestations : accompagnement des projets de création, de développement ou de restructuration ; veille et conseils juridiques ; utilisation des outils financiers spécifiques au mouvement coopératif ; conception de formations ; animation des révisions coopératives.

Scop Entreprises assure également des fonctions plus générales de représentation institutionnelle, de lobbying, de communication et de recherche-développement (innovations sociales, diffusion des bonnes pratiques, etc.). Enfin, l'affiliation au réseau est indispensable pour bénéficier des outils financiers spécifiques. Le financement de Scop Entreprises est assuré par une cotisation des entreprises à hauteur de 0,3 % de leur chiffre d'affaires.



L'accompagnement à la création d'une Scop

Les unions régionales organisent régulièrement des séances d'information où les principes de fonctionnement, les avantages et les contraintes du statut Scop sont présentés à des porteurs de projet. Elles peuvent réaliser à la demande un prédiagnostic pour étudier la faisabilité économique et coopérative du projet. Plusieurs réunions de travail aboutissent à la rédaction d'un plan d'affaires qui sera présenté aux futurs partenaires financiers. Les unions régionales apportent également des conseils dans la rédaction des statuts et proposent différentes options de répartition des pouvoirs dans la coopérative (un savoir-faire juridique peu répandu en dehors du mouvement coopératif).

Enfin, après la création, le réseau propose des outils de gestion de suivi des activités et de la trésorerie, ainsi que des modules de formation pour les dirigeants et les associés qui apprennent souvent sur le tas le métier de responsable d'entreprise.

Contact : Scop Entreprises, 37, rue Jean-Leclaire, 75017 Paris, tél. : 01 44 85 47 00, courriel : scopentreprises@scop.coop, site Internet : www.scop.coop Voir sur le site les adresses de toutes les unions régionales et des différentes fédérations : bâtiment, communication et Témis (électronique, métallurgie, informatique, télécom).



Les outils financiers spécifiques aux Scop

Une des difficultés rencontrées par les Scop est la recherche d'investisseurs extérieurs. Car les banques ne prêtent que si la Scop peut financer une partie de ses investissements sur son capital propre (ses fonds propres, voir lexique). Or, quel investisseur extérieur va acquérir des parts d'une société dont il ne pourra jamais prendre le contrôle (51 % du capital doit appartenir aux salariés) et dont il ne pourra pas tirer de plus-value puisque les parts sociales sont cédées à leur valeur nominale d'achat ! Pour ne pas handicaper leur développement, les Scop se sont donc dotées, via le réseau Scop Entreprises, d'outils nationaux et régionaux de prêt et de capital-risque (1).

(1) Société de capital-risque : sociétés financières spécialisées dans la collecte d'épargne en vue d'investir dans des entreprises en développement, mais à risque élevé.



Socoden

Socoden est une société financière qui finance en quasi-fonds propres (voir lexique) les Scop en création, en développement ou en difficulté. Durant les dix dernières années, elle est intervenue dans une Scop sur deux. Elle propose :

- des prêts personnels : il s'agit de prêts aux associés d'une durée de trois à cinq ans qui permettent d'appuyer la formation ou l'augmentation du capital. Leur taux d'intérêt est fixé à 7,5 %.

- des prêts participatifs : ce sont des prêts sans garantie qui ont vocation à financer plus particulièrement des investissements immatériels et le fonds de roulement (c'est-à-dire sa trésorerie, voir lexique) que les établissements financiers hésitent à financer. Cette intervention facilite l'obtention de crédits bancaires, en confortant les fonds propres.

Ces prêts ont une durée modulable de trois à cinq ans et sont plafonnés à 50 % des capitaux permanents de la Scop.



Spot

Spot est un outil de capital-risque qui conforte les fonds propres des Scop en création, en transformation ou en réanimation. Cet outil n'est pas utilisé pour les entreprises en difficulté. Spot intervient soit en capital sur 5 ans (plafonné à 35%), soit en titres participatifs sur 7 ans. Spot est rémunéré sous forme de dividendes et prélève des frais de dossier. Il est détenu à parité par Esfin et la Socoden.



Sofiscop

Lorsqu'une coopérative en création, en restructuration ou en développement contracte un emprunt, elle peut bénéficier de la part de Sofiscop d'une garantie du prêt. Ce qui limite l'engagement financier des associés sollicités par ailleurs par la constitution ou par l'augmentation des fonds propres. La garantie est de 50 % pour les investissements matériels et de 15 % pour les investissements immatériels. Sofiscop étant un outil financier issu du partenariat entre Scop Entreprises et le Crédit coopératif, si l'emprunt est contracté auprès d'une autre banque la garantie est limitée à 20 % du montant du prêt. Les unions régionales Scop de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) et de Rhône-Alpes ont développé des outils de capital-risque complémentaires destinés aux Scop dont le siège social est situé dans ces régions. Il s'agit de Pargest en Paca et de SEP en Rhône-Alpes.

Au-delà des outils financiers spécifiques, l'essentiel du financement des Scop est issu de l'autofinancement et de la constitution de réserves impartageables, qui constituent la véritable richesse de l'entreprise. L'augmentation des fonds propres passe également par :

- la transformation en parts sociales d'une partie de la participation ou des dividendes,

- la souscription des salariés-associés au capital, via un prélèvement sur salaires (en général de 1 % à 5 %) décidé en assemblée générale.

Les capacités financières du mouvement Scop ont augmenté grâce à un dispositif spécifique d'épargne salariale : le plan d'épargne coopérative. Depuis la fin de l'année 2003, les salariés de Scop peuvent placer leur épargne salariale (participation, intéressement, etc.) dans quatre fonds communs de placement, dont deux servent à financer les investissements d'autres Scop, ou d'entreprises traditionnelles selon une logique d'investissement socialement responsable.



Le fonds d'amorçage

En décembre 2004, un accord a été signé entre le Crédit Coopératif et la CG Scop pour la mise en place d'un fonds d'amorçage. L'objectif est d'accompagner les projets de Scop d'au moins 4 personnes en création ou issues d'une reprise d'entreprise en difficulté. A condition que au moins un salarié sur deux soit associé de la Scop, que l'entreprise mette en place un prélèvement sur salaire d'au moins 4 %, et que l'apport soit d'au moins 1000 € par associé, le Crédit Coopératif et Socoden prêtent le double de cet apport à taux zéro. La garantie est supportée par Socoden et le prêt est remboursé par les salariés sur 3 ans.



La transformation d'entreprises classiques en Scop

Une entreprise classique peut se transformer ou être reprise en Scop. Une trentaine de sociétés, dont l'effectif est compris entre une dizaine et une centaine de salariés, le font chaque année, sauvant ainsi plus de 200 emplois. L'opération se fait en général sous la forme d'une transmission au moment du départ du dirigeant, soit lors d'une réanimation lorsque l'entreprise est mise en redressement judiciaire. Dans les deux cas, elle est rachetée par ses salariés.



La transmission d'entreprise en Scop

On estime à 450 000 le nombre d'entreprises que leurs propriétaires vont laisser dans les dix ans qui viennent, selon la Banque du développement des PME (BDPME). Dans près de 60 % des cas, en raison du départ à la retraite du dirigeant. Plus de la moitié des chefs d'entreprise de plus de dix salariés ont en effet plus de 50 ans !

La transmission est toujours une étape délicate qui peut se révéler fatale (20 % des entreprises font faillite dans les cinq ans qui suivent le changement de management) ou salvatrice (création d'une nouvelle dynamique, etc.). La plupart des transmissions demandent entre six et dix-huit mois pour être menées à bien.

La modalité de transmission la plus fréquente est la cession à des tiers extérieurs (59 % des cas). Viennent ensuite le rachat par les salariés (32 %) et la transmission à l'intérieur d'une même famille (9 % des cas). La transformation de la société en Scop ne concerne qu'une minorité des rachats d'entreprise par les salariés. La plupart du temps, quelques managers et environ 10 % des salariés rachètent les parts sociales, sans pour autant constituer une coopérative. Le faible nombre de transmissions d'entreprise en Scop (à peine une dizaine par an) est dû en grande partie à la méconnaissance par les salariés du statut de Scop.



La réanimation d'entreprise en Scop

On peut aussi reprendre en Scop une entreprise en dépôt de bilan suite à une décision du tribunal de commerce. Pour éviter aux salariés de s'engager dans une aventure coûteuse et inutile, Scop Entreprises mène des audits approfondis sur la situation économique et financière de l'entreprise à reprendre. De fait, dans 80 à 90 % des cas, les dossiers de reprise envisagée en Scop n'aboutissent pas. Pour moitié en raison de l'avis négatif de Scop Entreprises, qui estime que les conditions de succès ne sont pas réunies ; pour moitié parce que les salariés changent d'avis ou que le tribunal de commerce ne retient pas cette solution. Les dossiers de réanimation d'entreprise en Scop sont traités en à peine plus d'un mois. Une vingtaine aboutissent chaque année.



Réussir une transmission ou une réanimation d'entreprise

Le rachat par un tiers inquiète souvent les salariés et accroît les tensions dans l'entreprise. Inversement, un rachat par les salariés peut créer une dynamique positive s'il s'appuie sur trois piliers : la participation aux décisions, la propriété collective et la répartition équitable des fruits du travail réalisé avec le dispositif de participation aux résultats. De plus, les salariés sont le plus souvent de bons connaisseurs de leur marché, de leur outil de travail, des atouts et des lacunes de l'entreprise. Il faut néanmoins qu'un certain nombre de conditions soient réunies :

- La volonté du dirigeant : dans le cas d'une transmission, c'est le plus souvent lui qui impulse la dynamique. Sa motivation en faveur des Scop est souvent liée au fait qu'il ne veut pas voir son entreprise passer dans les mains de financiers ou d'un concurrent. Il est donc indispensable que les salariés parviennent à le convaincre que leur projet est plus intéressant qu'une cession extérieure pour l'avenir de l'entreprise.

- La formation d'une nouvelle équipe dirigeante : il faut qu'un noyau dur de salariés s'engage pleinement dans la transmission. Et que de ce vivier émerge une personne qui accepte de prendre la direction. Si tel n'est pas le cas, un dirigeant extérieur peut être recruté. Cette solution est plus facilement envisageable dans une transmission que dans une réanimation qui se joue en quelques semaines.

- La mobilisation du mouvement coopératif : la solution coopérative intervient souvent en dernier ressort lorsque l'entreprise n'a pas trouvé de repreneur extérieur et que les salariés ne voient plus d'autres possibilités. Car les dirigeants doutent très souvent de la capacité des salariés à reprendre leur entreprise. De plus, cela constitue, pour les salariés eux-mêmes, une véritable révolution culturelle.

L'accompagnement par le réseau Scop Entreprises joue alors un rôle d'expertise : les unions régionales disposent de chargés de mission spécialisés dans la transmission ou la réanimation d'entreprise en Scop. Ils accompagnent les salariés dans le montage économique et financier, dans les négociations avec les partenaires, etc.

Il propose aussi des outils financiers : la plupart du temps, les salariés n'ont pas les moyens de racheter seuls leur entreprise ou de la recapitaliser si elle est en difficulté. Les banques étant souvent réticentes pour financer ces opérations délicates, le recours aux outils financiers du mouvement Scop est indispensable.

Il dispense enfin des formations : les compétences de la nouvelle équipe dirigeante sont un élément clé du succès de l'opération. Les formations portent autant sur la gestion économique et financière que sur l'animation de la vie coopérative.



Les étapes d'une transmission

Six mois minimum sont nécessaires pour accomplir le processus dans de bonnes conditions.



- Première étape : l'évaluation de la valeur financière de l'entreprise. L'ensemble des acteurs concernés (salariés, propriétaires vendeurs, banquiers, investisseurs extérieurs) doit s'entendre sur le prix de cession. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte : l'endettement, la rentabilité, le projet industriel, l'image, l'évolution de son marché, sa technologie, ses brevets, etc. Une intervention extérieure est souvent nécessaire car l'évaluation est complexe. Le chef d'entreprise a tendance à surévaluer son entreprise en minorant ses difficultés.



- Deuxième étape : la définition du projet économique et social. Sur la base des informations issues du diagnostic de l'entreprise, des atouts et des lacunes analysées, la nouvelle équipe dirigeante potentielle définit un projet économique (la stratégie à adopter, les produits à fabriquer, les marchés à cibler, les technologies à utiliser, etc.) et social (l'organisation du travail, les relations hiérarchiques entre le management et les salariés, la direction effective, etc.).



- Troisième étape : le financement du projet. Un des dangers est que l'entreprise s'endette de manière importante pour racheter les parts de son ancien propriétaire et ne puisse plus financer ses investissements à moyen terme. La constitution du tour de table d'une Scop s'appuie sur les financements traditionnels (banques, capital-risque, apport en fonds propres des salariés...). A noter que l'apport des salariés peut être complété par la libération de la participation ou de l'intéressement qui étaient bloqués. Le propriétaire peut également participer au financement de la cession en réalisant un crédit-vendeur, qui permet de reporter dans le temps une partie de la charge financière.



- Quatrième étape : la formalisation. C'est le moment de signer les dossiers d'emprunt, de collecter l'apport en fonds propres des coopérateurs, de payer le propriétaire, de rédiger un pacte d'associés qui met à plat les apports de chacun et fixe les règles en cas d'échec du projet, et de choisir les statuts constitutifs de la Scop. Le passage en Scop n'implique pas la création d'une nouvelle personne morale. Il n'est donc pas nécessaire d'alourdir le processus des démarches administratives de création d'une nouvelle entreprise.



Les étapes d'une réanimation

Le processus s'étend sur à peine un mois entre la décision des salariés et le jugement du tribunal de commerce.



- L'audit. A la demande des salariés d'une entreprise en liquidation ou en redressement judiciaire, Scop Entreprises étudie la faisabilité d'une réanimation en Scop. Les chargés de mission spécialisés analysent avec un noyau dur de salariés la situation financière, économique, sociale et technique de l'entreprise et de son marché.



- Le montage du dossier. En cas d'avis positif, Scop Entreprises aide les salariés à rédiger les statuts de la nouvelle entreprise, à négocier avec l'administrateur ou le liquidateur judiciaire et à faire une offre de reprise au tribunal de commerce.



- La décision du tribunal de commerce. Les critères de décision du tribunal de commerce sont le prix de rachat, les

emplois sauvegardés et le sérieux du repreneur.



- L'accompagnement. En cas de succès de la proposition, Scop Entreprises accompagne pendant douze mois la nouvelle entité en aidant à la constitution des instances de direction, en formant l'équipe dirigeante, etc.



Les coopératives de salariés en Europe

L'économie sociale et solidaire n'est pas une spécificité française. Le droit européen se saisit de plus en plus de cette question. Les entreprises de l'économie sociale représentaient en effet 6 % à 7 % du produit intérieur brut (PIB) de l'Union européenne en 2002 et environ 8 % de l'emploi salarié, selon la Commission européenne. Cette moyenne cache cependant de grandes disparités et une diversité de formes juridiques.

L'Italie et l'Espagne sont, avec la France, les Etats européens qui comptent le plus grand nombre de coopératives : ne comptant que celles qui sont organisées en fédération, 40 000 en Italie pour environ 25 000 en France et en Espagne. Les coopératives de salariés stricto sensu emploient en Italie plus de 830 000 personnes et en Espagne plus de 96 000 personnes ! Le Royaume-Uni, berceau du capitalisme, mais aussi de la coopération, ne compte de son côté qu'un peu plus de 2 200 coopératives, dont 300 coopératives de production qui emploient 1 500 personnes.

Il y a en Italie un statut qui n'existe pas en France : la coopérative sociale, créée en 1991 pour développer la gestion des services sanitaires, sociaux et éducatifs et promouvoir l'insertion par l'économique. En Allemagne, le statut coopératif encadre plus fortement qu'en France la participation au capital de tiers non-coopérateurs.

Plusieurs facteurs expliquent cette diversité du monde coopératif en Europe. Des raisons historiques d'abord. Thierry Jeantet, auteur de L'économie sociale européenne (CIEM édition, 2000), rappelle qu'en Italie et en Espagne, les syndicats se sont associés aux démarches de l'économie sociale et solidaire pour promouvoir un modèle alternatif. En France ou en Allemagne, les organisations syndicales se sont concentrées soit sur la défense des droits, soit sur des logiques de cogestion qui impliquent un employeur et des salariés jouant chacun un rôle distinct. Il existe aussi des raisons culturelles. Dans les pays décentralisés comme l'Italie ou l'Espagne, la solidarité territoriale est plus forte que dans les Etats centralisés comme la France ou le Royaume-Uni. De véritables groupes coopératifs se sont constitués comme le groupe Mondragon dans le Pays basque espagnol qui emploie près de 80 000 personnes et rassemble plus de 180 coopératives. Il constitue l'un des complexes coopératifs le plus important d'Europe !

Les coopératives se structurent au niveau européen depuis quelques années. Les familles coopératives, mutualistes et associatives se sont regroupées au sein d'organisations qui assurent leur représentation au niveau des institutions européennes. Depuis 2006, les 6 familles coopératives (industrie, agriculture, banque, consommation, pharmacie et habitat) sont regroupées au sein de la confédération Coopératives Europe [www.coopseurope.coop]. D'une part, ces organisations se consacrent au lobbying auprès des institutions européennes. D'autre part, elles développent l'appui aux projets disposant d'une dimension européenne. Par exemple, la Confédération européenne des coopératives de production et de travail associé, des coopératives sociales et des entreprises participatives (Cecop) [www.cecop.coop], membre de Coopératives Europe, se donne comme mission de faciliter l'échange de projets et bonnes pratiques entre ses membres.

A noter également, l'existence de la première société de capital-risque européenne de l'économie sociale, Soficatra. Elle est spécialisée dans le montage de projets coopératifs de rachat d'entreprise par ses salariés et dans les plans de développement européen des PME. Soficatra intervient par une prise de participations minoritaires et par des prêts participatifs à long terme (sept à dix ans). Ses principaux actionnaires sont français, belges et italiens. Elle étudie la faisabilité économique, assure un accompagnement technique et « profile » le projet en vue de son éligibilité à des programmes de financement européens. Elle aide également à trouver des partenaires commerciaux, financiers et industriels dans les pays de l'Union européenne.

La structuration à l'échelle européenne ne manque pas de se renforcer avec le développement des futures sociétés coopératives européennes (SCE). Créé en août 2003, ce statut est entré en vigueur en août 2006 et permet, par exemple, à plusieurs coopératives de nationalités différentes de créer une filiale commune directement rattachée au droit européen. La SCE peut être constituée dans tous les secteurs économiques par cinq personnes physiques ou morales résidant dans au moins deux Etats membres. Son capital minimum est de 30 000 euros. La SCE n'a pas vocation à remplacer les statuts coopératifs existant dans les Etats membres, mais à permettre le portage juridique de projets communs à dimension européenne.

Contacts :

- Cecop, rue Guillaume-Tell 59/b, 1060 Bruxelles, tél. : 00 32 2 5431033, courriel : cecop@cecop.org, site Internet : www.cecop.org

- Soficatra, 2, avenue Jules César, boîte n°7, 1000 Bruxelles, tél. : 00 32 27 70 15 62, courriel : info@soficatra.org, site Internet : www.soficatra.org/fr/index.html

Source
http://www.alternatives-economiques.fr/les-societes-cooperatives-ouvrieres-de-production--scop-_fr_art_350_27913.html

Osemy a dit…

http://www.scop.coop/p193_FR.htm

Le réseau Scop Entreprises, accompagnement à la création, reprise, transmission
et au développement des Scop

12 Unions régionales, pour créer et accompagner les entreprises coopératives et les représenter au plan local

Les Unions régionales de Scop sont des lieux d'échanges, d'animation et d'information pour toutes les coopératives de la région, mais aussi pour les créateurs d'entreprise et les professionnels de la création et transmission d'entreprises.

Vocation et missions :
Accompagner les Scop et les appuyer dans leur gestion et leur développement ;
Encourager et faciliter la création-reprise-transmission et le développement des Scop sur leur région ;
Représenter et promouvoir les Scop auprès des acteurs locaux : Pouvoirs Publics, collectivités locales, administrations, partenaires économiques et financiers ;
Développer les rencontres et échanges d'expériences, favoriser la connaissance mutuelle des Scop, contribuer à l'instauration de partenariats.

Des outils financiers, un effet de levier

Le réseau Scop Entreprises s’est doté d’outils financiers adaptés à la création, transmission, reprise d’entreprise :

SOCODEN – prêts participatifs et personnels : société financière qui finance en quasi-fonds propres les Scop en création, en développement ou en difficultés.

SPOT – capital social : dont la vocation est de souscrire au capital des PME Scop, de conforter les fonds propres et d’accompagner l’entreprise en priorité lors de sa transformation en Scop ou lors de ses phases d’investissement.

SOFISCOP – caution mutuelle : dont la vocation est d’intervenir en faveur des Scop par la constitution d’un fonds de garantie mutuelle, offrant ainsi à la société une caution pour ses engagements financiers afin d’éviter la prise de garantie sur les associés de la Scop.

3 Fédérations professionnelles qui représentent les Scop de leur métier

Les Scop sont représentées par des fédérations professionnelles dans trois grandes branches d’activités : BTP, communication et industrie graphique, et télécom/industrie/informatique/métallurgie. Les trois fédérations professionnelles représentent leurs Scop adhérentes auprès des instances économiques et sociales de leur branche d’activité. Elles animent et organisent les échanges professionnels de leurs adhérents. Elles assurent enfin une veille économique et une mutualisation de services liés à leurs métiers.

Une Confédération générale des Scop, instance de représentation nationale

Sa mission de rassemblement
La CG Scop fonctionne sur une base de libre adhésion des coopératives. Ses instances électives, ses publications, ses structures d’échanges et de dialogue favorisent la communication entre ses membres et participent à l’animation du réseau.

La représentation des Scop et du réseau Scop Entreprises au plan national
La CG Scop est le porte-parole du mouvement Scop auprès des pouvoirs publics et des acteurs politiques, économiques et sociaux. Elle participe à l’élaboration des textes législatifs et réglementaires qui concernent le droit coopératif. Ses élus siègent au Conseil supérieur de la Coopération et au Conseil économique et social. Enfin, la CG Scop représente ses adhérents auprès de la Commission de l’Union européenne, du Parlement européen et des instances coopératives.

La coordination des services et appuis aux Scop
Vecteur de la solidarité inter-Scop, la CG Scop anime et coordonne l’action des instances du réseau : unions régionales, fédérations professionnelles, organismes techniques d’appui ou de gestion.

Osemy a dit…

http://fr.wikipedia.org/wiki/Scop

Aspects juridiques

La Scop est une entreprise collective dont les associés sont majoritairement salariés.

La Scop est une entreprise : Entreprise commerciale, SA ou SARL à capital variable, la Scop est soumise au Code de Commerce et aux articles du code civil qui fixent le cadre juridique général des sociétés. La Scop emploie des salariés, elle est soumise au droit du travail comme toute autre entreprise.

En complément, les Scop sont soumises aux deux lois suivantes :

* Loi 47-1775 du 10.09.1947 portant statut de la coopération (qui concerne aussi les coopératives d'apporteurs ou de consommateurs)
* Loi n° 78-763 du 19.07.1978 portant statut des sociétés coopératives ouvrières de production

De ces lois découlent les spécificités suivantes par rapport aux autres sociétés commerciales :

* Les associés de la Scop sont majoritairement salariés : Le pouvoir dans la Scop appartient aux salariés associés qui sont responsables de la bonne marche de leur entreprise. Contrairement aux entreprises non coopératives, il n’y a pas opposition entre les intérêts des associés (apporteurs de capitaux) et ceux des salariés (qui prennent leur part dans la valeur ajoutée produite et diminuent ainsi la rémunération du capital)
* Le capital est ouvert aux associés extérieurs, mais avec des limites : les associés extérieurs sont limités à 49% du capital social et 35% du droit de vote.
* La Scop est une entreprise collective : L’entreprise coopérative ne peut être créée par une seule personne, il doit y avoir au moins deux salariés associés co-entrepreneurs qui gèrent de façon démocratique un instrument de production collectif.
* Variabilité du capital : le capital peut diminuer ou augmenter sans formalités particulières.
* Le gérant est obligatoirement salarié (avec indemnités de chômage en cas de licenciement).
* Au delà de 20 associés, une SCOP SARL doit se doter d'un conseil de surveillance ou passer en SA (et se doter d'un conseil d'administration)
* A l'assemblé générale, une personne = une voix (au lieu de une part sociale = une voix dans les entreprises non coopératives)
* Le résultat est obligatoirement répartit en trois « parts » : la part « travail » (participation des salariés), la part « capital » (dividendes, obligatoirement limités, ils peuvent être nuls) et la part « réserves ».
* Les réserves issues des années bénéficiaires ne peuvent être distribuées ou « remontées au capital » : elles ne peuvent servir à revaloriser la valeur de la part. Elles sont « impartageables » et servent à réaliser des investissements pour pérenniser et développer l'entreprise. Elles peuvent aussi servir à traverser les périodes difficiles.
* Les parts sociales ne sont pas revalorisées, elles conservent leur valeur nominale. Si un associé quitte l'entreprise, la Scop dispose (selon ses statuts) de 5 années pour lui rembourser ses parts à leur valeur d'acquisition (ou moins si l'année est déficitaire et que les pertes sont affectées au capital).

Grands principes de la coopération

Quelques grands principes de la doctrine coopérative :

* Contrôle démocratique et primauté de l’Homme sur le capital : 1 personne = 1 voix
* Propriété collective
* Impartageabilité des réserves
* Solidarité
* Liberté d'adhésion
* Juste répartition du profit

Contrôle démocratique et primauté de l’Homme sur le capital

La répartition inégale des voix, propre aux sociétés classiques est fondée sur la répartition du capital : le pouvoir y est proportionnel aux apports en capital. Dans les sociétés coopératives, la primauté est donnée à la personne humaine sur le capital. Les coopérateurs élisent les membres du conseil d'administration et sanctionnent leur gestion en assemblée générale quand leur est présenté le bilan de la société.

François Espagne , dans un article publié par la RECMA en 1994, note que : « Dans les sociétés traditionnelles, le pouvoir a pour fondement le contrôle du risque pris par les capitaux engagés dans l’entreprise. Il est légitimement proportionnel à ces capitaux, c’est-à-dire aux droits de propriété individuel (une action, une voix). Dans les coopératives, qui ne sont pas fondées sur le principe de propriété privative et individuelle, la propriété ne peut plus servir de fondement au pouvoir. Celui-ci n’est qu’un droit personnel, individuel et unique, de chaque associé. D’où le principe « un associé, une voix ». »

L’origine du pouvoir dans les coopératives n’est pas le capital, la règle « une personne égale une voix » affirme la primauté de l’Homme sur le capital et cela quelle que soit la part de capital détenu par le salarié. Cette règle s’oppose à la répartition inégale du pouvoir qui, dans les sociétés non coopératives, est fondée sur le capital.

Dans la réalité, il est certes parfois difficile pour chaque adhérant de s'exprimer facilement dans une assemblée générale, mais la base est néanmoins équitablement représentée car des représentants des adhérents peuvent siéger avec les cadres au niveau du Conseil d'administration.

Propriété définitivement collective, impartageabilité des réserves, solidarité

Le pouvoir dans la SCOP ne dépend pas de ce qu’on y a investi en moyens financiers, mais de son investissement personnel. Au moment de la création de la SCOP, les versements des adhérents peuvent représenter jusqu'à six mois de leurs salaires et les versements peuvent être progressifs sous la forme par exemple d'un prélèvement de 10 % du traitement pendant plusieurs années. Mais, le « plus » financier entraîné par le savoir-faire des salariés reste dans l’entreprise, il appartient à la coopérative, personne morale, dont les réserves profitent aux générations présentes et futures.

Les réserves de la SCOP, qui ne peuvent en aucun cas devenir la propriété individuelle des associés, sont la propriété de la SCOP, personne morale. Elles sont impartageables, intergénérationnelles, propriété collective. Dans la SCOP les réserves sont impartageables, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent ni être distribuées, ni être incorporées au capital social. Elles ne peuvent pas servir non plus à réévaluer les parts sociales.

François Espagne souligne que la règle d’impartageabilité des réserves est une tradition coopérative très ancienne et que ce principe de « propriété collective » est plus particulièrement observé dans la SCOP qui le pratiquait bien avant la législation de 1947. Il souligne aussi que, pour pallier la variabilité du capital propre aux coopératives, ces réserves impartageables sont le seul vrai financement des actifs et la seule vraie sécurité des créanciers : « substitution progressive au capital-actions individuelles, peu à peu remboursé aux associés, d’un capital-réserves collectives formé par l’accumulation des bénéfices ».

Cependant, la recherche de fonds propres est souvent un véritable casse-tête pour les SCOP. Elles ne peuvent compter que sur l'épargne volontaire qui par nature est forcément limitée. La seule solution passe donc par l'endettement qui pour certaines d'entre elles peut être anormalement élevé. Depuis mars 1983, les SCOP peuvent faire appel à une société de capital-risque spécialisée, l'IDES (Institut de développement de l'économie sociale) et la loi de juillet 1985, réformant le statut des SCOP, les autorise à ouvrir leur capital sous certaines conditions très restrictives à des actionnaires extérieurs.

Solidarité inter-entreprises, fonctionnement en réseau

Les SCOP sont fédérées nationalement au sein de la Confédération générale des SCOP (CGSCOP).

Le rôle de la CGSCOP, dont l'organisation est décentralisé en unions régionales est :

* d'aider les scop à se créer, se développer et dans certain cas à survivre, par des moyens financiers, du conseil et de la formation
* d'accompagner les projets de transmission en scop, et de monter des projets de « reprise à la barre » (reprise par les salariés de leur entreprise en difficulté)
* d'effectuer une action de lobbying auprès des pouvoirs publics et des acteurs économiques

Les scop cotisent aussi à l' « Union Sociale », équivalent d'un comité d'entreprise collectif.

Liberté d'adhésion

En moyenne nationale, seulement deux tiers des employés sont coopérateurs. En général, les employés ayant au moins deux ans d'ancienneté dans l'entreprise peuvent demander le statut de coopérateur. L'Assemblée générale décide de leur cooptation par un vote. Les adhérents se déterminent le plus souvent sur la personnalité du requérant et sur sa capacité à pouvoir être intégré dans l'esprit de la SCOP. De fait, si le bouche à oreille est élogieux, le candidat a toutes les chances d'être admis au statut de coopérateur.

Les entreprises dont les employés sont le moins engagés dans l'adhésion sont celles qui ont une activité dispersée, comme les entreprises du BTP ou celles dont l'effectif d'employés issus de l'immigration est important.

Ce qui motive les coopérateurs est en effet l'esprit de la SCOP car il y a peu d'avantages même s'ils sont réels :

* Le pouvoir n'est jamais absolu car l'Assemblée générale est tout puissante.
* La rémunération des capitaux est plutôt modeste et de toute façon reste bloquée.
* Le statut de coopérateur oblige à réaliser un engagement financier, qui peut dans certaines coopératives être lourd pour un salarié ou un jeune au début de sa vie professionnelle.
* Le sociétaire bénéficie souvent d'une sécurité de l'emploi du moins tant que la pérennité de l'entreprise est assurée.
* Le sociétaire est aussi souvent le mieux placé pour gravir les échelons de la hiérarchie lorsqu'il y en a une. En général les membres de la direction sortent en grande majorité du rang. L'embauche de cadres extérieurs est plutôt une pratique peu courante à l'exception des postes très techniques (ingénieur, trésorier, directeur commercial...).

Juste répartition du profit [modifier]

Les excédents de gestion de la SCOP restent intégralement à l'intérieur de l'entreprise et généralement sont répartis fonctionnellement :

* Une part est attribuée à un fonds de développement pour assurer la pérennité de la SCOP puisque celle-ci n'a pas le droit de faire appel à des capitaux extérieurs. La loi impose que cette part ne peut être inférieure à 15 %.
* Une part rémunère le capital de la SCOP et peut être attribuée aux associés sous forme d'intérêts versés sur un compte bloqué. Le taux ne peut excéder le rendement moyen des obligations pendant la première moitié de l'exercice écoulé.
* Une part rémunère le travail et est distribuée sous forme de primes aux salariés, qu'ils soient associés ou non.
* Une part est versée à une caisse de solidarité qui finance les œuvres sociales de l'entreprise.
* Une part peut alimenter une caisse de retraite supplémentaire.

Avantages fiscaux et accès à la commande publique [modifier]

Révision coopérative et publication au journal officiel [modifier]

Pour bénéficier des avantages spécifiques au Scop, les entreprises doivent faire l'objet d'une révision coopérative. Il s'agit d'une série d'audits du fonctionnement et de la situation de l'entreprise. Ce "bilan de santé" de l'entreprise portant sur la situation financière, le fonctionnement coopératif, l'organisation, la stratégie et la conformité juridique est présenté aux associés lors de l'assemblée générale.

La révision coopérative est annuelle pour les SARL sans commissaire aux comptes et quinquennale pour les SA.

La révision permet également au Ministère du Travail de vérifier que la coopérative respecte bien les règles qui lui sont légalement applicables. La liste des scops reconnues par le Ministère du Travail est gérée par la Confédération Générale des Scop et publiée chaque année au Journal Officiel. La reconnaissance donne accès à un statut fiscal particulier (notamment l'exonération de la taxe professionnelle) en contrepartie des contraintes légales comme celles d'impartageabilité des réserves de l'entreprise et à un accès parfois « prioritaire » à la commande publique.

Accès à la commande publique [modifier]

L'accès privilégié à la commande publique est désormais le même pour les scops que pour les artisans, coopératives d'artistes, groupements de producteurs agricole ou les entreprises adaptées. L'article 53 alinéa IV du code des marchés publics définit :

* Le principe de « droit de préférence » lors de l'attribution des marchés, à égalité de prix ou à équivalence d'offres. Dans la pratique, il est exceptionnel qu'une analyse des offres conclue à une égalité de prix ou une équivalence d'offre.
* L'obligation pour l'acheteur public de définir des prestations, correspondant au maximum à un quart du marché (allotissement), que les Scop (et artisans, groupements agricoles, ...) se verront attribuer en priorité à équivalence d'offres.

Avantages fiscaux [modifier]

Les scops sont exonérés de taxe professionnelle.

D'autre part, les scops peuvent accéder, comme les autres entreprises, à une défiscalisation totale de l'impôt sur les sociétés à condition de respecter les critères suivants de répartition du bénéfice :

* Accord de participation
* Mise en réserve inférieure ou égale au montant distribué en participation
* Réserves affectées en Provisions Pour Investissement, à réinvestir en quatre année (contre trois pour les sociétés classiques)
* 0% de dividendes

Cet avantage fiscal n'est pas réservé aux scop, toute entreprise peut y accéder. Cependant, une telle répartition du bénéfice est exceptionnelle dans les entreprises classiques, alors qu'elle est courante en scop.

Aspects financiers

Comme toute entreprise la Scop doit avoir un projet économique cohérent pour être pérenne.

De par sa nature, la scop ne peut financer son développement en se revendant, en entrant en bourse. Les scops qui doivent gérer un très rapide développement disposent donc de moins d'outils financiers de grande envergure par rapport aux entreprises classiques.

La scop fait appel aux outils présentés ci dessous pour financer son activité et son développement.

Le capital, outil de financement de l'activité et du développement

L’apport initial en capital et ses augmentations tout au long de la vie de la Scop sont un outil non négligeable de financement, il représente aussi une « caution » face aux tiers. Cependant, s’il est rémunéré, il le sera faiblement et on peut parfaitement concevoir qu’il ne le soit pas car, a priori, les associés n’investissent pas dans la Scop pour en tirer du profit, c’est un investissement sur un outil de travail et non un placement financier.

Le capital, s’il est indispensable à la constitution de la Scop, est insuffisant en terme d’outil de financement en comparaison du capital des entreprises non coopératives. L’absence ou la faiblesse de sa rémunération, ainsi que la non-revalorisation de la valeur nominale de la part sociale, ne sont pas attractifs pour des capitaux extérieurs qui n’auront aucun intérêt à faire des placements dans une entreprise « non lucrative ».

La coopérative ne peut donc compter que sur cet outil pour répondre à ses besoins en période d’investissements, à moins de solliciter ses associés. Mais, si on peut envisager qu’il soit possible pour des personnes morales de faire des apports de fonds élevés quand le besoin se présente, il est plus difficile de demander de tels efforts à des particuliers.

Les capitaux issus des années bénéficiaires

Au sein de la scop, les bénéfices sont répartis en fonction des règles suivantes :

* Part destinée au travail, sous forme d'accords de participation, entre 24 et 84% du résultat (en moyenne 45%) destinée aux salariés, qu'ils soient associés ou non.
* Part destinée à la rémunération du capital, entre 0 et 33% du résultat, jamais supérieure aux deux autres parts (en moyenne, 10%), destinée aux associés sous la forme de dividendes
* Réserves qui deviennent impartageables et renforcent la trésorerie de l'entreprise, entre 16 et 75% du résultat (en moyenne 45%)

Ces capitaux restent disponibles pour les besoins de développement futurs.

Les Scops ont aussi construit, dans le cadre de leur réseau, des outils financiers mutualisés adaptés à leurs spécificités, et peuvent bien entendu faire appel à l'emprunt.

Les réserves impartageables [modifier]

La véritable richesse de la coopérative, son véritable « capital » et sa meilleure source de financement, ce sont les réserves qu’elle aura pu constituer tout au long de son existence.

Ce « matelas » peut être d'autant plus considérable que la Scop est ancienne.

La participation

98% des scop ont un accord de participation, contre 6 à 10% des entreprises de moins de 50 salariés.

Il est possible pour les associés de transformer le compte de participation en parts sociales afin d'augmenter sensiblement le capital.

Cette opération est très courante lorsqu'une Scop effectue un tour de table financier, il est le premier élément permettant d'obtenir un effet de levier.

Les outils financiers du mouvement

Parmi les obligations pour la reconnaissance officielle de leur statut, les scops sont tenus de financer le mouvement coopératif. La cotisation confédérale est ensuite distribuée entre unions régionales, confédération et outils financiers, dont beaucoup ont été construits en partenariat avec d'autres acteurs de l'économie sociale (IDES, crédit coopératif, ...).

* SOCODEN (établissement financier géré par les scops) propose des prêts participatifs, destinés au financement du besoin en fond de roulement.
* Des prêts personnels aux associés afin de leur permettre de souscrire à nouveau au capital (Socoden / Crédit Coopératif)
* SOFISCOP propose un cautionnement des prêts, afin d'éviter aux dirigeants de s'engager sur leurs fonds personnels
* SPOT, société de capital risque destinée aux scop, intervient en fond propre ou quasi-fond propre
* l'IDES (Institut de Développement de l'Économie Sociale) peut intervenir en « titres participatifs », qui bénéficient d'une rémunération prioritaires du capital investi.

Les engagements financiers du mouvement sont le plus souvent décidés de façon décentralisés (Comités d'Engagement Financier Régionaux). Les outils sont le plus souvent articulés entre eux et un prêt bancaire (au Crédit Coopératif ou éventuellement dans d'autres banques) pour obtenir un effet de levier.

La Scop, un modèle idéal d'entreprise ?

La Scop propose un modèle « idéal » de gestion d’entreprise, toutefois tous les salariés des Scop ne sont pas associés : (les conditions de l’accession au sociétariat sont propres à chaque Scop). Ce modèle idéal est très variable selon les coopératives ; ainsi certains coopératives pensent que tous les salariés doivent etre associés pour avoir un vrai fonctionnement démocratique alors que d'autres n'ont qu'une minorité de salariés qui sont associés. Les processus de prises de décisions sont également très divers d'une coopérative à l'autre.

En outre le statut de salarié-associé n’est pas simple, il est difficile à gérer et le droit du travail est parfois malaisé à appliquer sur ces « patrons-salariés » qui n’ont pas toujours été formés pour répondre à la complexité de certaines situations.

De plus, le contexte économique actuel, difficile pour les entreprises non coopératives, est le même pour les Scop qui œuvrent sur un marché concurrentiel. Les Scop procèdent donc, comme les autres entreprises, à des licenciements.

Souvent ces licenciements n'ont pas pour objectif un accroissement des profits, ils peuvent être dus à des conflits personnels ou à traverser des périodes de faible activité.

Les défenseurs de ce modèle considèrent donc que ce mode de management de l’entreprise privée, à la fois humain et éloigné du profit à tout prix, donne une plus grande chance de pérennité à l’activité, et donne un moyen adéquat de fonctionner sur une logique de long terme plutôt que de rentabilité à court terme.

Pour assurer sa pérennité et la transmission inter-générationelle, la Scop doit cependant apporter une attention particulière à la formation de ses salariés et à la transmission des savoirs des plus anciens vers les plus jeunes.

La coopération de production en France, en Europe et dans le monde

Brève histoire de la coopérative de production

Voir aussi l'Histoire de l'économie sociale

Les premières « associations ouvrières » sont nées dans la clandestinité au début du 19ème siècle.

En effet, depuis la révolution, la Loi Le Chapelier de 1791 interdisait toute « coalition » dont les associations et autres organisations de personnes (Il ne devait y avoir aucun intermédiaire entre l'État et le Citoyen).

En février 1848, le gouvernement provisoire arrivé au pouvoir lors de la révolution autorisa pour la première fois les associations ouvrières. Cette autorisation fut cependant une parenthèse de quelques mois, à l'issue de laquelle débuta une vague de répressions, durant laquelle de nombreux militants d'associations ouvrières furent soupçonnés de conspiration et condamnés.

En 1864, l'État autorise à nouveau les coalitions.

En 1871, durant la Commune de Paris, les ateliers abandonnés par les chefs d'entreprises sont massivement repris par leurs ouvriers (reprise qui ne durera que le temps de la Commune).

En 1884 naît l'ancêtre de la CGSCOP, la Chambre Consultative des Associations Ouvrières de Production. L'Alliance Coopérative internationale sera quant à elle fondée en 1892.

En 1885 est fondée l'École de Nîmes par Charles Gide, qui influencera fortement les débats sur la coopération en France.

En 1900, le pays compte près de 250 coopératives de production. En 1910, elles seront 500, représentant 20 000 sociétaires.

Le mouvement connaîtra des évolutions en dent de scie durant tout le siècle, ses phases de fort développement étant en 1936, durant l'après guerre, entre 1978 et 1982 et depuis 1995.

En 1979, la France comptait environ 650 SCOP.

En 1985, la France comptait 1 300 SCOP qui employaient 40 000 personnes.

Depuis 1995, les SCOP ont permis d'inventer de nouveaux types d'entreprises, comme les coopératives d'activités ou les sociétés coopératives d'intérêt collectif.

La coopération de production aujourd'hui

Les SCOP concernent aujourd'hui en France des secteurs d'activités très diversifiés et des entreprises de toutes tailles, de la TPME à la grande entreprise de plusieurs centaines de salariés, à l'instar du Groupe Chèque Déjeuner, ou d'Acome (plus de 1000 salariés). D'autres entreprises connues sont en scop, comme les journaux Alternatives Economiques et Les Dernières Nouvelles d'Alsace, l'école de conduite ECF CERCA, la société de jouets « Moulin Roty », la COPRA en Auvergne, ...

En 2004, selon la CGCOP :

* La France comptait 1700 scop dans laquelle travaillaient plus de 36000 salariés
* La taille moyenne des scop est de 21 salariés
* Près de 60% des salariés en scop sont aussi associés

Toujours selon la CGSCOP, le mouvement coopératif de production représente plus d'un million de salariés en Europe, répartis en 80 000 « coopératives de travail et entreprises participatives autogérées ». L'Espagne est notamment un pays où la coopération est très présente, avec le groupe coopératif « Montdragon », au pays basque, très diversifié et qui compte 80 000 salariés dont 35 000 associés.

Enfin, au niveau mondial, selon l'ACI (Alliance Coopérative Internationale), la coopération de production compterait 800 Millions de sociétaires, dont 550 000 coopératives agricoles.

Voir aussi

* Société
* Coopérative
* Coopérative d'Activités et d'Emploi
* Coopérative agricole
* Mutuelle
* SCIC

Sources

* Créer en scop, le guide de l'entreprise participative, Ed Scop Edit 2005 (disponible gratuitement sur le site de la CG SCOP)
* Guide juridique des Scop, Ed Scop Edit, 2003
* Histoire des Scop et de la coopération, Jean Gautier, Ed Scop Edit, 2006 (DVD)

François a dit…

Salut Mouton Noir,bravo pour ton texte.Tes propositions sont très alléchantes mais peu,voire pas réalisables dans une société commela nôtre :capitaliste.

En effet si on suit ton raisonnement on peut modifier la sociéte sans que les gouvernants ne réagissent??

Tu proposes une sorte de révolution sans violence,sans armes et même sans que personne n'intervienne!!! Tu ne penses pas être un peu utopique?

Si les SCOP dont tu parles et dont Elodie donne le détail complet,gênaient les Capitalistes je ne pense pas qu'ils les laisseraient se développer.

Cependant l'idée de ces Scop est très intéressante et doit continuer d'ëtre développée de mon point de vue.Car comme tu le dis cela peut générer une levée de boucliers et donc demarrer une action nationale,de grèves et de divers mouvements tendant à aller vers la grève générale donc,la révolution.

Quand tu dis "nous devons faire du communisme maintenant""pour y parvenir,destabiliser le capitalisme au coeur" "inscrire dans les têtes..." Là tu es dans la revolution culturelle,donc ,selon moi, dans l'utopie.

Bien sû j'adhère complètement à ton analyse sur le PCF.Pour moi ce qui est le pire c'est le risque de perte de militants de base parfaitement honnêtes et sincères qui ,sans aucun doute, va se produire.Et ces militants on risque de les perdre définitivement,pour le PC mais aussi et surtout pour la révolution.

L'urgence pour moi est la construction(ou RE-construction)d'un parti réellement révolutionnaire dans lequel les masses laborieuses se reconnaîtrons pour se battre.

Lénine et Trotsky disaient "il faut changer l'environnement pour changer l'individu et non le contraire" Ceci est toujours d'actualité.

Avec les coups portés par la grande bourgeoisie et son représentant Sarko.la vie devient de plus en plus dure ...ça"bouge" dans le mauvais sens mais cela bouge.Mettons cela à profit pour contruire les forces actives révolutionnaires.

Merci pour ton texte,à bientôt.

Fraternellement à toutes et à tous.
François.

Anonyme a dit…

juste un complément:

les avantages accordés par le code des marchés publics envers les Scop sont un leurre de bonne conscience.
En 15 années de pratiques des commissions d'appel d'offres, je n'ai jamais vu s'appliquer les alinéas de l'actuel article 53 IV du CMP (comme ses anciennes versions).
Entre les bonnes intentions et la réalité, il y a non pas un fossé mais un océan d'hypocrisie.

Anonyme a dit…

c'est pas forcément un message à publier mais tu jugeras comme tu voudras

Tes commentaires mériteraient à mon avis d'être publiés en première page car ils sont au moins aussi importants que l'article auquels ils ré&pondent en proposant une voie active existante et à développer.

Tu te doutes peut-être que la forme d'entreprise des scop est précisément ce que j'ai tenté à plusieurs reprises de développer avec les rencontres d'autres travailleurs sans emplois comme moi.

l'idée c'est au départ de mettr en commun, en partage nos compétences afin d'en vivre.

Le problèmle qui se pose en premier lieu c'est de courir après les client

et du coup les problème humains inhérant à un fonctionnement non hiérarchisé d'un groupe sont renforcés.

au départ il y a touours des difficulter auant aux tâches administratives communes à effectuer pour que les choses tournent entre les partenaires : c'est un peu comme les travaux d'intérêts généraux... Bon mais ça prend tujours ça place malgrè les inévitable tensions rivalitaires inhérantes à toutes vie en commun. mais la scop n'y échappe pas et il faut avoir de sérieux outils d'analyse et de management collectif pour résoudre les choses avec patience et tenacité. Il se dégage toujours un coordinateur des échange et c'est le premier pas vers une différenciation qui peut tendre avec le temps à la hiérarchisation des pouvoirs.

Mais quand veint se greffer au bout d'un temps relativement court la question de savoir comment et qui ramener du travail, des commandes, une clientèle... là tut d'un coup on n'(est ramener à une scission entre ceux du dedans de la scop et ceux du dehors. et les membres qui se collent aux tâches commerciales se différencient progressivmeent comem ceux qui se coltinent le plus souvent la têche humiliante du rapport aux affreux en costards gris anthracite des banques, les horribles financiers aux dents de requins...

bref ça déteint... et alors le groupe commencent à se tendre autrement : on tend progressivement à uine entreprise classique qui a simplement la forme d'une scop.

Bref la scop c'est un cas d'étude de construction culturelle qu'il faut absolument aborder avec des outils de prospective socioculturelle et anthropologique si on veut vraimùent vivre autrement que dans une reproduction déguisée du système capitaliste libéral guerrier.

Mais bon en tant que cadre chômeur de longue durée je suis évidemment disponible pour tout lancement d'une structure comme ça

Anonyme a dit…

La permaculture (Fukuoka), je commence à bien connaître pour la pratiquer depuis quelques années déjà. Dissipons tout malentendu sur cette technique qui apparaît parfois comme miraculeuse :

- Certains fantasment sur la "faible" quantité de travail à fournir pour les cultures. C'est très relatif. Il faut bien voir que la permaculture n'est quasiment pas mécanisable (ce qui est très bien je pense). Ce qui veut dire que l'on compare la permaculture avec d'autres techniques de culture non-mécanisées. Là où un paysan pouvait nourrir 100 voire 1000 personnes en agricuture mécano-chimique, le permaculteur n'en nourrira que quelques unes.

- Ceci induit que s'il y a une volonté de généralisation de cette pratique, les populations doivent d'une part renverser la tendance de l'exode rural pour repeupler en masse les campagnes, et d'autre part se préparer passer une partie importante de leur temps à l'agriculture, rompant avec la mode de l'hyperspécialisation des métiers. Je ne suis pas sûr qu'un tel changement soit dans l'air du temps et puisse se décréter aussi facilement.

- Partant à partir de rien (c'est le cas aujourd'hui), il faut bien une vingtaine d'année pour achever la construction un écosystème en permaculture et obtenir son rendement "de croisière". En effet, la permaculture fait la belle part aux plantes vivaces, en particulier les plus vivaces d'entre elles, les arbres. Ceci implique naturellement un changement de régime alimentaire, les proportions des cultures possibles en permacultures étant radicalement différentes de ce qu'elle sont actuellement. Là aussi, ce n'est pas sûr que le remplacement des laitages par les fruits secs soit très populaire.

Je ne voudrais pas que mes modestes remarques soient prises comme un assassinat en règle de la permaculture bien au contraire. Je suis un ardent défenseur de ces pratiques et de la philosophie qui la sous-tend. Toutefois il faut bien voir de quoi il s'agit vraiment. On ne peut pas adopter la permaculture "toutes choses égales par ailleurs". C'est à mon sens une pratique révolutionnaire.

Sinon je ne suis pas sûr que les SCOP soit une solution aux problèmes que nous rencontrons (appelons-les capitalisme, bureaucratie, etc., comme vous voulez). Disons que ça ne peut pas être suffisant. Dans le domaine du travail, la promotion des SCOP sans critique radicale du travail ne renversera jamais la tendance actuelle. Car la tendance à faire du "profit" ne s'arrêtera pas. Le profit se retrouvera sous forme de salaires et sera donc plus équitablement redistribué, mais la volonté de le réaliser subsistera. Il faudra toujours plus de techniques avancées, des productivités plus importantes, des cadences plus rapides, pour augmenter la production. Et nos conditions de vie continueront à se dégrader. Pourquoi ?

Nous (occidentaux, mais cela se répand dans le reste du monde comme une traînée de poudre) avons une idéologie qui est bien ancrée en nous. Nous croyons que notre salut réside dans l'abondance des biens matériels. Avec un peu de recul, cela semble une quête infinie, tant ces biens on augmenté - que dis-je, explosé - depuis plus de deux siècles ; or vivons-nous mieux que nos ancêtres ? La destruction des tissus sociaux, des solidarités, des cultures en valait-elle la chandelle ?

Pour arriver à ce but, nous avons dégradé ce qui étaient nos activités coutumières pour pouvoir les optimiser : mécanisation, spécialisation, industrialisation, informatisation... Car un travail devient mécansiable (au sens large, puisqu'on parle maintenant d'"intelligence artificielle") à partir du moment où il est réalisé indépendamment de sa finalité ou de son sens, et non simplement par sa répétitivité. Notre précarité (notre obsolescence pour mettre les pieds dans le plat), nous la devons à cette idéologie. L'invention du travail (spécialisation) a été le moyen de rationaliser nos activités, les vidant du sens qu'elles portaient. Poussé à son aboutissement, il ne donnera qu'un monde peuplé par des robots ou des esclaves.

Promouvoir les SCOP en négligeant cette critique, c'est se donner les meilleurs moyens d'accélérer cette infâme progression.

Anonyme a dit…

L'objectif devrait être de constituer une organisation large, rompant définitivement avec l'ensemble du stalinisme, rejetant la bureaucratie. Cette structure devrait intégrer les militants du PC, de la LCR, de LO, et évidemment s'ouvrir aux "non-encartés".

C'est dans la participation aux luttes dans le monde, et en participant à la lutte contre le capitalisme et toutes les oppressions, que le communisme peut trouver son sens.

http://marxisme.over-blog.com/

Anonyme a dit…

Je suis un fervent soutien des SCOP qui sont quelque part une vitrine déformée de ce qui serait possible à l'échelon de toute une société. Leur existence prouve de façon éclatante que sur le seul terrain de la "performance" économique elles tiennent sans problème (et des fois bien mieux) la comparaison avec les entreprises capitalistes (ou d'état) classiques.

Et ceci dans un environnement hostile économiquement, politiquement et surtout sur le terrain idéologique.

Car justement la pression inégalitaire pèse fort sur les SCOPs dans une société habituée aux inégalités salariales, aux habitudes hiérarchiques de soumission, aux tendances à la bureaucratisation (inhérente au capitalisme), etc.

Malgré cela les SCOPs tournent et constituent pour beaucoup de jeunes et de moins jeunes une alternative économique relativement viable permettant de travailler "autrement".

Mais toutefois, leur champ est circonscrit, et leur existence ainsi que leur renforcement n'est pas une alternative au travail de lutte dans les entreprises capitalistes et la contestation du pouvoir d'état capitaliste.

L'immense majorité des travailleurs n'y a pas accès, leur développement n'est pas la solution mais une aide indispensable démontrant que c'est possible.

Copas