In L'Humanité, 28 septembre 2007
Novation, non-dilution du PCF et riposte à Sarkozy
Par Paul Boccara, économiste.
Les communistes sont face à un défi existentiel. Une novation profonde du Parti communiste est urgente. Son exigence est rendue plus évidente et plus concrète avec les défis de la riposte aux mesures de Sarkozy. La riposte concerne la critique des mesures et la résistance, mais aussi des contre-propositions à la hauteur et des rassemblements larges de lutte.
Comment, à la fois, contribuer à rassembler largement dans les luttes et à des contre-propositions valables ? Et comment remonter, ce faisant, la pente de notre déclin ? Est-ce que cela veut dire diluer les communistes dans une nouvelle formation, comme le prétendent certains dirigeants ? Ou, au contraire, cela ne signifie-
t-il pas développer l’originalité du PCF, ses capacités d’apports au mouvement social, à l’ensemble de la gauche, à des transformations sociales, démocratiques ?
Défis de la riposte
Il s’agit, devant l’avalanche des mesures, de ne pas se contenter de dénoncer, mais de persuader de leur caractère nocif, de leur cohérence réactionnaire avec des promesses illusoires, démagogiques.
Comment montrer que favoriser la richesse par les exonérations fiscales et de cotisations sociales, et faire pression sur les « coûts salariaux », en opposant entre eux les salariés, sous prétexte que le capital apportera de l’emploi et de la croissance, est une illusion ? Cela renforce, au contraire, les placements financiers contre l’emploi, les salaires et la croissance réelle.
Il ne suffit pas de mobilisations sur certaines mesures : des franchises médicales aux régimes spéciaux de retraite, des suppressions d’emplois dans les services publics au Traité simplifié européen. On doit montrer leur cohérence en posant la question de l’utilisation de l’argent, de l’argent public, du crédit : Pour qui ? Pour quoi ? Et de l’opposition entre prélèvements financiers et prélèvements publics ou sociaux.
Un deuxième axe de cohérence est celui des dispositions sur le marché du travail et l’emploi. Des contre-propositions doivent permettre un rassemblement des salariés, des syndicats, ainsi qu’entre eux et les partis de gauche, à l’opposé de leurs divisions. Or, la négociation sur le marché du travail a déjà commencé entre MEDEF et syndicats, avec les pressions de Sarkozy et la menace d’une loi.
C’est la pression pour un « contrat unique » favorisant le licenciement ou du moins des contrats avec allongement de la période d’essai et de licenciement sans motif. C’est une fusion ANPE-UNEDIC, mais pour faire accepter n’importe quel emploi à bas salaire, au lieu de pouvoirs syndicaux nouveaux sur la qualité des emplois proposés, etc. Cela concerne certes au premier chef les syndicats, mais pas seulement.
Aux pressions du pouvoir politique doivent répondrent le soutien et l’apport des partis de gauche. Or, le PCF peut beaucoup apporter sur : les objectifs sociaux de contre-propositions pour l’emploi ; les pouvoirs ; les moyens financiers.
Un troisième axe serait, face à l’ hyper-présidentialisme de Sarkozy, l’exigence de nouveaux pouvoirs de démocratie participative et d’intervention, depuis les entreprises, les services publics et les localités, dès maintenant en fait et dans la perspective d’une VIe République.
Tout cela renvoie à la responsabilité du PCF pour un développement populaire de nos explications avec une multiplication des luttes.
Nous avons réclamé et obtenu la création du Collectif Riposte du PCF, et son action avec la manifestation du 27 octobre. Son expérience confirme déjà :
- La responsabilité des initiatives du PCF. C’est après cette initiative qu’a pu avoir lieu une rencontre et une déclaration commune des partis de gauche, si limitée que soit cette dernière quant aux actions.
- La grande insuffisance de la concrétisation de nos contre-propositions dans les luttes. Qu’en sera-t-il notamment du développement de campagnes sur les différents thèmes après le 27 octobre ?
Défis de novation
profonde du PCF
L’apport d’un PCF transformé devrait se développer à partir de ses avancées récentes, comme sur la sécurisation de l’emploi, mais aussi de nouvelles avancées, comme sur les services publics.
Nous avons besoin d’une véritable révolution culturelle dans le Parti communiste : avec une remontée considérable de la culture alternative (tandis que les anciens repères ont été perdus sans être suffisamment remplacés), avec des progressions formidables des concrétisations de propositions et de la formation tellement négligée des militants. On devrait organiser, avec les expérimentations des luttes sur le terrain, un va-et-vient entre culture et formation, d’une part, expérimentation des luttes et rassemblements, d’autre part.
Comment accepter, au nom du rassemblement, une dissolution et la dilution du Parti communiste dans une autre organisation, incluant seulement une sensibilité communiste et la coiffant avec des non-communistes ? Ce qui n’est pas du tout la même chose que travailler avec des non-communistes et d’autres organisations. Or nous sommes mis au défi d’appels explicites d’un certain nombre de dirigeants dans ce sens.
Comment accepter un congrès du PCF, articulé à une sorte d’autre congrès avec d’autres forces, y compris sous la forme d’invitation de ces forces à des discussions préparatoires et terminales d’un congrès extraordinaire du PCF ?
Le congrès devrait pouvoir, à la fois, se consacrer aux initiatives de luttes rassembleuses des communistes et à un développement profondément novateur du PCF pour contribuer au rassemblement transformateur de toute la gauche.
Enfin, face à l’assimilation du communisme au stalinisme ou même à l’Union soviétique, nous pouvons discuter d’une grande campagne, avec des actes symboliques, sur les valeurs humanistes des communistes de notre époque : pour un dépassement du capitalisme, de ses libertés dans l’inégalité, pour un partage des pouvoirs, des ressources, des informations, des rôles, pour un PCF d’un communisme de liberté pour chacun, de démocratie participative et d’intervention de tous.
lundi 1 octobre 2007
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4 commentaires:
Pour moi il est évident qu'il faille dénoncer et démontrer le comment l'idéologie néolibérale est un mensonge d'un point de vue science économique, que l'idéologie individualiste égoïste pragmatique (comme certains la nomment parmi des intellos de droite) est un autre mensonge car sociologiquement aucun société n'est pérenne et satisfaisante pour l'ensemble de ses membres quand elle est tendue de rapports de domination, d'envie, et de volonté de pouvoir les uns sur les autres.
Car c'est à cela que cette loi du libre arbitre volontaire conduit très vite : chacun pour soi et le bouc-émissaire pour tous.
La droite est un archaïsme qui a conduit aux pires crises, les plus destructrices toutes les cités. Platon en était déjà conscient à partir de l'histoire de la grèce et des autres peuples antiques.
La révolution est d'abord à faire au sein de notre parti en retrouvant les fondements républicains platoniciens et ceux de marx, en faisant synthèse des expériences réussies de Cuba par exemple et de tout ce que les pays anciennement de l'est ont tout de même apporté à leurs peuples avant leur destruction par le capitalisme et surtout les impérialismes américains et chinois.
Je pense que l'ambition individuelle égoïste est à cerner partout, à dénoncer et à inhiber en chacun de nous donc aussi parmis nos "élus" qui semblent craindre pour la pérénité de leur place au soleil de la démocratie qui n'en est de ce fait plus une, mais un système de parasitage... et cela existe aussi parmi nous.
La révolution commence donc par nous mêmes dans une refondation idéologique, morale, comportementale individuelle dans et par le collectif.
En ce sens, je propose une autre forme de participation fondée sur l'échange et le don de soi, au collectif de façon réciproque : "acceptez ce que je puis vous offrir" serait le maître mot de nos démarches individuelles dans la collectivité.
par ailleurs je propose que l'on fasse l'effort d'abandonner tout vocabulaire à connotation guerrière, car notre morale, nos valeurs, nos comportement, s'il sont résistants, le sont avant tout de constructeurs résistants à la destruction perpétuel des tenants de la guerre. les guerriers parlent de combat, de battailles, de luttes, de gagner : je parle d'intentions, de constructions, de projets, de créations, d'expériences, d'échanges et de dons, je parle d'expressions et de discours, je parle de valeurs et d'éthique, de bien et de mal, de vie ou de mort, je parle de terrain fertile ou sinistre, je parle de joie ou de pleurs, d'efforts et de douleurs, de souffrances et d'espoir, de rêves et d'affections, de caresses et de gestes.
Je ne me bats jamais, je construit ou je fuis, je cherche mon lieu de vie et je n'allimente pas par le sacrifice de ma présence l'orgueil du mal conquérant, je ne conquiers rien, je m'offre en complice à partager le bonheur de ma joie.
Entre Martelli et Gérin, Boccara représenterait-il cette voie "étroite" ?
En tout cas des textes ou déclarations des membres de notre état-major, c'est celle avec laquelle je me sent le moins "étrangé" ..., affaire à suivre
Je crois utile à tous ceux qui se refusent à la dilution du parti communiste dans un magma "de gauche" au nom de la modernité la lecture de l'ouvrage d'Ivan Lavallée et Jean-Pierre Nigoul,"Cyber Révolution" (éd: le Temps des Cerises). C'est, je crois, l'analyse la plus pointue, la plus lucide, du rôle du progrès des technologies et de la révolution informationnelle dans tout le cours des dernières décennies, guerre froide, chute de l'URSS, mondialisation capitaliste sous domination US, et l'incitation à leur prise en compte dans les luttes pour un autre type de société.
Roquet
Le site d'Ivan Lavallée:
ivan.lavallee-cyber-index
Avec mes excuses, voici le libellé exact du site d'Ivan Lavallée:
/perso.orange.fr/ivan.lavallee/Cyber/index.html
Roquet
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