Une contribution de notre "docteur rouge" ;-)
Amitiés
L''honneur du PCF, par Jacques FRANCK
Nous vivons une période sans précédent dans l'histoire de notre Parti.
Jamais nous n'avons été aussi près de notre disparition.
Mais jamais nous n'avons eu autant d'atouts pour reprendre notre rôle naturel, celui de grand parti des travailleurs, de l'ensemble des travailleurs.
Sur une période de 38 ans, dont la longueur exclut toute variation aléatoire, nous avons perdu plus de 90 % de nos voix aux élections présidentielles (21% en 1969, 1,93%. en 2007).
On ne va pas se voiler la face et attribuer cette chute uniquement à des causes conjoncturelles (vote utile, forcing du PS, émergence de mouvements dits d'extrême gauche, durcissement de la droite, démagogie populiste du Front National ).
On peut invoquer la disparition de l'URSS et des pays dits du "socialisme réel", qui a déstabilisé nombre de nos électeurs et militants.
Ils croyaient encore à la vertu exemplaire de ces systèmes.
Croyance, soit dit en passant, que nous avons mis beaucoup trop de temps à abjurer, j'en reparlerai.
L'assouplissement de la guerre froide a pu aussi démobiliser certains d'entre nous, moins motivés par l'urgence du combat anti-impérialiste.
Il est facile de trouver des causes objectives à nos misères.
Mais nous sommes les principaux responsables de ce déclin.
Bien sûr, la vie a changé, les rapports de classes ne revêtent plus la même brutalité apparente que du temps de Marx, Zola, Jack London.
Ils sont plus violents mais moins spectaculaires.
Nos directions successives et l'ensemble de nos militants n'ont pas su prendre en compte ces modifications profondes de la société. Nous avons fonctionné en 1980 comme en 1936 ou en 1945. Mêmes actions, même langage, mêmes analyses, mêmes mots d'ordre, mêmes dispositifs organisationnels.
La face du monde subissait une mutation extraordinaire, Les technologies évoluaient, les besoins se transformaient, les hommes et les femmes n'étaient plus les mêmes. Tout était différent. L'exploitation des travailleurs, la mise en coupe réglée du tiers-monde, une militarisation à outrance visant à assurer la domination économique des grandes puissances se hissaient à de niveaux jamais atteints.
Notre Parti ne voyait pas ces choses-là. Elles n'entraient pas dans le cadre de nos conceptions traditionnelles. Nous nous attachions à la lettre de notre doctrine sans chercher à en adapter le contenu à une situation différente. Nos propos et notre action n'étaient plus en adéquation avec les nécessités politiques et les besoins réels du peuple. Il nous écoutait de moins en moins, nous ne nous en rendions pas compte.
Aurions eu tort de rester fidèles à nos principes fondateurs ? Non, mais au contraire nous les avons stérilisés en détachant notre idéologie des nouvelles réalités.
Progressivement nous l'avons abandonnée.
Et le Parti est devenu un organisme sans base idéologique, privé des moyens d'analyser le monde et de le transformer. Nous avons fait de la politique au jour le jour, gérant les urgences, et nous ne nous différencions plus des partis classiques de la démocratie bourgeoise.
Nous avons même, pour des motifs inacceptables dans le contexte, à savoir la solidarité à tout prix avec un gouvernement où nous siégions minoritairement, entériné des actes criminels (les bombardements de la Yougoslavie en 1999) ou contraires à nos principes (privatisations d'Air France et de France-Télécom).
Par esprit de conciliation, nous nous sommes coulés dans un moule de plus en plus consensuel, voire opportuniste, pour chercher à plaire.
Nous avons peut-être plu à certains, et encore ce n'est pas sûr, l'aventure des collectifs anti-libéraux l'a démontré. Mais nous n'avons pas plu à notre base naturelle, les salariés (de tous niveaux) les exploités, les chômeurs, les misérables, généralement les victimes d'un capitalisme dont les formes se sont modifiées et la férocité s'est accrue.
Ils ne se sont plus reconnus dans notre Parti, et se sont portés sur le Parti Socialiste, les mouvements d'extrême gauche, le Front National.
Si on continue, nous sommes morts et la France sera amputée du meilleur moteur de progrès de son Histoire. Mais ça ne va pas continuer.
Les forces vives du PCF, ses jeunes, ses vieux aussi, ses militants qui n'ont pas perdu leur dévouement, nombre de ses dirigeants, peuvent, doivent, et vont redresser cette situation.
Je ne vais pas proposer des ébauches de solutions miraculeuses. Mais dans le cadre de nos débats avant le congrès de décembre, je soumets ici quelques pistes.
-On ne fera pas de politique communiste sans le Parti Communiste.
On peut essayer de lui substituer un mouvement ou un autre parti, certains le préconisent. Ça pourrait rassembler du monde, rameuter des progressistes, hommes et femmes de bonne volonté (ou pas), apporter quelques idées originales, mais ça n'aurait plus grand chose à voir avec un parti de combat anticapitaliste.
En admettant que cette solution prévale, on s'acheminerait vers une situation à l'italienne, où la disparition du Parti Communiste a privé le pays d'une arme incomparable contre les forces d'exploitation, d'aliénation, de corruption.
Il incombe aux communistes français de défendre avec rage l'identité de leur parti, y compris son nom. Nous n'avons pas à rougir de notre passé et de notre nom de communistes.
-Si nous nous contentons de lutter pour la résurrection de la gauche, nous prenons les choses à l'envers.
Il ne peut pas y avoir de gauche offensive, structurée, efficace sans que l'anime un parti communiste puissant et cohérent.
Toute autre configuration procèderait de la domination d'une social-démocratie dont on peut dire tout, mais pas qu'elle symbolise la gauche d'avant garde.
Ce qui ne signifie pas que nous repoussons les accords visant à affaiblir le pouvoir de la droite à chaque occasion, notamment les élections municipales et régionales à venir.
Sans oublier qu'un compromis n'est pas une compromission et que l'union n'entraîne pas un abandon d'identité. Nous ne devons rien renier pour faire plaisir à des alliés.
-Pas de parti révolutionnaire sans théorie révolutionnaire.
Ce n'est pas un slogan obsolète, vestige d'une mélancolie de vieux stalinien. Si nous perdons de vue ce principe, nous nous fondrons dans un paysage politique n'ayant plus rien à voir avec nos aspirations de communistes.
La reconstruction d'un socle idéologique moderne mais fidèle à nos "fondamentaux" est indispensable. Nous ne manquons pas d'intelligences capables de faire revivre notre immense capital doctrinal en l' adaptant au nouveau monde.
-Il va falloir en finir avec l'amalgame établi par nos adversaires et entretenu par notre irrésolution entre le communisme et les expériences globalement désastreuses de l'URSS et des autres pays de l'Europe de l'Est.
Tant que nous n'aurons pas fait l'analyse de ce phénomène historique, nous serons entravés dans nos actions par ce rappel. J'entends qu'elle soit profonde, sereine, objective, n'oubliant ni un coin d'ombre ni un rayon de lumière.
Ça durera ce qu'il faudra. Mais le temps des "réprobations" gênées est terminé.
Celui des nostalgies également, aussi dur que cela puisse être pour nombre de militants.
Le Parti devra s'attacher à condamner clairement les atteintes à la démocratie et au droit, les arrestations et les procès, les camps de concentration, les perversions d'un régime autoritaire, les cultures officielles.
Il se démarquera ouvertement de ce faux socialisme.
Mais Il ne piétinera pas les communistes qui ont éradiqué, même mal, le capitalisme dans leurs pays.
Il se souviendra que les combattants de Stalingrad et le peuple soviétique dans son ensemble ont gagné la seconde guerre mondiale aux côtés des Alliés occidentaux.
Il n'occultera pas le rôle de ce peuple - et de ses dirigeants - dans les grandes avancées scientifiques et technologiques qui ont changé le monde. Et ont maintenu la paix dans un univers menacé.
Les communistes français gardent la tête haute. Malgré les erreurs liées à des complaisances que nous réprouvons (avec une bonne cinquantaine d'années de retard), ils n'ont jamais eu une goutte de sang sur les mains.
-Le but d'un parti politique est le pouvoir.
C'est vrai aussi pour le nôtre.
Si nous nous satisfaisons d'un rôle uniquement contestataire, nous ne servons à rien.
On peut toujours parler, énoncer des idées justes et dénoncer des adversaires, si le but n'est pas le pouvoir, on ne fait plus de la politique mais de la gesticulation.
Encore faut-il préciser. Si trois ou quatre communistes participent à un gouvernement, ils détiennent une petite parcelle, mais pas le pouvoir.
Ils jouent un rôle utile, permettent de promouvoir des lois de progrès, font entendre la voix de leur Parti. A ce titre, c'est positif mais ça ne va jamais plus loin que ne le permet leur statut ultra minoritaire en nombre et en influence.
Le pouvoir auquel nous aspirons est différent. Ce pouvoir-là n'entre pas dans un schéma politicien classique. Il ne s'agit surtout pas d'établir la dictature d'un parti ou d'une classe.
Nous souhaitons contribuer à l'édification d'une société sans exploitation ni domination, d'une société qui aura "dépassé" ou, mieux, aboli le capitalisme.
Utopie ? Pourquoi ? N'est-ce pas là le but ultime, le programme stratégique avoué d'un parti communiste ?
Notre objectif à long terme, mais toujours présent dans nos luttes, ne doit jamais être masqué.
Nous retrouverons notre audience auprès du peuple de ce pays si nous l'affirmons clairement.
Nous préciserons pourquoi nous combattons, associant les enjeux du quotidien et la finalité de notre démarche de communistes.
Notre Parti ne renie pas un passé dont ses adversaires tentent de s'approprier frauduleusement le prestige (manipulations du pouvoir à propos de Guy Môquet ).
Il doit redevenir le grand Parti Communiste Français, pas un "nouveau" parti communiste, mais, dans la droite ligne de son Histoire, le parti de l'avenir et de la révolution.
Ce sera son honneur.
Jacques FRANCK vétéran du PCF
Cellule Léon Lavoir-Etoile Section du XVII° arrondissement
Fédération de Paris
jacques.franck1@free.fr
vendredi 14 septembre 2007
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2 commentaires:
Merci pour cette reflexion compagnon de docteur ;-)
C'est clair, simple, et parfaitement dit. Totalement d'accord.
Heureusement qu'il y a des communistes de tous âges qui ont les idées claires et qui veillent pour que le PCF et l'idée communiste persistent et signent.
Il va y avoir du sport au congrès camarades, et avant le congrès aussi.
J'espère que nous aurons des compte-rendus complets des débats
sur la fête de l'Huma qui déjà donneront sûrement le ton.
Fraternellement
Maguy
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