mercredi 6 juin 2007

GAUCHE AVENIR, AVENIR DE LA GAUCHE, NECESSITE DU PCF : SOLDATS DEPRIMES OU EGOS DILATES?

Bonjour camarades

L'appel de Gauche Avenir

A lire "l’appel de Gauche Avenir" , (ou "La Pelle de Gauche à Venir"? Oh allez, c’est une petite plaisanterie pas méchante...), je vous le dis, vous (et moi) qui restons sclérosés dans des partis politiques, ces structures dépassées, qui ne sont le lieu que de combats d’ego, de petits esprits , de querelles de chefs, nous sommes des ânes...

Voilà ce que nous pouvons lire dans cet Appel : "nous voulons contribuer, en dehors des partis, de leurs enjeux de pouvoir et des rivalités de personnes, à cette redéfinition".
Egalement : "Des débats « ont commencé à s’engager dans de multiples lieux : associations, clubs, partis, milieux universitaires.. ; Gauche Avenir se propose d’être un lieu d’engagement individuel mais aussi un carrefour de ces différentes initiatives »".

Cet appel, le climat général, m’inspirent une parenthèse sur Gauche Avenir donc, et puis ensuite une autre, plus vaste, sur l’avenir de la gauche, ou plutôt sur l’avenir de certains de ses éléphants, et l’avenir du PCF.

A de rares exceptions, on peut noter que cet appel est signé majoritairement par des personnes qui ont en commun : d’appartenir à des partis politiques dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne sont pas des formations récentes, d’avoir un esprit ou une fonction européen(ne) (ce qui est plus que bien si cela ne signifie pas l’appartenance à une nouvelle forme d’élite autoproclamée...)

Par ailleurs, j’ai bien regardé les signataires de l’appel, je n’ai pas vu d’ouvrier ou même de salarié d’une entreprise ( allez même un cadre aurait fait l’affaire) ; non. Que des gens connus.

Vous me direz : c’est mieux pour un appel, non?

Non ! Regardez les pétitions de Bellaciao, en général initiées par des inconnus ou presque – carton assuré si la cause est juste et bien argumentée, et ancrage profond et immédiat dans la vie civile. (Enfin, les gens connus, c’est mieux pour passer dans la presse nationale en revanche, ça oui, c’est sûr ).

Et là, on a quoi ? Des élus (pas n’importe lesquels). Des universitaires. Des journalistes.

Bref, désolée de le dire comme ça , mais la coalition "politiques- médias-intellectuels " devenue archi-classique...

On va dire que je tape pour le plaisir de taper sur une initiative parce qu’elle serait contraire à mes idées, que je fais un procès d’intention...

Et bien , non et je vais m’expliquer sur ce point. J’aimerais dire, pourquoi cela me peine de voir des gens que je peux estimer faire ce genre de choses, en ce moment, car je crois que c’est une erreur politique.


Pourquoi cet appel me laisse dubitative...

D’abord , les termes de l’appel sont condescendants. C’est certain. C’est encore la lumière qui vient d’en haut vers ce qui croupit en bas.

Vous et moi, nous sommes des ânes.

Voilà le message n° 1. Peut être même leurs auteurs ne s’en sont ils pas bien rendus compte, de bonne foi, et c’est encore plus grave.

Nous, nous ne "transcendons" rien... Ni nos différences, ni nos ressemblances, enfin bon, quoi que l’on fasse ou décide, à partir du moment où nous faisons le choix de rester dans un parti et de travailler dans ce type de structure, quoi que nous fassions ensuite de notre engagement dans la société civile, nous sommes des abrutis. Ou au moins un peu "arriérés".

La figure ultime de cette forme de mépris, ce sont les Kouchner, Attali, Besson, tous ces gens " de gauche", ces esprits si grands qu’ils peuvent se permettre de "transcender" les notions de "droite" et de "gauche", qui ont passé 25 ou 30 ans au service d’un parti qui s’appelait socialiste mais qui vont bosser avec Sarkozy...

Ils sont tellement "au-delà", tellement "universels", et surtout, tellement nécessaires à la France ( c’est vrai, ça fait plus de 40 ans pour certains qu’on les fréquente et on sait bien que la France ne peut pas se passer de leurs talents) ,que leurs brillants cerveaux sont mercenaires dévoués à "l’intérêt supérieur de la nation".

Eux, ce ne sont pas des hommes de convictions politiques, des hommes de clan...Non, ils sont bien trop élevés pour ça...

Alors nous, qui sommes des militants, des gens "de partis" assez frustes, un peu "simples" (je plaisante évidemment), des gens dont l’esprit un peu "clanique" les classe immédiatement du côté de la ringardise et des valeurs passées de mode, nous ne pouvons pas bien comprendre ces "ultras-modernes", légers, volatiles, "décomplexés", "agiles" ...

Pourquoi donc ne gouté-je que modérément ce type d’appel, au-delà de sa présentation un peu insultante pour ceux "qui n’en sont pas", et très élitiste, en tout cas dans la forme?

Parce que d’abord je ne comprends pas pourquoi tous ces gens ne concentrent pas leurs forces et leur énergie à faire souffler le vent du changement dans leur parti.

Pourquoi ils ne s’y évertuent pas? Que pensent-ils pouvoir faire en dehors de leur parti qu’ils ne pourraient faire dans leur parti? Si vraiment ils pensent que c’est impossible, que leur action est à ce point entravée, il faut allors en effet le quitter ce parti (ce que j’ai fait avec le PS le jour où je me suis dit que ce parti ne serait plus jamais un parti de gauche).

Pourquoi baisser les bras et aller porter ses interrogations dans une structure pareille, semblable à mille autres déjà, plutôt que de se battre dans les partis, en faire profiter des camarades? On le sait bien que le dialogue entre partis a toujours existé et existe toujours ! Et si donc, d’abord, ce type de "think tank", de "club" ou prétendu tel ,était la marque d’un renoncement ?

Et si ce renoncement n’était pas seulement un renoncement politique mais aussi un renoncement d’egos? (c’est une vraie question, je ne dis pas que c’est le cas.)

Ensuite, j’ai vraiment du mal à comprendre, d’un point de vue philosophique, e t cela vaut pour tous ces types de "mouvements", que prétendant lutter contre les partis (causes de tous les maux apparemment) et donc, prétendant être très en phase avec la société civile, la première chose que l’on fasse, c’est de créer une structure - qui ne veut pas dire son nom - pour tenter de capter un mouvement qui , effectivement , s’est levé spontanément dans la société civile (universités et "clubs" en effet, mais aussi et tout simplement, bistrot du coin, cantines et autres cages d’escaliers...).

"Allons encore une fois marquer notre territoire de grands fauves un peu à part de ce reste du monde qui ne veut pas nous écouter béatement, et réunissons nous pour assister au énième crépuscule du Socialisme..." Voilà ce que semble dire l’appel, voilà ce que semble dire le comportement de nombreux dirigeants socialistes (au sens de membres du PS) actuellement.


Tirer les bonnes conclusions du bon diagnostic

Nous avons constaté avec la présidentielle une chose, certaine , sur laquelle nous sommes presque tous et toutes d’accord.

Vu le score des partis de gauche dans leur ensemble, et quelles que soient les raisons, un constat existe : nous avons mal fait notre boulot de gens " de gauche", de LO au PS. Pas forcément pendant la campagne, mais sûrement avant.

Le diagnostic est bon.

Mais quel remède proposons nous ?

Non pas de refaire notre boulot, de reprendre notre ouvrage, pour l’améliorer, le refaire correctement, non. Nous proposons de le faire "autrement", sans bien savoir toutefois ce que ça veut dire.

N’ayant pas réussi à visser une vis avec un marteau, l’ouvrier, au lieu de prendre un tournevis, se dit qu’il allait essayer de visser la vis mais avec un rabot. Comme ça n’allait toujours pas, il s’est dit qu’il allait réessayer avec le marteau, mais en se servant de ses pieds...Vous voyez la rigolade devant le type qui raconte ça?

Evidemment, l’ouvrier c’est le parti, le corps constitué ; la vis ,c’est le Socialisme, et le mur, c’est la société civile, ou plutôt, le corps social non constitué...Le marteau, le rabot, ce sont des outils : langages, médias, communications, représentants, etc...

Toutes ces histoires d’appel, de mouvement, de "transcendance", ça me fait un peu le même effet...Et si "faire autrement " ça veut dire "faire n’importe quoi" je ne suis pas d’accord.


De la nécessité du PCF

L’urgence sociale nous interdit de nous saborder dans des comportements stériles et un peu infantiles.

Camarades, bien sûr qu’il n’y a pas que les partis dans la vie, je l’ai toujours dit, et surtout , il n’y a pas que dans les partis qu’on fait de la politique, on le sait bien ! De même il n'y a pas qu'un seul lieu où exprimer sa pensée qui serait politique, et qui serait le parti!

On peut en faire en allant acheter son pain, en aidant sa voisine à monter ses courses ,en donnant deux heures de son temps chaque semaine à une association....

De même, on peut tout à fait être communiste ou socialiste sans avoir sa carte au PCF ou au PS.

Et même en effet, il peut y avoir des moments où le maintien en l’état d’un parti devient contraire aux intérêts qu’il prétend défendre.

Il est certain que par maints aspects, l’action communiste doit se transformer ou se renouveler. Mais pour moi, nous ne sommes pas au stade où la disparition du PCF est la condition sine qua non de réalisation du communisme.

Evidemment qu’il faut reconstruire "la gauche" - mais "la gauche", jusqu’à preuve du contraire, ça n’existe pas en soi ! La gauche, ce n’est qu’une agrégation de partis qui ont une histoire parfois commune, des idées souvent divergentes et quelques principes parfois fédérateurs. Ce qui EXISTE , ce sont les partis de gauche, (éventuellement réunis au sein d’une coalition comme la Gauche européenne).

Si on veut "reconstruire" la gauche, il faut commencer par reconstruire les/des partis de gauche.

On n’empêchera pas (et je ne crois pas que ce soit souhaitable) les citoyens de se regrouper dans des formes structurées d’organisations (partis ou autres ?) pour mener des combats politiques - on ne l’empêchera pas car la pratique de la démocratie et notamment du scrutin majoritaire, veut cela.

Alors, mes camarades, oui, pour l’instant, nous qui souhaitons ne pas mettre en question l’existence des partis et surtout pas celle du parti communiste, nous avons tort contre tout le monde ou presque "à gauche".

Nous sommes ringardisés, montrés du doigt, on ne fait pas partie des "clubs" parce que justement nous avons fait le choix du Parti.

Ce choix du Parti (disons, d’un parti), idéologiquement parlant, n’est pas neutre.

Il signifie que nous faisons le choix de nous confronter , sur des bases communes et au sein d’une structure avec des règles supérieures aux individus qui sont les même pour tous, que nous acceptons de fréquenter comme absolument égaux des gens, connus et inconnus, qui sont des camarades mais peuvent être différents de nous (socialement, culturellement, philosophiquement, politiquement...) et avec lesquels nous avons choisi d’œuvrer en commun de façon politique et collective.

Notre affinité elle n’est pas de "caste" (nous ne sommes pas entre universitaires par exemple) ; à la rigueur, notre affinité est de classe car nous sommes majoritairement des prolétaires. Elle est surtout idéologique : nous sommes des utopistes et des anticapitalistes.

Je crois qu’il y a beaucoup à faire au sein du PCF et au sein du PS, suffisamment à faire, justement, pour "l’avenir de la gauche" pour ne pas venir encore semer la confusion et le trouble en créant un énième "machin". (D’autant que, bon sang, on le sait, ce ne sont quand même pas les clubs de réflexion et autres lieux de lobbying qui manquent aux signataires pour avoir l’occasion de discuter ensemble ! )

Je suis convaincue que le Parti communiste n’est pas mort.

Au contraire.

Le raz de marée de la droite va agir comme un révélateur et montrer toute la palette de nuances qui existe entre un communiste et un membre du PS.

J’irai même plus loin.

Non seulement le Parti communiste n’est pas mort, mais ce n’est pas le moment qu’il meure. Car, qui fera le boulot qui nous attend à notre place?

On va bientôt et de nouveau , (je dirais presque hélas), avoir besoin des communistes ,et particulièrement, des communistes organisés au sein du PCF.

Un parti , c’est certes un lieu de débats et d’échanges, oui, mais on le sait ,quand il faut ,c’est aussi une armée.

Aussi on peut se demander,quel est ce message qu’on essaie de nous faire passer depuis quelques semaines?

Quand j’entends, par exemple, Cl. Bartolone qui tape sur les candidats communistes, je crois bien qu’on veut "nous piquer la place " à gauche. Et il n’est pas le seul. Et, si on veut nous la piquer, cette place, c’est bien parce qu’elle est la bonne place (c’est-à-dire là où il faut être).

Sauf que pour nous, si elle est AUSSI la bonne place, c’est parce que c’est celle que nous occupons depuis des dizaines et des dizaines d’années, pas par calcul (on voit où nous en sommes !), mais par convictions, par volonté de résister et de changer les choses.

Et que cette place, nous devons la tenir.

Alors ce n’est pas du tout le moment de flipper, d’avoir le blues, de se perdre ! Que les membres du PS qui ont le spleen aillent règler leurs états d’âmes ailleurs. Ne nous laissons pas entraîner dans leur déroute, ce serait fatal de nous comparer à eux, nous sommes dans des situations différentes.

On doit douter de la manière dont nous existons, mais nous ne pouvons pas douter de la nécessité de notre existence.

Le 10 juin donc, VOTONS COMMUNISTES !
Fraternellement

La Louve
PS : Compte tenu de l’estime, voire de l’amitié que j’ai pour certains des signataires, je ne les "range" évidemment pas dans la même catégories que les Attali et autres Besson, ("les égos dilatés") , mais plutôt dans la catégorie des "soldats fatigués" (et on sait combien certains furent valeureux), victimes d’un coup de blues qui leur a donné envie de se rassembler dans une sorte de communauté pour se réconforter, ce qui est très humain. Et , après tout , ce ne sont que des hommes.

3 commentaires:

@Caius a dit…

Salut Osémy :-)

Pas trop le temps d'écrire ces temps-ci... Mais juste quelques petites remarques non pas tant sur ta réaction que sur l'appel en lui même...

Tous cela me donne un peu l'impression d'observer des fourmis qui courent affolées dans tous les sens après que leur fourmilière ait été bouleversée par un gamin irascible.

Encore une fois, on cherche fébrilement à ne pas rester seul, à s'agréger, à faire du mécano politique ... Et contrairement à ce qu'on veut faire croire cela n'a rien , mais vraiment rien, à voir avec la construction d'une issue, avec la reconstruction d'une perspective communiste. Car rien n'est plus vide de contenu que la notion de "Gauche". L'utilisation de cette notion néglige complètement que "la gauche" a rassemblé au cours de l'histoire des forces particulièrement disparates : quels points communs entre "la gauche parlementaire" sous louis Philippe, "la gauche" au début de la troisième république et "la gauche " d'aujourd'hui?
Et si il peut y avoir un intérêt à discuter avec des forces "à gauche" de "l'échiquier politique" pour des militants se revendiquant du communisme, le but ne peut être simplement celui de refonder une "gauche" plus fermes sur ses valeurs (ce qui peut être le but d'un Mélanchon je le comprend bien). Le but des communistes ne peut être pour moi que de reforger l'outil politique qui permettrait de construire un bloc social autour d'une perspective explicitement socialiste dans le sens ou il s'agit d'entamer un processus de dépassement/rupture du capitalisme(je viens de dire au moins deux ou trois gros mots là). Non pas dans une démarches volontaristes ou politicienne (et opportuniste)mais en partant d'où en est l'état de conscience du salariat et en contribuant aussi à ce que les classes subalternes puissent se penser comme acteurs du changement.

Bon tout ce que j'écris est un peu langue de bois mais je crois qu'il faut arrêter de rester strictement dans le champ politique (c'est l'impasse des club , des comité anti libéraux etc...)et poser la question de l'intervention dans l'ensemble des champs sociaux et penser aussi d'autre forme d'intervention au sein de l'appareil d'état.

En tout cas le principal obstacle ce n'est pas la dispersion des forces et organisations de gauches, mais leur coupure avec les classes populaires, conséquence aussi de la décomposition de l'identité des classes populaires (et de la conscience de leurs intérêts propres) et du délitement des solidarités au sein du salariat... (processus issu directement de la décision prise à partir de 1983 d'écraser durablement les salaires et donc nécessairement d'écraser les points de résistances (y compris intellectuels et théoriques )du salariat...

Sinon j'ai bien conscience que ce que j'écris est très mécaniste et trop simpliste,... :-/

Anonyme a dit…

Bonsoir,

Je souscris à bien des points donnés par Caius.

J'y ajouterai une chose : le PC doit s'appuyer sur une conception léniniste de l'action et la faire vivre avec audace.

Michel
(PCF)

Anonyme a dit…

@caius
trés bonne analyse de la situation
des vraies fourmies qui cherche à ce recardrer et repartire en marche . Une fourmie seule ca perd la tete ,il lui faut etre en groupe et il lui faut un(e)meneur(se)

andré