lundi 30 avril 2007

Astarté

Cette déesse, appelée Inanna chez les Sumériens, Ishtar chez les Akkadiens et Babyloniens, Astarté plus tard, doit sa renommée à son activité culturelle et mythologique jamais égalée par une autre déesse du Moyen-Orient. À son apogée, elle était déesse de l’amour physique et de la guerre, régissait la vie et la mort. Elle a un aspect hermaphrodite (Ishtar barbata), comme beaucoup de déesses de ce type.

Astarté, Athtart en Ougarit, Ashtart en punico-phénicien, ou Ishtar, dérivée de la déesse de Babylone, généralement assimilée à la déesse mésopotamienne Inanna, est une déesse phénicienne présentant un caractère belliqueux (également implantée dans la mythologie égyptienne sous les ramessides). À califourchon sur son cheval, elle accompagne et protège le souverain. Elle devint la fille de Rê ou de Ptah, et est une des compagnes de Seth). Ce sera Tanit, chez les Carthaginois.

Tanit est une déesse d'origine phénicienne de la fertilité, présidant aux naissances et à la croissance. Elle était la déesse tutélaire de la ville de Serepta et son culte prit de l'ampleur à Carthage où elle était nommée Oum.

Élément féminin du couple suprême qu'elle forme avec Baal, celle-ci assume des fonctions variées : protectrice du souverain et de sa dynastie, elle protège également les marins mais son culte est, comme pour la plupart des divinités féminines primordiales de l'antiquité (et de la proto-histoire), lié à la fertilité et à la fécondité.

Parfois vénérée sous le nom de Tanit, elle sera assimilée à Vénus par les Romains sous le nom officiel de Venere Ericina.

Le papyrus d'Astarté (papyrus fragmentaire) semble laisser entendre qu'Astarté est celle qui contrecarre les demandes exorbitantes de tribut que Yam (roi des dieux) demande aux autres dieux.

21 commentaires:

Anonyme a dit…

Special dedicase a Ishtar

Ce qui commence est déjà, et pourtant tout aussi bien il n’est pas encore. Être et non-être sont donc en lui en union immédiate ; ou le commencement est leur unité indifférenciée.

L’analyse du commencement donnerait ainsi le concept de l’unité de l’être et du non-être - ou dans une forme plus réfléchie, l'unité de l’identité et de la non-identité. Ce concept pourrait être regardé comme la première, la plus pure définition de l’absolu.

Hegel, Logique I, p46.

@Caius a dit…

J'adore ce texte sur Astarté...

tiens un petit texte sans prétention que j'avais ecrit sur une autre déesse... (le texte s'adressait à une amie dont le pseudo était Lune...)

« Sur la droite chante une source, une onde claire dans un large bassin bordé de gazon. C’est là que la déesse des forêts, fatiguée par la chasse, avait coutume d’arroser ses membres virginaux d’une rosée limpide. » (Ovide les méthamorphoses)

Je suis Diane
(Ou bien Artémis ?ou Phébée ?
ou Hécate ?)

Je suis Diane
Et mon astre est la Lune
La sœur d’Apollon qui conduit le soleil jusqu’à la nuit
Alors j’apparais

Je suis Diane
Un jour que je prenais un bain entourée de mes nymphes,
mes armes et mes vêtements sur la berge,
Actéon, qui chassait, me vit nue et il vit mon visage

Je suis Diane
Je suis déesse
Lui n’est que mortel

Je le transformais en cerf et il fut dévoré par ses chiens

Gare à qui me surprend dans mon bain
Et qui voit mon visage !

Je suis Diane
Et mon astre est la Lune

Je suis Diane

Je suis Lune…

@Caius a dit…

Voilà j'ai retrouvé ce beau texte de Pierre Louys

Les prêtresses de l'Astarté

Les prêtresses de l'Astarté font l'amour au lever de la lune; puis elles se relèvent et se baignent dans un bassin vaste aux margelles d'argent.

De leurs doigts recourbes, elles peignent leurs chevelures, et leurs mains teintes de pourpre, mêlées a leurs boucles noires, semblent des branches de corail dans une mer sombre et flottante.

Elles ne s'épilent jamais, pour que le triangle de la déesse marque leur ventre comme un temple; mais elles se teignent au pinceau et se parfument profondément.

Les prêtresses de l'Astarté font l'amour au coucher de la lune; puis dans une salle de tapis où brûle une haute lampe d'or, elles se couchent au hasard.

Osemy a dit…

Merci Caius pour avoir posté ces deux superbes poèmes ici.
Lire de belles choses repose l'âme et apaise l'esprit.

(Qui a dit: séances de lectures poétiques et amoureuses au CN pour les mois / l'émoi à venir? ... ;-))

Osemy a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Osemy a dit…

Hegel à la rescousse....

Deleuze à Foucault 3désir et plaisir"- extraits d'une lettre 1977

"La dernière fois que nous nous sommes vus, Michel me dit, avec beaucoup de gentillesse et affection, à peu près : je ne peux pas supporter le mot désir ; même si vous l’employez autrement, je ne peux pas m’empêcher de penser ou de vivre que désir = manque, ou que désir se dit réprimé. Michel ajoute : alors moi, ce que j’appelle « plaisir », c’est peut-être ce que vous appelez « désir » ; mais de toute façon j’ai besoin d’un autre mot que désir.

Évidemment, encore une fois, c’est autre chose qu’une question de mot. Puisque moi, à mon tour, je ne supporte guère le mot « plaisir ». Mais pourquoi ? Pour moi, désir ne comporte aucun manque ; ce n’est pas non plus une donnée naturelle ; il ne fait qu’un avec un agencement d’hétérogènes qui fonctionne ; il est processus, contrairement à structure ou genèse ; il est affect, contrairement à sentiment ; il est « haecceité » (individualité d’une journée, d’une saison, d’une vie), contrairement à subjectivité ; il est événement, contrairement à chose ou personne. Et surtout il implique la constitution d’un champ d’immanence ou d’un « corps sans organes », qui se définit seulement par des zones d’intensité, des seuils, des gradients, des flux Ce corps est aussi bien biologique que collectif et politique ; c’est sur lui que les agencements se font et se défont, c’est lui qui porte les pointes de déterritorialisation des agencements ou les lignes de fuite. Il varie (le corps sans organes de la féodalité n’est pas le même que celui du capitalisme). Si je l’appelle corps sans organes, c’est parce qu’il s’oppose à toutes les strates d’organisation, celle de l’organisme, mais aussi bien aux organisations de pouvoir. C’est précisément l’ensemble des organisations du corps qui briseront le plan ou le champ d’immanence, et imposeront au désir un autre type de « plan », stratifiant à chaque fois le corps sans organes.

Si je dis tout cela tellement confus, c’est parce que plusieurs problèmes se posent pour moi par rapport à Michel :

1 /je ne peux donner au plaisir aucune valeur positive, parce que le plaisir me paraît interrompre le procès immanent du désir ; le plaisir me paraît du côté des strates et de l’organisation ; et c’est dans le même mouvement que le désir est présenté comme soumis du dedans à la loi et scandé du dehors par les plaisirs ; dans les deux cas, il y a négation d’un champ d’immanence propre au désir. Je me dis que ce n’est pas par hasard si Michel attache une certaine importance à Sade, et moi au contraire à Masoch [7]. Il ne suffirait pas de dire que je suis masochiste, et Michel, sadique. Ce serait bien, mais ce n’est pas vrai. Ce qui m’intéresse chez Masoch, ce ne sont pas les douleurs, mais l’idée que le plaisir vient interrompre la positivité du désir et la constitution de son champ d’immanence (de même, ou plutôt d’une autre façon, dans l’amour courtois, constitution d’un plan d’immanence ou d’un corps sans organes où le désir ne manque de rien, et se garde autant que possible de plaisirs qui viendraient interrompre son processus). Le plaisir me paraît le seul moyen pour une personne ou un sujet de « s’y retrouver » dans un processus qui la déborde. C’est une re-territorialisation. Et de mon point de vue, c’est de la même façon que le désir est rapporté à la loi du manque et à la norme du plaisir."

« Ne me connaissez-vous pas encore ? Oui, je suis cruelle — puisque vous trouvez tant de plaisir à ce mot — et n’ai-je pas le droit de l’être ? L’homme est le solliciteur, la femme l’objet convoité ; cela est le seul, mais décisif avantage de cette dernière ; la nature lui a livré l’homme, par la passion qu’elle lui inspire, et la femme qui n’entend pas faire de l’homme son sujet, son esclave, que dis-je ? son jouet, et finalement le trahir en riant, est folle.

Beaux principes, ma gracieuse dame !… m’écriai-je, indigné.

Ces principes reposent sur dix siècles d’expérience, répliqua Madame d’un ton moqueur, tandis que ses doigts blancs se jouaient dans la sombre fourrure ; plus facilement la femme se livre, plus vite l’homme devient froid et impérieux ; plus elle est cruelle et infidèle envers lui, plus elle le maltraite, plus elle se joue de lui d’une façon criminelle, moins elle lui témoigne de pitié, plus elle excite ses désirs, plus il l’aime, plus il la recherche. Il en a été ainsi de tout temps, depuis la belle Hélène et Dalila, jusques aux deux Catherines et à Lola Montes. »

Leopold von Sacher-Masoch, La Vénus à la Fourrure.

Anonyme a dit…

Dans la grisaille du présent, nous attendons un jour nouveau, une vie nouvelle, un printemps nouveau, une rédemption, un rachat, une revanche, une révolte.

C'est dans ces moments, enfin, que surgit un "nous" collectif nouveau, composé uniquement de deux personnes unies par l'amour.

L'amour est donc plus fréquent à l'aube des grands mouvements, souvent il les précède.

Qui alors répand l'idée selon laquelle l'amour serait un mouvement égoïste et fermé ? L'institution politique, idéologique ou religieuse qui prétend exercer un contrôle total sur les individus.

L'amour est une révolution : plus l'ordre des choses est complexe, articulé et riche, plus terrible en est le bouleversement, plus difficile, dangereux et risqué le processus.

Osemy a dit…

Le malheur de l'amour c'est qu'à peine on le nomme qu'il commence à s'effriter. "Fragments d'un discours amoureux" - R. Barthes, je le recommande vivement.
C'est bien pour cela qu'il faut éviter de créer des situations dans lesquelles on doit mettre des points sur certains "i" car en devant dénouer une situation on en complexifie une autre et on la tue presque dans l'oeuf.
Ecrire sur l'Amour, surtout si l'on est un poète ou un philosophe, mais ne jamais parler d'amour ( à la rigueur s'appliquer à bien le faire...) et c'est d'ailleurs dans des choses qui en semblent bien éloignées que l'on en parle le mieux. Par exemple, prendre du temps pour parler de politique (au hasard),essayer toujours de trouver la parole juste qui fait la part des choses, prendre du temps pour écouter une histoire, aider à la préparation d'un repas, d'une réunion, analyser ensemble les causes d'une défaite ;-) - il y a bien plus d'amour dans tout cela que dans le fait de dire "Je t'aime" ou "je vous aime", expression lourde, rustre, condamnation bien plus qu'espoir, dénuée de finesse et qui clot le débat bien plus qu'il ne l'ouvre.
Qui alors demande cette parole castratrice et qui tarit la source en pensant la libérer? Personne chez nous - c'est la femme bourgeoise qui se satisfait d'un tel arrêt de mort car au risque processuel du désir qui avance elle préfère la statique de l'acquis non perfectible mais certain.

"Qui alors répand l'idée selon laquelle l'amour serait un mouvement égoïste et fermé ? L'institution politique, idéologique ou religieuse qui prétend exercer un contrôle total sur les individus.
L'amour est une révolution : plus l'ordre des choses est complexe, articulé et riche, plus terrible en est le bouleversement, plus difficile, dangereux et risqué le processus."

J'adhère à cela, qui est vraiment bien vu, en tout cas.
(Mais qui n'a toujours rien à voir avec la question, au fond, de l'Un et du Multiple et pour cela il faut repasser par Platon & Aristote, y repasser, mais ne pas s'y arrêter et choisir son camp, camarade...)

@Caius a dit…

bon celà devient compliqué...

Le texte de Deleuze et Foucault est magnifique ... mais décidémment je ne suis ni masochiste ni sadique... et sans doute suis je horriblement stalinien mais non je ne peux me retrouver "politiquement" (et je parle bien ici d'une conception de l'amour...) du côté de Nietzsche et de Foucault.
Alors je choisis la spendide citation de Hegel et le très beau texte de ZZZZZZZZZZ

Et puisqu'on parle d'amour médiéval de nous collectif et amoureux un texte très connu d'Aragon :
extrait de "Les croisés"

Reine des cours d'amour ô princesse incertaine
C’est à toi que rêvaient les mourants au désert
Beaux fils désespérés qui pour toi se croisèrent
Éléonore Éléonore d’Aquitaine

[...]

Plus tard plus tard quand la souveraibe bannie
Eut quitté son palais la France et ses amours
Ils retrouvèrent la mémoire de ces jours
Et les mots passionnés de leurs litanies

Éveillèrent la rime inverse des paroles
Du prêcheur noir et blanc qu’ils avaient bafoué
La croix a pris pour eux un sens inavoué
Sans crime on peut nommer Sang-du-Christ les girolles

Mais ce ne fut enfin que dans quelque Syrie
Qu’ils comprirent vraiment les vocables sonores
Et blessés à mourir surent qu’Éléonore
C’était ton nom Liberté Liberté chérie

Osemy a dit…

@Caïus: oui; stalinien, bouhh beuuurrkk :-)

Pfff, à bas les statues de Commandeur et vive la Vie.


Merci pour la poésie - que ferions nous sans elle?

@Caius a dit…

je choisis mon camps camarade...

Au deuxième tour je ne choisis pas entre Platon et Aristote...

Est-ce que je peux remettre mon bulletin Héraclite?

Osemy a dit…

@caius:

;-) clap clap !! beau jeu de mots très cher!
oui oui, on prend les bulletins Héraclite dans ce bureau M'sieur !!!

Ah, j'en ris encore....

@Caius a dit…

Tu l'avais bien dis... de l'humour à l'Amour il n'y a qu'un pas...

Anonyme a dit…

excusé mon intrusion dans votre histoire d amuuuur monsieur caius et madame la louve mais le 6 mai faut votez royal quand meme heinnn !!
l amour rend aveugle mais sarko va vite vous redonner la vue

xxxxxxxxxxxxxxxxxxx

Osemy a dit…

après zzzzz nous avons xxxxxx

bien terre à terre xxxxx - bref.

"notre histoire d'amour" - c'est celle que devrait écrire l'humanité toute entière et que chacun et chacune est libre d'essayer d'écrire ici, à travers moi et à travers d'autres.

enfin moi c'est ce que j'aimerais surtout...

Quant à voter Royal , bon, ben , je nepeux que te nrenvoyer à tout ce qui se dit ici et ailleurs, contrairement à l'Amour ce n'est pas une évidence. Et Royal comme Sarkozy sotn de bien efficaces remèdes à toute forme d'amour quoi qu'il en soit...

Sur ce, mes ami-e-s, bon 1er mai, demain y'a défilé, et si possible au soleil (et je dis ça aussi pour les soc' hein les gars, c'est pas interdit de défiler ,ni de chanter l'Internationale ;-)).

Du combat et de l'amour.

On en revient de toute manière à Ishtar...

@Caius a dit…

c'est ça le problème dans l'amour à plusieurs : on s'amuse entre personne de bonne compagnie, à deux, à trois, et voilà un importuns qui arrives et qui veut tout de suite qu'on s'encule...
ben nous si on veut pas? et surement pas avec lui (ou elle)?




(on pardonnera les images un peu crus et je précise que je ne parle pas d'expérience concrète hein!au cas ou mes parents liraient ce message ;0))

Anonyme a dit…

"Le papyrus d'Astarté (papyrus fragmentaire) semble laisser entendre qu'Astarté est celle qui contrecarre les demandes exorbitantes de tribut que Yam (roi des dieux) demande aux autres dieux."

Et c'est là que l'aparté de l'Astarté m'intéresse le plus...

Ad majora, lupa pugnacea!
;)

Brunz

Anonyme a dit…

Qu’est-ce que tomber amoureux ? C’est l’état naissant d’un mouvement collectif à deux

Les similitudes entre mouvements sociaux et coups de foudre, réfutant ainsi le fait que l’amour serait un repli sur la sphère privée alors que les mouvements sociaux sont si propices à tomber amoureux.

En effet, comme les mouvements révolutionnaires, l’amour est une force de transformation de la vie quotidienne, de renouveau, de renaissance, de résurrection qui nous sauve du désespoir et de la solitude.

Il est donc bien ridicule que certains partis qui se croient révolutionnaires prétendent exclure l’amour de leurs rangs, sous prétexte de son supposé égoïsme à deux et son caractère incontrôlable.

Nous devrions faire au contraire une nouvelle alliance entre l’amour et la révolution, redevenir libres ensemble, briser nos liens et notre isolement en affrontant sérieusement les risques de l’institutionnalisation comme fin de l’histoire d’amour ou du soulèvement populaire pour continuer l’aventure collective, pour continuer à nous aimer et à refaire le monde, pour continuer à aimer la vie.

("Innamoramento e amore" 1979) de Francesco Alberoni

Anonyme a dit…

L’Amour, et le désir, sont manque

Socrate - Éros est-il amour de rien ou de quelque chose ?

Agathon - De quelque chose évidemment.

Socrate - Eh bien, voilà un point auquel tu dois veiller avec soin, en te remettant en mémoire ce dont il est amour [1]. Tout ce que je veux savoir, c’est si Éros éprouve oui ou non le désir de ce dont il est amour.

Agathon - Assurément, il en éprouve le désir, répondit-il.

Socrate - Est-ce le fait de posséder ce qu’il désire et ce qu’il aime qui fait qu’il le désire et qu’il l’aime, ou le fait de ne pas me posséder ?

Agathon - Le fait de ne pas le posséder, cela du moins est vraisemblable, répondit-il.

Socrate - Examine donc, reprit Socrate, si au lieu d’une vraisemblance il ne s’agit pas d’une nécessité : il y a désir de ce qui manque, et il n’y a pas désir de ce qui ne manque pas ? Il me semble à moi, Agathon, que cela est une nécessité qui crève les yeux ; que t’en semble-t-il ?

Agathon - C’est bien ce qu’il me semble, répondit-il.

Socrate - Tu dis vrai. Est-ce qu’un homme qui est grand souhaiterait être grand, est-ce qu’un homme qui est fort souhaiterait être fort ?

Agathon - C’est impossible, suivant ce que nous venons d’admettre.

Socrate - Cet homme ne saurait manquer de ces qualités, puisqu’il les possède.

Agathon - Tu dis vrai.

Socrate - Supposons en effet, dit Socrate, qu’un homme qui est fort souhaite être fort, qu’un homme qui est rapide souhaite être rapide, qu’un homme qui est en bonne santé souhaite être en bonne santé, car quelqu’un estimerait peut-être que, en ce qui concerne ces qualités et toutes celles qui ressortissent au même genre, les hommes qui sont tels et qui possèdent ces qualités, désirent encore les qualités qu’ils possèdent. C’est pour éviter de tomber dans cette erreur, que je m’exprime comme je le fais. Si tu considères, Agathon, le cas de ces gens-là, il est forcé qu’ils possèdent présentement les qualités qu’ils possèdent, qu’ils le souhaitent ou non. En tout cas, on ne saurait désirer ce que précisément on possède. Mais supposons que quelqu’un nous dise : « Moi, qui suis en bonne santé, je n’en souhaite pas moins être en bonne santé, moi, qui suis riche, je n’en souhaite pas moins être riche ; cela même que je possède, je ne désire pas moins le posséder. » Nous lui ferions cette réponse : « Toi, bonhomme, qui est doté de richesse, de santé et de force, c’est pour l’avenir que tu souhaites en être doté, puisque, présentement en tout cas, bon gré mal gré, tu possèdes tout cela. Ainsi, lorsque tu dis éprouver le désir de ce que tu possèdes à présent, demande-toi si ces mots ne veulent pas tout simplement dire ceci : "Ce que j’ai à présent, je souhaite l’avoir aussi dans l’avenir." » Il en conviendrait, n’est-ce pas ?

(...) Dans ces conditions, aimer ce dont on n’est pas encore pourvu et qu’on ne possède pas, n’est-ce pas souhaiter que, dans l’avenir, ces choses-là nous soient conservées et restent présentes ?

Agathon - Assurément, répondit-il.

Socrate - Aussi l’homme qui est dans ce cas, et quiconque éprouve le désir de quelque chose, désire ce dont il ne dispose pas et ce qui n’est pas présent ; et ce qu’il n’a pas, ce qu’il n’est pas lui-même, ce dont il manque, tel est le genre de choses vers quoi vont son désir et son amour.

Platon, Le Banquet, 200a-200e

Anonyme a dit…

Il me semble me souvenir que l'insupportable (car hyperactif et inépuisable) Gilgamesh avait des relations orageuses avec la déesse, dans le plus ancien de tous les contes à notre disposition aujourd'hui.

Amoure et pouvoir, ça ne date pas d'hier...

@Caius a dit…

eh bien continuons, mais dans le sublime (nous sommes à la fin ne dénouement est proche...):
" Ayant ainsi le peuple à ses pieds, le firmament sur sa tête, et autour d'elle l'immensité de la mer, le golfe, les montagnes et les perspective des provinces, Salammbô resplendissante se confondait avec Tanit et semblait le génie même de Carthage, son âme corporifiée"