lundi 12 mars 2007

LE CRIME DE L'AMOUR BOURGEOIS

LE CRIME DE L’AMOUR BOURGEOIS
Il y eut d'abord
L'arrogance de tes vingt ans
Tes beaux bras blancs
Comme des perles à mon cou...

Ce soir là, tu as
Bien failli me rendre fou.

Les cuisses entrouvertes tu
Ressemblais à un lotus
Et en ton coeur perlait
L'apothéose de mon désir.
Posée sur les draps de ton lit défait,
Comme sur un étang en été,
Tu me contemplais.
A travers tes cheveux de jais,
Les seins gonflés, altiers et familiers
Pour me sourire de toute ton âme, de tout ton sang et
Me ravir encore, encore et toujours ,
Dans les cris essoufflés de l'amour.

Ton cul était poisseux de ma liberté
Et ta bouche aiguisée encore de nos obscénités
Générosité de ta bestialité
Enfant fantasque et téméraire
Evidente petite sorcière
J'étais pris dans tes rets sans vouloir m'en défaire

Bohémienne délicieuse au ventre sauvage, qui ne me demandait rien.
Tu étais face à moi le feu au creux des reins
Et ton coeur dans la main.

Un rayon de lune a surgi
Et le métal froid de l'alliance a brillé à mon doigt.
Il m'a rappelé l'amour bourgeois.

Ma femme couchée sagement,
Après avoir embrassé les enfants,
Et bien plié ses vêtements.

Je suis rentré
T'ai laissée là,
Pour la millième fois...

J'ai obéi à l'amour bourgeois.
Celui qui compte et qui prévoit.
Celui qui conserve, les terres, les maisons et les banques.

C'est si facile, c'est si tranquille...
Comprends-moi!

De toute manière, tu es là,
Ma petite folle qu'on n'épouse pas!

Si tu me manques,
Je viens, je prends ta main, je lèche ton sein
Et tout va bien!
Bourgeois je le suis jusqu'à la fin.
Je te veux et me sers
Comme un propriétaire
Insoucieux de ce qui peut te nuire
Comme de ce qui peut te plaire...

Ce mardi là encore, après longtemps, je suis venu.
Tout là haut tu étais nue.


A ta fenêtre, tu t'étais pendue

Osémy
11 mars 2007

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je te touche et je vois ton corps et tu respires
Ce ne sont plus les jours du vivre séparés
C'est toi tu vas tu viens et je suis ton empire
Pour le meilleur et pour le pire
Et jamais tu ne fus aussi lointaine à mon gré

Ensemble nous trouvons au pays des merveilles
Le plaisir sérieux couleur de l'absolu
Mais lorsque je reviens à nous que je m'éveille
Si je soupire à ton oreille
Comme des mots d'adieu tu ne les entends plus.

Elle dort Longuement je l'écoute se taire
C'est elle dans mes bras présente et cependant
Plus absente d'y être et moi plus solitaire
D'être plus près de son mystère
Comme un joueur qui lit aux dés le point perdant.

Le jour qui semblera l'arracher à l'absence
Me la rend plus touchante et plus belle que lui
De l'ombre elle a gardé les parfums et l'essence
Elle est comme un songe des sens
Le jour qui la ramène est encore une nuit

Buissons quotidiens à quoi nous nous griffâmes
La vie aura passé comme un air entêtant
Jamais rassasié de ces yeux qui m'affament
Mon ciel mon désespoir ma femme
Treize ans j'aurais guetté ton silence chantant

Comme le coquillage enregistre la mer
Grisant mon coeur treize ans treize hivers treize étés
J'aurais tremblé treize ans sur le seuil des chimères
Treize ans d'une peur douce-amère
Et treize ans conjuré des périls inventés

O mon enfant le temps n'est pas à notre taille
Que sont mille et une nuit pour des amants
Treize ans c'est comme un jour et c'est un feu de paille
Qui brûle à nos pieds maille à maille
Le magique tapis de notre isolement

Aragon, Les Yeux d'Elsa, Cantique à Elsa