mercredi 24 janvier 2007

LA LOGIQUE DE PARTI A T ELLE ENCORE SA PLACE FACE A L URGENCE SOCIALE?

Cette question , je me la suis posée personnellement il y a 15 jours et j'y ai répondu à ma manière, après qu'un matin, je me suis réveillée en réalisant que si je restais au PS tel qu'il existe aujourd'hui, je trahirai les idéaux et les valeurs pour lesquels je pensais encore lutter.

Cette question, je sais que je ne suis pas la seule à me la poser: je rencontre de nombreux camarades du PS qui se la posent également et de manière de plus en plus poignante.

Il faut donc la mettre d'urgence sur la place publique et y réfléchir en conscience pour y apporter une réponse claire et sans ambiguïté : il ne faut pas désespérer les citoyens engagés dans la lutte de gauche et les laisser dans la solitude d'un choix aussi douloureux.

Il faut, et ce n'est pas le moindre, savoir écouter son coeur car la politique doit redevenir l'art de gouverner les hommes, et on ne peut bien gouverner sans aimer.

Il y a plusieurs critères à prendre en compte pour répondre à cette question dans le cadre qui est celui de l'élection présidentielle à venir, et particulièrement lorsque l'on est militant socialiste.

1. Le militantisme implique certes une fidélité à un parti et à son programme, et également un engagement et une loyauté à ceux et celles qui le représentent et se soumettent aux suffrages des citoyens.
Mais un parti n'est finalement qu'une machine destinée à faire élire plus facilement des hommes ou des femmes qui se sentent appartenir à l'idéal autour duquel ce parti a été fondé. Cette machine, ce sont les militants qui la constituent et la font vivre; si l'image n'était pas aussi terrible, j'oserais dire qu'un parti est une sorte de Leviathan dont le coeur devrait être l'Idéal.
Toute la question est donc de déterminer en son âme et conscience, mais aussi objectivement que possible, jusqu'à quel degré doivent aller le soutien voire la foi requis par le militantisme? Que faut-il faire lorsque l'on estime que certaines pièces de la machine ont pris le pouvoir au détriment du reste du corps, et surtout au détriment de l'Idée même qui a concouru à la création du parti?
La défense de la machine-parti et des privilèges de classe de certains dirigeants doit-elle prendre le pas sur la défense des idées et des valeurs?

Ma réponse est claire: le militantisme ne doit jamais aboutir à un renoncement qui finira par préférer la conservation de ce qui est pathogène pour l'Idée,( en l'occurrence, celle du socialisme), à la rénovation et au progrès.

Etre militant ce n'est pas être un mineur sous tutelle, au contraire!
Etre militant c'est accepter une responsabilité morale plus forte que celle des citoyens qui ne se sont pas engagés autant en politique, et il n’y a pas de responsabilité sans liberté de penser.

Face à l'urgence sociale que nous connaissons aujourd'hui en France à maints égards il est clair, donc, que la « logique de parti » peut et doit céder.

2. Comment articuler ce constat à la problématique galvaudée du "vote utile"?
Il y a deux manières de répondre à cette question et toutes deux sont complémentaires:
- le vote utile est d'abord et avant tout celui qui est accordé à des idéaux dont on croit qu'ils sont utiles à l'Homme.
- le vote utile est également celui qui, aujourd'hui en France et sous la 5ème République, pour la présidentielle, est accordé à un homme ou une femme qui est issu d'un parti ou d'un mouvement qui a un minimum de représentation nationale et européenne.

Pourquoi?
Parce que l'organisation des pouvoirs est telle qu'elle nécessite cette assise "locale" et une possibilité de majorité, ne serait-ce que par alliance, aux Parlements, surtout si l'on veut réformer démocratiquement cette constitution.
Parce qu'une cohabitation, contrairement à ce que disent des "acteurs publics" dont on regrette parfois qu'ils aient droit à prendre la parole aussi souvent, une cohabitation, sous la 5ème est politiquement une très mauvaise chose, un fonctionnement anormal de l'institution, qui ne permet pas de faire une politique européenne, nationale et locale cohérente et donc efficace.

J'aimerais clore cette tentative de démonstration par deux constats:
- qu'on le veuille ou pas, il existe encore bien une différence entre droite et gauche, entre capitalisme et socialisme,en France et ailleurs; les tenants de la pensée unique peuvent s'acharner à dire le contraire mais ils ne peuvent pas le démontrer.
- en dépit de divergences parfois profondes et de différences réelles sur la forme et aussi sur le fond, il sera toutefois toujours plus évident et plus cohérent pour un communiste de gouverner avec un socialiste qu'avec un représentant de l'UMP ou de l'UDF!


En conclusion:
Lorsque l'on est de gauche aujourd'hui, que l'on ne se sent pas représenté par la candidate de son parti "d'origine" voire, que l'on estime que le programme de son parti n'est plus un programme de gauche, il n'y a aucune aberration à soutenir à la présidentielle, et à apporter son expérience et son savoir-faire de militant à la candidate de la gauche populaire et antilibérale, Marie-George Buffet.

Camarade du PS, toi qui ne te sens pas représenté par S Royal,voire, qui ne te sens plus en accord avec le programme du PS, tu peux , des deux mains , mettre un bulletin "Buffet" dans l'urne au premier tour de l'élection présidentielle - tu auras ainsi un vote de gauche et qui sait si tu ne seras pas moins trahi que par les tiens?

Il serait en revanche politiquement stupide de voter pour J Bové ou O Besancenot qui, s'ils sont de gauche, n'ont aucune représentation nationale de gouvernement (on peut décrier l'absence de proportionnelle mais ce n'est pas le débat du jour).
Cela ne signifie pas qu'il ne faudrait pas les associer s'ils en manifestaient le désir ( désir qui serait au fond la meilleure preuve que leur motivation est une motivation populaire et non une ambition personnelle dévorante...) .

Si tu étais venu hier soir au Zénith, mon camarade, mon frère socialiste, tu aurais entendu des choses que l'on n'entend plus au PS depuis des années, des mots prononcés avec courage et détermination par une femme aimée et respectée pour la permanence et la réalité de ses luttes, des mots qui t'auraient redonné du baume au coeur et t'auraient fait penser, en sortant de la grande salle: "Tiens, je ne suis pas seul(e), il y a encore une gauche en France , une gauche de combat, une gauche de gouvernement, une gauche qui n'a pas peur d'offrir une pensée de gauche qui n'est pas la voix dominante du libéralisme, de proposer des rêves et des actions, une gauche qui n'a pas peur de l'Homme , qui tente de définir un monde meilleur, et pas seulement une gestion du pire."

Alors, mon camarade, tu peux sans crainte et en respectant une logique politique rigoureuse, voter pour Marie-george Buffet.

Tu ne déclencheras pas le "21 avril bis" que te prédisent les vendeurs de lessive.

Le 21 avril, rappelons le , c'était avant tout l'échec du PS et, soyons honnêtes, l'échec de la gauche, notre échec à tous et à toutes.
Nous n'aurions pas du accepter, en 1997, cette cohabitation contre nature et même honteuse , le tout dans une relative bonhomie, cette cohabitation qui a laissé à J Chirac le champ libre nécessaire à la mise en place du piège redoutable, dressé avec l'aide de l'actuel Ministre- policier et la complicité béate des médias, qui s'est finalement refermé sur nous, peuple de gauche.

Le manque de courage en politique se paie toujours comptant et très cher, c'est cela, la vraie leçon du 21 avril 2002.

Camarades socialistes, du courage !

Votez BUFFET.

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