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mardi 31 mars 2009

On ne sortira pas de nos chaînes en luttant contre l’U.E. par la voie souverainiste, mais en imposant le peuple comme sujet politique marxiste (II)



Je poursuis ma publication...

Objectif: convaincre que se qui se livre aujourd'hui c'est bien une bataille de la nation (ce qu'elle est devenue) contre le peuple avec le soutien plein et entier de l'UE...et qu'il faut donc abandonner la voie obsolète de la défense de la nation pour s'approprier celle de la défense du peuple et de la république (la vraie!)
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2. La France, oublieuse de la République, fondée sur la souveraineté nationale, et corsetée par la démocratie bourgeoise.

La souveraineté en France EST nationale, et non pas populaire.
C’est bien ce qui rend la construction de l’UE possible.

De mon point de vue, pour entamer toute discussion sérieuse sur ce sujet, c'est fondamental de bien lire et de comprendre ce que signifie cet article 3 de la Constitution de 1958 (qui vient de loin).
Oui, on y lit que la souveraineté nationale "appartient au peuple" MAIS surtout on lit que la souveraineté EST d'abord nationale.

J’ouvre une parenthèse : Je crois que dans nos analyses politiques, nous sommes gravement handicapés par un certain révisionnisme que je dirais stalinien (et ça ne concerne pas que le PCF) des thèses marxistes et léninistes que nous avons subies pendant des décennies.

Souvent quand je discute avec des camarades étrangers, ils sont surpris que le PCF français, voire, le communisme en France, soit encore aussi sclérosé et dépendant de conceptions héritées de la IIIè Internationale post-léniniste. Cela a une explication assez simple je pense.

Du fait de notre tradition jacobiniste (y compris « à gauche » ), terreau fertile pour ce révisionnisme (puisque Staline, dont on connait les difficiles rapports avec le marxisme, était bien ce que Lénine lui-même appelait un chauvin, un nationaliste au fond, qui a contribué à construire l’impérialisme soviétique), nous avons été un des PC les plus profondément touchés par cela, même chez de très nombreux camarades de bonne volonté et de grande intelligence. C’était en fait la rencontre de deux cousins.

Je note également que le PCF, au « temps de sa splendeur », s'il a connu beaucoup de poètes, de philosophes, d'ingénieurs, d'historiens, et d'économistes dans ses « intellectuels » n'a eu quasiment aucun juriste de talent dans es rangs. Cette ignorance , ce mépris même d’une réalité politique qui s’appelle le Droit, fondée sur la vieille antienne gauchiste que « le droit c’est bourgeois » est révélateur de la dégénérescence idéologique qu’a commencée à subir le PCF à partir des années 40.

C’est pour cela aussi que la France est un des pays d'Europe où le trotskisme, en tant que symbole et force antistalinistes aussi, est resté le plus virulent, le plus vivace, corrélativement. Il correspondait à une nécessité dans le mouvement communiste.

Mais revenons à nos « moutons »:

Je ne reprends pas ici in extenso l’analyse politique du concept de « nation » aujourd’hui qui m’amène à poser comme hypothèse que la nation exprime d’abord la coalition héritée des Lumières entre petit-bourgeois, paysans et bourgeois, en quelque sorte « contre » les prolétaires et notamment contre les ouvriers.

C’est la théorie de la nation comme condition politique du développement, plutôt, de l’expansion du capitalisme en France au moment de la Révolution, en gros.

Je ne reviens pas sur le fait que je ne nie pas que cela existe (encore faut-il voir dans quelles conditions autoritaires cette existence a-t-elle été rendue possible cf. abandon des langues régionales, des coutumes, des parlements locaux, remplacés par la « décentralisation » et la « déconcentration » partielle), que cela ait pu être nécessaire à l’émancipation, je connais la nécessité de replacer la naissance des contextes politiques modernes dans un certain contexte, je ne nie pas que le sens de ce concept n’est pas figé et a évolué (à la marge selon moi)…

Mais, cette hypothèse de la nation comme expression politique d’une coalition, à l’époque émancipatrice, révolutionnaire, mais coalition figée, articulée autour de la bourgeoisie (bourgeoisie qui s’est ensuite débarrassée politiquement et économiquement de ses encombrants alliés), c’est l’hypothèse à laquelle je tiens le plus, et personne ne m’a démontré encore la fausseté de cette hypothèse.

Dans le cadre bourgeois de l'interprétation et de l'application de la constitution française qui est le notre actuellement, ce terme de "peuple" ne veut pas dire grand chose pour nous, MAIS c'est une brèche importante de lutte politique contre le capitalisme, brèche dans laquelle malheureusement nous ne nous engouffrons pas.

La plupart du temps, nous nous contentons de répéter, parfois assez bêtement « souveraineté populaire » (après avoir dit avant « indépendance nationale »…) – bien !

(Question : mais c’est quoi la « souveraineté populaire » « dans l’absolu » ? C’est quoi d’ailleurs la réflexion politique « dans l’absolu » sur ce type de sujets, sinon du pur idéalisme?)

Et tout en disant « nous défendons la souveraineté populaire » (ce qui est vrai dans l’intention pour beaucoup de communistes mais faux dans les faits pour des raisons tenant toutes à cette erreur d’analyse à la base), nous défendons finalement d’abord la nation !

Alors oui, nous devons ENFIN nous engouffrer dans cette brèche (la dernière qui nous reste ouverte avant le fascisme). Celle du PEUPLE.

Justement parce que AUJOURD’HUI il n'y a pas de reconnaissance POLITIQUE du "peuple-classe", puisque la citoyenneté (c’est-à-dire le lien entre le peuple, l'Etat et le territoire, en résumé) est définie par l'appartenance nationale, et parce que de souveraineté (au sens démontré magistralement par le Carl Schmitt époque nazie, qui a « bien eu » Hindenburg et la République de Weimar finalement: "Est souverain celui qui décide en situation exceptionnelle"), il n'y a de souveraineté reconnue en France que nationale.

Est ce un hasard ? Non.

Est-ce que c’est une nécessité ? Est-ce que « scientifiquement », du point de vue de la théorie de l’Etat, de la théorie constitutionnelle, c’est parce qu’on ne peut envisager une souveraineté autre que nationale (ce qui serait la preuve par A + B que je me trompe) que c’es ce qui existe chez nous?

– NON !

Il existe au moins une autre souveraineté que nationale, c’est la souveraineté populaire, et elle a existé comme réalité politique dans la Constitution de l’AN I en France par exemple (pas de bol il y a eu la guerre, la Terreur etc. – donc, aux oubliettes).

De mon point de vue, donc, tenter de nous débarrasser de l'Union Européenne, en invoquant la « souveraineté de la nation », ou son « indépendance », ça n’est que renforcer nos fers (si on admet ma théorie que l'Union Européenne est encore fondée sur les Etats-Nations, même diminués ou rabougris). C'est le noeud coulant - plus on tire plus il étrangle.

Je m'explique davantage encore.

Ce débat sur l'utilité, la nécessité pour nous communistes, de "valider" politiquement la nation, débat que nous avons depuis des décennies ici, ce n'est pas/plus le notre. C'est ce que je veux dire quand je dis, peut être était-ce une piste pertinente en 40/50, aux débuts de la construction de l'Union Européenne. Mais l'est- ce toujours? Le monde n'a-t i l pas changé depuis? Si oui, comment?

On ne peut pas oublier, dans nos analyses politiques que la bourgeoisie n’est pas uniforme, qu’elle n’a pas les mêmes intérêts particuliers pour tous et qu’entre les capitalistes, il y a une féroce concurrence aussi. C’est la base de la théorie que Lénine développera sur le thème de l’impérialisme. Il l’explique et le démontre parfaitement dans « Impérialisme stade suprême du capitalisme ».

J’en viens donc à la conclusion que ce débat (« UE vs indépendance nationale »), comme nous y participons, c'est en réalité celui de deux idéologies capitalistes qui s'affrontent - celle qui représente le capitalisme financier mondialisé vs le capitalisme plus industriel, local, disons, cette frange du capitalisme "local" qui tente de résister à la nouvelle vague de concentrations et mondialisation que va provoquer la crise actuelle, contre les plus "petits".


Les premiers cités, les très gros ont, je pense, en toute logique, un grand intérêt à défendre l'UE - Etat unitaire, (ce n'était pas la conception giscardienne par hasard , ce vieux croqueur de diamants connaît trop bien la chanson), et les plus petits, disons les capitalistes plus "protectionnistes", eux, ont intérêt à défendre, pour rester concurrentiels, un cadre plus restreint, qui leur laisse une possibilité d'agir sur les économies locales via l'Etat-nation justement, dont ils dépendent pour vivre bien plus que leurs comparses.

Moralité à ce stade : en basant notre combat contre l’Union Européenne, légitime, juste, nécessaire, sur un pivot qui est malgré tout ce que nous pouvons en dire, "souverainiste", nous nous plaçons ouvertement aux côtés des capitalistes de "moyenne taille". Nous acceptons même de servir leurs desseins (je sais j’entends des camarades, toujours les mêmes qui hurlent « gauchiste » !). Lisons jusqu’au bout voulez-vous ?


Je ne dis même pas que nous nous placerions aux côtés des "petits bourgeois". Je dis que nous appuierions les héritiers directs de ceux dont Lénine parlait déjà dans "Impérialisme stade suprême du capitalisme".

C ‘est à dire ceux qui sont appelés à se faire dévorer par plus gros qu’eux.


C'est là que le révisionnisme staliniste dans la re-lecture de Lénine joue à plein, puisque c'est cette relecture qui va commander, alors, de faire cette alliance avec les plus petits capitalistes pour, soi disant, contrer les très gros.

Comme si Lénine avait jamais pu conseiller une chose aussi monstrueuse, lui qui, justement a écrit maintes fois, dans ses controverses avec Trotski, ou Kautsky, le contraire!

Et en outre à supposer que la stratégie que j’appellerais stalinienne ait pu être valable à une époque où existait un impérialisme soviétique capable d’en imposer à une partie de la bourgeoisie française, est-on encore dans ce cas ? Non il me semble. Ce serait donc David qui donnerait à manger à Goliath en ayant oublié sa fronde à la maison!

Et c'est là que la notion de souveraineté nationale, d’indépendance nationale, nous fait un tort considérable (pour d'autres raisons également, et je n'y reviens pas ici, mais quelles que soient les pincettes qu’on prend, c'est bien le terreau du transfert d'une partie de l'électorat PCF au FN dans les années 80/90).


(..) A suivre!

dimanche 29 mars 2009

On ne sortira pas de nos chaînes en luttant contre l’U. E. par la voie souverainiste, mais en imposant le peuple comme sujet politique marxiste! (I)



Je vais publier ici un petit essai sur l'UE, la nation, le peuple , la souveraineté...Je le publierai en plusieurs parties car c'est un peu long - il est disponible intégralement en .doc à l'adresse mail du blog...

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(Etat, nation, peuple, souveraineté, république, Union Européenne, internationalisme).

La période actuelle est propice (et pas seulement pour des raisons liées à l’approche des élections au Parlement de l’Union Européenne) à rebattre les cartes politiques et à initier un mouvement de renaissance de la philosophie politique marxienne.

En d’autres termes, cette période de crise du capitalisme est le moment idéal pour nous communistes pour recommencer à souffler un peu de vie dans le cadavre de la philosophie politique de Marx.

On entend et on lit beaucoup de choses sur ce sujet global ( Union Européenne, nation, Etat etc.) notamment chez les communistes, des choses plus ou moins heureuses, plus ou moins pertinentes, mais malheureusement, en tout cas, à mon goût, on ne trouve actuellement que très peu de tentatives de faire revivre cette philosophie politique, cette théorie de l’Etat (oui je sais que cette expression va en crisper certains, mais je vais m’en expliquer), Etat qui doit être « détruit » ou « aboli », particulière en germe chez Marx.

Mais il y a en tout cas, et quelles que soient les critiques que je vais apporter ensuite à ces réflexions, la manifestation d’un très fort désir chez de nombreux communistes de refaire vraiment de la politique, et cela est extrêmement positif et encourageant.

Ma critique sera donc une critique amicale, sans concession, mais en tout cas, pleine d’optimisme, pour que nous continuions toutes et tous à pousser dans le sens de d’une réappropriation de la pensée politique par les marxistes, et notamment par les communistes.

D’ailleurs, ce qui m’a « inspirée » récemment à écrire de nouveau sur ce sujet qui me fascine et me tient à cœur, c’est notamment la lecture de quelques textes publiés par des camarades[1] sur ce même thème, ainsi que les nombreux échanges (parfois même très violents) que j’ai depuis longtemps sur ces sujets avec plusieurs camarades, communistes ou anarchistes, d’où qu’ils viennent.

Ce n’est pas un « scoop » pour les quelques-uns qui me lisent depuis assez longtemps, je milite pour l’abandon de la référence par nous, communistes, à la nation et à l’indépendance nationale comme « alpha et oméga » de notre lutte politique contre l’Union Européenne. Je milite aussi pour le remplacement de ces concepts par celui de souveraineté populaire. Non par coquetterie, pour imposer une vue prétendant qu’elle est originale et que cela seul justifie qu’elle soit débattue, mais bien parce que je pense que c’est une condition fondamentale du renouveau de notre lutte. Je vais donc revenir à nouveau sur ce point, crucial je pense, en essayant d’être encore plus claire, encore plus précise dans ma démonstration.

1. Nos difficultés théoriques viennent d’une mauvaise analyse de l’Union Européenne comme objet politique.



Et si une de nos difficultés théoriques (et consécutivement, pratique) à conceptualiser la relation internationalisme/nation / Union Européenne, venait en grande partie d'une mauvaise analyse politico-juridique de ce qu'est l'Union Européenne?

Le postulat en vigueur chez de nombreux communistes sur cette question est le suivant :
l’Union Européenne, objet politique supranational, serait opposée, contraire, à "nation et indépendance nationale" et donc, à la souveraineté populaire à cause de la prétendue perte d’indépendance nationale (ce qui est important c’est le lien consubstantiel établi entre tous ces éléments dans ce postulat).


Ce postulat- là, fondamental dans la critique communiste française de l’Union Européenne, je le conteste.

Cela ne signifie pas qu'il n' y a pas un problème d'indépendance de « quelqu’un » « quelque part », il y en a même un très gros, mais pas d'où on pense, je m'explique....


Il faudrait être précis d'abord, pour avoir une analyse scientifique de la question et donc, une analyse qui tienne peut être un peu plus la route.


La supra nationalité qu'on prête, avec raison, à l'Union Européenne, ne peut exister que là où il y a encore nation et souveraineté ; elle ne peut exister que dans un cadre de type fédéral, fédéraliste ou « confédéral ».


C’est à dire, dans un cadre à l’opposé de "notre "conception jacobine traditionnelle en France, où prévaut l'Etat unitaire et centralisé comme nécessité politique absolue.

Ce « fédéralisme », c'était, peut on dire, le projet Girondin entre 1791 et 1793. C'est ce qu'on connaît en Suisse, aux USA bien sur aussi. Je ne reviens pas sur le fédéralisme, le mouvement fédéraliste en Europe (fondé en partie par un ex- communiste italien – Altiero Spinelli - ne l'oublions pas).


Classiquement , en théorie constitutionnelle, voilà comment on définit un Etat fédéral

  • le principe de séparation : les compétences étatiques sont réparties entre gouvernement fédéral et gouvernements des États fédérés ;
  • le principe d'autonomie : chaque ordre de gouvernement est autonome, ou "souverain" dans son domaine de juridiction ;
  • le principe de participation : les entités fédérées sont représentées et participent aux décisions fédérales prises, souvent par le bicaméralisme au niveau de l'État fédéral. L'une des chambres représente alors les États fédérés.

Pour la confédération, c’est un peu différent, puisque, en résumé, c’est une association d’Etats indépendants qui ont, par simple traité, délégué l'exercice de certaines compétences à des organes communs destinés à coordonner leur politique dans un certain nombre de domaines, sans constituer cependant un nouvel État superposé aux États membres.

Quoi que traditionnellement vue comme une construction « sui generis », on peut soutenir également que l’Union Européenne emprunte à la fois au modèle fédéral et confédéral.

Mais en réalité le curseur entre les deux formes de rassemblements d’Etat se place ici notamment dans la marge de souveraineté et d’autonomie laissée aux Etats membres.

Pour le cadre fédéral, c'est cette histoire de principe d'autonomie qui est la plus intéressante pour notre débat en ce que l'autonomie est ENFERMEE dans un champ de compétences définies par une constitution fédérale donc supranationale. Mais l'autonomie c'est encore une part de souveraineté de la nation.


Ce cadre fédéral ou à vocation fédérative ou confédérative est ce que la fameuse constitution européenne (constitution = document politique par excellence) voulait parachever en 2005, en finissant par créer officiellement un sujet politique fédéral MAIS à vocation unitaire, c’est à dire, je le pense (et c’est pour cela notamment que je m’étais engagée en 2005 contre ce projet), pour finir à terme l’intégration européenne par un Etat-Nation unitaire.


J’ouvre une parenthèse pour dire que, malheureusement pour Trotski, donc, on peut dire que du point de vue de l’histoire des idées politiques marxistes, nous en sommes arrivés aujourd’hui à la démonstration par les faits de la justesse des critiques que Lénine adressait au projet de Trotski d’ « Etats-Unis d’Europe ». Cette idée politique, compte tenu des circonstances historiques où se trouvaient les forces communistes, ne pouvait être qu’une construction capitaliste, ou disons, plutôt, favorable au capitalisme, en gros.

Alors, cela posé, est ce que supra nationalité signifie nécessairement « perte d'indépendance nationale » ou « abandon d'indépendance nationale » des Etats qui constituent une entité fédérée ou confédérée?


Et bien non. Evidemment.


D'abord, parce que c'est volontairement que le souverain initial (l'Etat-Nation, et non le peuple) a abandonné, non pas sa souveraineté, mais une partie des prérogatives qui fondent sa souveraineté, au profit d'un autre Etat, qui est cette espèce d'Etat fédéral ou l’organisation régulant la confédération.


C'est un transfert de prérogatives, voire, d'une partie de souveraineté d'un Etat à un autre organisme, ce quel que soit le régime (monarchie/démocratie).


Donc, dire que l'Union Européenne est "anti nationale" de mon point de vue, c'est faux, ou disons que ce n’est pas une critique pertinente.


L’Union Européenne serait même complètement "pro nationale", jusqu'à nouvel ordre, en ce que ce que non seulement, elle ne reconnaît comme sujets de droit aptes à négocier des parcelles de souveraineté que les Etats en tant que la souveraineté y est nationale. Car c’est bien le lien entre tous les Etats intégrés – la souveraineté n’y est pas populaire. La plupart des Républiques qui s’y trouvent se nomment ainsi par abus de langage.


L’Union Européenne, quoi que prétendant reconnaître les peuples (dans une vision quasi-ethniciste et régionaliste), ne traite pas avec les peuples; encore moins avec le « peuple-classe » (plutôt ouvertement contre lui).

Elle traite avec les représentants des Etats « fédérés » dans l’Union Européenne.

C'est aussi pour ça que pour voter NON au projet de constitution européenne de 2005 nous nous sommes retrouvés, nous , communistes, en « compagnie » (très éloignée et involontaire) des fachos et souverainistes, bref de la droite dure, parce que le gros "hic" de la constitution d'inspiration giscardienne pour eux, c'était bien une tentative de METTRE UN TERME à cette reconnaissance par l'Union Européenne fédérative des nations et d'aller à terme vers un "Etat-nation européen", dont , à l’époque, ils ne voulaient pas (nous verrons que nécessité faisant force de loi ils y seront peut être bientôt de moins en moins opposés).

Je cite le Préambule de ce projet de constitution giscardienne par exemple:

"PERSUADÉS que les peuples d’Europe, tout en restant fiers de leur identité et de leur histoire nationale, sont résolus à dépasser leurs anciennes divisions et, unis d’une manière sans cesse plus étroite, à forger leur destin commun ».


Le Traité de Lisbonne, tout en conservant cette idée de citoyenneté européenne, cette idée qu’un jour peut être il faudra bien s’unir complètement, a abandonné une partie des agressions directes contenues dans le projet giscardien contre les souverainistes.

Raison pour laquelle contre le Traité de Lisbonne, contre le vote par le Parlement le 4 février 2008, on les a quand même beaucoup moins vus et entendus qu'en 2005....

Mais encore l’Union Européenne est profondément liée au fait national en ce qu’elle contient en germes comme projet politique la constitution d’un Etat-Nation Européen.

De mon point de vue l'Union Européenne serait non plus "supranationale" (ni même « impérialiste » en tout cas pas vis à vis des Etats qui la composent), mais clairement contre l'indépendance nationale comme on le lit partout, si elle n'avait accepté que des souverainetés populaires, pour se les agréger et qu'elle avait ainsi tendu à un Etat unitaire le même pour tous les peuples.


Or, on peut reprocher un milliard de choses à l'Union Européenne (la liste est trop longue je ne la fais pas d’autant que la plupart d’entre nous la connaissent), mais on n'est pas , de fait, actuellement, surtout avec l'échec du projet Giscard, dans une situation qui serait celle de l'Union Européenne comme tentative d'Etat unitaire, où là, oui, je serais à la rigueur d'accord pour parler de la nécessité de l'indépendance nationale pour protéger la souveraineté populaire des Etats nations. Peut être y allons-nous mais nous n’y sommes pas.

Toute la question vient ensuite de ce que nous communistes entendons par "peuple" et "souveraineté".

Pour conclure sur ce point, on pourrait dire que l’Union Européenne n’est pas contre la souveraineté nationale, mais bien contre la souveraineté populaire (en ce que le gros problème est qu’elle a verrouillé la parole des peuples dans les cadres nationaux et a permis aux gouvernements des Etats-Nations de confisquer la parole populaire). Elle est une construction politique profondément paradoxale et apparemment contradictoire, du fait même de l’existence de la Nation comme cadre des Etats, car elle tend à la fois à ne considérer que les Etats-Nations au détriment des peuples pour permettre in fine la construction d’un Etat-Nation européen dont les peuples ne veulent pas.

Apparemment contradictoire seulement, car en réalité tout est parfaitement logique dans cette construction politique des capitalistes pour le capitalisme. L’Etat-Nation européen est appelé à prendre la place des Etats-Nations participant à sa construction, de façon volontaire du point de vue de la légalité. (Pour la légitimé c’est une autre histoire).

C’est bien la présence d’Etat-Nation dans l’UE qui rend possible ce type de construction de cette façon. On voit bien avec les rares référendums qui ont eu lieu sur ce sujet dans certains pays que, quand les peuples sont correctement informés des tenants et des aboutissants de l’UE et des nouveaux traités ou projets constitutionnels, grâce à un engagement politique accru de certains partis et des militants, mais aussi grâce au développement de ce moyen de communication incroyable qu’est Internet, ils se prononcent invariablement contre. Avec des Républiques et des souverainetés populaires (réellement populaires) on n’aurait probablement pas eu d’UE. En tout cas, certainement pas celle-là.

Une fois posée que le postulat « supranationalité » = contraire à la souveraineté nationale, ou « UE = opposée à la nation » n’est pas exact, il faut attaquer, du point de vue de ce qu’on appelle l’ordre interne, la question, ici, en France.



[1] Par ex. la série inaugurée en 2005 par Charles Hoareau dans « Rouge-Midi »



Fin de la partie I. A suivre.