lundi 13 septembre 2010

Non, Mme Royal, "l’intéressement" et "la participation" ne sont PAS du salaire.


J’ai regardé la prestation télévisée de Ségolène Royal qui s’exprimait pour le compte du PS hier soir (revoir ici).

Et une chose (parmi d’autres, car notre objectif, à nous communistes, ne saurait être d’entériner "la retraite à taux plein à 65 ans" !) m’a fait littéralement jaillir de mon siège.

De colère.

C’est d’entendre Royal dire, en lisant la fiche que lui a concoctée son parti, le PS (puisqu’elle porte là les propositions de son parti, le PS), que "l’intéressement et la participation, ce sont du salaire" donc qu’il était normal de les taxer pour "sauver les retraites", et de nous apprendre que "les partenaires sociaux (-lesquels?-) sont d’accord avec cette proposition".

Alors je sais bien que l’analyse de la participation et de l’intéressement comme du "salaire" est devenue monnaie courante, et qu’elle est appuyée par toute une partie de la doctrine fiscale, je sais bien cela.

Je sais également que c’est le dogme au PS, cette interprétation, et que dans ce parti il est de bon ton de faire passer les vessies pour des lanternes.

Je sais que ce n’est pas nouveau, chez eux, de reprendre à leur compte, purement et simplement, les intérêts capitalistes.

Mais voilà, moi, nous, nous ne sommes pas légalistes, et nous savons (normalement) ce qu’est "une loi" d’où elle vient et comment elle est faite et nous ne croyons pas que la loi dise LA VÉRITÉ.

En théorie, nous devons même nous battre pour que la norme édictée par la loi ne devienne pas la seule VÉRITÉ opposable.

C’est donc toujours la même question qui se fait jour et cette ligne de fracture entre "nous", les communistes, marxistes, et "eux" , les "socialo-démocrates",où qu’ils soient logés et quoi qu’ils se prétendent "de gôche" (voire même de "la gôche de la gôche").

Doit-on prendre acte des reculs imposés par la bourgeoisie (avec l’aide du PS) ou pas?

Doit-on colporter nous-mêmes des saloperies telles que "l’intéressement et la participation sont du salaire"?

NON, car dire cela c’est un mensonge, à moins que par salaire on n’entende plus du tout la même chose.

Voyons pour la participation déjà, le PS serait bien inspiré de revoir COMMENT elle est calculée, cette participation, et COMMENT, par quelques tours de passe-passe comptables, un employeur peut, s’il le souhaite, la réduire quasiment à NÉANT.

J’ajoute que la participation a pour vocation exclusive, quand elle est par exemple constituée via un PEE, de rendre indisponibles les sommes "gentiment" octroyées aux salariés pendant 1 à 5 ans (hors cas de déblocage dit "anticipé" pas simples, d’ailleurs, à définir malgré une énumération exhaustive) et de permettre aux SICAV et autre FCPE de se faire encore PLUS de gras sur le dos des richesses extorquées au travail des salariés par le biais du salariat.

Par ailleurs, il est utile de rappeler que ces sommes (que le PS et Royal appellent "du salaire") sont exonérées d’impôt si elles ont été bloquées pendant 5 ans (- et pour cause ! Elles ont contribué et largement au capitalisme financier et ont déjà été taxées par ailleurs au niveau des résultats des FCPE) et qu’ elles sont imposées à 50 % si elles sont été bloquées 3 ans.

En revanche, elles sont entièrement passibles de la CSG et de la CRDS.

Je rappelle également que la participation, réforme gaulliste au sens strict (1959), n’a pas été conçue à l’origine pour devenir du "salaire" mais pour donner des intérêts communs (mensongers, bidons) au patronat et au prolétariat et donc, pour lier encore davantage le prolétariat à sa propre exploitation !

J’ajoute aussi que si il y a bien une réforme qui a fortement pesé sur la progression et la négociabilité des augmentations salariales en France, c’est bien celle de la PARTICIPATION.

Qu’est ce qu’un salaire, pour "nous"? C’est une forme spéciale de "rémunération" du travail, donc, de l’exploitation de la situation du prolétariat par le capitaliste, c’est une miette que nos combats arrachent au patronat dans l’extorsion des richesses que NOUS créons. Aussi et quoi que notre objectif à terme soit, par la fin du capitalisme, l’abolition du travail salarié, la bataille sur les salaires est TOUJOURS une bataille essentielle et quotidienne pour nous, syndicalistes, anticapitalistes, communistes.

"En attendant" l’abolition du salariat, le salaire est DONC un enjeu essentiel de la lutte des classes et de l’affrontement capital/travail. Et c’est sur ces points de clivage que l’on doit juger de telle ou telle proposition.

Il est donc exclu compte tenu de sa nature et de son fonctionnement, que "nous" acceptions de considérer que la "participation" soit vue comme du "salaire".

Tout ce que peut toucher un salarié de son employeur n’est PAS du salaire.

Quant à l’intéressement, là encore, vaste plaisanterie de le faire compter comme du salaire !

Il faut revoir ce qu’est l’intéressement, là encore, et comment un employeur peut changer les règles (notamment dans les entreprises où la représentation syndicale est faible ou inexistante) pour réduire à néant cet intéressement.

Dans les permanences juridiques, on voit actuellement arriver nombre de salariés du commerce et des services pris à la gorge car ayant CRU que leur "intéressement" était "du salaire". Mais c’est faux !

C’est faux parce que pour nous il ne saurait y avoir de "salaire variable", a fortiori quand cette variabilité dépend d’une part de la volonté unilatérale de l’employeur, et d’autre part, quand cette part variable dépend du chiffre d’affaires ET DONC du marché.

Là encore présenter l’intéressement comme "du salaire" est une arnaque énorme !

DONC, taxer ces deux sources de revenus complémentaires, aléatoires, fragiles, comme du salaire est ÉGALEMENT une arnaque.

On touche là je pense avec ce genre de sujet, qui plus est, abordé aussi "benoîtement" par le PS dans le cadre du débat sur la réforme des retraites, à une question fondamentale, un point de rupture indépassable entre, en théorie, les "anti-capitalistes marxistes et révolutionnaires" et TOUS les autres.

Cette question c’est celle du SALAIRE dans une société capitaliste, et donc, également, celle de sa taxation.

Qu’est ce que du SALAIRE, comment est il ponctionné, pourquoi, par qui?

Et là où c’est beau comme de la dialectique, c’est que par cette saloperie idéologique balancée à froid par Royal dans cette émission, on a une possibilité de remettre au cœur du débat sur les retraites un élément essentiel, celui du SALAIRE.

Et donc ,celui de son AUGMENTATION.

Et même celui de son EXISTENCE et donc, celle de l’EMPLOI.

Tant que nous vivons dans un monde capitaliste, où le prolétaire n’a plus que sa force de travail à vendre pour vivre et faire vivre les siens, il est HORS DE QUESTION de passer outre cette question fondamentale : SALAIRE ET EMPLOI.

Oui, un emploi ça devrait être un DROIT dans une société capitaliste car sans emploi,sans travail salarié rémunéré correctement, ON CREVE quand on est prolétaire.

Et oui, la meilleure, la SEULE façon de pérenniser notre système de retraites par répartition c’est bien d’EMBAUCHER et d’AUGMENTER les salaires.

Mais cela impliquerait pour le PS de se colleter à la fraction de la bourgeoisie que sa contre-proposition de réforme de la retraite entend ménager.

Et là, pas question.

Jamais le PS ne se battra contre "le capitalisme" ; il veut bien, dans certains cas, tenter de mettre des freins à la fraction financière du capitalisme, aux banques (et encore, avec des pincettes), mais pour tout le reste, là où se joue, sur la peau des salariés, le cœur de l’affrontement capital/travail, PAS QUESTION.

Alors que pour nous, la question des salaires, non seulement c’ est une question de "justice sociale" comme ils disent, mais EGALEMENT un levier puissant de notre lutte de classe, une voie qu’on ne peut négliger dans une perspective révolutionnaire car une des seules à mettre parfaitement en lumière la RÉALITÉ de l’exploitation capitaliste dans l’entreprise.

Le salaire, ce n’est pas de l’épargne forcée livrée à la spéculation des groupes financiers et ce n’est pas non plus la loterie livrée au bon vouloir du patronat.

Un dernier mot sur l’incohérence complète et la schizophrénie de la position du PS portée ici par Royal qui dénonce, à juste titre, la volonté de privatiser la retraite et de livrer l’épargne que les salariés pourraient constituer sur les revenus de leur travail, aux sociétés d’assurances et aux banques, et dans le même temps, soutient des mécanismes comme la participation salariale, en la baptisant du nom de "salaire".

"Le diable est dans les détails".

2 commentaires:

Patrice Hénin a dit…

Merci, j'ai acheté le livre en illustration.

C'est clair, c'est c'est bien expliqué, documenté. Riche d'intelligence, ou plutôt de connaissance intime des mécanismes financiers.

Bon, mais si Royal avait dit "revenus", au lieu de salaires ?
et si elle avait dit "bravoure" au lieu de "bravitude" ? Elle serait prof de français en Chine, raté.

Ceci dit, Royal est la seule à s'être manifestée pour me soutenir dans mon combat contre le groupe Bouygues :
http://patricehenin.blogspot.com/2010/07/segolene-royal-decouvre-que-le.html

Elle me paraît la seule à pouvoir contrer l'élection planifiée par "l'UMPS"de DSK qui aura 55% des voix, c'est décidé.

Alors, nous sommes quelques-uns à créer l'association "VIème République" (http://vi-republique.blogspot.com/), proposer un candidat à la présidence;
Il y a un GoogleGroup, mais les pages sont blanches, faute de temps. Tout est encore dans nos têtes :
http://groups.google.com/group/VI-republique?hl=fr&pli=1

Ce que je demande aux communistes (purs), c'est de nous dire s'il est possible d'imaginer un système économique qui fonctionne, allant du libéralisme le plus libre, capitalite avec profit comme moteur, jusqu'au communisme avec contrôle de plus en plus sévère des flux financiers par transparence, nationalisations des banques,supprssion du profit remplacé par la nécessité de l'état de subvenir aux besoins sans profits.

De nous donner des liens sur les études permettant de donner une activité rémunérée à chacun, par la solidarité.
Cela pourrait être un terrain d'étude pour donner ce fameux droit au travail, puisque sans argent, effectivement, on crève.
Et cela fait moins d'oisiveté, mère de tous les trafics souterrains.

Patrice Hénin

Anonyme a dit…

Ben..

Evidemment hein...

Leur stratégie, c'est de dominer TOTALITAIREMENT toutes les sources de revenus de façon à ce que le plus grand nombre d'individus soient dépossédés de toute possibilité de VIVRE

donc, on élimine tout ce qui sort du marché FINANCIER : donc les services de santé, donc les services d'instruction, donc les universités et leur laboratoire de recherche, donc les assurances maladie, donc les assurances chômage qu'on a bien l'intention de ne pas remplacer parce que ça permet de TUER des gens silencieusement et donc de DOMINER encore plus, donc les service de retraite parce que là aussi, ça va permettre de livrer à la misère les gens qui n'auront plus qu'une obole pour survivre dans des bidons villes de SDF et CREVER.

Ces gens là sont des criminels de masse.

Je suis pour la peine de mort.

car les mettre en prison coûterait trop cher et ils seraient encore capables de nuire et ils sont par ailleurs radicalement non recyclables car sont incapables de travailler.

Paul