lundi 3 mai 2010

Ma mémé, c'est pas Angela Merkel.


Le discours de JL Mélenchon il y a quelques jours sur Europe 1, répété ce soir sur BFM TV, est un grand moment de prise de pieds dans la burqa idéologique.

Sur la chancelière allemande, notamment, il a dit : "C’est pas une dame de fer, c’est une dame locale, c’est une paysanne d’un coin de l’Allemagne qui ne prend pas ses responsabilités devant l’Europe".

Comment peut-on faire semblant de croire, quand on sait quelle est la formation politique originaire de JL Mélenchon, que Merkel n’agirait ainsi dans l’UE et face à la Grèce que parce qu’elle a des élections dans qq jours? !

Qui trompe qui, là? Qui se moque de qui?

Qui n’ose pas parler de la réalité des choses, qui se met un voile idéologique autrement plus exécrable et aliénant que celui des 2000 femmes que JL Mélenchon poursuit de sa vindicte "libératrice" avec d’autres Valls et Filipetti sur le sujet de la "burqa" (sic)? !

Où sont les gros mots là?

"Paysanne"?

Pfff....c’est minable, insultant, lamentable, a fortiori quand on prétend devenir "président de la république" avec un "gros bâton" (sic).

Ma grand-mère à moi, ma mémé, c’est une paysanne, une vraie.

Une petite femme qui s’est courbée sur la terre toute sa vie jusqu’à 75 ans environ. Elle en a les marques dans tout son corps aujourd’hui, son épaule, sa hanche, ses mains abîmées, sa hernie à l’aine suite à un coup de sabot d’une vache, sa vie difficile, toujours, et dans son portefeuille, sa très maigre retraite, et je ne lui vois rien de commun avec Angela Merkel.

Ma grand-mère, cette paysanne dont moi je suis si fière, et que j ’aime par dessus tout, elle sait planter, elle sait cultiver, elle sait récolter, elle sait faire vêler, elle sait se lever la nuit, qu’il neige, qu’il vente, elle sait regarder les étoiles pour dire le temps qu’il fera, elle connait les champignons, les oiseaux.

Quand on va la voir, à 86 ans aujourd’hui, toute cassée, elle nous fait toujours la cuisine, comme si on n’avait pas bouffé nous les "parisiens" depuis des lustres. C’est son honneur et son plaisir. Chez elle, même si on est pauvre, même si on est rien, on n’a pas faim. Et on rigole bien en regardant la télé, et elle me raconte des histoires politiques "de son temps", comme quand les nazis ont failli fusiller toute la maison parce qu’il cherchait le grand oncle, résistant, communiste. Et que sa cousine montait sur la table de la cuisine pour chanter, à 4 ans, "L’Internationale".

Quand je repars à Paris après quelques jours dans son Berry natal, elle me prend la main, me caresse les cheveux de sa vieille main toute tordue, elle me serre sur sa poitrine de sacré bout de petite bonne femme, et elle me dit doucement "Pense à toi ma petite fille, prends soin de toi, et des tiens, et viens nous voir quand tu veux, ici c'est chez toi".

Elle a trimé dur, sué, pleuré, râlé, peiné toute sa vie depuis son plus jeune âge, sur la terre, sa petite terre ingrate à elle, où elle "crèvera" comme elle dit, parce que sa terre, sa ferme, c’est "son sang".

Angela, ça m’étonnerait qu’elle soit comme ça.

Les vrais gros mots pour Merkel, les seuls appropriés c’est CAPITALISTE, IMPERIALISTE, et ceux là, Mélenchon refuse radicalement de les prononcer.

Ce n’est pas une erreur ni un aveuglement. C’est un choix idéologique.

Et on voudrait que je vote en 2012 pour un type qui non seulement insulte ma grand mère (et tous les paysans du monde) en la comparant à une prédatrice capitaliste comme Merkel, mais qui en plus, s’enroule dans des voiles idéologiques pour mieux nous rouler nous dans la farine?

Eh, j’suis pas un merlan!

JL Mélenchon n’aura jamais ma voix, et je ferai tout, à mon petit niveau, pour qu’il en ait le moins possible et qu'il ne soit pas le candidat de "la gôche de gôche" en 2012.

Oui, comme ça. Parce que son "paysanne" plein de mépris et de morgue parisianiste, je l'ai pris comme une gifle dans la gueule. Mais surtout, parce que j'aime pas qu'on essaie de nous faire passer les vessies pour des lanternes, et que ça va , Mitterrand, "la gôôôche", on a déjà donné et on a vu le résultat.

Fraternellement à tous les communistes où qu’ils se trouvent.


6 commentaires:

Mère Denis a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Osemy a dit…

Aux mélenchonatres: c'est pas la peine de perdre votre temps ni de vous exciter, vos messages ne passeront pas :) Sur ce, bien le bonjour chez vous.

Anonyme a dit…

bon...
ben je vais encore me répéter avec des trucs aux apparences pas sérieuses... sauf que dans la pratique sociale, ben tout le monde les utilisent !

Mélanchon porte une cravate. et le costume qui va avec.

quand on analyse à quoi ça correspond un habit, ben on sait très bien que c'est à la racine des procédures de crédibilité d'un discours chez un public.

et que la respectabilité de la cravate, ça marche partout et pas que chez les bourgeois !

tant que les gens accorderont du crédit non pas à ce que contiennent de description de réalité les discours, mais aux signaux, aux codes de respectabilités sociales inhérentes à un système social, l'habit fera le moine. et rien ne changera de fait dans les pratiques sociales. donc, politiques.

les gens comme mélanchon, ou le président actuel, ont construit toute leur crédibilité là dessus. ils sont les reproducteurs de tout ça : la hiérarchie sociale et la hiérarchie de crédibilité des discours et des décisions. donc des pratiques etc...

le pire, c'est qu'ils ont tendance, parce qu'ils sont tout à fait conscient de ça, à changer de costume pour "plaire" à d'autres que leur public dominant. et que donc, même sans cravate, ils restent porteurs de cravate.

donc, c'est pas dans le changement de costume qu'il faut non plus s'attarder.

mais dans la prise de conscience des procédures d'attribution de crédibilité des discours.

Les élucubrations d'un vieux rouge a dit…

Salut Elodie,
Quand j'était jeune, ça fait déja quelques années, le mot paysan était une insulte. Aujourd'hui, le mot ou l'adjectif a retrouvé toute sa signification : "Qui est né et qui vit au pays". Et c'est tant mieux. Longue vie à ta Mémée sur sa terre berrichone.
Amitiés.
GR

Les élucubrations d'un vieux rouge a dit…

Quel age a ta mémée sur la photo, ou de quand date la photo ?
J'ai moi aussi travaillé avec des boeufs. Mon père a vendu sa dernière paire en 1964.

Osemy a dit…

@ Le vieux rouge: ce n'est pas une photo de ma mémé , je ne connais pas la personne en photo! Si je mettais une photo de ma mémé sur Internet elle me flanquerait une fessée ;)