vendredi 8 janvier 2010

Guerre d'Algérie - Ce que me semblent cacher les critiques post-mortem à A. CAMUS



Alors, voilà, j'écoute et je lis ce que disent les uns et les autres ( défenseurs ou juges à charge) d'Albert Camus à cette occasion du quarantième anniversaire de sa mort accidentelle.

Je n'ai pas le temps de rentrer complètement dans le détail de ce qui m'a amenée à cette hypothèse, mais il me semble que ce dont la plupart des intervenants souhaitent parler au fond, c'est du grand tabou de la guerre d'Algérie.

Mais encore, d'en parler d'une certaine manière. Avec du recul, plus de recul, moins d'affects. D'un point de vue historique justement.

Comme si le temps était venu de lever le tabou, de briser le silence, d'analyser...

(Attention, et ce sera ma précision d'importance, mais je dois la faire - ce n'est nullement pour moi une façon d'en appeler à ces "réconciliations nationales" bidons que l'impérialisme a le secret de nous imposer, genre "on est tous frères et sœurs au pays des Bisounours maintenant que la guerre est vraiment finie, tous ensemble tous ensemble ouai"!).

Peut-être me trompé-je cependant, et je suis ouverte à la démonstration contraire.

Car au fond, sur Camus, on ne parle essentiellement que de cela.

Camus et l'Algérie.

Camus et la guerre d'Algérie.

Camus et "sa" guerre d'Algérie.

Camus et son célèbre mais TOUJOURS tronqué «En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d’Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c’est cela la justice, je préfère ma mère.» , interprété presque systématiquement comme aveu, parti-pris colonialiste.

Camus contre Sartre, ou Sartre contre Camus, guerre d'Algérie, Manifeste, Prix Nobel - GUERRE D'ALGÉRIE.

Parenthèse- Je ne m'en sors jamais, de ce Kacew de Lituanie qui se fit appeler Gary, mais je viens de finir "L'affaire homme" donc, un recueil d'articles ou d'interviews de Romain Gary écrits ou donnés entre 1957 et sa mort (on "célèbrera" d'ailleurs les 30 ans de son suicide le 2 décembre de cette année) qui comportent des joyaux de philosophie, d'analyse et de poésie (enfin c'est mon avis, et je le partage!) et notamment, la préface que Gary fit à l'édition américaine de "La Peste" de Camus.

Or ce n'est pas cela que j'aimerais citer d'abord à propos de Camus, et pour illustrer ce "mauvais procès" qu'on lui fait actuellement - parce que l'intellectuel, comme nous tous d'ailleurs en règle générale, n'est plus courageux-, mais une interview de Gary par Jérôme Le Thor qui lui demande "Quels sont vos rapports avec le monde en général , par exemple avec le monde politique?"

Et voici ce que répond Gary, - que je trouve finalement mille fois plus juste et plus humble que ce que répondait un Sartre au même genre de question, lui qui se fit un devoir de correspondre à la mythologique figure de "l'intellectuel engagé" -

"Je me suis complètement dégagé de toute participation politique à la petite semaine. Les grandes options sont évidentes dans mon œuvre. Étant donné le poids écrasant du passé historique, toute notion de "solution" est inconcevable dans l'immédiat.
Le noir et le blanc n'existent pas: le choix est presque toujours entre le moins mauvais et le pire. Je ne signe pas les manifestes parce que mon œuvre entière est un manifeste. Il y a cependant une identification entre moi et le gaullisme historique qui a fait que toute la critique de gauche -sauf les communistes- m'est toujours systématiquement tombée sur le dos. Par exemple, Guy Dumur, un jour, a conclu à propos de mon livre, chien blanc, qui est une défense de la faiblesse et où le "faible" - the underdog- gagne à la fin: "Les faibles sont toujours perdants dans l'oeuvre de Romain Gary: ce n'est pas pour rien qu'il est gaulliste." J'ai gardé cette phrase en mémoire, avec son sous-entendu quasi-fasciste, non que j'en veuille au critique en question, qui se débat comme il peut dans la vie, mais parce qu'elle montre les a priori tendancieux que les critiques professionnels, ceux de la dialectique conçue comme une fin justifiant les moyens, servent avant tout souci de justice à l'égard d'une œuvre. Le roman a toujours une un contexte politique, mais les options politiques pratiques immédiates, ce que j'appellerai la technique d'application des principes, est rarement à la portée du romancier parce qu'il n'est pas omniconscient. J'ai horreur des transferts de compétence. Dostoïevski était un génie, mais qui donc irait confier le destin du monde à Dostoïevski? ou à Céline? Vous savez une œuvre romanesque peut dégager ou défendre des idées admirables mais tout est dans la manière de les appliquer, et là, tout peut devenir massacre. Il est évident , dans mon œuvre, que les moyens que l'on emploie pour atteindre un but juste sont au moins aussi importants que les buts poursuivis. Une civilisation ce sont d'abord les moyens."


Il me semble que ce que dit Gary ici, c'est en parfaite résonance avec cette fameuse préface à "La peste" où il dit:

"Camus ne proposait ni traitement ni vaccin philosophique, il savait que personne n'était immunisé. Mais il pensait qu'un homme atteint un stade critique lorsqu'il commence à croire qu'il a "absolument raison". Je cite ses mots: "Croire qu'on a absolument raison est le début de la fin".

Alors, qu'on reproche à Albert Camus cette position philosophique qui me semble justement décrite ici entre autre, par Gary, ce point de vue sur la vie, ce qu'elle doit être, en général, qu'on pourrait appeler "la défense du droit de douter en tout temps, y compris en temps de guerre", pourquoi pas.

Mais dans ce cas le sujet est nettement, plus vaste que ce qu'on lui prête sur la guerre d'Algérie.

Or il me semble que, ces derniers jours, ce n'est pas ce dont il s'agit.

Et qu'en revanche, si le besoin se fait tant sentir de focaliser cette critique philosophique SUR la guerre d'Algérie exclusivement, et bien qu'on ait le courage ou l'honnêteté, ou la clairvoyance de se dire au moins: "Non ,le vrai sujet ici ce n'est plus Camus, c'est 'la guerre d'Algérie'. Le doute est il possible, non pas au sujet de la légitimité de la "décolonialisation" - là le doute n'est pas absolument pas possible - , mais au sujet de la façon dont s'est déroulée cette lutte légitime?" Y a t il ou non la possibilité de questionner aujourd'hui avec une position plus "historiciste", la guerre d'Algérie en soi, et ce qu'il en advint, l'indépendance de l'Algérie telle qu'elle est (et nullement "l'indépendance en soi"), et dans son entièreté, si possible?

Non pas pour "refaire l'histoire" et donner des bons ou des mauvais points (je pense que l'on ne peut pas juger en temps de paix de la même manière qu'en temps de guerre et que c'est facile de dire "ah, moi j'aurais fait ceci ou cela" - et je pense que Camus ne disait rien d'autre dans son fameux "entre la justice et ma mère..." - la situation d'exception qu'est une guerre implique de la part de ceux qui analyseront plus tard de tenir compte ABSOLUMENT de ce contexte très précis). Mais pour analyser au plus juste, dans la mesure du possible presque "froidement", avec du recul, ce qui s'est passé, et sans prendre les vessies pour des lanternes ou se complaire dans une position facile qui consiste à dire "Si ma tante en avait elle s'appellerait mon oncle", mais pour préparer l'avenir.

Alors, si cette intuition est juste, et bien allons-y, parlons (enfin?) de la guerre d'Algérie, sans détours,du mieux que nous pouvons du point de vue de 2010, où l'Algérie et le peuple de ce pays existent désormais (et c'est heureux) comme un "en-soi", et de l'avenir de l'Algérie et du "peuple" algérien (ou plutôt, des peuples qui composent ce qu'on doit appeler la nation algérienne), et laissons les ossements de Camus où ils sont.

Mais ce n'est pas très juste de cacher derrière de prétendues critiques littéraires ou d'un écrivain, un désir qu'on ne veut pas assumer (même si je peux aussi comprendre pourquoi on ne veut pas ou on pense ne pas pouvoir assumer ce désir sur un sujet tel que celui -ci à l'époque que nous traversons)...

20 commentaires:

François a dit…

Salut Elodie,


Il faut se replonger dans le contexte :cela fait environ 130 ans que la France colonise,occupe l'Algérie.Les gens du peuple algérien organise une résistance extraordinaire aux colons et,surtout, aux soldats français.

Quel est le désir de ces gens ,algériens et français,qui se battent au côté du FLN ? Libérer l'Algérie ,décoloniser et rendre au peuple algérien le droit à disposer de lui-même.

Ce n'est pas une petite chose,la bataille fait rage,l'armée française organise la torture et la répression.Exemple :on largue des familles entières ,hommes,femmes et enfant d'hélicoptère sans parachute en signe de représailles,on utilise la "gégène"...etc...

En France des camarades organisent l'approvisionnement du FLN en récoltant et transportant des fonds jusqu'aux membres du FLN (on les appelle les porteurs de valises) Dans un même temps on organise la désertion des jeunes qui ne veulent pas faire cette putain de guerre;des filières se mettent en place et plusieurs centaines de jeunes auront ,grâce à cela,la vie sauve.On organise aussi le voyage de ceux qui vont rejoindre les rangs du FLN.

Et,bien sûr,la polémique enfle chaque jour un peu plus et devient L'AFFAIRE N° un dont tout le monde parle sauf à l'école où c'est interdit.

Et parmi les gens engagés il y a des artistes,des écrivains... sur qui,tout le monde de gauche et l'écrasante majorité du peuple algérien,évidemment,comptaient.

Ils furent nombreux les défilés ,les réunions,les grands meeting,les diffusions de tracts ..etc en faveur de l'Algérie algérienne.Parmi les manifestants,pour ne pas dire combattants,il y avait S.Signoret,S.de Beauvoir,Sartre, Montant(même si par la suite...)Piccoli,Régiani,Mouloudji et bien d'autres encore.Alors que Camus se montrait de moins en moins pour ne pas dire plus.

La position scélérate du sieur Camus était que l'Agérie reste française avec des aménagement :entente entre les peuples et tout ce genre de charabia qui faisait bien le jeu de la droite.

Lors d'une réunion ou un jeune lui demandait si il était pour la justice ?Il répondu qu"à cette justice il préférait sa mère(qui vivait en Algérie)car cette justice, ajouta-t-il, c'est du terrorisme".Le jeune lui répondit "ce terrorisme c'est la lutte contre plus de 130 ans de colonialisme,c'est ça l'injustice?"Camus ne répondit pas et garda ce"je préfère ma mère"comme leitmotiv jusqu'à son dernier jour(en 1960 dans un accident de voiture avec son éditeur)



Il faut,je pense savoir faire des choix et les assumer.Quand Camus s'est engagé politiquement ,personne ne lui avait rien demandé.Il s'est engagé à gauche car,disait-il :"c'est à gauche que se trouve la vérité" Bon d'accord,très bien.Mais n'oublions pas que le fait d'être (ou prétendre être)de gauche lui a fait vendre un sacré paquet de bouquins et de pièces.Mais,dans ce cas il faut aller jusqu'au bout et ne pas virer comme il l'a fait en se dégonflant.Il a trahi des milliers de gens,ils les a laissés tomber quand ils comptaient le plus sur lui.Il n'est en rien pardonnable,n'a aucune circonstance atténuante.Il s'est conduit comme un salaud,ça le juge.


Fraternellement à toustes

François

François a dit…

C'est encore moi,

Pour Sartre je tenais à dire que je me fous royalement qu'il soit allé chez les maoïstes,il n'était pas le seul.
Quant à son prix Honoris causa,ce n'est pas le propos.Ce qui comptait c'était à un moment crucial de l'histoire :libérer l'Algérie du joug colonial français ,arrêter cette putain de guerre et donner au peuple algérien le droit à disposer de lui même.

Pour cela il y avait TOUT le MONDE ,oui TOUT LE MONDE SAUF UN : LE TRAITRE CAMUS.

Il ne lui fut jamais pardonné,pour cause.

Comme d'autres Camus était de gauche(ou prétendait l'être)ce qui était bien pratique pour vendre ses bouquins et jouer ses pièces.Mais quand le moment est venu de faire un choix qui risquait de tout remettre en cause sur le confort obtenu par le système critiqué il n'a pas hésité à changer de camps .

Il est mort trop tôt (1960 avec son éditeur en voiture)car il aurait pu devenir très lié avec un certain Besson...Non,je déconne mais...

Anonyme a dit…

Camus est mort il y a 50 ans et non pas 40 ans comme vous l'écrivez au début de votre texte. Cela n'enlève rien à la pertinence de votre analyse. Amicalement. André

Anonyme a dit…

bon... moi je suis un sale con... je vends pas ce que j'écris tellement c'est médiocre, je trouve pas de travail tellement je suis médiocre, bref j'ai que des idées de con...

et je connaissais pas Camus autrement que par ce qu'on m'a fait étudier au lycée, y'a qu'à voir le taré, il apprend gentiment à l'école, pas étonnant qu'il ait pas de travail plus tard...

mais, là j'ai lu tout l'article de madame Elodie et j'ai trouvé ça bien et j'ai même appris des choses qui m'ont touchées en plein dans la tête là, ben oui parce que j'ai pas de coeur hein, donc tout dans la tête...

parce que moi, je savais pas que Camus il a répondu qu'à cette justice qui fout des bombes dans le métro, il préférait sa mère.

mais ça me paraît tellement clairvoyant qu'il faut préférer son prochain à ce genre de justice qui tire dans le tas, que ça m'étonne pas qu'ensuite, j'ai pas d'insertion culturelle dans le monde des gens qu'ont du travail, hein, parce qu'on n'embauche pas n'importe qui maintenant, vu que y'a pas assez de place pour tout le monde, et que le prochain de chacun peut être son pire ennemi.
ben oui hein...
donc effectivement, ben les gens qu'ont piloté cette justice là qui préférait pas la mère de Camus, ben ils ont toutes les raisons de pas préférer leur prochain, et donc de préférer qu'on tire dans le tas encore et toujours.
donc c'est ça qu'on sélectionne, c'est ça qu'on reproduit, c'est ça qu'on éduque, des solutions finales, globales, justes, mais pas la mère de Camus et le prochain de chacun.
voilà
s'cusez moi m'sieur dame du dérangement
amusez vous bien en tant que travailleur sélectionné par le système ou ex-travailleur ayant bien mérité une retraite que je connaîtrai jamais.

heureusement
moi j'ai encore ma mère

François a dit…

Salut Paul,

Il faut faire attention à ce qu'à dit Camus,parlant de sa mère,l'opposant au "terrorisme" et la réalité du moment.C'est trop facile,vraiment.

C'est le jour où Camus a reçu le prix nobel de littérature qu'un jeune type lui demanda ,à peu près de la façon suivante,ceci :" Camus,on se bat pour la libération de l'Algérie,il y a partout des combats qui font rage,on ne veut plus des colons,nous voulons notre indépendance,pour la justice et TOI ?Tu prends position avec ou contre nous ? Et c'est là que Camus a répondu "à cette justice là je préfère ma mère car cette justice là c'est du terrorisme ".Il fit ensuite ,de cette phrase un leitmotiv.

C'est à dire qu'il reprochait aux gens qui se défendaient de le faire MAIS en "oubliant" de parler qu'ils se battaient contre le terrorisme d'état,l'Etat français qui voulait par tous les moyens conserver ses privilèges .

L'armée française s'est comportée là-bas comme les nazis chez nous et les victimes n'auraient pas eu le droit de se défendre?

Camus aurait pu préféré sa mère au terrorisme d'Etat,non?

Osemy a dit…

alors là françois non désolée - je ne sais pas d'où tu tires cette réécriture de l'histoire mais personnellement je n'ai jamais lu cette versio nde la question du jeune étudiant ni que la réponse de camus soit inscrite dans ce contexe.Mais je suis ouverte à la preuve contraire - toujours. sSinon ça c'est mon côté juriste on ne démolit pas qqu un avec une accusation aussi grave que celle de colonialisme avec des "on dits" - en tout cas, pas moi.

François a dit…

Désolé à mon tour,je n'affirmerais pas ça si je n'étais pas absolument certain.
A la mort de Camus(1960),bien que n'étant âgé de 15 ans,je me souviens très bien de la polémique d'alors sur son pro-colonialisme.D'ailleurs plutôt que que des reproches sur son pro-colonialisme il lui fut surtout reproché de n'avoir pas bouger le petit doigt contre le colonialisme.

Cela a d'ailleurs été une vive polémique qu'il eut avec Sartre qui lui reprochait son manque d'action,de rester statique.

L'écrasante majorité de ses opposants disaient,et disent encore,qu'il voulait "aménager le colonialisme"mais pas le détruire.

"toujours en 1956,il publie "la chute",livre pessimiste dans lequel il s'en prend à l'existentialisme sans pour autant s'épargner lui-même.C'est un an plus tard,en 1957,qu'il reçoit le prix Nobel de littérature.Interrogé à Stockholm par un étudiant musulman originaire d'Algérie,sur le caractère juste de la lutte pour l'indépendance menée par le FLN en dépit des attentats terroristes qui frappaient les populations civiles,il répondit clairement : "si j'avais à choisir entre cette justice et ma mère,je choisirais encore ma mère".Cette phrase, souvent déformée,lui sera souvent reprochée.Il suffit pourtant de rappeler d'une part que camus vénérait sa mère,d'autre part que celle-ci vivait alors à Alger dans un quartier très populaire particulièrement exposé aux attentats.Si A.Camus ne milita pas pour l'indépendance,il dénonçait en revanche l'injustice faite aux algériens et voulait la fin du système colonialiste par lequel ceux-ci étaient rendus inférieurs,il a écrit de nombreux articles dans le journal "Alger Républicain" et demeure au même titre qu'Aimé Césaire une grande figure de l'anticolonialisme"
Wikipédia

Bien sûr je ne suis pas du tout d'accord avec la conclusion de cet article hagiographique.En effet,il n'était pas le seul à vénérer sa mère qu'il pouvait rapatrier en France mais qui lui servait de prétexte pour ne pas se mouiller(physiquement surtout).De plus il ne milita pas pour l'indépendance...MR préférait écrire,c'était moins dangereux.

Rappelons-nous que pour la même raison Marx s'est fâché à vie d'avec son meilleur ami...

François

Anonyme a dit…

non ! sans blague !
là je comprends de mieux en mieux pourquoi que j'ai pas de travail et pourquoi que j'ai pas de retraite...

ben pour moi c'est évident que Camus à travers l'exemple de sa mère, c'est le centre de la relation à la vie qu'il réaffirme : la relation au prochain...

mais bon, moi je choisis pas entre deux terrorismes. forcément. j'ai d'ailleurs pas d'ambition, de projet de vie etc... juste des rapports économico-affectif avec des gens que je choisis même pas et que je subis souvent tout en reconnaissant sans détour que je dépends d'eux...

mais bon, c'est pas ce qu'on me demande hein... faut que je m'engage dans un truc hein, parce que d'être juste petit, de dire à vot'service m'sieur, et d'ramasser le chèque jeté par terre, c'est misérable donc faut surtout pas montrer ça, ça renvoie à l'autre son image de dominant... écraseur, alors que ce qu'il veut c'est qu'on lui renvoie l'image d'un combattant rival fier d'égal à égal...

ben non, hein, moi je veux pas ça, hein, parce que franchement je me sens pas du tout leur égal à ces ordures, je suis pas une ordures comme ça, hein, donc je choisis pas d'être terroriste qui tape dans le tas contre l'autre terrorisme qui tape aussi dans le même tas...

parce que dans le tas y'a non seulement ma mère, mais y'a moi aussi...

François a dit…

A Paul,

Tu dis qu'à travers l'exemple de sa mère Camus,réaffirme sa relation au centre de la vie ,sa relation aux autres.

Admettons,qu'est-ce que ça change au problème?Un prétexte est toujours un prétexte.

Il parle des résistants du FLN comme des terroristes coupables d'attentats;il est vrai que les attentats du FLN ont fait des victimes innocentes,mais avaient-ils le choix?Non.

Mais en échange il ne parle pas des attentats commis par l'autre camps,des tortures,des Oradour,des viols ,des gens a qui on éclatait les testicules pour les faire parler et même simplement parce qu'ils étaient des "bougnoules",des "Troncs" des "inférieurs".Il ne parle pas du terrorisme d'état de l'armée française,là il est muet.

Il a donc pris ,qu'on le veuille ou non,position pour ce que faisait la France,il a trahi.

Et,sa mère et ce qu'elle représentait,pouvaient se faire assassiner par ce terrorisme qu'il n'osa pas combattre.

Fraternellement

François

Anonyme a dit…

ben ça change tout au regard qu'on porte sur le problème de la guerre d'indépendance d'un pays vis à vis d'un autre.

ça change tout aux racines du projet de société que l'on veut construire et de la façon d'y parvenir.

car si l'on se centre sur la relation à l'autre de façon inclusive, on ne va pas le faire de façon oppositionnelle et excluante.

ensuite on va pas construire sur de la rivalité qui engagera automatiquement à répondre à l'autre, qui lui est excluant avec la même méthode excluante.

donc au terrorisme aveugle, de masse de l'un on va pas répondre avec une autre forme de terrorisme aveugle de masse justement parce qu'on veut plus mettre tout le monde dans un même sac et tirer dans le tas...

c'est toute la stratégie d'indépendance que ça refonde.

Orwelle a dit…

Bonjour Osémy-Elodie,
Comme le lien que j'ai donné vers un article de Mohamed Bouhamidi a disparu, je suppose qu'on peut lui faire des reproches.
Mais lesquels ?

Osemy a dit…

@orwell: bjr je suppose que vs avez du mal enregistrer le commentaire auquel vous faites référence car je n'ai rien vu et donc rien enlevé. Vs pouvez republier votre comm?

Orwelle a dit…

Oui, c'est un article que j'ai trouvé par hasard il y a une semaine.
"L’art du lobby néocolonial autour de Camus"
Il m'a semblé intéressant parce qu'il évoque Jeanson, Frantz Fanon, Mannoni. Comme je ne connaissais pas cette page d'histoire, j'ai appris beaucoup de choses (aidée par wikipedia).

L'auteur est Algérien.
Voici le lien :
http://www.latribune-online.com/suplements/culturel/27576.html

Osemy a dit…

@orwelle - voilà, publié.Je n'ai pas pour habitude de fuir le débat ;) Je suis en désaccord avec cet article qui comme d'habitude me laisse sur ma faim en terme de "preuves" du soi disant colonialisme de Camus...

Les 2 citations faites ( c'est peu pour un procès à charge - ça c'est peut être mon travers d'avocat)à savoir :

«Avant d’en venir, sinon aux solutions du problème algérien, du moins à la méthode qui les rendait possibles, il me reste à m’adresser aux militants arabes. A eux aussi, je demanderai de ne rien simplifier et de ne pas rendre impossible l’avenir algérien. Je sais que, du bord où je suis, ces militants ont l’habitude d’entendre des discours plus encourageants.»
et :

Camus écrit aux Algériens pour leur demander de faire «d’abord, et soigneusement, la différence entre ceux qui soutiennent la cause algérienne, parce qu’ils souhaitent, là comme ailleurs, la démission de leur propre pays, et ceux qui demandent réparation pour le peuple algérien parce qu’ils veulent que la France soit grande aussi de sa justice»

ne me semblent en aucune manière témoigner de ce néo colonialisme.

Ma question est donc tjs la même - qui veut faire taire, de diverses manières, le Camus qui pensait que la façon dont se déroulait la guerre d'Algérie n'était pas la bonne et que la lutte d'un peuple pour sa libération légitime de l'oppression colonialiste n'autorisait pas tout? Il me semble que d'un côté il y a bien un camp qui refuse qu'on mette en débat la manière dont s'est déroulée cette lutte pour l'indépendance, et corrélativement qu'à la lumière du passé récent on s'interroge sur le présent et sur l'avenir de l'Algérie.

Ce que je sais moi pour l'avoir lu, ce sont les nombreuses interventions à ses risques et périls pour défendre les militants du MNA de Messali Hadj, entre autre et par exemple.

Non vraiment je ne souscris pas.

Osemy a dit…

@ François: Quand tu dis ceci "Mais en échange il ne parle pas des attentats commis par l'autre camps,des tortures,des Oradour,des viols ,des gens a qui on éclatait les testicules pour les faire parler et même simplement parce qu'ils étaient des "bougnoules",des "Troncs" des "inférieurs".Il ne parle pas du terrorisme d'état de l'armée française,là il est muet."

C'est FAUX.

Et puis j'ai trouvé aussi ceci sur "l'Appel à la trêve civile" écrit par Charles Poncet.

Orwelle a dit…

C'est un lien que j'avais posté sur bellaciao (j'aurais dû préciser ;-).

Autoriser ou ne pas autoriser, est-ce que c'est à Camus, un représentant des oppresseurs, d'en décider ? Qu'est-ce qu'il peut comprendre des humiliations subies par les Arabes ? Lui était du bon côté de la barrière. Mais je comprends qu'il ait été écartelé. En tant que pupille de la Nation attaché à la terre algérienne, ça lui était sûrement difficile de soutenir franchement l'indépendance du pays où il avait grandi. Surtout que la phrase concernant sa mère le fait apparaître comme très égocentrique.

Mais ce ne sont que des impressions personnelles.

Cela dit, que ce soit pour les indépendantistes algériens ou les révolutionnaires de 1789, je trouve injuste de critiquer les moyens qu'ils ont utilisés pour accéder à la liberté (et ingrat envers les seconds). Parce que je crois que la violence appelle la violence, que les événements s'enchaînent, sans qu'on puisse toujours les maîtriser. On peut se modérer quand l'autre écoute, pas quand on est dans le feu de l'action, poussé à bout.

Les Arabes ont patienté près de 130 ans. Alors qu'ils étaient assez méprisés pour qu'un intellectuel comme Mannoni ose dire qu'inconsciemment ils cherchaient la soumission aux blancs !

Osemy a dit…

@Orwell: tu aurais du préciser oui - tu ne l'as pas fait sciemment.Ça en dit long. Bref. Ton opinion personnelle sur Camus ne m'intéresse pas si elle n'est fondée sur RIEN. J'en ai assez des "opinions" sur la question, j'aimerais, pour une fois lire un travail sérieux et documenté sur le prétendu colonialisme de Camus - mais manifestement ça n'existe pas. tout le monde se répète une fable de décennie en décennie sans toutefois JAMAIS se frotter à l'oeuvre elle même -et pour cause.

Le fond du problème, c'est que rétrospectivement ,les prises de position de Camus sont justes à maints égards quant à ce que peut donner une indépendance obtenue dans ces conditions.

Et là dessus je pense que d'un point de vue théorique, le seul ici qui a compris Camus c'est Paul, avec son oeil "d'ethnométhodo". ensuite il n'y a pas de solution à l'heure actuelle à comment obtenir son indépendance d'un oppresseur sans adopter en retour son comportement.

C'est une question tout simplement tragique qui agite le communisme depuis des lustres, peut être LA contradiction à ce qui se réclame du communisme: LA FIN/ LES MOYENS.

Que le capitalisme en fasse l'économie c'est "normal" - c'est un système pourri. Mais NOUS?

Est ce que ce n'est pas un "autre monde" que nous voulons?

Je pense que nous ne sommes pas assez civilisés, assez éduqués, assez intelligents, pour avoir la réponse pour le moment mais je ne désespère pas. Car il va de soi que pour moi la solution angélique du "tendre l'autre joue" n'est pas LA solution non plus -et elle ne l'était pas pour Camus NON PLUS.

Je n'admets pas non plus les gens qui prennent plaisir à se vautrer dans la "repentance" ou la "haine de soi". Simplement parce que cela dénote une faiblesse dialectique et une fainéantise intellectuelle conséquente.

Cela étant dit tant que nous n'aurons pas résolu cette contradiction ÉNORME, autrement que par les solutions de facilité essayées jusqu'à présent, tout projet communiste ou s'en réclamant est voué à l'échec.

Et avec le recul, à l'indépendance algérienne telle qu'elle a été gagnée (et encore une fois, ceci existe et c'est une bonne chose car le colonialisme est inacceptable), je pense qu'on peut "opposer" la libération de Cuba.

Qui ne s'est pas faite avec des roses et des mots doux, qui était une guerre également, mais qui, à ma modeste connaissance, n'a pas connu le déferlement de violences presque barbares des deux côtés.

Et c'est peut être pour cela que le devenir de ce socialisme a été aussi pérenne jusqu'à présent dans un monde pourtant capitaliste. Et c'est peut être pour cela que Castro et Guevara se sont toujours tenus paradoxalement éloignés le plus possible de l'URSS et du communisme tel que revendiqué par celle-ci.


Voilà - théorie et pratique, oui, mais à quel prix pour des communistes qui prétendent (à juste titre je l e pense toujours) incarner l'avenir meilleur de l'homme passant par la classe ouvrière?

Je n'ai pas la réponse à cette question.

Orwelle a dit…

C'est le copié/collé d'un message que je voulais poster sur bellaciao, ce qui explique l'omission. Mais la possibilité de commenter ne m'était plus offerte. J'ai donc cru que le contenu du 1er message t'avait déplu et que tu l'avais effacé. Bref, ce n'est peut-être pas très intéressant.
Pour revenir à Camus, la violence utilisée pour accéder à l'indépendance ne me choque pas. C'est celle qu'utilisent les plus forts pour dominer les autres qui me déplaît. J'ai peut-être tort. Je ne me suis pas posé la question jusqu'à présent.
Et je ne vois pas non plus quel autre moyen utiliser.

François a dit…

Re-salut tout le monde,


Pendant que j'y pense :le journal Le Monde sort un spécial Camus,actuellement en vente.
124 pges 6,50 euros.

Pour celles et ceux que cela pourraient intéresser(même si ce journal n'est plus LA référence qu'il a été et de loin.Mais il n'y a pratiquement rien d'écrit sur Camus,donc...

Chère Elodie ou la "tétue",

Ton dernier com me fait penser à une discussion que l'on avait souvent chez les Trotskystes :fallait-il ou pas faire ,en 40/45,la résistance telle qu'elle a été faite,à savoir tuer des allemands,faire sauter des trains,bref commettre des attentats sachant pertinemment que les nazis bousilleraient des otages ?

Seules deux réponses:oui on sacrifie des otages et on combat efficacement le fascisme.

Non,on essaie de discuter avec ces fous ,on ne sacrifie pas d'otages mais le nazisme l'emporte.

Perso,je prends la première car je veux combattre efficacement mes ennemis,donc j'agis en conséquence.

C'était(et tu le dis à ta manière)le même problème durant la guerre d'Algérie : ou nous employions les mêmes méthodes que nos ennemis ou nous perdions la guerre.

Malgré tout ce qu'explique Camus pour se justifier (ça c'est moi qui le dit)il n'offre pas d'autres solutions.En gros ,il tergiverse pour changer dans la continuité en ménageant la chèvre et le chou(j'ai lu ton article sur BC)

Tu vois j'aurai préféré que Camus dise:"je ne prends pas position car j'ai les chocottes." Là oui,j'aurai mieux compris,accepté sa démission devant la lutte sanglante.Mais se débaloner en essayant de se justifier ,même très habilement et intelligemment,cela me débecte.

Cela n'enlève rien à son indéniable talent d'écrivain et d'auteur qu'il était mais ça décrédibilise "l'intellectuel engagé".

Quant à comparer Cuba et l'Algérie,là tu es gonflée.En effet quand le Ché a rejoint Fidel il y avait une ARMEE et une armée expérimentée qu'ils ont agrandie avec les gens du peuple qui les rejoignaient dans la luttes.Et,de plus,Batista avait vraiment réussi à mettre toute la population contre lui.Cela les a beaucoup aidés.

La meilleur des preuves c'est que le Ché qui a voulu(et c'est tout à son honneur)continuer la lutte(minorité agissante)s'est cassé le nez en Bolivie où il s'est fait viander.Mais y avait-il une autre solution ? Pour moi c'est non.

Alors qu'en Algérie il y avait l'armée contre le peuple...

Non,malheureusement,il n'y a pas pour combattre le capitalisme d'autres solutions que d'employer les mêmes méthodes qu'eux.On veut changer le monde,OUI,mais à partir de celui dans lequel on est.Et là,pas de doute,le feu par le feu,le fer par le fer,des morts par des morts.C'est cruel mais c'est ainsi.

Par contre,après,quand on aura gagné,là tout changera.Mais,c'est un scoop, on n'y est pas ...

Amitiés communistes à toutes et tous.

François

François a dit…

A toutes,

J'ai parlé dans mon dernier post du Hors Série du journal Le Monde.Mais je n'ai pas mentionné que ce hors série était écrit par BHL...ce qui,à mes yeux, change tout.

Excusez-moi,j'aurais dû mieux lire.

François