lundi 16 juin 2008
Seuls les peuples sont souverains- ROUGES VIFS (idF)
Seuls les peuples sont souverains
Le peuple irlandais a rejeté très largement le traité de Lisbonne,
ersatz et copie presque conforme du traité constitutionnel refusé par
les peuples français et néerlandais en 2005.
53,5% des électeurs qui se sont exprimés ont choisi le vote non. La
participation, qu’on nous annonçait ridicule, dépasse 53% : c’est
beaucoup plus que lors du référendum qui, en 2002, avait finalement
accepté le traité de Nice. Il serait curieux d’ailleurs de présenter
ceux qui ne sont pas allés voter comme des partisans de l’intégration
européenne.
Comme en France en 2005, les zones qui votent le plus massivement non
sont celles où l’électorat populaire est le plus important. En 2005,
trois départements français seulement avaient donné au oui une avance
nette : Paris, les Hauts-de-Seine et les Yvelines. En Irlande, le oui
dépasse 60% dans les banlieues aisées de Dublin, mais est minoritaire
presque partout ailleurs.
Tous ceux qui sommaient les Irlandais de ratifier le traité, avec au
premier rang Kouchner, répétaient : " Vous devez voter oui, puisque
l’Union européenne vous a enrichis ". Il faut croire qu’ils ne se
sont pas aperçus qu’ils étaient devenus plus riches. Depuis leur oui
à Maastricht obtenu par une avalanche de promesses, leur oui à Nice
finalement arraché par des menaces. En Irlande comme en France, les
choix politiques imposés au nom de l’Union européenne profitent à une
minorité, et signifient pour la majorité des salaires scandaleusement
bas et des droits sociaux en recul. Quand on lui en donne l’occasion,
cette majorité dit non.
On essaie déjà de nous convaincre qu’il n’est pas juste qu’un seul
pays puisse bloquer " la marche en avant de l’Europe ". De qui se
moque-t-on ? Un seul peuple a pu se prononcer : il a dit non pour
tous les autres, à qui on a refusé le droit de donner leur avis. Il
n’y a pas d’opposition entre les Irlandais et les vingt-six autres
peuples enfermés dans l’Union européenne. Il y a opposition entre
tous les peuples et leurs vingt-sept gouvernements.
Depuis Maastricht, presque tous les référendums sur des traités
européens, au Danemark, en Suède, en France, aux Pays-Bas, ont donné
le même résultat, qui montre que les peuples sont conscients de la
nature réelle de l’Union européenne : le moyen pour les classes
dirigeantes des différents pays d’abolir les souverainetés
nationales, donc toute possibilité de souveraineté populaire, pour
décider entre elles, à Bruxelles, ce qui correspond à leurs intérêts.
Le premier ministre Fillon nous a dit jeudi soir à la télévision que
sa politique d’austérité pour les salariés, de misère pour les
retraités, et d’encouragement du profit était la seule possible dans
le cadre des " contraintes de la mondialisation ", et son opposant
officiel Hollande ne l’a certes pas contredit. Et pour cause : les
gouvernements successifs ont accepté, quand ils ne les ont pas
devancées, ces " contraintes " qui n’ont rien de naturel, ni de
fatal, mais sont délibérément forgées par ceux à qui elles profitent,
en particulier au moyen des traités européens successifs.
Le problème est qu’au Danemark, en Suède, en France, aux Pays-Bas,
des mécanismes institutionnels différents, mais ayant le même effet,
ont contraint les peuples à élire des gouvernants partisans
systématiques de l’accélération de l’intégration européenne. Dès
lors, pas question de respecter la volonté du peuple, mais surtout
tout faire pour éviter de lui demander son avis (en Irlande, la
constitution l’imposait). C’est ce qu’ils appellent (on se demande
bien pourquoi !) la démocratie représentative : des parlementaires
presque tous élus parmi les serviteurs de la classe dirigeante
décident à la place du peuple ce dont ils savent fort bien qu’il ne
voudrait pas.
La question cruciale est donc : comment sortir de cette situation où
les travailleurs et l’immense majorité du peuple doivent subir la
domination d’une minorité, à qui les institutions permettent de mener
une politique rejetée par référendum à chaque fois que l’occasion se
présente.
Il est évident que la réponse n’est pas : attendre patiemment 2012
pour avoir la joie de choisir entre Sarkozy et un ou deux de ceux qui
furent ses complices pour ratifier le traité de Lisbonne par voie
parlementaire, qui ne contestent aucun de ses choix essentiels. Mais,
ceci posé, la question reste entière : comment conquérir les moyens
d’imposer une politique conforme aux intérêts du plus grand nombre ?
comment définir les bases de cette politique et éviter les
désillusions passées ?
Ces questions, et d’autres, l’association Rouges-Vifs Ile de France
veut les poser et contribuer à amorcer des réponses. Lors de sa
traditionnelle fête annuelle le 21 juin 2008 au stade du Loiret (Paris XIIIè), notre
association invite tous ceux qui se posent les mêmes questions à
venir en débattre et fêter la victoire du non en Irlande.
Rouges-Vifs Ile de France
Paris, le 15 juin 2008."
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