L’"affaire Cahuzac" a créé une "onde de choc" à laquelle beaucoup
ne s’attendaient pas, dit-on (on ne pensait pas en effet que cela
agiterait autant, puisque finalement, le fond de l’histoire ce sont des
faits vieux comme mes robes et très connus : les paradis fiscaux,
l’évasion fiscale etc...) - on ne sache pas non plus que les dérives du
financement politique aient jamais épargné le PS "auparavant"
(Urba-Gracco, Pechiney-Triangle, Carrefour du développement etc), pas
plus que l’UMP ou aucun parti, d’ailleurs.
Toujours est-il que, c’est
un fait, depuis quelques jours on ne parle plus que de cela ! La
"moralisation" de la vie politique !
Ça doit prendre la suite de la
"moralisation du capitalisme financier" ?
On parle alors désormais de créer une "autorité administrative
indépendante" (c’était ça ou une "commission") pour "contrôler" la
"moralité" et la "transparence financière" de nos zélus, et (mais ça on
ne le dire pas) pour enterrer le dossier brûlant.
On maudit les "paradis fiscaux" (quand on les aura supprimés, tout
ira mieux ?), c’est tendance et surtout, c’est loin. En plus, ils ne
risquent pas de protester. On jettera quand-même un voile pudique sur le
statut de l’immense majorité de ces territoires qui justifient à eux
seuls que continuent d’exister des monarchies rendues obsolètes à bien
des égards par ailleurs ( Antigua, Barbade, Belize, Caïmans,
Grenade...sont de vrais joyaux de la couronne d’Angleterre, Aruba pour
la reine Beatrix des Pays-Bas...) ....
En contre-feu, on agite par la
même occasion un spectre anarchiste.... Quelle horreur mon dieu ! Vous
imaginez ? Le chaos. Oui. On parle donc d’un vent
d’"antiparlementarisme" pour fustiger les légitimes demandes de la
populace (qui n’est bonne qu’à voter et devrait arrêter d’emm...ses
zélus avec des réclamations de transparence. La transparence c’est mal,
c’est totalitaire, on vous l’a déjà dit...)
Ce matin sur Europe1, Riri Guaino pleurait presque sur le manque de
respect dont il était l’objet, lui, respect dont il devrait bénéficier,
selon lui, du seul fait de sa fonction, fonction qu’il a accepté
d’endosser, c’est connu, par pur esprit de sacrifice pour la nation et
volonté désintéressée de servir la pôtrie.
Sur une autre chaîne un
philosophe renchérit : avec ces injonctions populistes (forcément) de
transparence, les hommes politiques sont "traités comme des choses" et
ça, c’est mal (personne ne lui demandera si ce ne sont pas plutôt les
hommes politiques qui nous traitent, nous, comme des - pauvres -
choses)....
Les story-tellers s’interrogent : un député s’immolant par le feu
devant l’Assemblée en demandant "le respect " serait certes du
jamais-vu, mais cela ne mettrait-il pas un point final magistral et
grandiose à cette vilaine cabale que "le peuple" déclenche contre ceux
qui le tondent et s’apprêtent à le tondre encore davantage, "austérité"
oblige ?
Sur ce, les éditocrates s’offusquent : va-t-on leur demander à eux
aussi la publication de leur patrimoine ? Combien gagnent-ils, d’où leur
vient "l’argent des ménages" ? Ce serait pourtant normal de savoir
combien gagnent les faiseurs d’opinions qui nous manipulent le cerveau à
longueur de journée.
Là, on montre du doigt un patron guadeloupéen, député qui gagne
80.000 balles par mois à exploiter les autres et à faire de la
spéculation immobilière ( comme tous les personnages de son espèce, non,
pas les guadeloupéens, les PATRONS). Je l’ai toujours dit, je suis
contre les patrons et les cadres dirigeants dans la représentation
populaire. Maintenant, j’attends la publication des patrimoines des
Dassault père et fils, respectivement sénateur et député : combien ça
rapporte (comptes off-shore et étrangers compris ?) de vendre la mort
aux quatre coins du globe ? Qu’est-ce qu’on peut cacher et comment ?...
Entendons-nous bien, c’est normal - et pas sale du tout - de clouer
au pilori de la généralité tous les chômeurs du pays comme fraudeurs
potentiels et parasites évidents, les étrangers comme voleurs de pain de
Français (et d’autres choses), c’est normal aussi de coller des
contrôles fiscaux à des gens qui ne gagnent même pas 50 000 balles PAR
AN, MAIS on ne touche pas aux sénateurs ni aux éditocrates, parce que
ça, ça met la "démocratie" en danger....
Toutes ces questions patrimoniales, ce sont des questions légitimes
et éclairantes et il faut les maintenir, les poser encore et encore :
combien gagnent et quel est le patrimoine de ceux et celles qui, à
différents niveaux, "s’occupent de notre bien" (sic, comme dirait
Lacan).....
Cela étant, ne nous laissons pas mystifier : tout ce débat
(déballage ?), par quelque bout qu’on le prenne, contribue finalement,
insidieusement à déplacer ces questions, légitimes, sur le terrain de la
MORALE.
Or, on n’est pas en cours de philo’, là, mais en matière politique,
c’est à dire de gouvernement de soi et des autres, de vie de la Cité...
dans un système qui s’appelle le CAPITALISME.
Le fond du débat qu’on essaie là d’escamoter (y compris en agitant un
"capitalisme financier" supposé être la source unique de tous les
maux), c’est la division de la société en CLASSES, l’exploitation, la
domination et le rôle de l’État (pas de la "5ème République") et de TOUS
ses appareils dans le maintien et la perpétuation de cette
exploitation, de cette domination .
Or, ceci, ce n’est pas une question de morale, ni de moralité, ni
même de richesse(s) (dans une certaine mesure, on est toujours le
"riche" ou le "pauvre" de quelqu’un...) c’est une question de CLASSE
SOCIALE, et aussi, pour les "politiciens" et les cadres, de camp que
l’on choisit, consciemment ou pas. Qui possède le Capital ? Qui exploite
qui ? Et qui est un soutien objectif à la bourgeoisie ?
Ajouter à cela la guignolade de la revendication d’une "nouvelle
République", prétendre qu’une éventuelle réforme constitutionnelle, et
même, une constituante (enfin, soi-disant) vont modifier ce système-là,
là est le mensonge condamnable, pour le coup, politiquement et selon la
morale de la lutte de classe.
Car c’est un mensonge, qui brouille la conscience, et qui en plus,
fait perdre du temps au prolétariat dans son rassemblement et dans son
organisation, dans sa prise de conscience, c’est un mensonge qui rend
service à la bourgeoisie (c’est bien pour cela que ses organes de presse
en font la promotion d’ailleurs), donc c’est un mensonge qui nous
dessert et qui sert, en revanche, les intérêts du Capital.
"La nuit tous les chats sont gris", c’est vrai, et il fait de plus en plus nuit dans ce pays. Ne nous laissons pas abuser.
vendredi 12 avril 2013
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