Mouloud H. est foncé, Mouloud H. est fiché.
Mouloud H. est fatigué, parce qu’il est toujours contrôlé (son physique le rend irrésistible). Mouloud H. est déprimé (ce n’est pas réservé qu’aux autres), parce qu’il comprend que le mot réhabilitation est inconnu des services de police.
Mouloud H. sait qu’il n’a pas eu un comportement exemplaire, qu’il a commis des erreurs, qu’il n’a plus droit à l’erreur, mais l’incarcération n’est pas un tribut suffisant.
Parce qu’il est connu des services de police, il ne mérite ni vouvoiement, ni présomption d’innocence, il n’a le droit qu’au "tu" et au "tais toi", il est de toute façon coupable d’être un foncé fiché.
Convoqué, il est nécessairement gardé à vue, toute autre forme d’audition étant exclu.
La provocation, l’acharnement, l’accablement, l’humiliation, la violence verbale, les menaces (comprendre techniques modernes d’investigation) ne sont pas des délits, il les encaisse sans contrôle jusqu’au dérapage qui augmentera le chiffre d’affaires attendu et utilisé par l’Intérieur.
Une interpellation musclée (comprendre 4 minimum contre 1, le un étant Mouloud H. en cas de doute) le rend responsable de violences contre les représentants de l’ordre et son opposition est qualifiée de rébellion.
Mouloud H. a beau tenter d’expliquer ce qui s’est passé et pourquoi le ton est monté, mais qu’importe, Mouloud H. ment même quand il dit vrai, Mouloud H. est de mauvaise foi puisque les procès verbaux de police font foi.
Le baveux à l’audience n’a pas le choix s’il veut économiser des mois à son client : il n’insistera pas sur le curieux mal de tête curieusement gonflée et bleuie de Mouloud H. résultat d’une simple discussion animée à la suite d’une délicate et courtoise interpellation.
Mouloud H. aurait dû rester poli (comprendre se taire), acquiescer purement et simplement aux chefs de prévention reprochés, et tout ce serait bien passé.
Mouloud H. sait qu’il passera de nouveau par la case départ PRISON, la rue de la PAIX lui étant interdite.
Mouloud H. ravale sa douleur en exécutant sa peine se rajoutant à celle de la garde à vue, sa haine attisée par le système et ses dérives.
Mouloud H. n’a pas confiance, la société n’a pas confiance, et l’histoire recommencera avec au milieu une Justice qui n’en rend pas et un Intérieur qui continuera de le traiter de racaille au motif qu’il ne trouve pas de travail (malgré son physique irrésistible), n’utilise pas un langage châtié (parce que l’éducation n’est plus nationale), et continue de résider chez ses parents, les seuls qui ne le rejettent pas malgré son casier qu’ils portent comme une croix.
Le débat sur l’Avocat et la Garde à vue n’est pas suffisant, pourquoi pas des caméras ou une l’exigence de la présence d’un tiers chargé de contrôler des dérives qu’il convient d’arrêter de faire semblant d’ignorer.
Il faut aussi débattre des comparutions immédiates (ou bureau de placement en détention), de la société et de son fonctionnement (discrimination à l’embauche, marché du travail…).. la liste est sans fin en réalité.
Le problème au milieu de tout ça, est que les victimes ne sont pas seulement celles qu’on croit.
My name is Mouloud H, Français, foncé et fiché.
De : FH
vendredi 8 octobre 2010
Source Bellaciao
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