samedi 25 septembre 2010

Retraites - CE QU'ON PEUT ENVISAGER DE FAIRE POUR TRANSFORMER L'ESSAI LE 2 OCTOBRE


Tenir tous les bouts ensemble et réarmer le syndicalisme de classe.

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Cher-e-s camarades,

Pour contribuer indirectement au débat sur la mobilisation contre la réforme des retraites, je me permets de vous adresser cette petite réflexion avant le ouiquende, sans aucune prétention, sans juger les uns ou les autres, juste pour apporter un point de vue de salariée syndiquée d'une petite PME du privé.

Bon, dans un bel élan concerté et spontané de démocratie syndicale, l'intersyndicale du "haut" a décidé ce matin, avant même d'avoir consulté les structures du "bas", que la prochaine date de manifestation serait un Samedi 2 octobre.

Je sais que certain-e-s vont hurler à cette idée. Moi-même, ça m'a légèrement irritée, je ne le cache pas (mais cependant, beaucoup moins que la négation totale de démocratie syndicale, hélas devenue assez habituelle).

Samedi 2 donc.

Oui, bon ET ALORS?

De un ce n’est pas une surprise, la nouvelle est connue en réalité depuis 3 jours.

De deux, allons-y, ça va éclaircir le grand argument qui court depuis quelques semaines que "le mouvement ne prend pas car la plupart des salariés ne peuvent pas se permettre de perdre deux ou trois jours de salaires dans une grève". Ok, là , y'aura pas de grève à faire pour la plupart (encore que dans les commerces ou les usines, beaucoup travaillent le Samedi, donc, essayons quand même de filer un coup de patte dans l'organisation des éventuelles grèves qui devraient avoir lieu ce jour là).

De trois, on va bien manifester un jeudi, alors pourquoi pas un samedi?

Il faut être clair, non, les manifestations, ce n’est pas inutile.

On entend beaucoup ça dernièrement.

Certes, c’est à un moment insuffisant s’il n’y a que cela, mais ce n’est pas inutile. Cela peut devenir contreproductif s'il n'y a que cela (tout étant dans le fait de savoir ce qu'on entend par "que cela"...)

Ne tombons donc pas dans les pièges grossiers que l’on nous tend.

"LA" question, "LE" vrai problème auquel on est confrontés aujourd’hui, il me semble ( mais je peux me tromper) ce n’est pas vraiment le jour et la date de la prochaine manifestation, (n’en déplaise à certains).

C’est d’ailleurs un peu incohérent cette réaction. Les mêmes qui disent "on en a marre des manifs saute-moutons" semblent être les premiers à râler aussi quand il n’y a pas de manif un jour de semaine ! Faudrait se décider !

J'entends ou je lis certain-e-s dire que, avec cette annonce de manifestation Samedi 2, Chérèque et sa politique collabo auraient "gagné".

Ah bon?

Les collabos ont gagné parce qu’on va manifester un samedi?

Non.

Je me permets de rappeler qu’on est au grand max 7% de la population dite "active" à être syndiqués.

Et dans ces 7% y a t il seulement la moitié d’entre nous qui est militante, et pas seulement adhérente?

Au final, ça ne fait pas lourd.

Alors, qui peut imaginer qu’on va gagner sur les retraites sans mobiliser coûte que coûte, de toutes les façons possibles, l’immense majorité des travailleurs? Avec en face un patronat et un gouvernement pareils? Aucun d'entre nous, je le sais.

Soyons sérieux, et là encore, reprenons les fondamentaux que nous développons dans nos boîtes dans notre combat syndical quotidien.

En revanche, Chérèque & ses avatars vont gagner si on ne radicalise pas le mouvement et qu’on continue à enculer les mouches sur des histoires de jours et de dates de manifs.

Je ne dis pas que les directions nationales de certaines OS n’ont pas (toutes) une (grosse) idée (chaque OS a d’ailleurs certainement une "idée" différente de l’autre...) derrière la tête en fixant une manif un samedi - on a le précédent récent du samedi 13 juin 2009, pour être clairs. Bonjour l’éteignoir, tout le monde s’en souvient. Mais c’était en pleine campagne électorale et soyons francs, certains "camarades" ne voulaient pas trop déranger leurs petits copains soces et assimilés sur leurs listes.

Là, ce n’est pas le cas.

Je ne dis pas non plus "Faisons confiance", comme le serpent Kaâ du Livre de la Jungle !

La question n’est pas là .

La question, c’est de s’accrocher au mouvement naissant, (que nous avons toutes et tous constaté jeudi 23 septembre), comme des pitbulls à un os, et de le faire grandir, de le radicaliser.

Donc....

OUI, la manifestation samedi 2 octobre peut être un point d’appui pour pousser le léger avantage acquis hier.

Il est évident que ce qu’attendent certains, c’est que nous soyons moins nombreux Samedi 2 qu’hier Jeudi 23 septembre.

Il est donc absolument de notre devoir d’aller encore PLUS NOMBREUX à la manifestation du 2 octobre.

Il est interdit de nous démobiliser.

On a bien dit "on se battra jusqu’au bout", pas vrai? !

On a bien conscience que nous menons là une lutte extrêmement difficile (on ne va pas se le cacher, "un syndicaliste averti en vaut deux") mais aussi, que c'est une lutte historique, un enjeu non seulement social, mais aussi politique important, qui peut, si nous emportons le morceau, revitaliser toute une partie du prolétariat EUROPÉEN?

Il faut qu'on y soit en nombre le 2, pour que, justement, certains malins ne puissent pas dire qu’on n’a plus de ressources, que ça ne prend plus etc. On sait que certains dirigeants essaieront d'en profiter pour s'en décerner un satisfecit interne. Bon. Comme nous, on n'a pas l'intention de s'arrêter à une manif tous les 15 jours, laissons les PARLER, et nous AGIRONS.

Mais, corrélativement, il est également de notre devoir, en tout cas à la CGT, de ne pas lâcher sur l’essentiel, pour la suite.

La "suite",l'essentiel, c’est, en gros, la généralisation des grèves (donc aussi, l’implantation syndicale "ad hoc" dans les déserts syndicaux et, là, où il y a présence syndicale, la création d'éventuelles intersyndicales et AG), et, à terme, le blocage de l’économie et un emmerdement maximal créé au patronat qui, nous le savons, pilote cette abominable régression sociale via le MEDEF.

Il faut donc que nous poussions nos structures de proximité INTERPROFESSIONNELLES (UL ET UD), mais aussi, nos FÉDÉRATIONS, à AGIR et à mettre toutes leurs forces à créer les conditions favorables de la poursuite du mouvement, dans un durcissement.

Oui, contrairement à ce que dit Chérèque, il faut aller vers une radicalisation et surtout, une politisation (au sens noble du terme, je fais référence, entre autre, à l’article de Charles HOAREAU, publié sur Rouge Midi, "Dans quelle société voulons-nous vivre?")

En revanche, ce qui va compter, ce qui va être déterminant, ce sont les MODALITÉS des manifestations de samedi 2.

Le contexte que nous allons réussir à créer au niveau syndical, le lien que nous avons une opportunité de retisser entre "syndicats" et "peuple du travail".

Je dirais que certaines OS, essayant "peut être" de nous la faire à l’envers, nous offrent peut être aussi une OPPORTUNITÉ HISTORIQUE de réarmer le "bidule".

Donc il faut aussi se battre dans ces mêmes structures pour EXIGER que la manifestation du samedi 2 soit à la hauteur des enjeux.

Il est fondamental, que nous arrachions une véritable tribune PUBLIQUE avec prises de paroles de responsables syndicaux locaux. (Et pourquoi pas aussi, politiques.)

PAS SEULEMENT, excusez moi d’avance chers camarades, (ce n’est pas de l’ostracisme, ce n’est pas personnel et ce n'est pas une critique de la valeur des uns ou des autres !), des camarades représentants des cheminots ou d’EDF ou, en résumé, du service public et assimilé, mais AUSSI des représentants syndicaux des PME, du commerce, des services, du BTP, du nettoyage, de la filière auto, des chômeurs.... qui sachent de quoi ils parlent quand ils vont s’adresser aux salariés et à leurs familles qui seront présents et qui seront majoritairement issus de ces branches, de ces situations là .

Et nous devons, à cette occasion, remettre sur le devant de la scène NOS propositions CGT originales, c'est-à-dire, refaire le lien entre RETRAITES/ EMPLOIS/SALAIRES. Et également, avec la syndicalisation et la défense du droit syndical DANS les entreprises.

Sauf à oublier un élément fondamental qui est que "l'idéologie dominante est l'idéologie de la classe dominante", oui, nous devons dire, écrire, à celles et ceux qui ne sont pas nos adhérents ( mais dont dépend désormais notre représentativité et donc, notre présence dans l'entreprise...) "Le problème des retraites, c'est d'abord celui de l'emploi et des salaires. La solution, elle est là et pas ailleurs! Nous ne sommes pas condamnés à mourir, vieux et malades, au travail, et si vous voulez vous battre avec nous, vous n'êtes pas seuls,et nous avons les moyens de vous fournir quelques armes, avant 2012!"

Voilà ma "vision", mon espoir d'une manifestation efficace et porteuse d'avenir un Samedi 2 octobre. Il faut l'organiser de façon efficace et "originale". Pour maintenant et pour l'avenir proche.

En revanche, il est certain que si c'est pour proposer au peuple du travail une "simple manifestation" Bastille / Répu, ce sera probablement un coup d'épée dans l'eau, et il y a des chances qu'on ne le fera pas faire deux fois.

Le reste, je pense que c’est un peu de la littérature, on n’a pas de temps à perdre en AG la semaine prochaine à couper les cheveux en quatre, même s’il faut être conscient que nous dansons sur un fil de rasoir, on n’a pas le choix, il faut danser. (Et ne pas se casser la gueule ni se faire trancher une jambe ;))

Nous sommes des syndicalistes. Nous sommes des lutteurs, au sens strict et sportif du terme.

On agit avec le réel qui nous est donné par "l’Autre" (que cet "Autre" soit le prolétariat non syndiqué et "intoxiqué idéologiquement", ou le patronat, ou les partis politiques...) réel que nous contribuons, en actions et réactions, à modifier, pour essayer de tendre vers le but qui est le nôtre.

On n’agit pas avec ce que nous aimerions que le réel soit.

Dans l'action syndicale, vous le savez mieux que moi, il n' y a pas pire écueil que de prendre ses désirs pour la réalité. MAIS il ne faut pas non plus laisser la réalité étouffer nos désirs!

Alors, ok, PAS DE QUARTIERS, le Samedi 2 octobre, on y va toutes et tous, organisés, politisés, même, et "on déchire tout" (comme disent les djeunes) :)

Il faut y voir les quartiers popu, les salariés des PME, les jeunes, les faux indépendants vrais prolétaires, les chômeurs, avec ou sans foulard, avec ou sans papiers, les noirs, les rouges et tout le toutim, bref il faut y voir une image à peu près fidèle du prolétariat de France aujourd'hui ; ce jour là, il faudra que nous SOYONS PRETS A LEUR PARLER DE LA SUITE.

C’est ça, là, enfin je crois, notre boulot URGENT d’ici le 2. Mais ce n'est qu'un point de vue parmi tant d'autres.

Salut militant et fraternel à tout le monde,


1 commentaire:

lou passejaire a dit…

J'applaudis, pour le 2eme fois ...
( aprés l'épisode monolecte ... )
On assiste depuis quelques jours à une radicalisation de la droite ( sociologique et politique ) qui me rappelle la fin du régne giscard ...
Me suis fait traiter de feignasse, ce matin, sur le marché de ma sous préfecture ou je distribuais des tracts , par une bourge 50naire ... Elle faiasit partie de ses gens qui ont inondé le centre ville lundi, avant la manif de leurs autocollants "stop la gréve" ... Mais je comprend ùieux sa réaction que celle de ceux qui décident d'arréter de se battre ...