- Il faudrait être aveugle pour ne pas voir, ou ne pas reconnaître, que, telle qu'organisée pour le moment, la lutte pour la « défense de notre système de retraite » ne prend pas comme elle le devrait.
Bien sûr, les militants, notamment à la CGT, mettent tout en œuvre pour que la journée de grèves et de manifestations prévue le 27 mai rencontre un meilleur succès que celle du 1er mai, et donne le départ de la mobilisation forte, massive, déterminée, dont nos combats ont besoin pour être victorieux. Et elle sera probablement, en effet, réussie. Il le faut. C'est la "suite" qui fera question, car nous savons bien que cette journée ne suffira pas!
Cependant, il faudrait être aveugle (ou inconscient?) , parce que n'importe quel responsable politique ou syndical de terrain ne peut pas ne pas constater, à de rares exceptions géographiques près (explicables, au demeurant), que la mobilisation sur les retraites, globalement, et pour l'instant ne "monte pas", en nombre, et surtout, en intensité (grèves, durée etc) -ce, contrairement aux fables que colportent certains, pressés (mais pourquoi donc ?...) de nous faire passer les vessies pour des lanternes.
Il faudrait être irresponsable pour ne pas le reconnaître, y compris publiquement (sans dramatiser et en continuant d’aller de l’avant cependant). Le reconnaître implique une prise de conscience de la gravité du problème, et donc, ouvre la possibilité de « changer rapidement son fusil d'épaule », ce qui doit se faire si on ne veut pas finir "ratatinés" pour un moment qui risque d'être fort long.
- Il n'est pas raisonnable (ni juste) de situer le problème que nous rencontrons actuellement dans les luttes en termes de "traîtres", "vendus", "pourris", ou encore de récriminations pseudo-anarchisantes sur le thème « les syndicats, ramassis de permanents empêcheurs de révolution » .
L’utilité du syndicalisme de classe et de masse dans l’organisation des travailleurs en lutte, y compris dans une perspective révolutionnaire, me semble démontrée depuis un moment.
Avancer ainsi donc, en maniant l’anathème, ce serait une erreur .
Cela peut défouler, cela donne une apparence de « dureté », et puis, on est parfois tellement à bout quand on est "conscient" de ce qui nous arrive, que l'on peut légitimement "craquer", mais cela enferme encore davantage si on s'en tient là.
Cependant, comme toute parole excessive, ce cri de « collabo! » dit quelque chose d’une réalité – reste à savoir laquelle; par ailleurs, pour savoir où nous pourrions aller, il semble important de savoir déjà à peu près d’où l’on vient.
1. La période de la lutte des classes dont nous sortons : la collaboration de classe
Évidemment, la phase de "collaboration de classe" (appelée encore "dialogue social") ouverte il y a, disons, 30 ans, est une réalité sociale, mesurable objectivement ; cela a bel et bien existé.
Fruit d’un moment particulier d’équilibre (relatif, et nécessairement précaire) des différentes forces en présence, elle était le signe d'une certaine puissance de nos organisations, syndicales et politiques, et corrélativement, le signe d'une certaine faiblesse du patronat - puisque, rappelons-le, pour "collaborer", il faut être deux à y trouver intérêt.
La "collaboration de classe", pudiquement appelée" dialogue social" ces dernières décennies, n'est pas critiquable " en soi" pour des raisons qui tiendraient à une forme de morale, mais principalement pour des raisons stratégiques et des raisons idéologiques.
Certes, on sait avec quel entrain et quel brio certain-e-s, aujourd'hui aux responsabilités les plus élevées dans nos organisations, qu’elles soient syndicales ou politiques, ont milité pour que cet oxymore devienne un principe intangible, puis une réalité incontestable ( misérables chefaillons se coiffant ainsi de lauriers obtenus sans combats et sans gloire, lauriers qu’en d’autres temps, ils n’auraient même pas pu imaginer apercevoir de loin...),
Comme l'a très magistralement dit ce grand dirigeant, ce grand camarade, qu'était Henri Krasucki (« Syndicats et lutte des classes »): « Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classe. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classe, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse : renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement. »
En quoi ce que disait alors « Krasu » était-il si juste ? Que peut-on tirer de cette sentence ?
D’abord, précisons que la « collaboration de classe » peut prendre différents visages en fonction des époques, et qu’elle n’est pas « jaillie de nulle part », mais a toujours été présente comme tendance au sein de toutes les organisations de la classe ouvrière.
La collaboration de classe, lorsqu’elle prend le dessus en termes politiques dans nos organisations, a comme principal tort, défaut, effet, de masquer à la majorité du prolétariat la réalité de la lutte des classes.
Dans la fin de la seconde moitié du vingtième siècle en France, permettant des gains et des apports indéniables et immédiats à la situation des travailleurs au terme de luttes amoindries, et à court terme, la "collaboration de classe" a permis d'obtenir certaines "avancées sociales" ça et là, tangibles, indiscutables. C'est bien ce qui l'a rendue si dangereuse.
Ce faisant, elle a également renforcé, économiquement et idéologiquement, les positions de la fraction conservatrice de la petite bourgeoisie dans les organisations de masse du prolétariat, isolant, en plus, la classe ouvrière (qui elle, ne peut pas se retrouver majoritairement sur ces positions, du fait de son rôle et de sa place dans la production).
Ce faisant également, la collaboration de classe a "éduqué" toute une génération de travailleurs à la délégation de pouvoir (le rapport de force physique sur le terrain passant au second plan), à l'action à très court terme, sans perspective, à la négation de la réalité de l'exploitation capitaliste, en accréditant l’idée de la « mort » de la classe ouvrière (« mort » supposée qui, de constatée, devint presque un objectif intégré par une partie du prolétariat) , en lui conférant un caractère "an-historique", (c'est à dire, qui ne tient pas compte du développement antérieur ou ultérieur de l'histoire de la lutte des classes ), permettant à bon nombre d'entre nous, travailleurs de certaines couches sociales, de s'en tenir quittes à moindres frais.
Elle "désarma" donc en effet la défense des travailleurs en tant que classe prise dans l'Histoire (et faisant l’histoire) au sein d'un monde capitaliste en mutation constante et accélérée.
La « collaboration de classe » est un mal qui nous guette toujours, nous ne sommes jamais à l’abri, tant la frontière entre conquêtes sociales et compromis sociaux est mince, tant on peut travestir des « renoncements de fond » en « progrès immédiats » au nom du « bien des travailleurs » et du "bilan globalement positif"….
Ce à quoi nous nous trouvons actuellement confrontés, c'est donc la "queue de comète" de cette période de "collaboration de classe".
La structuration sociologique et idéologique de nos organisations a été nécessairement modifiée en retour par cet état "d'équilibre" relatif de la lutte de classes et par la pratique ainsi induite (« la fonction crée l’organe »disait Lamarck, ce qui est en partie juste, mais l’organe est également modifié par la fonction, et indéfiniment, en interaction).
Nos organisations se retrouvent donc globalement inadaptées à la nouvelle phase de la lutte des classes qui s'est ouverte il y a quelques années, une phase d'agression caractérisée des puissances de l'argent contre le peuple du travail, à la faveur d'un sursaut des forces capitalistes en termes économiques, sociaux et politiques. En soi, ce contretemps ne serait pas grave, si nous avions les moyens d'y remédier rapidement. J'y reviendrai.
Pour dire les choses autrement, à ce stade actuel de l'histoire du capitalisme et du développement des forces productives, dans sa lutte incessante contre la baisse tendancielle du taux de profit, une grande partie du bloc capitaliste n'a plus intérêt à cette collaboration; il peut faire "sans", et même "contre", et à maints égards, c’est d’ailleurs dans son intérêt absolu de ne plus y participer (et l'Union Européenne n'est pas un petit accélérateur de ce processus).
La majorité du bloc capitaliste y a donc clairement mis un terme (tout le signe, à commencer par la "crise de la zone euro"), alors que nos organisations n'arrivent pas à réagir avec la même force, ni surtout avec la même rapidité, face à cette nouvelle période.
Nous avons donc clairement un problème d’adaptation et de réactivité dans nos organisations syndicales et politiques de classe et de masse.
Et pour cause.
Evidemment, certains ne souhaitent pas du tout se retrouver dans une situation « de terrain » où leur absence de qualités se révèlerait rapidement, et peuvent constituer des freins à l’adaptation – c’est le principe même de la bureaucratie, de la nomenclatura, et de l’effet de « caste » aux intérêts spécifiques et divergents de ceux de la masse, ainsi créée.
Cependant, je pense que la plupart de ces bureaucrates ont justement assez l'intelligence de leur ventre pour tourner casaque, et sentent bien que, pour leur propre survie d'abord, ils doivent s'adapter rapidement aux nouveaux besoins de lutte de la classe ouvrière, (qui commence toujours par "faire le ménage dans ses rangs" dans ce genre de situation). Aussi, je ne suis pas convaincue que dans l'immédiat, leur position soit l'explication pertinente , même s'il y a des imbéciles partout...
Mais plus justement aussi, pour des tas de raisons, déjà expliquées mille fois par d’autres, on ne donne pas d’impulsion à une organisation prolétarienne de plusieurs centaines de milliers de personnes, encore moins à un "mouvement social" de plusieurs millions de personnes, aux opinions souvent très différentes, dans des situations parfois divergentes, avec la même facilité et la même réactivité qu’on la donne à une organisation patronale de deux cents personnes, unies et soudées par des intérêts communs et immémoriaux, surtout quand les organisations de la classe ouvrière doivent évoluer dans un contexte qui ne leur est plus favorable et qu’elles ont perdu certains appuis de poids (quand bien même certains de ces appuis furent également des poisons)!
Il est presque impossible de faire "virer" de bord la grande masse du prolétariat aussi "rapidement" que certaines fractions très spécifiques, unies, et cohérentes de celui-ci (ouvriers de certaines usines ou de certaines branches par exemple). D'où notre actuel sentiment de "décalage".
Ce n'est pas un hasard si les réactions de classe appropriées ces dernières années se trouvent principalement dans les fractions de la classe ouvrière et du prolétariat où l'esprit de corps (pour ne pas dire un certain corporatisme, qu’il soit de métier et/ou géographique), l'esprit de classe, sont encore rendus possible par le nombre restreint et la cohésion des travailleurs concernés.
Plus la classe ou la couche sociale est en situation de "faiblesse" dans le rapport de force, plus sa réaction défensive est dure, violente, incisive.
La lutte que mènent certains secteurs de l'industrie (automobile notamment), ou la lutte actuelle des travailleurs sans-papiers est typique de cela - elle ne saurait en aucun cas être présentée comme l’exemple absolu et parfait que « quand on veut, on peut » ni, encore moins, être présentée comme témoignant d'une "position de force du prolétariat".
Les chiffres de ces trois dernières années parlent presque d’eux-mêmes : une partie du prolétariat, plus spécifiquement, de la classe ouvrière, s’est trouvée, de par des attaques concentrées de la bourgeoisie à son encontre seule, (trop) rapidement en situation « d’avant-garde », et ainsi, très éloignée de la possibilité objective d’action du « gros » du prolétariat (et évidemment, elle a été contrainte de le faire pour « sauver sa peau »).
Cela a jeté les ferments d’une situation potentiellement scissionnaire, (en tout cas, scissionnaire dans les faits, si ce n’est encore dans les structures, ce qui, déjà en soi, est un grand problème, principalement pour cette fraction en lutte qui ne pourra pas résister « seule » bien longtemps). Situation de décalages des luttes dans la classe, qui éclaire aussi le moment actuel.
- Cette introduction sur ce sujet,( espérons que cela est clair à ce stade), ne signifie nullement que nous n'ayons aucun reproche à formuler à nos organisations (et à nous-mêmes d'abord, sans doute), ni que nous puissions accorder un quelconque blanc-seing à ces erreurs accumulées, ni même qu’une « valorisation » de la collaboration de classe serait envisageable, tout au contraire.
Partout où nous sommes confrontés, à tous niveaux, dans nos organisations, quelles qu’elles soient, à des responsables (à commencer par des responsables dits « locaux ») qui ne veulent/ne peuvent pas prendre la mesure de ce qui se passe, et persistent dans la tactique éculée de la collaboration de classe, (quelles qu’en soient les raisons), il faut que le combat idéologique soit mené, dans nos instances, démocratiquement, sans haine ni animosité personnelles, pour que le point de vue de ces responsables ne puisse plus nuire au travail de réappropriation de la lutte de classe par le plus grand nombre possible de travailleurs.
Mais ce constat préalable porte aussi un souhait, un espoir : que dans ces reproches, justes, fondés, nous en restions à l’essentiel, et que nous essayions, toutes et tous, pour avancer sans diviser de façon irrémédiable le gros de nos "troupes" (à l'heure actuelle toute scission serait, je pense, une erreur et il vaut mieux se dire « mal accompagné » que « seul »), d'introduire une dimension critique et analytique « objective » et dépassionnée, qui permette de tirer profit de nos erreurs et d'en faire du positif pour les luttes en cours, notamment pour reconstruire « l’en-commun ».
Car nous, communistes, où que nous soyons, ne saurions avoir d’autre but : l’en-commun, le collectif, le travail de classe, mais dans la masse.
Nous ne pouvons nous permettre le luxe de ne pas tout tenter pour unir la plus grande partie du prolétariat dans les luttes à la base.
Encore faut-il que nous ne cédions pas aux illusions « rassemblistes » sociales-démocrates, ni « mouvementistes » pseudo-libertaires, tout en sachant nous y appuyer...
2. Le constat de la situation actuelle et les questions que l’on peut se poser
Aujourd'hui, donc, nous constatons que les mobilisations ne « montent » pas comme elles le devraient sur des sujets aussi propices pourtant que la défense de notre système de retraite, ou encore, contre le hold-up européen organisé sur l’avenir des peuples par l’UE et le capitalisme financier.
Non seulement – et c’est corrélatif - les luttes ne « montent pas », mais encore, nous ne parvenons pas, ou à peine, à faire éclater les contradictions, pourtant nombreuses, en germe, au sein du bloc capitaliste.
Un tel constat (dont certains me reprocheront évidemment d’avoir « noirci le trait ») amène nécessairement d'abord une seule question: « pourquoi? ».
Sans avoir la prétention d’apporter « la » réponse, je fais part pour commencer, de ces quelques hypothèses :
- D’abord et évidemment, nous avons, à ce stade, perdu, non pas "LA" « bataille des idées », mais une bataille (et nous n’avons donc pas perdu la guerre), sinon, nous n’en serions pas là.
Mais si les idées, et les mots, comptent beaucoup (et comment), ils ne peuvent à eux seuls tout expliquer.
Un prolétaire ne lutte pas seulement avec des mots, ni « pour des idées », mais pour défendre, préserver ou gagner des avantages concrets et tangibles, qu’il peut appréhender immédiatement.
Ainsi, « la liberté » n’est évidemment pas une « idée », mais bien un champ de possibles très évaluables (liberté d’expression, liberté syndicale, liberté d’opinion, liberté d’aller et venir… dont l’absence ou le déclin se manifeste sous forme d’amende, de répression, d’emprisonnement, d’expulsion…)
- Ensuite, notre lutte, pour être victorieuse, a toujours du s’inscrire à la fois dans le court terme et dans le long terme.
Elle doit avoir une perspective quotidienne, immédiate, et une perspective historique qui permette d’apprécier le déroulement de nos conquêtes (et de nos défaites) sur un temps plus long, qui nous dépasse individuellement, et qui est celui de « la classe ». Seule la perspective strictement historique nous permet de relativiser certains évènements en les replaçant dans leur juste contexte (et donc, de garder, aussi, l’espoir au cœur).
Evidemment, les capitalistes n’ont pas tout à fait ce même problème de temps, de perspective, en ce qui concerne le gros capital.
Cela étant dit, on touche ici du doigt l'enjeu de classe fondamental que constitue l'enseignement et la formation militante.
- Sans doute, donc, souffrons-nous cruellement d'un manque de perspectives dans la lutte des classes.
Nous n'avons pas de perspectives parce que nous n'avons plus de stratégie de lutte pour notre classe, et nous ne pouvons pas avoir cette stratégie parce que nous manquons d'analyses de classe justes, (quand nous ne manquons pas d'analyses de classe tout court).
Cette stratégie pour nous devrait pouvoir être résumée en deux mots : révolution et communisme.
Il est bien évident que "anticapitalisme" et "gauche" ne suffisent pas/plus, et peuvent même se révéler à terme, des pièges idéologiques.
-D’autre part, intellectuellement, nous souffrons encore d’un « mal » qui vient de loin et que j’appellerais « le révisionnisme de l’œuvre de Marx ».
Révisionnisme sur la dialectique elle-même, révisionnisme sur l’analyse des classes également, révisionnisme enfin sur certains concepts politiques, hélas insuffisamment développés par Marx .
Ce qui nous pénalise et dénote NOTRE problème d'analyse "à nous", c’est une erreur de conception même de ce que doit être l'analyse pour nous, tant en termes qualitatifs (principalement dialectique et de classe) et en termes d'objectifs (l'analyse juste pour servir la décision juste pour mener la lutte des classes et en vue de préparer la révolution).
Nous avons constaté, (réalisme oblige, et à juste titre), qu'à période équivalente en termes de portée historique, dans la fin des années 20 - le début des années 30, le mot d'ordre alors lancé du Komintern, à savoir "classe contre classe" allié au " front unique à la base contre les chefs sociaux-traîtres des partis et syndicats réformistes" n'avait pas eu les résultats escomptés, si on me pardonne l'euphémisme (notamment en termes de développement des partis communistes et en termes d'endiguement du fascisme en Europe, les résultats furent, non pas nuls, mais dramatiques, ce qui rendit les luttes de nos camarades contre le fascisme encore plus héroïques).
Ce désastre tenait non pas en soi au « mot d'ordre », mais à une analyse, on le sait aujourd'hui, erronée, de la période de montée des fascismes en Europe, et qui fit croire que ces mots d'ordre là étaient ceux qu'il convenait d'appliquer alors à cette situation donnée (c'était le cas pour la majorité, sauf Trotsky et quelques autres, rendons à César…) ; au sein du Komintern, le fascisme arrivant était une période "nécessairement pré-révolutionnaire", on vit fleurir la théorie du "social-fascisme",la théorisation du fascisme comme bourgeoisie armée etc. Or, c'est un fait connu que dans une organisation très hiérarchisée, quand la direction commence à déraisonner, elle influe sur la capacité de réaction et contestation critique de tout le corps de l'organisation.
Ayant constaté cela, ce désastre, sans que toutefois l'état de démocratie des partis communistes et des syndicats proches de ces partis permettent d'en faire sérieusement l'analyse, et donc, de comprendre notre erreur , c'est assez logiquement que, de façon un peu manichéenne, l'idée du "front uni à la base contre les chefs sociaux traitres" est finalement apparue comme une très mauvaise idée en soi, responsable de tous nos maux (et que l'on tentera de soigner en France plus tard par "l'Union de la gauche", avec les résultats que l'on sait...).
Ajoutons que l'heure n'ayant plus été, courant des années 80 (pour les raisons que l'on imagine), au "classe contre classe", on voit bien pourquoi nous en sommes là dans nos erreurs d'appréciation actuelles: c'est encore un passé mal digéré, un passé "qui ne passe pas".
- Avons-nous un « problème d’informations » ? Non, pas vraiment. Certes, nous avons des tas de "rapports économiques et financiers". Nous en avons presque trop, nous sommes dans une bataille de chiffres, évidemment impropre à mobiliser ce qui doit être mobilisé en premier lieu.
Nous avons des "opinions" d'experts, de savants sur des points précis et somme toute, partiels de telle ou telle situation. Nous avons des déclarations d'intention remplies, le plus souvent, de ce que l'on peut appeler des "bons sentiments". Mais l'enfer lui-même est, parait-il, pavé de bons sentiments...
- Les principes avancés au soutien des luttes sont-ils faux, erronés ? Un principe, une théorie digne de ce nom, peut difficilement, en soi, être fausse; c'est son application à la réalité, sa confrontation au réel dans une certaine perspective, avec des objectifs, qui la rend inutile ou inapproprié, ou au contraire, la valide.
Cependant, toute théorie porte la marque de classe de celui qui la produit.
Si nous en sommes là, c'est peut être parce que les analyses préalables que nous devrions absolument prendre le temps de faire ne sont pas faites, ou que, pire, lorsqu’elles sont faites, elles sont faites par des intellectuels (ou en tentant lieu) qui ne peuvent absolument pas avoir d’analyses justes pour "nous", compte tenu de leurs positions de classe.
Bien sûr, Bourdieu a dit et démontré cela autrement mieux que moi, et Marx avant lui ; ceci n’est donc pas un « point de vue », une « opinion », mais une conclusion que la reconnaissance de l’existence des classes et des sous-couches sociales commande logiquement.
« On ne sort pas de farine d’un sac de charbon » dit fort sagement ma grand-mère.
Evidemment, nous avons trop laissé le champ libre aux héritiers de la social-démocratie dans le domaine de la production des théories et de la promotion des idées, pour des tas de raisons (raisons que nous ne pouvions pas toutes éviter ni même prévenir, mais que nous aurions peut être pu anticiper), alors même cependant que les forces militantes les plus actives en état d’appliquer ces théories et de les confronter au réel étaient principalement communistes...
Pire, nous avons essayé de nous « accaparer » ces analyses, et nombre d’entre nous ont fini par les intégrer complètement, alliant souvent à cette intégration une autocensure dévastatrice et un dogmatisme plus ou moins solide.
-Est-ce encore la présence de la CFDT (dont on connait les positions hallucinantes sur l'avenir des retraites) dans l'intersyndicale (voire, selon certains, l’intersyndicale en soi) qui "bloquerait" le processus de mobilisation? Beaucoup le disent.
Cela peut en effet être un frein, ou un facteur de découragement parce que la présence de cette organisation influence nécessairement les positions de l'intersyndicale… Mais, si cette proximité ne me remplit pas d'aise, loin de là, j'ai du mal à croire que ce soit là l'explication principale.Je pense que quand on a une position dominante, hégémonique, on peut même s'allier, s'il en va de notre intérêt, aux plus "mous". Encore faut-il pour cela vouloir dominer, autre sujet....
- Est-ce la proximité que l'on prête (parfois très complaisamment dans la presse dite "bourgeoise") à certains dirigeants d'organisations syndicales - ou politiques- avec le pouvoir en place, qui démotive, alors, nos « troupes »?
Cela peut jouer, mais je ne crois pas que "LA" cause, réside principalement en ces supposées relations. Dans ma pratique syndicale dans une PME « de base », vierge de politique et de syndicalisme, où les salariés en étaient en général à leur première adhésion à un syndicat après 15 ou 20 ans de carrière, j'ai constaté que ce genre de fait ne préoccupait pas les adhérent-e-s (qui, en revanche, déplorent quasi-unanimement l’absence de posture plus « guerrière »).
-Est-ce alors l'absence de coordination et de mise en valeur des luttes "dures" et que j’appelais plus haut « d’avant-garde » au sein du prolétariat et notamment, de la classe ouvrière, qui peut l'expliquer?
Cela oui, c'est un réel problème, car ces luttes existent, et sont ignorées des directions nationales, pour la plupart, et c'est même en effet une erreur grave, sinon une faute, disons-le, mais que nous pourrions encore corriger.
Si tout ceci constitue un début d’explication, il me semble plutôt que cela constitue des symptômes que des causes de la « maladie ».
Alors?
3. Des hypothèses pour répondre aux questions posées dans la situation actuelle
Et si la "cause" résidait dans le choix de l’axe central des luttes, non pas « en général », mais dans le moment actuel ?
Pour défendre les retraites valablement, peut-être nos organisations devraient-elles faire le choix d'appuyer, avant toutes choses, et évidemment, en continuant de chercher ce "front uni à la base", les luttes concernant le maintien de l'emploi, (et notamment, dans l'industrie), les salaires (et non pas seulement le "pouvoir d'achat", dont on sait que présenté en termes consuméristes, il ne peut faire qu'amplifier une partie de nos problèmes), et les conditions de travail (conditions de travail qui seules, permettent aux travailleurs, lorsqu'elles sont correctes, de préférer lutter pour leurs emplois plutôt que le perdre en étant "indemnisé »).
Peut être, le choix de faire des retraites l’axe central d’un nouveau volet de mobilisation, conditionnant tout le reste, est-il un choix inopportun dans une période comme celle que nous vivons, d’un point de vue économique?
Non pas qu’il ne faille pas se battre pour garder notre système de retraite et même, pour l’améliorer ! Au contraire !
Mais c’est plutôt sur la place réservée à ce thème dans nos luttes que je porterai mon questionnement.
D’abord ce constat qui complète le premier, que la mobilisation sur les retraites se fait très correctement et même, avec une certaine puissance, dans les zones ( territoriales ou professionnelles) où le combat pour l’emploi, le salaire et les conditions de travail est constant, exigeant, et mené avec l’aide de syndicats , d’unions locales ou départementales qui jouent leur rôle de « moteur » des luttes. Mais ce sont à ce moment où j'écris, il faut le reconnaître, des cas isolés.
Dès le début, depuis toujours, l'option majoritairement choisie dans la CGT, était bien de joindre "retraites" et " emplois –salaires –conditions de travail".
C’est évidemment une voie juste. Et peut être même la seule option juste, (à condition cependant que les propositions faites pour étayer ce combat "collent" avec les analyses intuitives sous-jacentes que réalise une partie du prolétariat lui-même, sur la question de la place de la France et de l'Union Européenne dans la mondialisation capitaliste…)
Cependant, poussés que nous sommes par un principe juste de « front uni à la base », mais appliqué faussement (« collaboration au sommet avec les appareils idéologiques de la social-démocratie ») , et compte tenu du contexte actuel (contexte économique, contexte sociologique aussi), l'avatar de la social-démocratie, collaboratrice « par essence », a rapidement « contaminé » le point de vue porté quasi-uniquement par la CGT (CGT que pour ma part, je continue de considérer comme un des derniers endroits, aussi imparfait soit-il, où ce genre de position de classe peut exister, et où donc, tous les travailleurs conscients devraient militer activement).
Le PS, pour des raisons sociologiques et d'intérêts de « classe », a encore frappé un grand coup en défaveur de la majorité des prolétaires en France en faisant tout pour traiter le volet "retraites" comme elle a traité le volet "Poste- service public" (et on a vu avec quel insuccès en termes de résultats).
C'est-à –dire, en isolant ce sujet de revendication très important d'une analyse (et d’une remise en question) d'ensemble de la société, tant française qu'européenne, du capitalisme actuel, de la mondialisation, et des aspirations profondes de la société, en en faisant un problème "en soi", comme déconnecté de toute problématique de classe.
Ce qui amène au fiasco que l'on voit se dessiner actuellement. Ce, quoi que certain-e-s nous disent benoîtement qu'on va "rééditer l'exploit de 2005" sur la constitution européenne ( ce qui montre bien, là encore, que l'analyse politique n'est plus notre fort, car nous devrions quand même savoir pourquoi et comment cette réelle victoire de 2005 a été possible, et oser dire ce qu'elle a traduit politiquement - et je ne parle pas de l'extrême-droite).
Aussi, il est l'heure, et plus que l'heure, de poser les "questions qui fâchent":
Expliquez-nous, "chers camarades" cadres socialistes du PS, comment l’avenir de notre système de retraite peut servir d’axe mobilisateur à une population dont une grande partie n’arrive déjà pas à joindre les deux bouts en termes de salaire mensuel, subit pressions idéologiques et des conditions de travail de plus en plus épouvantables, sans parler des vagues de licenciements etc?
Expliquez-nous comment la retraite peut être autre chose, actuellement, qu’une idée (même séduisante) pour une jeune mère de famille travailleuse précaire de 27 ans, à temps partiel imposé, ou pour un ouvrier de 40 ans dans la force de l’âge, déqualifié, puis finalement, viré, ou encore, pour un étudiant qui ne trouve pas de premier emploi correspondant à sa formation et qui soit correctement rémunéré ?
Expliquez-nous comment les travailleurs du secteur privé ou contractuels privés du secteur public qui, bénéficiant encore de salaires corrects, ne sont pas directement touchés par tout cela mais qui, évidemment, subissent la propagande anxiogène des capitalistes qui les menace quotidiennement de « prolétarisation », peuvent se mobiliser réellement ( c’est-à-dire, autrement que par une manifestation par-ci par-là, mais dans une grève suivie), quand on sait en outre que le taux de syndicalisation en France n’atteint même pas 10% ?!
Expliquez-nous comment on fait adhérer les Esquimaux au Front de défense des Dromadaires? C'est une jolie bête, le dromadaire, et utile avec ça, ils en conviennent; ils n'ont d'ailleurs rien contre les dromadaires eux-mêmes, les Esquimaux, et ils aiment les animaux. C'est juste qu'il n'y en a pas des masses de par chez eux, des dromadaires....
Expliquez-nous comment on peut créer un rapport de force sur la base d’une revendication certes juste, mais insuffisante, car mal positionnée et donc perçue in fine comme idéaliste dans les conditions actuelles ?
Comment s’étonner que la majorité du prolétariat, notamment chez les plus précaires ou précarisables, ne participe pas activement à cette lutte sur cet axe « retraites », puisqu’elle n’arrive déjà pas ou plus à bouffer, à se loger, qu’elle travaille dans des conditions de travail misérables et déshumanisantes.
Sachant en outre que l’être humain a la monstrueuse capacité de s’adapter à des situations de vie extrêmement difficiles, et que notre conditionnement social nous pousse actuellement plus à subir « en attendant que ça passe », qu’à nous battre...
Comment peut-on sérieusement prendre comme hypothèse que le prolétariat en lutte, déjà très occupé, depuis plusieurs années, à fournir, (quasiment seul, et avec un fort sentiment d’avoir été abandonné par ses organisations traditionnelles), des combats extrêmement durs pour sa survie immédiate, va trouver le temps et l’énergie nécessaires à la défense des « retraites » présentée comme telle , c’est-à-dire présentée d’une façon exclusive et qui, en plus, (nous le savons bien compte tenu de la prééminence de l’idéologie de collaboration de classe portée par la CFDT et le PS dans cette lutte), risque fort de lui scier encore davantage les jambes?
Faire du combat pour les retraites l’axe central et « hégémonique » de la lutte de classe à l’heure actuelle est donc peut être une grossière erreur pour nous.
Il me semble en tout cas que la situation exige au moins de nous que nous puissions nous poser la question sans complexe, sans tabou.
On comprend bien pourquoi le PS et ses satellites ont des raisons de promouvoir cette façon de faire, et de s’en réjouir, pourquoi tout est fait pour que, pour eux, il en soit ainsi.
Se racheter une virginité (même bien usagée) à peu de frais auprès de celles et ceux qui votent encore, c’est toujours un objectif attrayant.
Mais nous, travailleurs, ouvriers, prolétaires, en réalité, nous n’avons qu’un intérêt très relatif, non pas à la défense de nos retraites, mais à cette pseudo-défense organisée ainsi.
Présenter le combat pour les retraites comme axe central prédominant, actuellement, dans cette période, en s'appuyant en outre sur le PS et la CFDT (qu'une grande partie des travailleurs ne peut plus voir en peinture), alors qu'on est restés globablement "silencieux" sur les luttes en cours, plutôt que de faire le choix d’unir le prolétariat en lutte sur ses propres revendications actuellement développées par lui-même, à savoir « emploi-salaires -conditions de travail », c’est en outre faire le choix idéologique de favoriser d'abord la défense des intérêts de la petite bourgeoisie, c'est-à-dire des cadres ou assimilés, des hauts fonctionnaires, des professions libérales et artisanales.
Eux se disent et disent publiquement, sans complexe « On a toujours des salaires corrects ou de bons revenus, nous, on n’est pas les plus fatigués à 60, 65 ans, on ne subit pas nos professions, on prend encore du plaisir à travailler, et donc, on peut penser à nos retraites, c'est-à-dire pour cela, au pire, cotiser un peu plus voire partir un peu plus tard ».
En outre, il se trouve que l’histoire démontre et a démontré moult fois que, depuis 1789, jamais la petite bourgeoisie ne fut un « fer de lance » révolutionnaire, ni même de réforme profonde de transformation sociale.
Elle ne le peut pas, compte tenu de sa position de classe dans le capitalisme. Si une fraction minoritaire adopte les causes de la classe ouvrière ce n'est jamais qu'in extremis. Sa fraction majoritaire (pour le moment) essaie de tenir ses positions propres ou adopte carrément des positions de la bourgeoisie.
Et il se trouve en outre que, pas si con que les médias veulent bien le dire, sans en avoir toujours une conscience claire, le peuple du travail, lui, apprend de l’Histoire. Cela, cette versatilité, ce caractère ondoyant et « mou » de la petite bourgeoisie, la masse du peuple du travail les connaît « intuitivement », le sait.
Force d’appoint, en partie, à certaines conditions, oui, mais pas plus…en tout cas, pas plus, à ce stade du développement du capitalisme en France.
Compte tenu de ces éléments objectifs, expliquez-nous, camarades « cadres du PS », vous qui êtes justement les représentants de la petite bourgeoisie et du petit capital, pourquoi la classe ouvrière (dont vous avez été les premiers à claironner « la mort »), pourquoi le prolétariat pauvre ou paupérisable, qui a déjà fort à faire dans des luttes quotidiennes, rejouerait la mauvaise plaisanterie de 1848, d’aller « se faire casser la gueule » en partie pour une sous-couche sociale non fiable, oscillante, qui les poignardera à nouveau dans le dos à la première occasion afin de rétablir ses prérogatives de classe, et le tout, en l’absence de contreparties réelles ?
D’autant que, de l'autre côté, nous avons les traditionnels leurres qui s’agitent, par exemple, en position « classique » (classique pour cette organisation) dirais-je, de "cavalier blanc", Force Ouvrière, qui se présente en première intention comme soutenant la position que je décris plus haut, mais qui, en réalité, n'a rien à voir du tout avec cela, puisqu'elle amène de façon sous-jacente les renoncements sur le sujet des retraites. Il n’est que de lire attentivement les déclarations de MM. Mailly et cie pour comprendre ce qu’ils veulent, eux.
Alors que ce que contient en germes, même parfois flous, la position initiale de toute une partie de la CGT (la plus importante je pense), c'est de tenter de « tenir TOUS les bouts ENSEMBLE », et de ne lâcher sur rien, de favoriser la lutte sur les questions d'emploi, de salaires et de conditions de travail justement pour ne pas reculer sur les retraites, et afin de permettre l’unification du prolétariat en lutte.
Et c’est bien cela, la position juste à l’heure actuelle. Il n’y en a pas d’autre à tenir.
4. En conclusion à ce stade et pour l'heure:
Une seule solution semble se dessiner pour tirer les marrons ( nos marrons !) du feu capitaliste :
D'abord, une fois pour toutes, ne pas colporter le mensonge que le capitalisme va s'écrouler de lui-même!
Que les organisations politiques et syndicales de classe et de masse (et donc, les êtres humains qui les composent de la base au sommet) prennent rapidement acte, officiellement et calmement, de cet état des choses ; qu’elles adoptent ensemble une nouvelle stratégie, en expliquant publiquement leur analyse du contexte actuel, analyse qui seule amène à cette réorientation, (ce qui impliquera en conséquence d’assumer aussi la rupture inévitable du pseudo « front uni »aux sommets), afin de mieux unifier les luttes réelles et en cours existant "à la base".
On ne part pas de rien, on ne s'appuie pas sur "du vent".
Qu'elles reviennent donc à la seule position de classe tenable à l’heure actuelle : le combat pour sauver nos retraites oui, (et plus encore !), mais qui doit se placer comme corollaire d’un combat principal plus vaste sur l’emploi, les salaires et les conditions de travail (avec en toile de fond la mondialisation, l’Union Européenne et la « zone euro ») .
Si on ajoute à cela l'ouverture nécessaire, il me semble, d'un front de lutte sur le sujet des fameuses "libertés publiques", non pas d'un point de vue "droit-de-l'hommiste", mais d'un point de vue très pragmatique, parce que la répression, policière, patronale, l'absence de liberté d'expression réelle de toutes les opinions politiques, ne facilitent pas le développement des luttes, alors nous aurons fait, pour l'heure, correctement, notre travail de syndicalistes, de militants, de communistes.
"L'histoire nous mord la nuque"?*:
L'heure est importante, sinon grave.
Ne nous berçons pas d'illusions, les solutions, qu'elles qu'elles soient, dans nos organisations, dépendent bel et bien au sens le plus littéral de NOUS.
Elles sont entre nos mains à nous, nous les "chevilles ouvrières", les militants. Leur mise en œuvre ne dépend, comme toujours, que de NOUS.
A ce titre, il est probable qu'une des premières révolutions à effectuer nous concerne NOUS, militants, directement.
Nous sommes à un tournant de l'Histoire et à un tournant de l'histoire de notre classe, tournants qui imprimeront pour de longues années et durablement leur marque sur nous, sur nos enfants, sur notre société, sur notre monde.
Et il faut prendre la mesure exacte de cette importance.
En conséquence, le temps, s'il n'est plus aux querelles de chapelles stériles, est néanmoins à la clarification politique.
L'heure n'est plus aux unités factices des appareils qui vont à hue et à dia, mais à l'union de tous les travailleurs (re)bâtie à chaux et à sable sur les fondations de notre réalité de classe.
Cette fois-ci, il se pourrait que nous soyons effectivement proches d'un immense bouleversement en tout cas en Europe.
Les braises grecques couvent sous la cendre européiste.
Mais quelle couleur aura la révolution qui se profile?
L'aube sera-t-elle brune?
Ou sera-t-elle, enfin, rouge?
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1 commentaire:
Bonjour La Louve ton analyse et juste et lucide,je suis entré dans le monde du travail et adhéré à la CGT voila maintenant bientôt trente ans et j'ai lentement vu la dégradation du combat syndical,la base isolée même à la CGT,la CFDT s'est installée dans la collaboration à l'arrivée de la gauche (oui enfin disons la social démocratie) et n'en est jamais ressortie,chaque fois que l'union syndicale se fait il faut tergiverser écrire réécrire les déclarations communes qui pour ne fâcher personne sont tellement édulcorée qu'elles sont incompréhensibles retranscrites en tract que l'on diffuse.La machine à broyer éducation nationale est passée par là et ça ne date pas des fillon et darcos c'est bien plus ancien,des milliers de gamins désorientés par déjà la mondialisation qui se préparait en licenciant leurs parents ont été "orientés" vers le monde du travail leurs profs jugeant que leur milieu social n'était pas favorable à l'apprentissage du savoir,sans connaitre ce qu'est un syndicat,un parti politique,une république,une grève un conseil de prud'hommes ils ont étés jetés dans la gueule du loup de petits boulots en galère qui se succèdent ils ont appris à résister,mais pas au capitalisme qui les bouffe jour après jour,non ils résistent au quotidien pour se loger se nourrir faire que la misère ne se voit pas trop à l'école de leur gamin et la le syndicat quand il existe dans leur boite lui non plus n'a plus les clefs pour fédérer animer raviver la flamme si ce n'est devant un licenciement une fermeture le reste on l'accepte on fait le dos rond on ne prend pas bille en tête le syndicat collabo intersyndicale oblige,mais merde on va t'ont aller comme ça.C'est parfois rageant et quand j'entends les politiques (j'ai adhéré au PG) et notamment au PG ou mélenchon fait sans cesse référence à l'Amérique du SUd la révolution par les urnes on vote on vote;Ben la aussi je me dis foutage de gueule car l"élite du PG comme malheureusement celle du PCF ne veut plus mouiller la chemise a faire du terrain on bloge on surfe on comprends on est camarade mais merde un ouvrier c'est pauvre......Pour finir je crois qu'il faut apprendre à chacun d'entre nous à ne plus obéir a notre syndicat à notre parti et se préparer a foutre un grand coup de pied dans la fourmilière. Fraternellement valentin
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