lundi 3 mai 2010

FAKIR: "opération spéciale « De l’argent, y en a ! »"


Avant la lutte sur les retraites, Fakir se décarcasse : nous apportons notre pierre dans la bataille des idées. Avec toute une gamme d'outils : supplément papier, mini-pièce de théâtre, fichier PDF, affiche en BD, émission de radio… Autant de formes différentes, mais pour servir la même idée : éclairer un point du débat économique, et pourtant central, le partage de la valeur ajoutée.

Depuis 1983, l’INSEE évalue à 9,3 % du PIB les richesses qui ont glissé de la poche des salariés à celle des actionnaires.

C'est cela, le "hold-up tranquille" contre lequel Fakir entre en guerre.


Partage de la valeur ajoutée : le hold-up tranquille

« La part des profits est inhabituellement élevée à présent (et la part des salaires inhabituellement basse). En fait, l'amplitude de cette évolution et l'éventail des pays concernés n'a pas de précédent dans les 45 dernières années. »

D’où sont tirées ces lignes ?

On croirait une communication de la CGT ?

Ou un discours d’Olivier Besancenot ?

Au contraire : ce passage est extrait d’un article de la Bank for International Settlements. La Banque des Règlements Internationaux. Une institution qui réunit chaque mois, à Bâle, en Suisse, les banquiers centraux pour « coordonner les politiques monétaires » et « édicter des règles prudentielles ». Dans leur Working Papers N°231, daté de juillet 2007 et titré Global upward trend in the profit share (« Hausse tendancielle mondiale de la part des profits »), eux insistent pourtant sur les « hauts niveaux de la part du profit inhabituellement répandus aujourd'hui », sur cette « marge d'une importance sans précédent », sur cette « preuve à la fois graphique et économétrique d'un fait particulier concernant le partage des revenus dans les pays industrialisés : une poussée à la hausse de la part des profits au milieu des années 80, ou son pendant: une poussée à la baisse de la part des salaires » et ainsi de suite sur vingt-trois pages.

Ce sont donc les financiers eux-mêmes qui dressent ce constat, avec étonnement : jamais les bénéfices n’ont été aussi hauts, jamais les salaires n’ont été aussi bas, un déséquilibre inédit depuis au moins un demi-siècle, et vrai pour l’ensemble des pays industrialisés.

Et cette analyse ne souffre d’aucune contestation : d’après le Fonds Monétaire International, dans les pays membres du G7, la part des salaires dans le Produit Intérieur Brut a baissé de 5,8 % entre 1983 et 2006. D’après la Commission européenne, au sein de l’Europe cette fois, la part des salaires a chuté de 8,6 %. Et en France, de 9,3 %. Dans le même temps, la part des dividendes dans la valeur ajoutée passait de 3,2 % à 8,5 %. Un quasi-triplement.

Combien ça coûte ?

Enoncés ainsi, ces 9,3 % paraissent abstraits. Ils représentent en fait des montants colossaux – qui ont des conséquences très concrètes dans notre vie quotidienne.

Qu’on les évalue, d’abord :

Le PIB de la France s’élève, aujourd’hui, à près de 2 000 milliards d’euros. « Donc il y a en gros 120 à 170 milliards d’euros qui ont ripé du travail vers le capital, calcule Jacky Fayolle, ancien directeur de l’IRES – Institut de Recherche Economique et Social.

- 120 à 170 milliards par an, alors ?
- Pour aller très vite, c’est ça. »


Même avec des estimations basses, le seuil des cent milliards d’euros est largement dépassé. Soit plus de dix fois le « trou » de la Sécurité sociale en 2007 (dix milliards, l’année d’avant la crise), cinq fois celui de 2009 (22 milliards d’euros, crise oblige). Une vingtaine de fois celui des retraites (7,7 milliards d’euros). Des « trous » amplement médiatisés, tandis qu’on évoque moins souvent celui, combien plus profond, creusé par les actionnaires dans la poche des salariés…

« C’est un hold-up géant dont on ne parle pas, ça ?
- Oui,
tempère Jacky Fayolle, sauf que le mot hold-up est trop brutal pour parler d’un changement qui cumule tout un ensemble de facteurs : le poids du chômage, les politiques économique, les changements de la gouvernance des entreprises depuis une vingtaine d’années. »


Ces 9,3 % devraient, par le gigantisme des sommes en jeu, des centaines de milliards d’euros, ces 9,3 % devraient s’installer au cœur du débat.

Quand Nicolas Sarkozy intervient, à la télévision, et déclare « si nous voulons sauver notre système de retraite, nous ne pouvons plus différer les décisions. Tous les chiffres sont sur la table », un chœur devrait s’élever dans le pays citant un chiffre qui n’est pas « sur la table » : 9,3 %. Quand le même revient à la télé, et déclare « Il faut plus d’argent contre Alzheimer, plus d’argent contre le cancer, plus d’argent pour les soins palliatifs, mais où est-ce qu’on les trouve ? où est-ce qu’on les trouve ? », on pourrait lui apporter la solution : qu’il retrouve ces 9,3 % dans les portefeuilles de ses amis du Fouquet’s.

Toute la contestation des « nécessaires réformes en cours » pourrait, inlassablement, s’appuyer sur ces 9,3 %. Or, c’est à l’inverse qu’on assiste : cette donnée majeure est quasiment effacée de la sphère publique, éclipsée dans les médias, à peine mentionnée par les politiques. Un point central de l’économie en devient le point aveugle.

C’est pourquoi Fakir vient apporter ses lumières…

SOURCE:

http://www.fakirpresse.info/

2 commentaires:

Anonyme a dit…

De l'argent, ya qu'à le piquer dans les poches des retraités : http://www.youtube.com/watch?v=000G2zXwAVc&feature=player_embedded

Anonyme a dit…

dans la même veine, de discours de sources techniquement pertinentes, c'est à dire de gens réellement analystes du fonctionnement d'un système, ici, en l'occurence, le système économique capitaliste, ailleurs, de sources idéologiques récupérées par les tenants du système capitaliste, Chomsky explique et indique comment Adam Smith met lui-même en garde les gouvernements contre les risques qu'il observe en germe et qu'il intuite, de perversion du système économique, par le développement de certains intérêts particuliers au détriment de l'intérêt économique général.

voir notamment cet article : http://www.legrandsoir.info/Chomsky-L-education-est-ignorance-Extrait-du-livre-Class-Warfare.html

ça fait donc très longtemps, que des "techniciens" montrent les défauts, les perversions, les malfaçons, générant les disfonctionnements du système dont ils sont les "ouvriers".

ça fait très longtemps qu'il y a une coupure, une frontière, un mur, entre les regards des "techniciens" ou scientifiques, au sens d'ouvriers, c'est à dire de transformateurs de matière et donc d'information, et les dirigeants de tous les régimes !

les uns cherchent à faire fonctionner une machine : ils n'ont d'autres ambitions que celle "du truc qui marche".

les autres, ben on se demande depuis fort longtemps par quoi ils sont motivés : y'a qu'à se souvenir de la mort de Socrate !

le problème c'est celui de la motivation des individus nécessaires aux postes de coordination d'activité : on sait tous, surtout quand on est issu de métiers très techniques, genre mécanique, même artisana, qu'on ne peut pas être le nez sur l'établi ou sur l'échaffaudage à être dans son travail qu'est aussi son identité, donc quelque part sa fierté, et faire le lien avec les autres acteurs, genre le gars qui travaille à l'autre bout de l'atelier, le client, le fournisseur etc... donc qu'on a besoin du gars qui lève le nez de l'établi pour aller voir ailleurs ce qu'il y a à prévoir etc...

mais dès la base, y'a chez ce gars là, la possibilité de sur-valorisation de son rôle puis de sa hiérarchisation par rapport à celui des autres et donc de la hiérarchisation des personnes et des classes de regroupement des personnes en fonction donc de leur position dans l'organigramme, initialement fonctionnaliste, des activités.

et donc à partir de là, y'a motivation d'intérêt d'orgueil, puis d'amalgame entre position sociale, rôle mécanique, rôle économique, rôle financier etc...

et perte totale du sens de l'intérêt initial qui a fait que le "chef" au départ était au service des copains !

alors à la sortie, on a des chefs qui ne comprennent rien de ce que font leurs ouvriers, que ce soit le mécanicien, le comptable, l'économiste, le météorologue, le géochimiste, le mathématicien, le juriste...

mais qui les jugent parce qu'ils sont chefs !

qui les jugent parce qu'ils ont le fric et le pouvoir.

qui les jugent parce qu'ils sont l'expression de cet orgueil inhérant à leur position "au dessus de la mêlée"...

Les gens du Chiapas disent "commander en obéissant, obéïr en commandant"

l'implicite, c'est le sens du devoir et pas celui de la liberté !