Il a été un des photographes fondateurs de l'agence de presse Sygma (aujourd'hui rachetée par Bill Gates) et a, dans ce cadre et avec d'autres - photographes, éditorialistes...- ( Alain Dejean, Frédérique Hibon, Hubert Henrotte, Jean Louis Gazignaire, Patrick Chauvel etc) contribué à écrire parmi les plus belles pages du photojournalisme français.
Certaines de ses photos ont fait le tour du monde.
Il a couvert (et couvre toujours, mais désormais en "free lance")des sujets aussi divers que la grève des mineurs en Angleterre, Mai 68, la famine au Sahel, les funérailles de Franco, les derniers jeux olympiques de Pékin, il a roulé sa bosse en Amérique du sud, en Asie, en Afrique, pendant la guerre, en temps de paix, en pleine campagne électorale, ici et là, avec une prédilection pour les sujets socio-politiques, et le milieu des arts et des spectacles...
Un regard toujours interrogateur, honnête, lucide, sans parti pris, capable aussi d'une approche quasi esthétique, et qui laisse une grande liberté d'appréciation et d'interprétation au lecteur.
Avec ce type d'homme, qui en aurait à raconter à plus d'un, on est loin des petits trafiquants qui retouchent "le poids des mots et le choc des photos"...Alain est, avec d'autres, un représentant de cette profession qui n'existe plus désormais, ou quasiment plus, et qu'on appelait "reporter".
Il s'agissait d'hommes et de femmes qui partaient chasser l'image au bout du monde, pour rapporter, parfois au péril de leur vie; des hommes et des femmes qui furent des témoins d'un 20ème siècle ahurissant et assourdissant, au cours duquel se tissèrent tant de ces noeuds qui nous étranglent aujourd'hui.
Vous retrouverez plus de 5000 photos qui couvrent 40 ans d'histoire ici, sur le site qui lui est ouvert chez Corbis. Je vous conseille d'aller y jeter un oeil vous y trouverez des choses amusantes, belles, émouvantes, ou choquantes.
J'en profite pour remettre ici quelques réactions suscitées par le rachat de Sygma et le licenciement de plus de 40 photographes en 2002 par Bill Gates, parce que ce genre d'incursion du monde des affaires et de la finance dans le journalisme, au cœur d'une activité fondamentale (celle de la photographie de journalisme) n'est évidemment pas étranger à ce que nous vivons aujourd'hui....
"Je suis scandalisé par la désinvolture et la cruauté des licenciements massifs par Corbis, de 42 photographes de Sygma. La compilation d’une banque d’images aussi bien fournie qu’elle soit, n’égalera jamais un travail d’auteur. D’un coté c’est une machine, de l’autre un être vivant et sensible. Corbis n’offre pas le choix."
Henri Cartier Bresson
"Quatre-vingt-douze licenciements chez Corbis Sygma, dont quarante-deux photographes. La gifle est inadmissible et, surtout, totalement injuste. Il faudrait que les grands faiseurs de fric, les financiers de haut rang, statufiés devant leurs ordinateurs et leurs courbes de rentabilité, réalisent que des hommes, tout simplement, essaient de vivre derrière leurs boîtiers photo. On ne peut mépriser le talent, la sensibilité et l’avenir de ces hommes et de leurs familles, qui ont choisi un jour de vivre de leurs images et qui ont fait - et c’est pour moi l’essentiel - la réputation de Sygma. Il est intolérable d’apprendre en Afghanistan, dans le danger réel et concret, que l’on est viré après vingt-deux ans. Je ne peux que m’incliner devant la peine et la colère de ces reporters que j’ai côtoyé sur le terrain durant quarante ans. C’est modestement mais fermement que je leur apporte ici un soutien moral, confraternel et avant tout amical."
Christian Brincourt, grand reporter
A lire: Jean-Louis Gazignaire, Hubert Henrotte (dir.), "Le Monde dans les yeux. Gamma-Sygma. L’âge d’or du photojournalisme ", Paris, Hachette Littératures, 2005, 286 p., 21,50 €.
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1 commentaire:
Salut Elodie,
Cet article me touche personnellement car je suis un amateur de photos.
En effet,c'est extraordinaire, avec la photo on "capture "l'instant,le paysage qui demain n'existera plus,le monument qui sera détruit ...etc
Et ces grand reporters photos nous font voir l'histoire du monde,notre histoire.Il suffit de voir les photos prises pendant la dernière guerre,sur les camps de la mort,sur les déportations,Sur les crimes commis,sur les charniers,et bien d'autres choses encore avec lesquelles la pédagogie est rendue plus simple et plus crédible pour raconter ce qu'était par exemple,le rôle des flics durant toute la guerre à nos enfants.
Et le Palais des Merveilles ,s'il n'avait pas été pris en photos ,que pourrions nous expliquer aux gosses?Rien,ou plutôt si,qu'il était beau...léger ,non?C'est d'ailleurs valable pour Bagdad qui était une ville superbe.
Ces gens,reporters,qui toute leur vie nous montrent l'état de notre planète (que nous léguons à nos enfants)qui nous aident à comprendre les conflits qui ne manquent pas de par le monde, sont des femmes et des hommes formidables qui, souvent au risque de leur vie,nous font partager leur passion en nous informant de manière VRAIE,SINCERE ET HONNETE doivent,d'un point de vue Capitaliste, disparaître;ils et elles nous font voir des choses qui bien souvent nous révulsent,voire nous révoltent,telle la guerre en Afganistan par exemple.Et ça ce n'est pas bien,nous avons la télé qui nous montre les images prises par les militaires,cela doit nous suffir et pis c'est tout.
Combien de fois reporters et photographes nous ont amené des vérités sur ces messieurs qu'on nomme grands et nous ont donc montré des choses que nous n'avions même pas à savoir? Pourquoi ne pas se contenter des émissions comme celles de Delarue,Moati et même Mireille Dumas,hein?
Tout ça donne envie de gerber mais cela fait partie de la démocratie qui fait,de plus en plus, place à la dictature.
SOUTIENT INCONDITIONNEL A TOUS CES REPORTERS.
Fraternellement à toustes
François
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