Faut-il jeter aux orties le concept que traduit la "dictature du prolétariat"?
Beaucoup de gens, y compris des communistes ou des marxistes chevronnés, ont tendance à dire "oui". D’ailleurs, c’est ce que l’appareil dirigeant du PCF a acté, dans sa grande majorité (qui n’est pas nécessairement celle des militants), lors de son XXIIè congrès ( mais aussi, beaucoup plus discrètement, la LCR lors de son XVè congrès en 2002 ou 2003, où la notion est passée "gentiment" à la trappe sans tambour ni trompette...).
Faute d’un travail théorique suffisant, faute d’une volonté politique également, il faut le dire, qui permette un "Autrement", on a préféré jeter le bébé avec l’eau du bain (et cela annonçait une ligne idéologique dramatique dans le Parti, qui consisterait à reprendre purement et simplement à notre compte la critique BOURGEOISE du stalinisme en la faisant passer pour une critique du communisme, voire pour certains du marxisme même - nous y reviendrons...).
Dommage, car ce débat n’est pas clos, il n’a jamais été autant d’actualité et il demande un travail sérieux et approfondi de notre part.
Mais ce n’est pas parce que "les appareils ont décidé" qu’il ne fallait plus y penser, que nous devons, servilement, cesser d’y penser (le voudrions-nous, nous qui sommes engagés, souvent, dans les luttes quotidiennes du terrain, nous ne le pourrions pas en fait, tant ce questionnement nous heurte de plein fouet plusieurs fois par jour...)
"Dictature" : le mot a un sens horrible dans son acception moderne (mais qui évidemment n’était pas le même pour Marx et Engels au milieu du XIXème siècle, où ces gens encore pétris de leurs "humanités", parlaient de dictature pour parler de tyrannie ou de despotisme au sens antique.) Il évoque, et c’est légitime, car nous pensons avec notre temps, plus Mussolini ou Franco, que notre idéal communiste !
Oublions le mot un instant et concentrons-nous sur ce qu’il désigne, et sur son histoire : un pouvoir absolu ou presque, une toute puissance d’un corps sur un autre (plus tard, on y adjoindra l’idée de domination par la force, la violence , la contrainte mais à l’origine ce n’est pas forcément le cas....) - il est amusant de constater qu’un des fondateurs de la pensée libérale moderne (et donc, un parent lointain de nos chers "démocrates") , Voltaire, vénérait quasiment Frédéric II de Prusse qui fut un modèle de "despote éclairé", ou Catherine II de Russie. (Bref, tout cela pour rappeler qu’il y a une bonne part de contextuel dans les mots , et qu’il ne faut pas oublier l’époque à laquelle tel ou tel concept a été forgé).
Revenons en donc au sens "primaire" ou "premier" du mot "dictature" : le pouvoir de l’un sur les autres, sans limitation extérieure type "loi", "cour suprême" etc (ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas de limites mais il faut savoir lesquelles elles sont).
"Dictature du prolétariat", dans la bouche ou sous la plume d’un communiste, donc, cela ne peut assurément pas se comprendre sans avoir une vision d’ensemble du "paysage global".
C’est en opposition d’abord, et évidemment, avec la "fausse démocratie de la bourgeoisie", qu’il faut prendre cette expression en compte.
Peut être que nous avons eu la chance d’oublier ce siècle dernier, progressivement, le pouvoir que cette dictature de la bourgeoisie imprime à nos existences, pourquoi et comment elle elle fait - c’est à dire ce contrôle quasi absolu que les représentants de cette classe, de cette minorité, exercent sur nos vies sinon sur nos corps mêmes - (que l’on passe de Marx à Bourdieu à Foucault à Debord en revenant à Engels, à Lénine...qu’on ouvre, tout simplement, les yeux, et alors on le voit bien, ce pouvoir !).
Enfin si nous l’avions oublié , nous visons depuis plusieurs années ,de quoi nous le rappeler, chaque jour plus fermement...
Mais aujourd’hui, - "à quelque chose malheur doit être bon"- , il est manifeste que le comportement politique et social des représentants des intérêts de la classe bourgeoise à l’échelle européenne sinon mondiale, ne peut que nous rappeler brutalement à la réalité de la lutte des classes.
C’est une occasion pour nous communistes de dénoncer sans relâche, en la démontrant, cette véritable dictature de la bourgeoisie. C’est l’occasion pour nous de faire sauter le masque théâtral de ce pouvoir politique et de dénoncer : "voilà la fausse démocratie libérale, c’est la vraie dictature de la bourgeoisie !"
Ce masque sautera d’autant mieux que nous pourrons mettre en avant un des concepts majeurs du communisme moderne, celui de "démocratie prolétarienne" comme figure exemplaire de la "vraie démocratie".
Il ne peut pas y avoir de démocratie réelle sans que la représentation de la classe dominante socialement corresponde politiquement.
Représentation au Parlement oui, mais aussi représentation dans les corps de l’Etat, dans la formation, dans les lieux de pouvoir...
Mais il ne peut pas y avoir cette correspondance dans la réalité si l’on n’enlève pas les obstacles idéologiques à cette représentativité réaliste (obstacles i.e. censure des expressions et idées communistes et occupation de la gauche socialiste par des fantoches sociaux-libéraux notamment).
En d’autres termes, tant que nous n’avons pas (et tant que nous ne prenons pas, et tant que nous ne nous donnons pas), les moyens d’occuper politiquement notre espace, les moyens de faire (re)naître la conscience de classe, les moyens de "repolitiser" les masses de nos frères, (et sachant que bien sûr, tout cela n’est pas une mince affaire, mais ce n’est pas infaisable !), tant que nous ne faisons pas nous communistes, syndicalistes, "chevronnés", tout ce travail, nous n’aurons pas la représentation politique adéquate.Nous ne l’aurons pas dans les assemblées et nous ne l’aurons pas dans les têtes - bien plus grave ! -
Non pas que cette représentation parlementaire doive être l’alpha et l’oméga de notre action, de notre pensée - non, puisque nous sommes des révolutionnaires !
Mais elle n’est pas négligeable, elle a une importance (pas pour nous, ni pour un parti, mais aussi pour les intérêts de classe que nous représentons dans les institutions bourgeoises), et surtout , cette représentation adéquate, elle est le symptôme de l’efficacité (ou pas) de notre travail, de la valeur de ce que nous faisons.
Concrètement, par exemple : les salariés en général, sont majoritaires dans ce pays , et largement puisque nous représentons plus de 75 % de la population active. Et pourtant, regardez la représentation sociologique des assemblées, vous serez surpris de voir combien nous y sommes peu nombreux, en fin de compte ,et que parmi ceux que nous avons, beaucoup n’ont plus effectivement travaillé depuis 25 ou 35 ans !
Ce concept de "démocratie prolétarienne" ou de "vraie démocratie" (c’est à dire un régime où les mots correspondent à la réalité, et où le peuple - c’est à dire la majorité d’entre nous - est représenté et a les moyens de gouverner à sa juste valeur et en proportion de son nombre - ) est corolaire de la politisation, de la possibilité de laisser chacun-e se saisir à nouveau de la politique, de la vie politique.
Nous sommes aujourd’hui, pour des tas de raison (sur lesquelles nous devrons revenir rapidement), dans une véritable apogée de la dépolitisation des masses , sinon d’une dépolitisation "de masse" .
Bref, ce concept de "démocratie prolétarienne" doit être expliqué, il doit être retravaillé, à commencer, d’abord , au sein des partis dit communistes, il doit servir d’abord à dénoncer la dictature de la bourgeoisie puis à populariser la possibilité de la révolution et à jeter les bases d’une création politique nouvelle.
Il doit être construit théoriquement, mais d’un point de vue communiste, c’est à dire toujours marxiste - ( et en nous fondant notamment sur des analyses de classe de la population, de l’état de la lutte des classes au "moment T", sans prendre nos désirs pour la réalité mais en acceptant de se confronter enfin aux classes, aux masses, aux mouvements populaires, en prenant acte de leur état de conscience, de leurs désirs, en écoutant ce qu’elles disent, ce qu’elles veulent, même si cela "ne nous plaît pas" !).
Nous devons faire revenir la vraie politique (et non pas le succédané à peine réchauffé qu’on nous sert depuis des années) dans notre camp, entre nos MAINS.
Le pouvoir, la révolution qui nous est nécessaire, ne peuvent passer que par là.
Par la prise de conscience et par le désir de ne plus se laisser déposséder de ce bien fondamental qu’est l’action politique au sens large.
Tant que nous n’aurons pas trouvé le moyen de grandir, de sortir de cette minorité sous tutelle, la révolution ne sera qu’un mot ,qu’une utopie et fera potentiellement plus de mal que de bien. Or force est de constater que malheureusement c’est encore ainsi , comme des adolescents un peu "attardés", que se comportent aujourd’hui la plupart d’entre nous. De même, les partis dits "de gauche" et notamment les partis communistes , doivent revoir leurs relations avec "le dehors" .
Quitter cette adolescence ,se diriger vers la possibilité d’une démocratie prolétarienne , ça commence par se lever ,se dresser, y compris sans les partis, au besoin même contre ces partis. Accepter de prendre la part de travail qui nous revient, accepter donc, aussi que nous avons les capacités, les talents, nécessaires pour le faire , en un mot, nous aimer suffisamment pour prendre nos vies en mains - admettre que, si nous sommes assez "raisonnables" pour voter, pour travailler, pour payer nos impôts etc ( et la contrainte n’a qu’une part restreinte ici) nous sommes également assez raisonnables pour dire "Ca suffit, je reprends mon POUVOIR".
On ne peut pas continuer comme ça ,avec ce simulacre , où le Parlement est squatté par des membres aguerris de la caste politique, des hauts fonctionnaires, des professions libérales, des PDg, des cadres supérieurs.
Où est la représentation adéquate de la population française? Où sont les petits salaires, les travailleurs, les SMICARDs, les chômeurs, les ouvriers, les retraités de la fonction publique, les étudiants, les pauvres???? Où sont les personnes de couleur, les représentants de l’immigration? Où sont les (jeunes) femmes (comme dirait l’autre...), les familles, les parents? Où sont les salariés d’active (et pas ceux qui le furent mais ne le sont plus depuis 25 ans !)
Il faut envisager un autre horizon, un horizon qui ne se satisfasse pas des limites très étroites dans lesquelles la bourgeoisie enferme la possibilité politique du prolétariat. Il y a des idées à creuser, à développer pour ce faire, nous y reviendrons à un autre moment.
Sortir de cet état de marasme où nous coulons actuellement, d’une manière ou d’une autre, ce serait déjà un énorme pas , sinon un début de révolution. Je considère que nous serons en train de toucher du doigt un début intéressant quand les électeurs et électrices se constitueront en comités qui jugeront les politiciens, les élus , quand nous manifesterons sous les fenêtres du PS pour réclamer qu’ils arrêtent de trahir , qu’ils rendent leurs mandats lorsqu’ils "font faillite" .
Nous aurons un début intéressant quand nous, communistes proposerons un projet de démocratie prolétarienne, pas une "6ème" ou une "7ème république", non , je parle d’ un autre régime politique, qui n’oublie ni la lutte des classes ni la révolution.
Un projet d’institutions politiques qui puisse fonder et stabiliser ce régime, et permettre le dépérissement de l’Etat , la transition vers une autre société .
Notre projet de société pour le 21ème siècle il est là , il me semble, et il tient en deux mots : " démocratie prolétarienne".
Le pouvoir aux salariés, tout le pouvoir, pour les salariés, par les salariés, contre la dictature de la bourgeoisie et le capitalisme. Le salarié (actif ou pas) comme premier critère de la citoyenneté. Les salariés comme première force politique du pays, de l’Europe.
5 commentaires:
Bonsoir , juste pour vous dire que je trouvais votre blog assez intéressant
je suis lycéen, j'ai 15 ans en seconde. j'ai donc trouvé votre intéréssant !
Salut Elodie,
Si il y a un concept auquel je suis profondément attaché c'est bien celui de la dictature du prolétariat.Mais voilà dans dictature du prolétariat il y a "dictature".
Je me souviens d'une interview de Renaud(ancien chanteur engagé,mort depuis pas mal de temps)qui ,à la question: "que pensez-vous d'Arlette,de LO,êtes-vous d'accord avec eux? Répondait:"non ,car ils prônent la dictature du prolétariat et la dictature n'est jamais bonne d'où qu'elle vienne,de gauche comme de droite"...
Ce salaud,qui lui savait,s'est servi du seul mot dictature de manière à éluder la question.Et,pour beaucoup de gens ce qu'il a dit est vrai.
Tu préconises "la démocratie populaire" qui n'est rien de moins que l'aboutissement de la dictature du prolétariat:La Révolution.
Je trouve cela très bien mais à condition (d'ailleurs tu le dis très bien) d'EXPLIQUER.Car sans explication cela risque de connoter "droit de dire ce que l'on veut pour tous","droit à l'expression pour tous".
Il va nous falloir mettre une sacrée dose de pédagogie.
T'imagines l'innommable dire "l'extrème gauche veut la démocratie prolétarienne?Ils l'ont déjà,en France on peut dire ce que l'on veut..."
Il ne faut pas sous estimer l'ennemi qui est prêt à tout.
Cela dit avec le mot dictature il peut là-aussi tourner ça en notre défaveur.
Donc en avant pour la démocratie prolétarienne !!!
Fraternellement à toutes et tous.
François.
"Reculer sur les mots, c’est reculer dans ses idées, donc reculer dans ses principes et dans ses actes."
Cette phrase résume les arguments de ceux qui en restent (purs et durs mais quelque peu figés et bloqués) au langage d’une époque antérieure à toute une période historique où les déviations de la gestion de l’Etat menée par les communistes soviétiques ont porté atteinte dans les faits, au sens véritable et profond de l’expression "dictature du prolétariat".
A savoir : transformation du sens de "prise en mains par le prolétariat et pouvoir de gestion et de contrôle du prolétariat dans les affaires de l’Etat" en "pouvoir d’un parti unique" (bien sûr sensé représenter les intérêts du prolétariat), mais au sein duquel la contestation et la confrontation d’idées ont fini par être muselées - (par commodité et facilité de gestion sans doute car les difficultés étaient nombreuses, mais aussi par le jeu des égos et de l’ambition égotique et parce que l'équipe dirigeante était plus une caste proche de la bourgeoisie que de vrais prolétaires) - pour devenir un regrettable "pouvoir personnel dictatorial" avec les ombres et déviations que l’on sait.
Même si, rejetant la critique bourgeoise et manipulatrice du stalinisme nous faisons une critique marxiste, il n’en reste pas moins que : quelles qu’en soient les raisons et les causes, et malgré d’incomparables grandes avancées sociales, culturelles et économiques par rapport au régime tzariste, on ne peut même plus dire avec une belle désinvolture mais toujours dangereuse (vu ce qui couve toujours sous la cendre des égos humains) "la fin justifie les moyens" puisque l’expérience n’a pas abouti et que l’URSS et son socialisme n’existe plus.
Ce n’est pas tant l’idéologie bourgeoise qui a déformé la notion initiale du concept de l’expression "dictature du prolétariat", mais son application progressivement déviée dans les faits (quelles qu’en soient les causes) par les pionniers de la construction du socialisme que furent les communistes russes. Dès lors, la Bourgeoisie avait beau jeu d’utiliser et de manipuler les erreurs et les failles à son profit personnel.
D’autre part, indépendamment du fait que nous vivons sous la dictature de la bourgeoisie capitaliste, tous les dictateurs des sociétés humaines ont laissé une image pour le moins toujours négative dans l’histoire.
Hitler, Franco, Mussolini, Pol Pott, de plus en plus Sarkozy, entre autres et ... Staline sans circonstances atténuantes, car c’est quand même triste - hier comme aujourd’hui - que lorsque l’on s’appuie sur la philosophie marxiste on n’ait pas une conscience aigüe des pièges du pouvoir et des gardes-fous structurels, organisationnels de "démocratie prolétarienne" (bien belle et pertinente expression) à mettre en place et à appliquer.
Or, à plus forte raison si l’on considère les arguments ci-dessus => dans dictature il y a dictateur et vice-versa. Que nous le voulions ou non cela fait sens dans la signification des mots et dans l’imaginaire des gens.
Et la révolution, on la fait aussi avec l’imaginaire, la compréhension et la motivation claire et sans ambiguïté des gens, pas à coups d’expressions marxistes totemnisées par un intellect sec et exclusif,(je viens de lire l'échange sur Bellaciao) aveugle à l’importance du phénomène linguistique qui bouge avec le temps, résolument insensible => (parce que ça fait plus révolutionnaire !!!????) aux conséquences à tous les niveaux (politiques et humains) des faits historiques et à la charge émotionnelle des mots porteurs d’images et de réminiscences douloureuses pour bien des gens et qui empêchent l’ouverture à nos idées communistes et à nos propositions de rupture avec le système capitaliste.
Pour ma part, c’est bien parce que je suis d’accord avec le concept initial de "pouvoir du prolétariat et démocratie prolétarienne" que je tiens compte des éléments de réflexion ci-dessus.
Et si je trouve l’expression "dictature de la Bourgeoisie" parfaitement appropriée, non seulement au sens de la notion initiale mais aussi et surtout pour toute la charge négative que le mot dictature a emmagasiné au cours de l’histoire, je trouve, pour toutes les raisons expliquées plus haut, que l’expression "dictature du prolétariat" est aujourd’hui dommageable et inapproprié pour les mêmes raisons.
La grande Bourgeoisie, elle, en est bien consciente, et avec son intelligence machiavélique coutumière exploite idéologiquement cet aspect émotionnel et psychologique des faits et de l’histoire en agitant des épouvantails pour éloigner ceux qui n’ont que leur force de travail de notre projet de société, pendant que nous continuons à répéter ingénument peut-être mais avec entêtement des mots désormais à double sens en restant résolument aveugles sur le fait que leur signification intellectuelle initiale, ne correspond pas à la signification émotionnelle et tragique portée, imprimée, ressentie dans la tête, le coeur et la conscience des gens 1 siècle plus tard.
Faire l’impasse sur cette réalité me semble dommageable pour la lutte idéologique intense autant que subtile que nous aurons à mener pour gagner les consciences et inciter à la réflexion et à l'action contre la dictature de la bourgeoisie capitaliste et pour instaurer le pouvoir et la démocratie prolétarienne.
Je parle du mot "dictature" et de rien d’autre et je dois dire que l’expression "démocratie prolétarienne" me semble déjouer parfaitement les manipulations perverses de l’idéologie bourgeoise en nous permettant de parler (sans ambiguïté et interprétation erronée possible) du concept initial (largement explicité par les intervenants), tout en nous permettant de gagner du temps au lieu de le perdre dans des justifications d’expression qui n’en finissent pas de se heurter à l’AMBIGUITE TRAGIQUEMENT EVIDENTE du mot qui réveille bien des suspicions, des résistances et des doutes difficiles à éliminer par les discours intellectuels.
Mais ce n'est bien sûr qu'un aspect du problème et bien d'autres aspects plus concrets et pratiques sont à explorer.
Maguy
Dans la dictature du prolétariat il y a une dimension importante : la volonté d'abolir le capitalisme sous sa forme actuelle.
C'est à dire faire disparaitre la propriété privée des moyens de production dans les mains de quelques uns et son mécanisme d'accumulation du profit dans les mains des bourgeois.
Démocratie prolétarienne me semble moins fort dans le sens où finalement on ne sait pas si cette démocratie tolérera le capitalisme même à faible dose.
De toutes manières quelles que soient les formulations utilisées le pouvoir bourgeois trouvera toujours les moyens d'attaquer ceux qui mettent en péril leur domination sur les forces de travail.
Il faut arrêter de se complexer avec le passé communiste. Assez de flagellations ! L'expérience du siècle passé s'inscrit dans une période historique particulière.
Je défie ici de savoir ce qu'il aurait fait pendant la guerre en URSS dans ces toutes premières heures et plus tard devant la barbarie Nazie dont seule l'armée rouge nous a libéré.
Nous ne sommes pas obligés de participer à la propagande capitaliste quand celle-ci continue de répandre crimes et misère au nom de la liberté.
Seulement depuis de nombreuses années nous reculons sous les coups. Au PCF la seule évocation de la dissolution du Parti en dit long. Après les mots, les symboles, les idées et maintenant l'esprit révolutionnaire. C'est de la capitulation.
Quand au PCF allons-nous réellement repasser à l'offensive, sans concessions ?
Fraternellement,
Daniel
"Tout se perd et rien ne vous touche,
Ni mes paroles ni mes mains
Et vous passez votre chemin
Sans savoir ce que dis ma bouche"
Aragon
Daniel,
Il n'est absolument pas question d'autoflagellation : je ne me sens absolument pas responsable de ce qui s'est passé dans l'histoire de l'URSS et de la gestion des communistes soviétiques, et j'ai quitté le PCF quand il m'a semblé que le sempiternel et désinvolte (globalement positif)concernant des pratiques bureaucratiques empêchait une critique salutaire pour les communistes soviétiques comme pour le PCF et l'image du communisme dans le monde.
Ni de prêter main forte à la litanie des discours capitalistes.
J'ai réadhéré au PCF avant les présidentielles, parce que je ne supportait pas le discours de la droite à travers les médias sur la disparition du PCF.
Je ne suis simplement pas convaincue que faire l'impasse sur l'impact du DOUBLE SENS (dont 1 particulièrement traumatique) du mot "dictature" sur l'imaginaire, l'émotionnel et la motivation claire et résolue de l'engagement politique des gens sur les valeurs et les buts communistes.
Je ne suis pas convaincu que vouloir passer en force avec une expression qui permet l'amalgame et la propagande anticommuniste, avec toute la perte de temps de justificatifs ou explications et des contre argumentations sans fins (aussi justifiés que les nôtres vu l'incapacité des premiers pionniers communistes à éviter les pièges de la bureaucratie et du pouvoir personnel)nous aide à avancer rapidement et efficacement dans la conquête des esprits et des masses laborieuses à notre projet d'abolition de la dictature capitaliste.
C'est bête d'un point de vue marxiste et intellectuel, mais à cause de ce DOUBLE SENS TRAGIQUEMENT EVIDENT et INDELEBILE, les gens ne voient pas pourquoi on remplacerait une dictature par un autre, car les gens ne fonctionnent pas qu'avec l'intellect mais aussi avec l'émotionnel et le ressenti, et à partir des réminiscences du passé.
Je suis pas convaincu que passer outre ses considérations, passer en force comme un éléphant au milieu d'un magasin de porcelaine soit le plus révolutionnaire et le plus efficace.
Un révolutionnaire aujourd'hui doit aussi intégrer la subtilité et la compréhension du fonctionnement psychologique des gens et de tout un vécu historique qui remodèle toute une réflexion à partir des faits vécus dans un contexte très complexe et difficile.
Donc cela mérite peut-être d'en tenir compte.
Le terme "démocratie prolétarienne" me parait très intéressant car il
permettra aussi à partir de là, de démontrer que comparativement, la
démocratie bourgeoise de délégation de pouvoir est un leurre et donc une fausse démocratie etc etc et d'éviter l'écueil du barrage psychologique du mot "dictature" qui nous entraînerait à des justifications intellectuelles
sans fin et à une perte de temps et d'énergie stupide et dommageable à
l'efficacité de la lutte idéologique.
Cela n'empêche pas de souligner la notion de pouvoir révolutionnaire légitime et absolument nécessaire du prolétariat, tout en prenant l'habitude de parler en termes positifs plutôt qu'avec des termes piégeux (et pour cause !!)qui nous freineront toujours.
Maguy
Enregistrer un commentaire