mardi 29 mai 2007

LES MOTS CAPTIFS par Michel GROS


Préface à un dictionnaire de la "Rénova(c)tion socialiste".


Dans le carquois sémantique des bavards de la politique politicienne, toutes tendances confondues, des mots en guise de flèches tentent de cibler une réalité qui leur échappe. Au coeur de cette réalité, qu’aucune de ces flèches ne peut atteindre, réside le centre noir de l’économie du Monde, le monde de l’économie marchande.
Trou noir de la conscience contemporaine où s’absente désormais toute pensée qui s’exposerait à en définir le fond.
Seules, quelques prothèses cosmétiques viennent maquiller, dans ce temps de l’apparence généralisée, le monde de l’économie spectaculaire. Pensées parcellaires réduites à une esthétique de la superficialité, gestions misérables de la misère, viennent « botoxiser » les rides du vieux monde et se lobotomiser définitivement elles-mêmes.
De leurs mots captifs, il convient dans l’urgence d’offrir le dictionnaire propre à produire des situations nouvelles où théories et pratiques se confondent dans la construction d’un monde vivable.
Laissons, si vous le voulez bien, les phrases creusent des potentats attitrés de l’idéologie dominante, pour suivre mot à mot celles qui revendiquent à corps et à cris le privilège de la contestation.
Laissons aussi, pour l’heure, les slogans qui revendiquent une radicalité de convenance cryptique où se maintiennent de dérisoires enjeux « groupusculaires ».
Oublions, voulez-vous, les « Lacombe Lucien », qui d’Attali à Kouchner préfèrent porter leur servitude, là où le pouvoir se trouve comme tenant lieu d’autopromotions illusoires, dans les ors d’une République mourante.
Attachons-nous au verbiage des penseurs patentés du Parti auquel, pour un temps d’atavisme, nous appartenons encore : le Parti (socialiste) qui ne tient consistance qu’à se croire la machine électorale propre à soulever les montagnes des opinions endormies.
Une nouvelle phraséologie, portée par une « nouvelle génération » déjà épuisée par de nombreux mandats cumulés, vient embrouiller plus encore le message où le Parti socialiste a formalisé les conditions de son échec.
Julien Dray, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon ... Royal attelage du char des ambitions préparées de longue date, rallié à l’entreprise de démolition de la continuité historique du socialisme. Tribuns vieillissants de l’illusion des discours à deux balles. Nouveaux notables de la banalisation des concepts.
Qu’entendent-ils nous faire admettre lorsqu’ils osent parler de rénovation, de démocratisation des conduites, de renouveau générationnel, de « donnant-donnant », de « décomplexification », de jurys citoyens, de mondialisation, ... ?
D’où partent ces emphases, quel est leur socle conceptuel, organisationnel, programmatique ?
Ont-ils été à même, dans leurs propres courants, de promouvoir autre chose que des effets d’annonce ?
Sont-ils, comme nous le pratiquons à "Rénova(c)tion socialiste", dans l’exigence d’une réduction absolue de l’écart entre la théorie et la pratique, dans « la justice » des mots et dans la vigilance qu’ils nous imposent ?
Seront-ils, chers camarades, la nouvelle chefferie de notre instinct grégaire où s’épuisent petit à petit nos convictions socialistes ?

De : Michel GROS/ Sur Bellaciao/ mardi 29 mai 2007

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ben presue un an apres, cherchant qui est Michel gros?? eh oui..je te confirme que les Montebourg et Valls etc ne viennent que perpetuer le mouvement!!